Gu Kaizhi

Gu Kaizhi
Luoshenfu par Gu Kaizhi

Gu Kaizhi ou Kou K'ai-Tche ou Ku K'ai-Chih, surnom: Changkang, nom de pinceau: Hutou, né vers 345 à Wuxi (province duJiangsu. Mort vers 406. IVe siècle, est un peintre chinois.

Sommaire

Biographie

La période des six dynasties marque en Chine l'histoire de la peinture. Après les six périodes archaïques de production artisanale et anonyme, la production picturale devient le fait de personnages appartenant souvent à l'élite intellectuelle et sociale. C'est aussi à cette époque que voient le jour les premiers ouvrages de théorie et de critique picturale[1].

Au début du quatrième siècle, un changement majeur intervient sur la scène de l'art avec la soudaine émergence d'un grand nombre d'artistes célèbres. C'étaient pour la plupart des hommes de lettres, parfois issus de l'aristocratie. Parmi eux, le calligraphe Wang Xizhi (307-v.365) et le peintre Gu Kaizhi étaient considérés comme insurpassables dans leur domaine[2].

Gu Kaizi est le premier peintre chinois dont le nom reste attaché à une œuvre authentiquement ancienne et au sujet duquel on possède des renseignements biographiques assez complets. Issu d'une famille distinguée (son père est assistant au Secrétariat impérial), il passe sa vie à Jiankangn'occupant ja mais que les fonctions officielles relativement subalternes, ce qui l'aide sans doute à traverser sans encombre un âge politique troublé[3].

Son esprit et son anti-conformisme lui valent, tout autant que ses qualités de peintre, sa réputation. Ses contemporains le disent "triplement remarquable": par son esprit, sa peinture et son étourderie. Sa folie, sur laquelle se sont multipliées les anecdotes pittoresques, semble ambiguë: mi-sincère, mi-jouée, elle peut être tantôt l'effet d'un génie se mouvant dans un monde étrange, tantôt l'effet d'une ruse lui permettant de survivre aux caprices de ses puissants mécènes, pour qui il représente le génie mais aussi le bouffon [2]

De son vivant, sa peinture lui vaut déjà une immense célébrité. Il puise parfois son inspiration dans le bouddhisme mais le plus souvent dans le taoïsme: d'ailleurs beaucoup de faits portent à croire qu'il appartient à la secte Tian shi dao. A côté de sujets mythologiques et légendaires, il fait beaucoup de portraits, genre dans lequel il excelle. C'est aussi un peintre de paysages et d'animaux et il exécute beaucoup d'illustrations de poèmes ou de textes littéraires. Il semble au demeurant, qu'il ne se soit pas laissé enfermer dans les limites étroites d'une seule spécialité[4].

Les peintures les plus intéressantes se trouvent sur les fragments d'un vase en laque. Des joueurs de luth et autres personnages sont peints sur le haut de l'objet. Ce genre de scène semble révélateur d'une ambiance très fin de siècle, quand les Sept Sages de la Forêt de Bambous trouvent la liberté dans la musique et les beuveries débridées[5].

Les images des Sept Sages n'apparaissent cependant que plus d'un siècle plus tard, dans une tombe de la dynastie des Jinorientaux, à proximité de Nanjing. Convaincus que ces magnifiques dessins au trait devaient s'inspirer de quelques célèbre œuvre d'art, certains savants ont essayé de retrouver l'origine des portraits dans une peinture sur rouleau de Gu Kaizhi ou d'un autre maître du quatrième siècle[5].

La principale information concernant les peintures sur rouleau des dynasties du Sud provient de sources différentes: des copies de trois célèbres rouleaux attribués à Gu Kaizhi, à savoir: Femmes avisées et bienveillantes (Lienü renzhi tu), Les exhortations de la préceptrice de la cour aux dames du palais (Nüshi zhen tu), et La nymphe de la rivière Luo (Luoshen fu tu). Toute introduction à la peinture chinoise comprend un chapitre sur Gu Kaizhi, mais la réponse à la question: qui est Gu Kaizhi? nous échappe toujours[6].

Un témoin de son art est parvenu jusqu'à nous sous la forme du célèbre rouleau horizontal intitulé Conseils de la monitrice aux dames de la cour: on admet généralement qu'il s'agit d'une copie très ancienne, peut-être même antérieure au Xe siècle, qui n'en constitue pas moins l'un des vestiges les plus précieux de toute l'histoire de la peinture chinoise. Ce rouleau, entré au XVIIIe siècle dans les collections impériales, est volé en 1900, à Pékin, par un officier britannique et vendu en 1903 au British Museum où il est actuellement conservé[7].

Exécuté sur soie, à l'encre avec rehauts de couleurs, il illustre neuf épisodes distincts d'un texte de Zhang Hua (230-300), chaque scène étant précédée par le passage correspondant du texte. Sans doute y avait-il à l'origine douze scènes. C'est en fait un des premiers exemples de peinture didactique illustrant des conseils de morale pratique à l'intention des dames du Gynécée. L'œuvre reste empreinte d'archaïsme: les surfaces, dont les contours minces sont bien délimités, sont remplies de lavis de couleurs à plats[8].

Les femmes de Gu Kaizhi ont des joues rebondies, des silhouettes menues aux longues jupes amples. Le visage est souvent vu de trois-quarts ou de dos, il montre rarement les visages de face. Sa caractéristique la plus typique est la façon dont il dessine les yeux: il peint d'abord les paupières supérieures et les globes oculaires à l'encre claire puis passe progressivement sur les yeux des couches d'encre plus foncée. Les femmes de Gu Kaizhi sont nobles, sereines, libres de préoccupations mondaines[9].

La couleur ne vise pas à modeler une forme le traitement de la ligne dans les draperies est un dernier écho des jeux linéaires qu'utilisent les peintres de l'époque Han pour introduire dans leurs œuvres l'illusion de la vie. Mais ici, le souci de caractérisation et d'individualisation des personnages ouvre de nouvelles perspectives. La troisième scène Chasseur bandant son arc au pied d'une montagne, présente un intérêt tout particulier pour l'histoire de la peinture de paysage en Chine, de même qu'un autre paysage attribué à Gu: La nymphe de la rivière Luo, illustration d'une ode de Cao Zhe (192-232) datée (il existe deux versions de ce rouleau, une à Pékin, l'autre à Washington[10].

C'est une œuvre composite où les différents éléments du paysage sont conçus séparément et disposés comme dans un décor de théâtre: ils ne servent qu'à séparer les épisodes du récit, la narration gardant le pas sur toute autre considération. Le décor plat et encore symbolique prouve qu'il existe encore un décalage considérable entre la sensibilité des artistes telle qu'elle s'exprime dans leur écrits théoriques et les moyens picturaux dont ils disposent[11].

Gu exprime ses positions esthétiques dans ses écrits parmi lesquels: Yun tai shan (sur la terrasse aux nuages), qui ne reste que dans une version corrompue. «Ces écrits exprime une constante très significative: le primat accordé aux exigences d'expressions spirituelles du modèle... il s'agit avant tout pour le peindre de capter le dynamisme intérieur, l'énergie vitale du sujet.» (P. Ryckmans)

[12].

Musées

洛神賦図
  • Londres (British Museum):
    • Conseils de la monitrice aux dames de la cour, encre et couleurs légères sur soie, rouleau en longueur, deux longs colophons à la fin du rouleau, l'un attribué à l'empereur Song Huizong, l'autre de l'empereur, Qing Qianlong, nombreux sceaux.
  • Pékin (Mus. du palais):
    • La nymphe de la rivière Luo, couleurs légères sur soie, rouleau en longueur, copie de l'époque Song?.
    • Lienu tu, Quatre groupes de Dames célèbres, encre et couleurs sur soie, copie de l'époque Song?.
    • La nymphe de la rivière Luo
  • Washington DC (Freer. Gal. of Art):

Bibliographie

  • (fr)Dictionnaire Bénézit, Dictionnaire des peintres,sculpteurs, dessinateurs et graveurs, vol. 6, éditions Gründ, janvier 1999, 13440 p. (ISBN 2-7000-3016-8), p. 591-592 
  • (en)Sakanishi Shio: The spirit of the brush, Londres, 1939,  
  • (fr)Chen Shil-Hsiang: Biographie de Ku K'ai'chih, traduct. angl., Berkeley, 1953,  
  • (fr)La peinture chinoise, de James Cahill – Skira Genève – 1960. Editeur : les éditions d'Art d'Albert Skira .
  • (fr)Pierre Ryckmans – Encyclopédie universelle. Volume, 9. Paris. 1971,  
  • Yang Xin, Richard M. Barnhart, Nie Chongzheng, James Cahill, Lang Shaojun, Wu Hung (trad. Nadine Perront), Trois mille ans de peinture chinoise, Éditions Philippe Picquier, 1997, 402 p., p. 44, 45, 46, 47, 150, 151, :335,336, 337 .

Notes et références

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