- Fontaine des trois ordres
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La Fontaine des trois ordres, également appelée Fontaine du centenaire, est un monument commémoratif des évènements pré-révolutionnaires de l’été 1788 à Grenoble. Inaugurée en 1897, elle est située sur la place Notre-Dame à Grenoble.
Sommaire
Chronologie de la construction
À l’approche du centenaire des évènements de l’été 1788[1], qui font de Grenoble le berceau de la Révolution française, le député Gustave Rivet prend l’initiative en août 1886, de lancer l’idée de la construction d’un monument à la gloire du centenaire de la pré révolution dauphinoise. C’est le sculpteur grenoblois Henri Ding, professeur à l’école des Beaux arts de la ville, qui est retenu pour réaliser le monument. En effet, le maire, Édouard Rey, a été auparavant très satisfait de sa réalisation sur les quais de l’Isère d’une statue de son beau-père, Xavier Jouvin.
C’est au cours du conseil municipal du 25 février 1887 que le vœu est émis de construire ce monument dans la ville même, un autre étant prévu à Vizille. Le 3 septembre 1889, un conseil municipal accepte le projet d’une fontaine. Le 5 juin 1890, le nouveau maire, Auguste Gaché, obtient le principe de son édification sur la place Notre-Dame plutôt que sur la place Victor Hugo. Sept années sont alors nécessaires pour libérer la place Notre-Dame de bâtiments vétustes ainsi que pour déplacer la colonne qui trône actuellement sur la place de Metz.
Avec 9 ans de retard, l’inauguration a lieu le 4 août 1897, sous la municipalité de Stéphane Jay et en présence du président de la République, Félix Faure. Trois tribunes sont dressées devant le monument pour assiter à des défilés. On profite de ces journées de festivités pour inaugurer l'agrandissement du palais de justice et celui du palais de l'université sur la place de la Constitution[2].
Description du monument
C’est un bassin circulaire de 12 mètres de diamètre avec en son centre un fût central de 9 mètres de haut supportant trois personnages en marbre de Carrare, fraternellement réconciliés autour des tables où s'inscrivent les droits de l'Homme. Les personnages symbolisent les trois ordres dans la société du Dauphiné, sous l’ancien régime : le Tiers État, le Clergé et la Noblesse, précurseurs des trois ordres du serment du jeu de paume de Versailles.
Au milieu du bassin, quatre tritons lancent par leur conque un jet d'eau vertical, et quatre griffons crachent l'eau par leurs naseaux.
Les quatre faces du fût portent en lettres d’or des inscriptions relatant les grandes dates de la Révolution française, depuis la journée des tuiles, jusqu’à son avènement à Versailles, le 20 juin 1789 lors du serment du jeu de paume. Véritable livre de pierre, le monument comporte sur ses quatre faces des inscriptions historiques.
Sa face est porte la mention :
A la gloire des Trois Ordres du Dauphiné
Aux représentants
Qui ont les premiers
Affirmé
Les droits de la nation
Et préparé
La Révolution française, 1788
La ville de Grenoble, 1888
Monts sacrés d'où la France
Vit naître le soleil avec la liberté.
André ChénierSur sa face nord, les mentions :
Edits de mai 1788
8 mai, Résistance du parlement de Grenoble
12 mai, Protestation du Conseil de la ville
30 mai, Envoi des lettres de cachet, manifestations publiques
7 juin, Intervention des troupes, journée des tuilesSur sa face ouest, les mentions :
14 juin 1788, le conseil de Grenoble prépare et organise la réunion de Vizille
Les trois ordres jurent de rester unis pour le triomphe de la justice
Ils proclament que l'impôt ne peut être légalement établi que par le consentement des peuples réunis en assemblée nationaleSur sa face sud, les mentions :
21 juillet 1788, l'assemblée révolutionnaire de Vizille réclame la convocation immédiate des États Généraux
10 septembre, assemblée légale de Romans
5 mai 1789, ouverture des États Généraux
20 juin, serment du jeu de paumeInterprétations des personnages
Les Grenoblois facécieux ne manquent pas, parait-il, d'interpréter les trois personnages en les faisant parler[3].
- « Pleut-il ? » interroge le Tiers État en levant la main gauche, paume vers le sol.
- « Plût au ciel qu'il eût plu » déplore le clergé en levant la main gauche, paume vers le ciel.
- « Il pleuvra ! » affirme péremptoirement la Noblesse en levant la main droite comme pour prêter serment.
Anecdotes au cours de l'histoire
- Lors de l’inauguration, en août 1897, des milliers de personnes viennent acclamer le Président de la République dans une réception à l’Hôtel de ville, mais le sculpteur Henri Ding n’est même pas présenté au président[4].
- Le 23 décembre 1899, le monument voit la mise en service de la ligne de tramway Grenoble - Chapareillan à ses pieds.
- Le 14 juillet 1935, un rassemblement populaire à ses pieds fait le serment de lutter contre le fascisme.
- En 1940, Le Tiers-État perd le majeur de sa main gauche.
- En 1942, sous l’occupation allemande, les bronzes du monument sont envoyés à la fonte malgré les protestations du maire Paul Cocat.
- Le 12 octobre 1957, le maire Léon Martin inaugure la restauration des bronzes.
- Dans les années 1990, ravalé et redoré, le monument reçoit un habillage de lumière.
Notes et références
- Journée des tuiles et Réunion des États généraux du Dauphiné
- Dénommée 20 ans plus tard, place de Verdun.
- Selon Françoise Goyet dans son livre Grenoble, cœur de pierre, p. 44
- « J'ai dû boire le calice jusqu’à la lie », écrit t-il à un ami. Il meurt subitement, un an et vingt jours après l’inauguration de son monument.
Bibliographie
- Grenoble, cœur de pierre, Françoise Goyet, Edi Loire, 1996, (ISBN 2840840464)
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