François André Gaupillat

François André Gaupillat

François-André Gaupillat

François André Gaupillat, en 1806, était un industriel français qui s'est installé dans le quartier ancien dit du Bas-Meudon, au XIXe siècle. Il est le premier d'une longue lignée de dirigeants des établissements Gaupillat, connus notamment pour leurs cartouches de chasse.

Sommaire

Biographie

En 1835, il s'installe à Meudon dans le quartier du Bas-Meudon en reprenant 3 capsuleries. Quatre générations d'industriels vont y développer leurs activités de cartoucherie puis d'étampage.

Dernier témoignage vivant de cette histoire, la fabrique Gaupillat, située au 43 bis route de Vaugirard à Meudon. Elle a fonctionné de l'année 1890 à sa fermeture en 1997. La fabrique Gaupillat un exemple de construction métallique en fer de la fin du XIXe siècle. Les poteaux et les fermes de treillis sont rivétés, supportant les sheds que domine une très belle cheminée de brique, témoin de l'époque la vapeur était reine, encore pourvue de son couronnement en bulbe orné de pendentifs. Véritable lieu de mémoire et dernier patrimoine du Val de Seine, la Fabrique Gaupillat est menacée de destruction dans le cadre d'un plan de requalification de quartier[1]. François André Gaupillat est le premier d'une génération d'industriels qui vont s'implanter dans le quartier ancien du Bas-Meudon.

L'installation dans le Bas-Meudon

Le 1er Janvier 1835, André Gaupillat créé sa première entreprise, dans le quartier du Bas-Meudon, en réunissant trois capsuleries : la société Gaupillat, Illig, Guïndorff et Massé[2] sinstalle au 41 route de Vaugirard. Après seulement quatre mois dactivités, les riverains, dont fait partie le fameux dramaturge Eugène Scribe, craignent les accidents et réussissent à faire cesser la manutention de poudre et de produits chimiques dangereux. La capsulerie devient lannexe de la capsulerie des Bruyères de Sèvres[3]. Sur le site des Bruyères, on fabrique la poudre fulminante et on procède au remplissage des capsules[4]. La fabrique du Bas-Meudon est destinée à la fabrication de ces capsules en cuivre. A cette date, la fabrique emploie une centaine douvriers et connait un grand développement. En 1838, le conseil de la salubrité et la mairie de Meudon constatent que les transformations demandées lors dune inspection en 1836 nont pas été effectuées. Gaupillat est menacé de fermeture. Les travaux sont enfin réalisés en 1839.

En 1844, létablissement emploie 160 personnes, dont 90 hommes (payés 2,50 à 6 francs par jour) et 70 femmes (payées entre 1,30 et 2,50 francs par jour). Les enfants en dessous de 6 ans ny travaillent pas. La fabrique dispose alors de 11 métiers à œillets utilisés pour fixer les unes sur les autres des pièces de métal, 22 laminoirs, 38 mécaniques à capsules, un appareil à distiller chauffé à la vapeur, 12 presses à charger les capsules, plusieurs fourneaux, 4 forges, 2 fours, 1 machine à vapeur dune puissance de 12 chevaux, 3 moulins (à eau, à vent, à manège), 2 chevaux et 2 bœufs[5]. En 1860, lactivité de Gaupillat, dans le Bas-Meudon, prend de plus en plus dimportance. André Gaupillat va même jusquà acheter les terrains mitoyens à la fabrique et installe une nouvelle chaudière et une nouvelle cheminée[6].

Toujours aussi inquiets, les riverains déposent des plaintes sur le bureau du Maire, décidés à faire fermer létablissement. Depuis son installation dans le quartier du Bas-Meudon, Gaupillat est en conflit permanent avec les habitants mais parvient toujours à préserver son activité.

Au début de lannée 1870, la capsulerie Gaupillat emploie 65 ouvriers, dont 55 sont occupés à plein temps. Les rapports de la mairie de Meudon signalent que les relations entre ouvriers et dirigeants sont aisés et que la production sécoule bien. Les années suivantes sont celles du ralentissement. La capsulerie du 41 route de Vaugirard connaît des difficultés : les ventes sont lentes, les stocks sécoulent mal et les ouvriers connaissent des périodes de chômages à répétition. Les relations entre les employés et les dirigeants se dégradent[7].

Dans les années 1880, les Gaupillat, par lintermédiaire de Victor-Ernest, le fils dAndré, créent, avec Jules-Félix Gévelot, la Société Française des Munitions de Chasse, de Tir et de Guerre[8] (SFM) mais perdent, aussi, des contrats dont ceux qui les liaient au ministère de la Guerre. La fabrique entre en période dorganisation et nemploie plus que 28 ouvriers. Rien ne va plus et cest à cette période que Gévelot rachète les parts de la SFM à Gaupillat. Lannée 1888 est celle de la sortie du tunnel : les productions repartent dans lannée. Gaupillat se remet à établir des contrats mais avec le Ministère de la Marine. Ils produisent pour les établissements Hotchkiss et la Société des Forges et Chantiers de la Méditerranée (SFCM)[7].

A la fin du 19ème, le 41 route de Vaugirard est laissé à Gévelot[7]. Marcel Gaupillat, fils de Victor Ernest, préfère se concentrer sur la nouvelle fabrique quil a édifiée au 43 route de Vaugirard sur les lieux mêmes de la maison familiale.

Les grands débuts de l'aventure familiale

Dans les années 1850, André Gaupillat achète une maison bourgeoise au 43 route de Vaugirard qui deviendra pendant plus dun siècle le « domaine familiale ». A cette adresse, on ne trouve pas seulement un lieu de vie. Les Gaupillat y installent une fabrique qui va connaître un grand développement. André Gaupillat laisse la maison à son fils ainé, Victor Ernest, qui va sy établir avec sa jeune épouse, Jenny Cheilley. Cest que vont naître les deux héritiers de la famille. Le 10 avril 1860, Marcel Auguste Adrien vient au monde suivit, le 29 janvier 1862, de Gabriel Marie Nicolas. André Gaupillat décède en 1874 et laisse les rênes des affaires familiales à Victor Ernest.

Victor Ernest fait ses études à lEcole Centrale et à lUniversité dHeidelberg en Allemagne. Il revient en France et sassocie à son père André. En 1878, il continue lœuvre dagrandissement de son père et rachète les parts de lassocié de ce dernier dans la société Gaupillat, Illig, Guïndorff et Massé. Il prend définitivement le contrôle des établissements Gaupillat et leur donne le nom de Gaupillat et Cie. Il obtient lautorisation détablir une fabrique de munitions quil installe au 43 route de Vaugirard sur les lieux mêmes du domaine familial. Victor Ernest va donner une impulsion définitive à laffaire.

Durant lExposition universelle de 1878 à Paris, on compte aussi la présence de Remington, on le considère comme un « fabricant important de cartouches de chasse et de guerre ». La fabrique du 43 route de Vaugirard produit des dispositifs pour lamorçage des cartouches à percussion centrale et pour les amorces à dynamites.

En 1884, Victor Ernest poursuit lœuvre de son père et créé, en collaboration avec Jules-Félix Gévelot, la SFM. Parallèlement, la fabrique du 41 route de Vaugirard connaît des difficulté et est en restructuration pour perte de contrat. La société Gaupillat et Cie semble être en perte de vitesse.

Victor Ernest décède en 1889 et laisse lentreprise familiale à ses deux fils, Marcel et Gabriel. En 1890, ils créent un nouvel établissement pour armes portatives connu sous le nom de Marcel Gaupillat. A la différence de leur père, les frère Gaupillat font produire sur commandes et à partir de tracés fournis par les commanditaires. Des contrats sont signés avec lEtat ou des industriels fabricants darmes. Le siège social de leur société est établi à Paris.

Avec Marcel et Gabriel, cest une nouvelle sorte de dirigeants qui apparait. En plus de leur activité industrielle, ils vont sadonner à un loisir peu commun : la spéléologie. Ils vont dailleurs devenir les découvreurs du gouffre du Padirac avec leur cousin Martel.

En 1891, les frères Gaupillat utilisent la fabrique du 43 pour la fabrication des douilles en laiton pour canons à tir rapide. Les ventes sont faites soit à lEtat soit à des industriels fabricants des armes. Lannée 1891 annonce aussi la naissance de Jean Gaupillat, fils héritier de Marcel Gaupillat et de son épouse Anne Bouret.

En 1892, Marcel Gaupillat demande lautorisation dexploiter un atelier demboutissage de métaux et de dérochage de cuivre au 43 route de Vaugirard et étend ses activités en construisant lusine du 43 bis.

La maison bourgeoise va accueillir la famille Gaupillat jusque dans les années 1950. Le terrain est mis en vente à la fin des années 1950 à la mairie de Meudon. La maison familiale est détruite dans les années 1970 pour voir jaillir le groupe dhabitation « les Rivières »

La première usine : les établissements Marcel Gaupillat

Fondée en 1890, la cartoucherie Marcel Gaupillat a pour siège social Paris. Mais cest dans le quartier du Bas-Meudon, au 43 bis route de Vaugirard nouvellement édifié, que se fait la production. Cette usine est lexemple de construction métallique en fer de la fin du XIXe siècle[9]. Les poteaux et les fermes de treillis sont rivés et supportent les sheds dominés par une cheminée en brique qui nest plus visible aujourdhui.

Létablissement Marcel Gaupillat fabrique des amorces, des cartouches de chasses, des bouchons de grenades et des détonateurs. Tout comme au temps dAndré et de Victor Ernest, la fabrique du 43 bis route de Vaugirard ne dispose pas de poudres. On y produit des capsules et des cartouches vides. Une fois produites les capsules sont transportées, par voiture à cheval, entre le Bas-Meudon et la maison Gaupillat basée à Sèvres. Les déchets de la fabrique suivent le même chemin et sont incinérés dans lusine des Bruyères. Marcel et Gabriel, les fondateurs et actionnaires, laissent la direction de la société à un directeur salarié quils logent au 10 route des gardes à Meudon.

En 1891, le premier fils de Marcel et Anne Gaupillat (née Bouret), Jean Gaupillat, vient au monde. Devenu adulte, Jean Gaupillat laisse cours à sa passion pour les automobiles de luxe et les courses de vitesse. Mais il sassocie aussi à son père et participe à la vie de la cartoucherie.

La fabrique du 43 bis route de Vaugirard connaît un second souffle durant la Première Guerre mondiale. Entre 1914 et 1918, lactivité de létablissement Gaupillat est importante : les productions décollent du fait de ces événements. La fabrique emploie aussi bien des hommes, des femmes que des enfants[10].

En 1919, Marcel Gaupillat obtient lautorisation détablir une voie étroite Décauville (voies étroites de 40, 50 ou 60 cm) sur laquelle doit circuler des locomotives et des wagons de petite taille[11].

Lannée suivante, il décide dagrandir lusine. La façade est prolongée vers louest jusquà la ruelle aux Bœufs. Le bâtiment est flanqué dun second étage en brique[12].

La seconde usine : La Société détampage de précision Gaupillat

Cet agrandissement inaugure, en 1928, la création dune nouvelle société : la Société détampage et de précision Gaupillat. Cest Jean Gaupillat qui prend la tête de létablissement. Ce dernier sinstalle dans la partie nouvelle construite de lusine et la loue à son père, Marcel. Cette nouvelle société se spécialise surtout dans le façonnage à froid des pièces de métal. A l'aide de matrices, on manufacture des pièces de métal afin de leur donner des formes et des dimensions déterminées. Cest ainsi que la fabrique Gaupillat va se mettre à fabriquer des boulons, des tuyaux de robinet ou encore des étuis publicitaires. En 1934, la passion de Jean Gaupillat pour les voitures de courses lui est fatale. Il décède, à lâge de 43 ans, lors dune course du Grand Prix automobile de Dieppe.

Marcel Gaupillat reprend les affaires de la société détampage mais, en 1935, il connaît un nouveau coup dur. Lentreprise connaît des difficultés financières du fait du départ dun de leurs plus gros clients : la firme Citroën. Les établissements Gaupillat ne sen remettent pas et sont rachetés par la Société Française des Munitions de Chasse, de Tir et de Guerre, détenue en majorité par les Gévelot.

En 1939, Marcel Gaupillat séteint et avec lui le dernier des Gaupillat. Devenues firmes des entreprises Gévelot, les sociétés Marcel Gaupillat et de la Société détampage de précision nen continuent pas moins leurs activités. La Seconde Guerre mondiale éclate et le quartier du Bas-Meudon est épargné jusquen 1942. Durant la guerre des tranchées abris sont construites afin de protéger les productions mais aussi de veiller à déventuelles explosions. L'aviation alliée bombarde le quartier le 3 mars 1942. Cest Renault qui est visé mais malheureusement le quartier subi des dégâts et on décompte 6 morts. La division Leclerc entre dans Meudon le 25 août 1944 et libère la ville.

Les difficultés commencent à la sortie de la guerre. La société détampage se retire du syndicat des professionnels de la forge car les cotisations basées sur le chiffre daffaires favorisent les entreprises qui travaillent lacier. Dans les années 1950, les activités de la Société détampage se diversifient et les ateliers du Bas-Meudon produisent des pièces brutes matricées et des produits finis dusinage comme les robinets pour bouteille de butane. Durant cette période, près de 300 ouvriers sont employés mais les conditions sont difficiles et létablissement connaît de nombreuses grèves.

Les années suivantes sonnent le glas de la Société détampage. Dans les années 1990, leffectif nest plus que dune soixantaine demployés. Sous la pression dun plan durbanisation, datant de 1996, la fabrique du 43 bis route de Vaugirard doit fermer ses portes. Le 31 décembre 1997, la fabrique cesse définitivement ses activités. Les dernières machines sont déménagées le 30 juin 1998. 160 ans dhistoire de la famille Gaupillat se referme avec elle.

Annexes

Bibliographie

  • « La fabrique Gaupillat, un patrimoine pour le Val-de-Seine » dans L'archéologie industrielle en France, CILAC, n°50, Vannes, 2007, p 44 à 51.
  • Francis Démier, La France du XIXe siècle, 1814-1914, Éditions du Seuil, coll. « Point Histoire », Paris, 2000, 606 p. 
  • Jean Dansette-Lambert, Histoire de lentreprise et des chefs dentreprise en France, Le temps des pionniers (1830-1880) - naissance du patronat Tome II, Histoire France, coll. « Chemins de la Mémoire », Paris, 2001, 556 p. 
  • Jean Dansette-Lambert, Histoire de lentreprise et des chefs dentreprise en France, Le temps des pionniers (1830-1880) - Des jalons d'existence, Tome III, Histoire France, coll. « Chemins de la Mémoire », Paris, 2003, 554 p. 
  • Jean-Pierre Frey, Le rôle social du patronat, du paternalisme à l'urbanisme, Éditions L'Harmattan, coll. « Habitat et sociétés », Paris, 1995, 287 p. 
  • Bureau de la statistique générale, Statistique de la France : résultats généraux de l'enquête effectuée dans les années 1861-1865, Nancy, 1873 
  • Bureau de la statistique générale, Statistique générale de la France, vol21, Imprimerie nationale, Paris, 1901 

Lien externe

Notes et références

  1. « La fabrique Gaupillat, un patrimoine pour le Val-de-Seine » dans L'archéologie industrielle en France, CILAC, n°50, Vannes, 2007, p 44-47
  2. Archives Municipales de Meudon 1D6, Mairie de Meudon, délibérations du conseil municipal, 1834
  3. Archives Municipales de Meudon 5 I 6, Délibération au sujet dune fabrique de capsules dans le Bas-Meudon
  4. Archives Nationales MC/ET/LXVI/1156.
  5. Françoise Wyss, Recherches sur Sèvres et les Sévriens dans la première partie du XIXe siècle, 1804-1848, Mémoire de maîtrise, Université Paris 10, 1979 (p.131-151)
  6. Bibliothèque Nationale de France 4 FM 13335
  7. a, b et c Archives Municipales de Meudon BH 46copies documents cotés F 37
  8. Archives Départementales des Hauts-de-Seine 7 M 34
  9. Archives Municipales de Meudon 5 I 6
  10. Archives Départementales des Hauts-de-Seine 7 M 34
  11. Archives Municipales de Meudon autorisation du préfet de Département de Seine et Oise
  12. Archives Municipales de Meudon 5 I 6[précision nécessaire]
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