- Aimable (accordeoniste)
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Aimable (accordéoniste)
Aimable (10 mai 1922 à Trith-Saint-Léger - 31 octobre 1997 à Villemoisson-sur-Orge) est un accordéoniste français.
Biographie
Tout au long de sa carrière, Aimable a enregistré plus de 10 000 titres. Son destin semblait tout tracé : virtuose saxophoniste, tout bascule en quelques secondes à la suite d'une ridicule partie de football avec une boîte de conserve. Quel est le garçon qui n'a pas pratiqué ce jeu ? Cette boîte de conserve servant de ballon, tirée à bout portant par son adversaire, vint lui briser les dents et lui fendre les lèvres. Adieu le saxo ! L'avenir dira que nous n'avons rien perdu au change puisque, en quelques années, il deviendra une grande personnalité de l'accordéon, avec un style bien à lui, reconnaissable dès les premières mesures.
Le "tchot' garchon", comme on dit en chti, est né dans un village du Nord, à Trith-Saint-Léger, le 10 mai 1922. C'est son sourire qui donnera à son papa l'idée de le prénommer Aimable. Et voilà comment fut inscrit officiellement dans le registre d'état civil PLUCHARD Aimable. Son père, mineur, ravi de la vocation musicale de son fils, l'encouragera à entrer à l'âge de 7 ans dans la fanfare du village comme trompettiste. Mais ses lèvres trop fragiles, l'obligent à jouer du saxophone soprano. Très vite son professeur lui découvre ses dons musicaux exceptionnels. Suite à l'incident, il n'aura plus de raison d'être dans la fanfare. Il s'orientera vers l'instrument qu'on lui connaît. Au prix de gros sacrifices financiers, "papa Aimable" achète un bel accordéon pour son fils trop malheureux de ce qui vient de lui arriver.
Un professeur, un virtuose du coin, jouant d'oreille, l'initie à l'accordéon en collant des timbres postes de différentes couleurs sur les touches. Au bout d'un an d'étude et après de bons coups de baguettes sur les doigts, Monsieur Larchange, père de Maurice Larchange va reprendre les choses en main. La méthode d'enseignement de M. Larchange donnera des résultats surprenants qui ne tardèrent pas à se faire sentir. À l'âge de 11 ans, accompagné de son père à la batterie, Aimable se produit dans une brasserie, place d'Armes à Valenciennes. Comme seul salaire, la "Tinche". Il doit apprendre le métier d'ajusteur tout en travaillant son instrument avec acharnement. Le jour de ses 18 ans, le 10 mai 1940, les allemands envahissent la Belgique. C'est l'exode ! Aimable fuit vers Paris à vélo, avec une valise, son accordéon et le courage de ses 18 ans. Arrivant dans la capitale, il partagera la chambre avec deux étudiants de l'École des Arts et Métiers. Grâce à son optimisme et son sourire, il supportera les galères d'un jeune accordéoniste complètement désemparé et inconnu. Pour survivre, il fait la quête sur les marches du Sacré-Cœur, chez Ma Cousine, place du Tertre ou encore au Poulailler. Il égrènera les derniers succès du moment, puis trouve un boulot de vernisseur de piano et, par la suite, se fait engager au Tonneau sur les Grands Boulevards où une clientèle difficile vient l'écouter. Le soir, le patron satisfait l'invite à revenir le lendemain. Il lui propose de trouver un deuxième musicien, en l'occurrence un banjo, par la suite, viendront un batteur, un saxo : le premier orchestre d'Aimable vient de naître.
En 1942, sa personnalité grandissante l'entraîne au Floréal, où tous les musiciens de jazz se retrouvent. Il y rencontre ainsi des vedettes comme Albert Nicholas, André Persiany, Django Reinhardt, etc... Les improvisations sur les thèmes de Louis Armstrong, Duke Ellington...lui donneront rapidement l'idée d'apprendre les rythmes de jazz, mais le musette lui restera à cœur.
Amoureux du Sud-Est asiatique, il s'engage en 1944 dans la Deuxième DB. Avec son accordéon il sera engagé par un orchestre philippin, dans lequel, il est le seul homme de race blanche. Il jouera pendant cinq années en Indochine, en Inde, à Singapour, à Hong-Kong, à Ceylan... À la fin de la guerre, de retour en France, il a acquis une solide technique. On réclame partout son style léger, pétillant et sa capacité à tout interpréter. En 1949, il suivra le Tour de France avant de devenir un grand voyageur. L'Amérique l'accueille pour sa virtuosité. Son entrain irrésistible et sa polyvalence le conduiront en Égypte, en Irak, aux Philippines et en Afrique. Contacté par le représentant en France du Stade Breton, il accepte d'animer au 8ème étage du Mannhatan Center le bal annuel de l'association, accompagné par les musiciens de Benny Goodman : ce sera un véritable succès. Cette soirée présidée par Michel Legendre, consul de France à New-York, avait réuni 6200 bretons. Plus tard, il aura l'honneur d'animer une soirée particulière dans les salons du consulat de France. On le retrouve dans le célèbre Ed Sullivan Show, émission suivie par 65 millions de téléspectateurs. Il gardera un souvenir inoubliable de la soirée au River Boat, cabaret de l'Empire State Building avec le trompettiste de jazz Harry James.
En France depuis son 10 millionième disque, il ne compte plus les succès où figurent bon nombre de ses compositions. Très à l'aise, pendant les enregistrements il se permet de tirer avec plaisir sur son traditionnel cigare. Soudain une lampe rouge s'allume, la haut-parleur annonce le début de l'enregistrement. Au beau milieu d'une dizaine de musiciens, debout, Aimable laisse une impression de facilité incroyable, ses manches de chemise retroussées, il apparaît avec un air comique, coquin, tirant et poussant sur le soufflet de son Fratelli Crosio. Cela se passe dans les studios de la firme Vogue où il a l'habitude d'enregistrer disques sur disques depuis plus de seize ans.
Son nom figurant en lettres d'or sur les tablettes d'honneur des plus grands accordéonistes français, Aimable le doit à son talent, à son travail, à son dynamisme qui est, chez lui, sa seconde nature. La firme Vogue annonce publiquement le chiffre fabuleux de 8 millions de disques. Il obtiendra, en 1953 et en 1956, la consécration de l'académie Charles Cros et celle du Grand Prix du Disque français. Malgré tout, Aimable restera un personnage simple, naturel, sa modestie ne lui fera jamais dire qu'il est l'un des cinq premiers accordéonistes de France. Il est réclamé par la France entière pour ses bals et, si on s'en réfère à son calendrier, il n'est pas étonnant qu'il ait usé 37 accordéons dont 30 Fratelli Crosio. Parmi ses musiciens, il y avait le trompettiste Bertrand Dujardin, son ami dévoué.
Jusqu'à présent nous n'avons parlé que de spectacles ; pour être complet, il faut évoquer ses innombrables compositions - qu'il appelait des "saucissons" - au succès sans précédent. Sa production dépasse les 400 pièces parmi lesquelles :
- L'Italienne à Paris, Si tu veux pardonner, Madison City, Sans respirer (en collaboration avec Maurice Larchange),
- L'âme des accordéons, Calamar, Musette boy, Vive les Mineurs, Bidule-musette, Escapade, Quand tu reviendras (en collaboration avec André Verchuren)
- Un p'tit coup d'musette
- ...
Aimable avait aussi un cœur gros comme ça : un jour, il reçut une lettres de deux gamins âgés de 11 ans qui lui demandaient un disque pour leur père accordéoniste aveugle en guise de cadeau de Noël. Cette lettre le toucha profondément et par retour de courrier il leur envoya un lot de plusieurs disques. Recevant très souvent des lettres de sollicitations, Aimable y répondait avec gentillesse et souvent il mettait la main à la poche. L'emploi du temps chargé d'une vie mouvementée de musicien professionnel le conduisait au-delà de ses possibilités, l'obligeant à partir se reposer, avec son épouse Dany et sa fille Martine, sa petite fille était SOphie, dans sa maison à Antibes. Depuis cette région, il profitait de faire une halte à Cannes pour savourer le plaisir du football qui le passionna. Il est décédé le 31 octobre 1997 à Villemoisson-sur-Orge dans l'Essonne.
Filmographie
- 1972 : Les fous du stade : lui-même
- 1973 : Le grand bazar : lui-même
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