- Guerre de l'information
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La guerre de l’information, également dénommée infoguerre (en anglais : information warfare ou infowar), désigne l'ensemble des méthodes et actions visant à infliger un dommage à un adversaire ou à se garantir une supériorité. Cela concerne avant tout :
- l’acquisition d’information (données ou connaissances) stratégique à propos dudit adversaire ;
- la dégradation de ses systèmes d'acquisition d'information et de communication ;
- la manipulation et l'influence (notamment la désinformation) de son opinion ;
- plus généralement, la propagation soigneusement organisée et contrôlée, auprès de cet adversaire, de toute une diversité de messages au contenu destiné à servir la stratégie de son propre camp.
Sommaire
Vocabulaire pluridisciplinaire
L'expression guerre de l'information provient du vocabulaire militaire (surtout anglo-saxon) et de l’intelligence économique ou des technologies de l’information et de la communication.
Suivant le contexte, il désigne aussi bien des actions d'influence sur l’opinion ou une forme quelconque de sabotage de l'image ou des institutions, au moyen de stratégies de communication, de recherche d'information légale ou illégale (espionnage industriel), et d'imposition de normes dans le domaine du traitement de l'information.
L’infoguerre se pratique sur un plateau de télévision, sur Internet, via des satellites, des logiciels. Elle n'est pas seulement menée par des pirates informatiques ou des « spins doctors » (manipulateurs de l’opinion). Des juristes, des militaires, des ingénieurs et chercheurs y prennent également part.
Domaines concernés
La notion de guerre de l'information est valable à la fois en temps de guerre et en temps de paix.
En temps de guerre, la notion recouvre toutes les méthodes visant à surveiller, paralyser ou dissuader un adversaire (par exemple en détruisant ses systèmes de transmission ou en prenant le contrôle de ses réseaux informatiques).
En temps de paix, cette notion est plus générale :
- Les tentatives d'établir une hégémonie sur les réseaux de connaissances (entreprises, universités, grandes écoles, centres d'études et de recherches) en jouant sur des normes macroéconomiques d'évaluation du capital immatériel (voir IAS/IFRS), ou sur les normes en général (en informatique et en télécommunication notamment) ;
- L'utilisation du droit pour influencer l'économie internationale, en mettant en œuvre des règles sur les contrats internationaux, et en utilisant les failles juridiques de l'adversaire (voir chambre de commerce internationale) ;
- L'utilisation de réseaux de surveillance des échanges d'information mondiaux (voir Echelon) ;
- Les politiques d'influence qui s'exercent à travers des réseaux de parties prenantes d'entreprises étendues (Organisations non gouvernementales), en utilisant en appui les sources ouvertes, puis en contrôlant les perceptions et initiatives ;
- Les dérives de l’économie de marché : l'extension de la concurrence à des activités de déstabilisation, voire d’agression des concurrents, par exemple exploitant systématiquement les points faibles de l'adversaire, et détecter ses points forts (recherche d'information par des moyens légaux, ou à la limite de l'illégalité : espionnage), en créant une rumeur pouvant discréditer une entreprise ; l'évaluation des performances financières à travers les normes comptables orientées actionnaires ;
- Les stratégies de communication, spécialement la communication de masse ou utilisant les réseaux professionnels, pouvant jouer sur les biais de l'adversaire, en exploitant les attentes, légitimes, de la société civile, dans le domaine de l'écologie notamment ;
- Enfin, toutes les luttes liées aux technologies de l'information et de la communication, qu’elles aient des motivations militantes, ludiques, délictueuses : virus, piratage informatique, paralysie de site.
Dans tous les cas, il s'agit de diriger l’opinion, à travers des actions de guerre psychologique, de guerre de l'image, de mise en scène, de désinformation, destinées notamment à faire adhérer l’opinion internationale à sa cause, à diaboliser l’adversaire ou à démoraliser le camp adverse. Ici, guerre de l'information est synonyme de propagande, manipulation, ou, pour employer un euphémisme militaire, d'influence stratégique (on dit aussi : diplomatie publique, opérations psychologiques alias psyops, Opérations psychologiques etc.)
Formes de l’infoguerre
On parle souvent de la guerre « par, pour et contre » l’information.
- Par la communication d'entreprise, en utilisant les réseaux professionnels, et en jouant sur le contexte culturel,
- Par l'information et la communication : en produisant des messages efficaces — qu’il s’agisse d'influencer au niveau international, de transmettre des instructions ou de rallier des partisans — mais aussi en gérant au mieux un savoir supérieur à celui de l’adversaire (voir gestion des connaissances), ou plus trivialement en fabriquant des virus informatiques. Dans cette perspective, l’information se transforme en arme ou en facteur de supériorité ;
- Pour l’information : il s’agit cette fois de l’acquérir, comme on s’empare d’une richesse. Il est évident qu’il y a avantage à percer les secrets de l’autre, à se procurer certains renseignements pertinents sur ses intentions, sur l’environnement, ou certains brevets ou techniques : peu importe alors que la lutte se déroule sur le champ de bataille ou qu’elle vise à gagner des marchés ; on utilise tous les moyens de recherche d'information, comme les moteurs de recherche ; on s'emploie à améliorer l'efficacité des recherches en indexant les moteurs avec des données adaptées (voir métadonnée) ;
- Quant au « contre l’information », il est la conséquence des deux premiers. Il faut s’attendre fort logiquement à ce que l’adversaire lutte lui aussi « par l’information », il faut donc prévoir des boucliers pour se protéger aussi bien d'une cyberattaque, d'une rumeur propagée par la presse et d'un stratagème, tout en protégeant ses bases de données.
Il serait tout aussi juste de dire que le conflit fait apparaître les informations comme :
- désirables (des bases de données, des images satellites, des codes d’accès, bref des renseignements qu’il faut acquérir) ;
- vulnérables (des logiciels, des mémoires, des sites, des réseaux, les informations ou vecteurs d’information qui peuvent être faussés) ;
- et redoutables (des virus, des rumeurs, bref tout ce dont la propagation est favorable à un camp et nuisible à l’autre).
Annexes
Bibliographie
- Adams J., The next world war, Simon & Schuster 1998
- Arquilla J. et Ronfeldt D., Networks and Netwar : the Future of Terror, Crime and Militancy, Rand 2002 téléchargeable sur [1]
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- Campbell D., Surveillance électronique planétaire, Allia 2001
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- Fayard P., La maîtrise de l’interaction Éditions 00H00, 2000
- Fonvielle D., De la guerre économique P.U.F., 2002
- François L. (dir.) Business sous influence, Eyrolles, 2004
- Guichardaz P., Lointier P., Rose P., L’infoguerre, Dunod, 1999
- Guisnel J., Guerre dans le cyberspace, La Découverte, 1995
- Christian Harbulot, Lucas D. (dir.), La guerre cognitive, Lavauzelle, 2002
- Christian Harbulot. La main invisible des puissances, Eyrolles, 2005
- François-Bernard Huyghe, L’ennemi à l’ère numérique Chaos, information, domination, P.U.F., 2001
- François-Bernard Huyghe,Maîtres du faire croire. De la propagande à l'influence., Vuibert 2008
- Kauffer R., L’arme de la désinformation, Grasset, 1999
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- Murawiec, L., La guerre au XXIe siècle, Odile Jacob, 2000
- Panoramiques (revue n°52), L’information, c’est la guerre, 2001
- Toffler A. et H., Guerre et contre-guerre, Fayard, 1994
- Virilio Paul, Stratégie de la déception, Galilée, 2000
- Wautelet, M., Les Cyberconflits. Bruxelles, GRIP / Complexe, 1998
Voir aussi
- Communication d'influence
- Culture stratégique
- Fuite d'information
- Intelligence économique
- Risque
- Sécurité
- Communication
- Politique de sécurité
- Politique de sécurité du système d'information
- Sécurité de l'information
- InfoWarCon
- Guerre moderne
Liens externes
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