Francois d'O

Francois d'O

François d'O

Blason de la maison dO : dhermine au chef endenché de gueules

François dO, marquis dO, seigneur de Fresnes et de Maillebois, en 1535 à Paris il est mort le 24 octobre 1594, est un financier français et mignon du roi Henri III.

Fils de Jean dO, capitaine de la garde écossaise du roi et frère aîné de Jean d'O, sa famille tire son nom du château d'O à Mortrée.

Il prit dabord le parti des armes, obtint une charge de capitaine de cavalerie et participa au siège de La Rochelle au cours duquel il fut blessé en février 1573. Il fit partie, ainsi que son frère Jean, de la suite du futur Henri III lors de son bref règne en Pologne en 1574 et participa aux campagnes militaires de 1575.

Se défiant néanmoins de ses talents militaires et se sentant une grande disposition pour les affaires, il abandonna cette carrière par la raison, disait-il, quune plume porte des coups plus utiles quune épée et quune bourse de jetons apportait plus de butin quune compagnie de gens darmes et devint châtelain de Fresne. Ce fut donc aux affaires quil se voua, et spécialement aux affaires de finances.

Ayant épousé, en 1573, Charlotte Catherine de Villequier, fille unique de René de Villequier, gouverneur de Normandie, lun des favoris du roi, son beau-père le présenta à la cour et il ne tarda pas à se mettre fort avant dans les bonnes grâces de ce prince. Secrétaire dÉtat, maître de la garde-robe du roi. Il fut disgracié en octobre 1581.

Sans autre titre que la faveur, il remplaça, en 1578, Pomponne de Bellièvre comme surintendant des finances du royaume et maintint le scandaleux système de concussions et de dilapidations de son prédécesseur. On ne voit pas quil ait apporté dans ces fonctions dautre mobile que de servir les prodigalités du roi, qui lappelait « son grand économiste » et aussi sa propre cupidité. Suivant lui, les pauvres étaient aussi nécessaires dans un État que les ombres dans un tableau.

La taille fut doublée ; il augmenta les aides, les péages ; il créa de nouveaux offices, de telle sorte que le revenu public, qui était à peu près de 20 millions sous Charles IX, séleva à 32 millions.

Le mécontentement devint général ; les États de Bourgogne, assemblés en 1579, naccordèrent pas sans une vive opposition la levée des nouvelles taxes. DO soutint alors le droit de la couronne par cette maxime que le roi étant le maitre absolu de la vie comme des biens de ses sujets, on ne devait pas entrer en compte avec lui.

Ces complaisances lui avaient gagné la confiance absolue de Henri III, qui le nomma premier gentilhomme de la chambre, chevalier, en janvier 1586, de lordre du Saint-Esprit instauré par le roi, puis lieutenant général de la basse Normandie. De 1580 à 1585, il succède à Henri Ier de Montmorency en tant que gouverneur du château de Caen[1] dont il répare et agrandit les fortifications[2]. Enfin il est nommé gouverneur de Paris et de lÎle-de-France avant quHenri III ne doive se séparer de lui parce quil déplaisait à la Ligue.

En cette dernière qualité, il soccupa activement, lors de la journée des Barricades du 12 mai 1588, de la défense de la capitale. On le vit apporter les ordres du roi au conseil de ville, aux colonels et aux quarteniers. Pendant la nuit, il introduisit lui-même par la porte Saint-Honoré le régiment des gardes françaises ci quatre mille Suisses appelés au secours de la royauté.

Il quitta Paris le lendemain, en même temps que son maitre quil suivit à Chartres, puis à Blois, sassemblèrent les États-généraux de septembre 1588. , il vint déclarer aux trois ordres que la dépense du trésor ne pouvait être au-dessous de 27 millions par an.

Toutefois les États ayant obtenu, malgré la résistance du roi, une réduction de 8 millions, la clameur publique séleva si énergiquement contre le surintendant que Henri III crut prudent de lui retirer son emploi. Mais on le lui rendit presque aussitôt, grâce à quelques soumissions quil fit au duc de Guise.

Le lendemain de lassassinat du roi à Saint-Cloud, dO se trouvait avec Manou, son frère, Dampierre et quelques autres dans la chambre le roi venait dexpirer. Henri de Navarre put les entendre comploter à voix haute de se rendre plutôt à toutes sortes dennemis que de souffrir un roi huguenot.

On sait que telle fut dabord la décision de la noblesse catholique attachée à la cause royale ; mais le duc de Longueville ayant refusé de la notifier à Henri IV, ce fut dO qui porta la parole pour déclarer au prince quon ne le reconnaîtrait comme roi de France que sil abjurait la religion réformée.

Il sattacha cependant à la fortune du Béarnais, cherchant par tous les moyens possibles à léloigner des huguenots pour le rapprocher du parti catholique. Sa pratique des affaires, ses relations avec les financiers, le rendirent utile à Henri IV, qui lui conserva la direction des finances.

Quelques auteurs ont dit que, daccord avec Byron, dO persuada au roi de ne pas entrer dans la capitale après la bataille d'Ivry. Le caractère de Henri IV semble démentir cette allégation.

Au mois davril 1593, le roi, résolu de se faire instruire dans la religion catholique, charge dO de sentremettre à cet effet auprès des prélats et de les assembler. Lannée suivante, en rentrant dans Paris, il le réintègre dans son titre de gouverneur de cette ville, et lenvoie le lendemain recevoir en son nom le serment des officiers municipaux à lhôtel de ville.

DO ne vécut guère après ces événements, atteint dune rétention durine, il mourut vers la fin de la même année, nemportant aucuns regrets. Le roi, dont il avait souvent entravé les projets, ne voulut le remplacer ni comme gouverneur de Paris ni comme surintendant des finances.

Surchargé de dettes malgré toutes les concussions dont on laccusait, il expira dans le dénuement. Une grande joie accueillit cette nouvelle ; on entendit des paysans sécrier : « Dieu soit loué ! ce méchant dO est mort ; nous ne payerons plus de tailles », espérance chimérique. Les legs de son testament, qui ne sélevaient pourtant quà 1 200 écus, ne purent être acquittés quavec laide de son frère. Ses créanciers, ses domestiques, avant même quil eut rendu le dernier soupir, avaient mis son hôtel au pillage et enlevé jusquaux meubles de sa chambre.

On rapporte que le célèbre Crillon, apprenant la mort du financier, dit : « Si chacun doit rendre -haut ses comptes, le pauvre dO se trouvera fort empêché de fournir de bons acquits. » À la violence de caractère, à la dureté de ses manières, dO joignait une grande bizarrerie ; ainsi, lon a de lui des signatures manque la particule, parce quil ne voulait pas doubler la longueur de son nom par ladjonction dune lettre.

François dO neut pas denfants légitimes ; il na laissé quune fille naturelle, mariée à Robert Caillebot, seigneur de La Salle. Il fut enterré dans léglise des Blancs-Manteaux à Paris.

Notes et références

  1. Jean-Yves Marin, Jean-Marie Levesque (dir.), Mémoires du Château de Caen, Milan, Skira ; Caen, Musée de Normandie, 2000, p. 169
  2. Célestin Hippeau, L'abbaye de Saint-Étienne de Caen, 1066-1790, Caen, A. Hardel, 1855, p. 199

Source

  • Ferdinand Hoefer, Nouvelle Biographie générale, t. 37-38, Paris, Firmin-Didot, 1863, p. 382-3.
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