Evala

Evala

Evala est une forme de lutte traditionnelle dont la finalité consiste à renverser son adversaire et qui se déroule chaque année à Kara, en pays Kabyè (nord du Togo).

Chaque année à la mi-juillet a lieu un rite initiatique appelé Evala. C'est à la fois un sport et une cérémonie d'initiation qui montre que l'on appartient à la cour des grands. Au cours des evala, deux équipes de villages voisins se rencontrent autour d'un terrain. Les combats se déroulent par équipe de 5 jeunes hommes de 18 à 20 ans. Les techniques semblent assez peu structurées. Chaque combat se termine par la victoire du concurrent ou par un nul à la limite du temps de combat. Aucun classement final n’est établi, seul subsiste le comportement valeureux des lutteurs. Chaque équipe forme plusieurs rangs de lutteurs (le premier rang est celui des plus forts). Les lutteurs s'engagent sur le terrain sou l'œil du chef de l'État et s'affrontent dans une lutte ou le vainqueur est celui qui parvint à déséquilibrer son adversaire et à le faire tomber sur le dos. Les combats son souvent spectaculaires car en plus du fait que les lutteurs s'affrontent sur un terrain brut non dégagé, parsemé de pierre et de roche, les techniques de combat sont dignes de celles des luttes modernes.

A la fin des combats, les deux équipes s'allient pour n'en former qu'une et aller affronter un autre village. La cérémonie se déroule en trois étapes où les équipes s'allient successivement.

L'Evala est donc une cérémonie de ralliement entre les villages, une occasion pour tous les frères de même ethnie de se retrouver. Des centaines de jeunes gens chantent et dansent sur le terrain de football du village de Kagnalada (420 km au nord-est de Lomé) : plusieurs heures durant, dans la chaleur et la poussière, ils vont lutter jusqu'à épuisement, le traditionnel prix à payer pour devenir un homme.

"Nos lutteurs sont de braves garçons, de vaillants combattants qui terrassent rapidement leurs adversaires. Ceux qui tenteront de les affronter n'oublieront jamais", scandent en chœur une foule de jeunes filles, chargées d'encourager les lutteurs au son des gongs, castagnettes et tam-tam.

Torse nu, les lutteurs s'empoignent et se débattent au milieu du terrain de football, sous le regard crispé de leurs parents et amis. Deux d'entre eux poussent soudain des cris de joie, esquissant quelques pas de danse victorieux : en un éclair, ils ont retourné leur adversaire pour lui faire mordre la poussière.

En pays Kabyè (ethnie du nord du Togo), les "évala", ou fête annuelle des "muscles", constituent l'une des plus grandes manifestations initiatiques. Chaque année, au mois de juillet, les jeunes hommes de plusieurs villages se réunissent sur des places publiques pour éprouver leur force et comparer leurs techniques.

"Ce n'est pas une guerre, mais plutôt un combat psychologique. A travers ces manifestations, les jeunes de la région se découvrent, mesurent leur âge et leur capacité physique. C'est leur civilisation. Autrefois, ces parties de lutte permettaient au peuple kabyè, en proie à des guerres claniques, de détecter les jeunes capables de défendre leur village", explique Blanzoua Kao, chercheur à l'Université du Bénin au Togo. "Mais plusieurs étapes doivent être franchies par ces jeunes appelés à lutter. D'abord, on ne devient un "évalo" (lutteur en langue kabyè) qu'à l'âge de 18 ans, après avoir respecté les prescriptions issues des différentes cérémonies rituelles", poursuit Blanza Kao.

Une semaine avant le début des combats, à l'instar des footballeurs professionnels, les lutteurs s'isolent dans des camps d'entraînement. "Ils consomment pendant cette période de la viande de chien - animal rusé, endurant et possédant certaines vertus selon la culture kabyè - afin de retrouver l'énergie nécessaire pour bien combattre", explique le chercheur.

À Kozah, l'une des grandes préfectures de la région de Kara (environ 400 km au nord-est de Lomé), plusieurs milliers de jeunes kabyè de tous les cantons se sont affrontés de la sorte. Organisés en petits groupes, les villageois se sont mobilisés autour de leurs lutteurs pour assister aux compétitions, observant d'un œil averti les répétitions de chants et de danses organisées au clair de lune avant chaque combat. Les chefs de villages et les notables se relaient quant à eux auprès des jeunes combattants pour leur fournir un soutien moral dans cette épreuve rituelle de passage à l'âge adulte, qui doit leur permettre de s'affirmer dans leur village et surtout dans leur famille.

"Celui qui n'est pas évalo ne peut pas se marier. Il ne consulte pas un marabout et n'a pas le droit de consommer la viande du chien. Il ne va pas à la guerre", dit un chef traditionnel du village de Tcharè.

"Il n'y a pas de récompense à la fin des compétitions. C'est notre tradition et un jeune kabyè en âge de maturité est tenu de lutter pendant trois années consécutives. Et il a intérêt à bien combattre pour sauver l'honneur de sa famille, et surtout éviter les blessures. Un lutteur ne doit pas porter plainte en cas de blessure", insiste-t-il.


Contexte

Evala est la toute première initiation à la vie d’homme de l’adolescent Kabyè. Avant d’être soumis à ces rites, les jeunes sont longtemps préparés psychologiquement et physiquement. En pays Kabyè, un jeune qui se dérobe à cette initiation subit des représailles des sages, de ses parents et de la société entière. Il est en quelque sorte exclu de la communauté.

La finalité première de cette opération est d´habituer le jeune à l’endurance, au courage et au stoïcisme. L’aspect culturel de l’évènement est rehaussé par les sacrifices que l’adolescent doit consentir : jeûne, abstinence sexuelle et les scarifications qui sont les signes extérieurs du guerrier.

L'aspect traditionnel de la cérémonie se révèle par la présence des sages de la communauté. Ce sont ces sages qui veillent au respect des règlements, assurant la direction et l'arbitrage des tournois. Les dates auxquelles se tiennent les cérémonies sont fixées par la consultation des oracles suivi de l'autorisation accordée par le grand prêtre appelé " Tchodjo ". Après les luttes, les prêtres traditionnels font une tournée dans les lieux sacrés pour remercier les ancêtres d’avoir permis la cérémonie.

Voir aussi


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Evala de Wikipédia en français (auteurs)

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