- Francesco Masci
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Francesco Masci (né en 1967 à Pérouse, Italie) est un philosophe italien contemporain, d’expression française.
Sommaire
Biographie
Francesco Masci étudie la philosophie en Allemagne et en Italie avant de s’installer à Paris en 1994.
Orientations de sa pensée
Francesco Masci s'intéresse en particulier à la culture moderne en affirmant que celle-ci est le lieu où le Sujet de la tradition métaphysique occidentale, après avoir été expulsé de la société, trouve refuge en tant que subjectivité fictive, c’est-à-dire comme agrégat d’images auto-référentielles. Les événements de la culture moderne inscrivent le sujet dans une temporalité neutralisée à travers laquelle la volonté belliqueuse de s’attaquer à la société, qui, depuis le romantisme, représente le langage commun de ces événements, se transforme immanquablement en une apologie de cette même société. Les œuvres d’art de la tradition avant-gardiste, comme les « installations » ou les « happenings », n’offrent que les exemples les plus spectaculaires de ce mécanisme qui réussit à concilier rhétorique du changement et pratique de l’impuissance.
Francesco Masci démontre que la culture fonctionne comme un catalyseur d’« événements », toujours attendus, consommés puis oubliés. Ils ne sont pas seulement ontologiquement incapables de révolutionner la société, mais ils en constituent la justification la plus solide. Il nomme « superstition » ce sentiment d’attente, que la culture moderne parvient à créer entre chaque événement et la définit ainsi : « cette invention résolument moderne qui doit être comprise comme une abêtissante contrainte interne à croire que quelque chose doit être vrai. » Elle façonne chez l’homme moderne une forme d’obéissance qui est le miroir de celle qu’exige le pouvoir qui traverse la société.
Sa réflexion s’appuie sur une impressionnante érudition philosophique et artistique. Son premier livre, Superstitions, n’est pas l’énième dénonciation des excès de l’art contemporain, mais remet fondamentalement en cause l’ensemble de la culture moderne. Un beau démontage d’une belle illusion, celle-ci même qui nous ramène dans les lieux d'art ou de culture pour nous y croire refaits en santé.
Son dernier ouvrage, Entertainment ! Apologie de la domination, est sorti en mars 2011 aux Éditions Allia.
Citations
- « Le sujet a survécu comme quelque chose de second, toujours en retard par rapport à la vérité de sa fictionalisation qui le précède et au vide qui l’habite. »
- « Les institutions culturelles sont, malgré l’ennui que l’on éprouve en les fréquentant, des lieux de pur divertissement, dans le sens originel du mot divertir : détourner l’attention. Leur rôle consiste en fait à transformer le substrat d’une ville, la culture, en décor ».
- « Le problème n’est pas tant de revenir à une relation plus vraie avec le monde, que de savoir qui produit la vérité et comment. »
- « La superstition naît du manque de courage nécessaire pour admirer la disparition de l’homme, ce rien. »
- « La culture, en exauçant de manière égalitaire les vœux d’originalité de chacun, a posé les bases d’un communisme de la petite différence. »
- « Toutes les promesses que la culture exprime sont satisfaites et ne peuvent être renouvelées, car, à chaque moment de son histoire, elle produit et épuise son propre public. »
- « La superstition est la réduction du monde à un horizon d’attentes prédéterminées. Grâce à elle, est non seulement assurée la connaissance de ce qui arrivera mais aussi de ce qui doit arriver. »
Sélection des interventions
- Karl Marx et la Mode
Centre Culturel Calouste Gulbenkian, Paris, décembre 2010 - La Force de l'art 2
Grand Palais, Paris, invité par l'artiste Jean-Baptiste Farkas, mai 2009 - Quand, comment, pourquoi et où y a-t-il de l'art aujourd'hui ?
Table ronde présentation de la Biennale de Paris à l'Institut d'Etudes Supérieures des Arts (Paris, 2007) - 200 ans de loyaux services
15e Amicale de la Biennale de Paris chez Ghislain Mollet-Viéville (2007, Paris) - Pour un nouveau statut de l'art
Débat organisé par les Rencontres Place Publique au Musée Guggenheim (Bilbao). (Bilbao, 2005) - L'art à l'heure de la perte de son auto évidence
Columbia University (New York, 2004) - Est-il nécessaire de parler de l'art pour répondre aux interrogations qui l'animent ?
Débat du Forum de l'essai sur l'art au Palais de Tokyo. (Paris, 2003) - L'art contemporain à l'âge démocratique
Les Rencontres Place Publique à l'Académie Tunisienne des Sciences, des Lettres et des Arts "Beït Al-Hikma" (Carthage, 2003) - A quoi sert l'art aujourd'hui ?
Organisé par Jacques Seranno à l'Institut Français d'Ukraine (Kiev, 2003) - Situations de l'art
Musée d'Art contemporain de Montréal (Montréal, 2002)
Ligne Mascienne
Ce terme désigne une ligne mentale qui sépare le champ artistique de sa disparition. Mascienne est un qualificatif donné par Jean-Baptiste Farkas à ce qui relève de la pensée de Francesco Masci.
Bibliographie
- Entertainment ! Apologie de la domination, éd. Allia, 2011
- Superstitions, éd. Allia, 2005
- "A propos de Superstitions. Entretien avec Francesco Masci". Par Jean-Baptiste Farkas.
- "Dialogue entre Jean-Paul Thibeau et Francesco Masci" in catalogue XV Biennale de Paris.
- "Pourquoi ces larmes?" Entretien avec Francesco Masci. Par Jean-Baptiste Farkas.
Liens externes
Video de l'artiste Michael Sellam d'après une lecture de Entertainment !
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