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George L. Mosse
George Lachmann Mosse (né le 20 septembre 1918 à Berlin, mort le 22 janvier 1999, à Madison, au Wisconsin) est un historien américain d'origine allemande.
Il a exercé une forte influence sur les historiens du fascisme et du nazisme dans le monde anglo-saxon mais aussi en Italie et, plus tard, en Allemagne[1] mais le monde universitaire francophone l'a largement ignoré de son vivant[2].
Sommaire
Biographie
George Mosse nait dans une famille juive influente : son grand-père avait fondé le Berliner Tageblatt, qui aura un grand succès et restera jusqu'en 1933 un bastion de l'anti-nazisme ; au début des années 1930, les Mosse étaient à la tête d'un empire de la presse et de l'édition[3]. George Mosse était quant à lui plutôt de gauche (il était membre d'un groupe d'étudiants socialistes durant sa jeunesse) mais anti-marxiste et sioniste, et il assumait publiquement son homosexualité[3].
En 1933, il fuit en Suisse avant de s'installer en Angleterre avec sa famille en raison de la montée du national-socialisme. Il étudie à la Bootham School puis il s'installe aux États-Unis en 1936.
Il obtient un BS du Haverford College (Pennsylvanie) en 1941 et un PhD de Harvard en 1946. Par la suite, il enseigne dans plusieurs université prestigieuses : à l'Université de l'Iowa (1944-1955]), à l'Université du Wisconsin à Madison à partir de 1955 - où il restera jusqu'à sa retraite en 1988. Il enseignera également à Stanford, à l'Université hébraïque de Jérusalem, à Munich, Cornell, Amsterdam, Tel Aviv, ou encore Cambridge.
Un historien des mentalités et particulièrement du fascisme
Ses premiers travaux portent sur la Réforme et l'Angleterre du XVIe siècle. Ce n'est que progressivement que ses recherches s'orienteront vers l'histoire intellectuelle de l'Europe occidentale en général, avant de se focaliser sur le XXe siècle et finalement l'Allemagne, le nazisme, le racisme et l'antisémitisme[3]. Il se range clairement dans le camp historiographique des intentionnalistes.
Historien des mentalités, il est en particulier à l'origine du concept de « brutalisation » appliqué aux sociétés qui sortent de la Guerre 1914-1918. Mosse y voit la « matrice des totalitarismes »[4].
Une autre spécificité de l'oeuvre de George L. Mosse est qu'il n'hésitera pas à se placer « dans l'oeil du cyclone[3] », en participant (sous une fausse identité) à des réunions d'anciens nazis en Allemagne, ou en dialoguant avec Albert Speer, l'architecte de Hitler, pour mieux comprendre l'esthétisme du nazisme[3].
Dans son livre La révolution fasciste. Vers une théorie générale du fascisme, George L. Mosse partage la thèse de Zeev Sternhell. Il écrit en effet : « Il y eut ainsi des mouvements nationaux-socialistes primitifs en France (qui réunissaient d’anciens dirigeants de la Commune de Paris aux traditions jacobines, mais aussi quelques anarchistes et bourgeois bien-pensants) [...]. » [5]
Œuvres
en traduction française
- L'Europe au XVIe siècle, avec Helmut Georg Koenigsberger, Paris, Sirey, 1970, Histoire de l'Europe 6.
- L'Image de l'homme : l'invention de la virilité moderne, Collection Tempo, Editions Abbeville, Paris, 1997. ISBN 2-87946-149-9 ; réédité en 1999 dans la collection Agora (203) du même éditeur. ISBN 2266089137
- La Révolution fasciste. Vers une théorie générale du fascisme, (recueil de textes de 1961-1996), Paris, Seuil, 2003. ISBN 2-02-057285-0
- La Brutalisation des sociétés européennes. De la Grande Guerre au totalitarisme, Hachette littérature, 2000. ISBN 2012791441
- Les Racines intellectuelles du Troisième Reich, Calmann-Lévy/Mémorial de la Shoah, Paris, 2006. ISBN 2702137156
en anglais
- The Struggle for Sovereignty in England from the Reign of Queen Elizabeth to the Petition of Right, 1950.
- The Holy Pretence. A Study in Christianity and Reason of State from William Perkins to John Winthrop, 1957.
- The Culture of Western Europe. The Nineteenth and Twentieth Centuries, An Introduction, 1961.
- The Crisis of German Ideology. Intellectual Origins of the Third Reich, 1964. ISBN 044800173X
- Nazi Culture. Intellectual, Cultural and Social Life in the Third Reich, édité par G. L. Mosse 1966.
- 1914. The Coming of the First World War, coédité avec Walter Laqueur, 1966.
- Literature and Politics in the Twentieth Century, coédité avec Walter Laqueur, 1967.
- Germans and Jews. The Right, the Left, and the Search for a "Third Force" in Pre-Nazi Germany, 1970.
- Historians in Politics, coédité avec Walter Laqueur, 1974.
- Jews and Non-Jews in Eastern Europe, 1918-1945, coédité avec Bela Vago, 1974.
- The Nationalization of the Masses: Political Symbolism and Mass Movements in Germany from the Napoleonic Wars through the Third Reich, 1975. ISBN 0452004640
- Nazism. A Historical and Comparative Analysis of National Socialism, 1978.
- Toward the Final Solution. A History of European Racism, 1978.
- International Fascism. New Thoughts and New Approaches, édité par G.L Mosse, 1979.
- Masses and Man. Nationalist and Fascist Perceptions of Reality, 1980.
- German Jews beyond Judaism, 1985.
- Nationalism and Sexuality. Respectablility and Abnormal Sexuality in Modern Europe, 1985.
- Fallen Soldiers. Reshaping the Memory of the World Wars, 1990.
- Confronting the Nation. Jewish and Western Nationalism, 1993.
- The Image of Man. The Creation of Modern Masculinity, 1996.
- Confronting History: A Memoir (autobiographie), Presses de l'Université du Wisconsin, 1999. ISBN 978-0299165802.
en italien
- La nazione, le masse e la nuova politica, Di Renzo Editore, 1999, ISBN 8883230094
Entretien avec George L. Mosse, suivi d'une étude de l'historien par Giuseppe Galasso.
Notes et références
- ↑ (fr) Stéphane Audoin-Rouzeau, « George L. Mosse : réflexions sur une méconnaissance française », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2001/1, p. 185.
- ↑ S. Audoin-Rouzeau, « George L. Mosse : réflexions sur une méconnaissance française », pp. 183-186.
- ↑ a , b , c , d et e « Présentation de l'auteur par S. Audoin-Rouzeau », Armand-Colin 2003, repris en guise de préambule à Les racines intellectuelles du Troisième Reich, Calmann-Levy/Mémorial de la Shoah, Collection Points Histoire, 2006, pp. 7-27.
- ↑ George Mosse, La Brutalisation des sociétés européennes. De la Grande Guerre au totalitarisme, Hachette littérature, 2000.
- ↑ page 27.
Voir aussi
Articles connexes
- Théories du fascisme
- Brutalisation
Bibliographie
- (en) Steven Ascheim, « Between Rationality and Irrationalism: George L. Mosse, The Holocaust and European Cultural History », pages 187-202 from Simon Wiesenthal Center Annual, Volume 5, 1988.
- (en) Seymour Drescher, David Warren Sabean, Allan Sharlin (eds), Political Symbolism in Modern Europe. Essays in Honor of Geogre L. Mosse, New Brunswick, New Jersey: Transaction, 1982.
- (en) James Franklin, « Mosse, George L. » pages 841-842 from The Encyclopedia of Historians and Historical Writing, Volume 2, edited by Kelly Boyd, Fitzroy Dearborn Publishers, London, Chicago, 1999.
- (en) Jeffrey Herf, « The Historian as Provocateur: George Mosse's Accomplishment and Legacy », pages 7-26 from Vad Vashem Studies, Volume XXIX, Jerusalem, 2001.
Liens externes
- (fr) Stéphane Audoin-Rouzeau, « George L. Mosse : réflexions sur une méconnaissance française », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2001/1, p. 183 à 186.
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