Francois Robichon de La Gueriniere

Francois Robichon de La Gueriniere

François Robichon de La Guérinière

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François Robichon de la Guérinière, le 8 mai 1688 à Essay et mort le 2 juillet 1751, est un écuyer français.

Sommaire

Biographie

François Robichon de La Guérinière, issu dune vieille famille vosgienne de gentilshommes verriers, est à Essay, près dAlençon, le docteur L. Guyot a trouvé son acte de baptême, daté du 8 mai 1688. Son père était Pierre Robichon, seigneur de La Guérinière, officier de la duchesse dOrléans et avocat au siège dEssay.

François passa sa jeunesse en Normandie. Son frère aîné, Pierre des Brosses de La Guérinière, dirigea lAcadémie déquitation de Caen, aménagée dans le domaine du château de la Guérinière. Comme le cadet mourut célibataire et que laîné neut quune fille (qui épousa un autre écuyer de valeur, M. de La Pleignière), il ny a pas de descendants directs portant lun des noms les plus célèbres de lhistoire équestre. Mais il existe toujours des Robichon de La Guérinière, descendants dune autre branche de cette famille. La Guérinère épousa en 1718 Marguerite Robin de la Lorete : 1) Anne-Antoine et 2) Apolline x Ignace Lesieur, écuyer, sieur de Croissy. Anne-Antoine et Ignace (François Ignace de Croissy) reprirent lacadémie déquitation.

En 1715, nanti de son brevet décuyer du roi, François de La Guérinière vient à Paris diriger une académie déquitation dont le manège était installé dans un ancien jeu de paume sis dans ce qui était alors la rue des Francs-Bourgeois-Saint-Michel. Lemplacement de ce manège correspond à lactuelle rue de Médicis, à la hauteur du n° 3, mordant sur le jardin, alors moins étendu, immédiatement au nord de la fontaine Médicis. Cest quen quinze ans La Guérinière acquit sa réputation décuyer et de professeur hors de pair qui lui valut, en 1730, dêtre nommé écuyer ordinaire[1] du Manège des Tuileries par le grand écuyer de France, le prince Charles de Lorraine, comte dArmagnac. Stricto sensu, La Guérinière ne fit donc pas partie de lÉcole de Versailles.

Le Manège royal des Tuileries, gloire de lécole française autant que la Grande Écurie, se dressait sur lemplacement de lactuelle rue de Rivoli, à laboutissement de la rue de Castiglione. Il jouxtait le jardin et ouvrait sur une longue carrière comme on les aimait alors et qui sétendait jusquà langle du château (aujourdhui place des Pyramides). Ce fut probablement ce dégagement unique qui donna au Premier consul lidée de sa rue de Rivoli, dont le percement entraîna, en 1803-1804, la démolition du Manège, après que celui-ci eut pris une tout autre renommée en abritant les assemblées révolutionnaires, Louis XVI y ayant été jugé. Deux plaques en rappellent lexistence : une « politique » posée au début du siècle contre la grille des Tuileries, une « équestre » posée en 1951 par le Cercle hippique de France, pour le deuxième centenaire de la mort de François de La Guérinière.

La renommée de celui-ci était devenue internationale. Les élèves arrivaient de toute lEurope, et lon sait que son École de cavalerie est toujours considérée comme la « Bible équestre » par les cavaliers de lEurope centrale.

La Guérinière mourut le 2 juillet 1751. Une tradition contestée le fait mourir à Versailles ; ce fut plus probablement aux Tuileries, et il dut être inhumé à Saint-Roch, dont la crypte contient environ deux cents pierres tombales, dont celle du grand écuyer de France. Les archives départementales, brûlées par la Commune en 1871, nous auraient sans doute renseignés sur ce point.

Héritage

Lœuvre de La Guérinière mériterait une thèse, tant par son contenu que par son expression, dans ladmirable langue française du XVIIIe siècle que cet écuyer possédait remarquablement. Lordonnance des chapitres, le développement de la doctrine et de ses applications, les définitions et les recettes charment le lecteur par leur clarté et par laisance de la phrase.

Dans son École de Cavalerie, il cite comme ses principaux inspirateurs « Messieurs du Plessis (1620-1696, maître de Louis XIV) et de la Vallée » qui nont pas laissé décrits et ne reconnaît que deux auteurs, « dont les ouvrages soient estimés » Monsieur de la Broue, lui même élève de lillustre Jean-Baptiste Pignatel (ou Pignatelli), et Monsieur le Duc de Newcastle, seigneur anglois, « le plus savant homme de cheval de son temps. » Il ne consacre que quelques lignes à Pluvinel, sur le travail aux piliers, ne retenant de son œuvre que « des planches estimées des curieux par rapport à la gravure et à lhabillement »

Dès le chapitre premier, il expose son ambition de clarification : « leurs ouvrages sont des trésors infructueuxpar le peu dordre qui y règne » Cette « bible » équestre, pour reprendre le terme consacré lui permet non seulement de codifier et de clarifier les principes de ses prédécesseurs, mais surtout de poser les bases dune nouvelle école plus simple, plus naturelle et plus adaptée à lusage habituel du cheval. Il est le premier à exposer que tous les chevaux ne sont pas capables du même travail, et que les exigences doivent être adaptées aux capacités du cheval. « ...ceux à qui la nature a donné une bouche excellente, les hanches solides et les ressorts unis et liants... » ainsi que les « braves chevaux ».

Il annonce également léthologie équestre bien avant la lettre : « La connaissance du naturel dun cheval est un des premiers fondements de lart de le monter, et tout homme de cheval en doit faire sa principale étude. »

Le cavalier y trouve tout ce quil lui est possible dacquérir seul, à condition quil veuille bien lire attentivement et quil ne soit plus tout à fait un débutant. Lécuyer sy retrempe dans une révision des connaissances qui se place à égale distance du dépouillement antique de Xénophon et de la scrupuleuse minutie germanique de Steinbrecht. Si Antoine de Pluvinel a fait évoluer léquitation de tradition guerrière vers une équitation dagrément, cest La Guérinière qui saura prolonger et amplifier le mouvement de son prédécesseur pour forger le classicisme français.

François de La Guérinière contribua largement à lœuvre équestre, non seulement comme dresseur, comme professeur et comme écrivain, mais aussi comme inventeur ou tout au moins comme apologiste de deux leçons capitales dans lassouplissement et la mise en condition du cheval : lépaule en dedans et la descente de main. Il est possible que M. de Vendeuil, lillustre maître de La Guérinière, ait inauguré lépaule en dedans, mais cest son élève, devenu célèbre, qui la dégagée et formulée. Car ce nest pas tout que davoir des idées, encore faut-il les mettre en œuvre et transmettre aux autres la façon de les utiliser.

La leçon de lépaule en dedans, « qui est la plus difficile et la plus utile de toutes celles que lon doit employer pour assouplir les chevaux », succède, avec La Guérinière, au travail sur le cercle et sur deux pistes de La Broue et de Newcastle, ce dernier reconnaissant lui-même que, dans le cercle la tête en dedans, « les parties de devant sont plus sujettes et plus contraintes que celles de derrière et que cette leçon met un cheval sur le devant ».

Cest pourquoi La Guérinière a cherché et trouvé « de tourner la tête et les épaules (du cheval) un peu en dedans vers le centre du manège, comme si effectivement on voulait le tourner tout-à-fait, et, lorsquil est dans cette posture oblique et circulaire, il faut le faire marcher en avant le long du mur, en laidant de la rêne et de la jambe de dedans : ce quil ne peut absolument faire dans cette attitude sans croiser ni chevaler la jambe de devant par-dessus celle de dehors, et de même la jambe de derrière de dedans par-dessus celle de derrière de dehors... ».

« Cette leçon, ajoute La Guérinière, produit tant de bons effets à la fois que je la regarde comme la première et la dernière de toutes celles quon peut donner au cheval pour lui faire prendre une entière souplesse et une parfaite liberté dans toutes ses parties. Cela est si vrai, quun cheval qui aura été assoupli suivant ce principe et gâté après ou à lÉcole, ou par quelque ignorant, si un homme de cheval le remet pendant quelques jours à cette leçon, il le trouvera aussi souple et aussi aisé quauparavant. ».

La Guérinière fait travailler lépaule en dedans aux trois allures. Le travail au galop plié est très délicat et ne peut être demandé quà des chevaux « chevalant. » déjà haut. La Guérinière fait galoper le cheval lépaule en dedans « pour lui apprendre à approcher la jambe de derrière de dedans de celle du dehors et lui faire baisser la hanche, et, lorsquil a été assoupli et rompu dans cette posture, il lui est aisé de galoper ensuite les hanches unies et sur la ligne des épaules, en sorte que le derrière chasse le devant, ce qui est le vrai et beau galop. ».

Quant à la descente de main, « une aide des plus subtiles et des plus utiles de la cavalerie. », cest une façon de rendre la main en prenant les rênes avec la main droite au-dessus de la main gauche, « et en lâchant un peu les rênes dans la main gauche, on fait passer le sentiment du mors dans la main droite, et enfin en quittant tout-à-fait les rênes qui étaient dans la main gauche, on baisse la main droite sur le cou du cheval. ». Le cheval se trouve entièrement libre, à condition quil ne soit pas sur les épaules, mais plutôt après avoir marqué un demi-arrêt et lorsquon sent quil plie les hanches, demeurant ainsi léger à la main.

Comme tous les classiques, La Guérinière connuten France, du moinsun relatif abandon aux beaux temps du romantisme équestre et de ses querelles. Baucher lui reproche de manquer parfois de précision. Bohan lui avait adressé le reproche contraire. Puis la synthèse sétablit au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, sentie par le commandant Guérin, exprimée par le général LHotte.

La Guérinière a laissé un ouvrage écrit, École de cavalerie, dont un abrégé remarquable, Eléments de cavalerie, est précieux pour lamateur. Les deux livres ont été réédités maintes fois et ont fait lobjet de traductions à létranger. Les célèbres planches de Parrocel en augmentent encore la valeur.

On peut terminer sur quelques lignes de François de La Guérinière chaque terme est exactement pesé dans lharmonieux équilibre de la pensée : « La grâce à cheval consiste en une posture droite et libre, qui vient du contrepoids du corps bien observé ; en sorte que dans tous les mouvements que fait le cheval, le cavalier, sans déranger son assiette, conserve autant quil le peut, dans un juste équilibre, cet air daisance et de liberté, qui forme ce quon appelle le bel homme de cheval. »

Citations

  • « Ces imitateurs de justesse tant désirée amortissent le courage dun brave cheval et lui ôtent toute la gentillesse que la nature lui a donnée ».
  • « La connaissance du naturel dun cheval est un des premiers fondements de lart de le monter, et tout homme de cheval en doit faire sa principale étude ».
  • « La main bonne renferme trois qualités qui sont dêtre légère, douce et ferme ».

Notes

  1. On appelait écuyer ordinaire celui servant à temps complet, par opposition aux écuyers servant par quartiers.

Écrits

  • École de cavalerie, Paris, 1729-1730 pour le tome 1, 1731 pour le tome II.
  • Elémens de cavalerie, Paris, 1740; réédition 1741, 1754, 1768, 1791.

Sources

  • André Monteilhet, Les Maîtres de lœuvre équestre.
  • Etienne Saurel, Pratique de léquitation selon les maîtres français
  • Portail du monde équestre Portail du monde équestre
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