- Fantasmagorie (film, 1908)
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Fantasmagorie
Données clés Réalisation Émile Courtet (dit Émile Cohl) Scénario Émile Courtet (dit Émile Cohl) Pays d’origine France Genre Aventure Sortie 1908 Durée 1 minute 40 secondes Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Fantasmagorie est le titre du premier dessin animé d'Émile Courtet (dit Émile Cohl) fait pour la société cinématographique Gaumont. Il est considéré comme le premier dessin animé cinématographique et fut projeté le 17 août 1908 au théâtre du Gymnase à Paris, transformé en cinéma à l'occasion de la clôture annuelle. Ce fut le début de la longue et créative carrière d'Émile Courtet dans le cinéma d'animation.
Fantasmagorie d'Émile Cohl a été tourné image par image, et dure 1 minute et 40 secondes[1] et mesure 36 mètres (taille d'un court métrage)[2]. À chaque image correspond un dessin entier, Cohl n'utilisant pas la technique du celluloïd, qui permet de garder le même fond en ne dessinant que le personnage en mouvement sur un transparent.
Sommaire
Fantasmagorie et son contexte[3]
Rétrospective
- 1799 : Étienne-Gaspard Robert créait une amélioration de la lanterne magique qui donne l'illusion du mouvement aux spectateurs, c'est le fantoscope.
- 1833 : Le Phénakistiscope est mis au point par Joseph Plateau. C'est la première représentation réelle du mouvement.
- 1892 : Émile Reynaud invente le « Théatre optique » qui donne vie à « des pantomimes lumineuses et animées ».
Les contemporains d'Émile Cohl
- 1902 : Choque de trenes de Segundo de Chomon (l'espagnol à l'origine de Chaumont) est fait à partir de modèles réduits.
- 1906 : L'américain James Stuart Blackton réalise Humorous Phases of Funny Faces filmant un tableau sur lequel s'anime un dessin tracé à la craie.
Ses successeurs
- 1914 : Ed Hudson utilise une feuille transparente d'acétate de cellulose (celluloïd) pour dessiner les éléments à animer, cela lui permet d'animer plusieurs sujets à la fois et sur différents plans.
- 1928 : Début du Mickey « parlant » au Colony Theater de New-York dans Steamboat Willie. On voit pour la première fois une synchronisation entre la bande son et les actions du film.
- 1960 : Hanna-Barbera font l'expérience de travailler à la fois sur celluloïd et sur ordinateur.
- 1995 : Le premier long métrage en 3D entièrement réalisé sur ordinateur voit le jour, Toy Story.
- 2004 : La technique de captation de mouvements (motion capture) d'acteurs réels pour animer des personnages 3D est utilisée pour le film de Robert Zemeckis, Le Pôle express.
Fantasmagorie de plus près
Technique utilisée
Selon l'anecdote[4], Cohl aurait été le seul au studio Gaumont à comprendre la technique utilisé par Blackton dans The Hauted Hotel de 1906, et c'est après une carrière de caricaturiste qu'il prend l'initiative, en février 1908, de faire son propre dessin animé. Même s'il s'est inspiré du style de Blackton, lui empruntant l'idée de l'effet craie sur tableau noir, Cohl s'en détache largement et c'est en ça que Fantasmagorie est reconnu comme le premier dessin animé.
« Il n'en demeure pas moins incontestablement pour l'Histoire le véritable créateur du « 7e art bis », le pionnier du cinéma d'animation. »
— Dictionnaire du cinema Jean-Loup Passek
Cohl réalise pas moins de 700 dessins qui subissent une double-exposition de deux minutes pour construire son court-métrage. Pour donner l'illusion de dessin à la craie sur tableau noir, il effectue d'abord ses dessins à l'encre de Chine sur feuille blanche avant de se servir de leurs négatifs[5]. Il intègre aussi des images de sa propre main qui intervient dans le film. Sa démarche stylisée s'éloigne des dessins et fonds réalistes que Reynaud utilisait.
Analyse
Cohl décide de dessiner un petit bonhomme, à l'allure clownesque, qui se déplace dans un univers surréaliste. Il naît « de la main » de Cohl dès la première scène et tout au long du film, il apparaît et disparaît au gré de ses envies pour semer le trouble chez des spectateurs venus au théâtre. Il est capable de se transformer à partir d'une bulle, de transformer sa tête en bilboquet, devient prisonnier d'une bouteille, en ressort… Et quand il est brisé en deux, c'est la main de Cohl qui intervient pour le « réparer ».
Cohl pose une ambiance surréaliste dans un décor très simple où l'action principale décrit les péripéties de ce clown qui sème la zizanie et effraie tout le monde, en particulier les bourgeois de l'époque que l'on reconnaît grâce à leurs chapeaux et autres mallettes d'affaires. En commençant son film dans une salle de théâtre, il effectue une mise en abyme puisqu'à l'origine, le film fut projeté dans une salle de théâtre. Ce théâtre se situait à Paris sur les Grands Boulevards où la haute société aimait se retrouver. Il cherche ainsi a recréer l'ambiance de l'époque des fantasmagories où les illusionnistes s'amusaient, grâce à des sources de lumière, à projeter des dessins lumineux animés sous les yeux du public. Ceci explique le titre donné par Émile Cohl qui fait référence à l'art qui précède et inspire le dessin animé.
Notes et références
- CNDP, « Fantasmagorie » sur artsculture.education.fr
- Almanach du cinéma, Encyclopaedia Universalis de Philippe d'Hugues
- Gabriele Lucci, Le cinéma d'animation, Éditions Hazan
- Cartoons : le cinéma d'animation 1892–1992 de G. Bendazzi
- Lire en ligne Donald Crafton, Before Mickey: the animated film, 1898-1928, p 61
Liens externes
- Fantasmagorie sur l’Internet Movie Database - Version plus complète en anglais
- Site officiel
- [1] Vidéo sur Youtube.
- [PDF]L'esprit d'Émile Cohl, 100 ans d'animation débridée , Les Musées de l'agglomération d'Annecy.
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