- Glaciation de Würm
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Pour les articles homonymes, voir Wurm.
Le Würm, ou glaciation de Würm, est le nom donné aux manifestations de la dernière glaciation globale du Pléistocène dans les Alpes.
Sommaire
Historique
Elle a été définie par Albrecht Penck et Eduard Brückner (1901-1909), qui lui ont donné le nom d'un tributaire du Danube, la Würm[1], comme les glaciations alpines précédentes (Riss, Mindel, Günz, Donau). Sa définition repose sur les observations des conséquences géologiques de la baisse importante des températures moyennes sur une longue période (nappe fluvio-glaciaire, moraines) dans le massif alpin.
Chronologie
La glaciation würmienne correspond approximativement aux stades 2, 3, 4 et 5a-d de la chronologie isotopique mise au point depuis les années 1950. Sa limite inférieure est généralement fixée à 115 000 BP (début du stade 5d)[2] mais certains auteurs considèrent qu'elle débute avec le stade 4 (75 000 BP). Sa limite supérieure correspond à la fin du stade 2 et au début de l'Holocène, il y a environ 10 000 ans. Le maximum glaciaire a été atteint il y a environ 20 000 ans[3].
Le Würm est plus ou moins synchrone d'autres glaciations de l'hémisphère nord, dont le Wisconsinien en Amérique du Nord, le Weichselien en Europe du Nord, le Vistulien en Allemagne du Nord et le Devensien dans les Îles Britanniques. L'appellation Würm n'a qu'une signification chronologique locale, limitée à la région située autour des Alpes.
Conséquences
La glaciation de Würm est une manifestation d'un refroidissement qui a concerné plus ou moins directement toute la planète. Ce refroidissement a notamment eu pour conséquence une baisse du niveau des mers d'une centaine de mètres[4] (régression marine) et l'établissement d'un climat périglaciaire en Europe, aboutissant à de profondes modifications de la faune et de la flore.
Des terres émergèrent entre 50 000 ans et 40 000 ans puis entre 25 000 ans et 12 000 ans.
- Ainsi apparurent des terres, telles que celle de la Béringie se situant entre la Sibérie et l'Alaska, permettant à une mégafaune (mammouths, équidés, camélidés, cervidés) et populations humaines de chasseurs-cueilleurs de passer d'un continent à l'autre.
- Des ponts terrestres apparurent également entre l'Australie, la Tasmanie et la Nouvelle-Guinée formant ainsi un grand continent du nom de Sahul.
- Ponts terrestres également entre l'archipel des Philippines et l'Indonésie.
- Enfin continuité terrestre entre le Japon et la Corée.
Pour certains auteurs, au niveau des basses latitudes les glaciations sont corrélées à des stades pluviaux c'est-à-dire des périodes plus humides : ainsi, le désert du Sahara a connu des épisodes relativement arrosés au cours de la préhistoire.
Les traces de la glaciation
La glaciation de l'ère quaternaire a laissé de nombreuses traces visibles dans des régions qui, aujourd'hui, ne sont plus recouvertes par les glaces. L'accumulation de lœss et de limons d'origine glaciaire se rencontre sur de vastes surfaces en Amérique du Nord, sur les plateaux et les plaines d'Europe moyenne et en Chine septentrionale. Dans l'hémisphère sud, elle concerne surtout l'Argentine (pampa). Transportés par le vent, les lœss finissent par former une couverture plus ou moins épaisse (jusqu'à 200 mètres en Chine[5]) et rend fertile les régions concernées.
La plaine de la Geest (Allemagne) et la plaine polonaise sont concernées par les dépôts morainiques du Quaternaire ; cela donne des paysages de landes (Lande de Lunebourg) ou de collines (Mazurie polonaise) encadrant des fleuves qui coulent vers le nord. La région des Börde (en Allemagne) ou celle du Shanxi (vallée du Huang He en Chine) sont tapissées de lœss et sont par conséquent fertiles. Le retrait de l'inlandsis donne naissance à des paysages de marais (marais de Polésie en Ukraine) ou de lacs (lac Ladoga, lac Onega, en Russie ; Grands Lacs en Amérique du Nord).
Au Quaternaire, l'inlandsis, qui couvrait de nombreuses montagnes, y compris dans la zone intertropicale, laissa derrière lui des modelés d'accumulation et d'érosion tout à fait caractéristiques. Les esker, drumlin et chenaux proglaciaires marquent de nombreux paysages dans les régions périglaciaires.
Dans les Alpes, de nombreuses stries glaciaires, provoquées par le frottement des blocs contre la paroi de la vallée glaciaire, sont visibles. Des blocs erratiques laissés là par le glacier lors de sa fonte sont aussi facilement observables. On voit également des restes de glaciers ainsi que des cirques, notamment ceux du Taillefer dans le massif éponyme, au dessus de la vallée de la Romanche. Ils sont des parfaits exemple de cirques glaciaires, avec un verrou glaciaire immense.
Les vestiges du Würm sont aussi les torrents, les lacs pro-glaciaires tels le lac Lauvitel, dans le Parc national des écrins, ou le lac Léman, en Suisse, vestige du glacier du Rhône.
Voir aussi
Bibliographie
- Roger Brunet (dir.), « Glaciation », in Les mots de la géographie, Paris, Reclus-La Documentation française, 1993, page 241. (ISBN 2110030364)
Article connexe
Liens externes
- Les glaciations quaternaires
- Riss ou Würm, quelle est la glaciation responsable du modelé glaciaire ?
Notes et références
- Isar qui est un affluent du Danube. La Würm est un affluent de la Ammer connue aussi sous le nom de Amper qui elle est un affluent de la
- ISBN 2200210140, p.74 120 000 BP dans Max Derruau, Les formes du relief terrestre. Notions de géomorphologie, Paris, Armand Colin, 8e édition, 2001,
- ISBN 2701140811, p.14 François Michel, Roches et paysages, reflets de l’histoire de la Terre, Paris, Belin, Orléans, brgm éditions, 2005,
- ISBN 2701140811, p.154 120 mètres environ dans François Michel, Roches et paysages, reflets de l’histoire de la Terre, Paris, Belin, Orléans, brgm éditions, 2005,
- Jean Riser, Érosion et paysages naturels, page 43
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