- Gesta Tancredi
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Gesta Tancredi In Expeditione Hierosolymitana
Les Faits et Gestes du Prince Tancrède pendant l’expédition de Jérusalem (Gesta Tancredi in Expeditione Hierosolymitana en latin) de Raoul de Caen, raconte l’histoire du chevalier normand Tancrède de Hauteville, petit-fils de Robert Guiscard et neveu de Bohémond de Tarente, qui se distingua lors de la première croisade (1095-1099). Elle retrace son parcours depuis le départ des Normands de Sicile en novembre 1096 de la région d'Apulie en Italie du Sud (plus précisément du port de Bari), jusqu’au siège de la ville d’Apamée en Syrie en 1105, sans révéler l’issue de cette bataille.
Dès la préface, l’auteur précise qu’il ne s’est résolu à entreprendre son ouvrage qu’à la mort de Tancrède (en 1112). Il y a donc tout lieu de penser que l’auteur ait pu tout au moins connaître la suite des évènements, si ce n’est l’avoir également mise par écrit. Nous ne possédons donc qu’une partie de l’œuvre, la fin étant considérée jusqu’à ce jour comme perdue. Les dates de rédaction de l’œuvre sont elles aussi approximatives car, commencée après 1112, la geste dut être terminée avant 1118, date de la mort du patriarche Arnoul auquel est dédiée cette œuvre et qui est cité dans la préface en tant que correcteur.
Le manuscrit qui est parvenu jusqu’à nous est unique, découvert en 1716 par Don Martenne dans l’abbaye de Gemblours en Normandie. C’est également lui qui en assura la première édition l’année d’après, dans son Thesaurus Novus Anecdotorum, a posteriori des Gesta Dei Per Francos de Bongars qui ignore cette source. Quelques années après, Muratori en donne une édition plus exacte dans ses Scriptores Rerum Italicarum, et c’est ce texte qui a servi de base à la traduction de François Guizot qui fait toujours autorité aujourd’hui. Le manuscrit original quant à lui est conservé à la Bibliothèque nationale de France.
La geste de Raoul de Caen apparaît, au vu des jeux d’alternance constants entre une prose latine des plus classiques et des parties en vers de longueur inégale, comme une œuvre mi-historique, mi-poétique. Son caractère le plus intrigant mais également le plus original est sans doute son entière partialité en faveur des Normands de Sicile, de Bohémond et bien sûr de Tancrède, certains qualifiant même la geste de panégyrique. Néanmoins la qualité des détails livrés par Raoul de Caen et la véracité de certaines de ses descriptions basées sur des récits de témoins (comme c’était souvent le cas au Moyen Âge depuis Bède le Vénérable) en font, malgré certaines lacunes et antithèses, une source non négligeable pour l’histoire de la première croisade.
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