Erato (label)

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Erato est une maison française de disques fondée en 1953 et qui disparu en 2001.

La création de la firme

Erato fut fondée par Phillipe Loury (patron des éditions musicales Costallat), en janvier 1953, à la suite d'un pari réussi sur l'enregistrement d'une œuvre inconnue à l'époque : le Te Deum de Charpentier.
Après ce succès, Phillipe Loury engagea Michel Garcin pour effectuer des enregistrements d'œuvres inconnues du grand public, pensant réitérer le succès du Te Deum. Mais les moyens financiers étaient ridicules, et il était hors de question pour Philippe Loury de pouvoir enregistrer les stars du moment...

En cette même année 1953, Michel Garcin proposa à un élève du conservatoire - Jean François Paillard - d'assurer avec son petit ensemble un enregistrement d'œuvres françaises inconnues du XVIII^e siècle : le résultat stylistique fut une révélation pour le monde mélomane, si bien que Michel Garcin proposa dans la foulée à Jean François Paillard d'enregistrer deux autres disques : l'un avec son premier violon - Huguette Fernandez - pour des concertos de Jean Marie Leclair, l'autre avec un trompettiste totalement inconnu à l'époque : un certain Maurice André, avec un concerto de Torelli. L'année suivante, c'est la jeune Marie Claire Alain qui est sollicitée pour des œuvres inédites de J. S. Bach.

La reconnaissance du public comme celui de la critique permettait au label Erato de s'installer parmi les producteurs de renom...

L'âge d'or

Le succès d'Erato fut lié à la présence de deux hommes hors du commun - Phillipe Loury et Michel Garcin (le directeur artistique) - qui comprirent au milieu des années 1950 le marché qui était à prendre dans la diffusion du répertoire baroque. S'ajouta l'arrivée d'une pléiade d'artistes français exceptionnels qui porteront les couleurs de la firme dans tous les pays du monde : Maurice André, Jean-Pierre Rampal, Marie-Claire Alain, Lily Laskine, Pierre Pierlot, Jacques Lancelot, Gérard Jarry, Robert Veyron-Lacroix, Paul Hongne et plusieurs autres. Avec Jean-François Paillard, ils assureront une production et une diffusion musicale qui permettra à la France puis bientôt à toute l'Europe, voire au monde entier de découvrir les trésors du répertoire baroque.

Dix ans après la création de la firme, Erato était la maison qui avait le catalogue le plus fourni de l'époque baroque, enregistrant nombre d'œuvres de musique de chambre (avec le Quintette à Vent Français, l'ensemble Baroque de Paris ou le duo Rampal/Veyron Lacroix), des intégrales pour orgue (J. S. Bach par Marie-Claire Alain), pour clavecin (avec Suzana Ruzickova et Robert Veyron-Lacroix) une multitude de concertos allemands (Bach, Telemann...), italiens (Vivaldi, Torelli...) ou français avec Jean-François Paillard, ou d'œuvres vocales avec Fritz Werner et Stéphane Caillat.

Il est nécessaire de rappeler ici le rôle "national" de la firme. Les musiciens français ont été constamment encouragés par Michel Garcin au cours de cette première décennie, permettant entre autres aux vents français (avec Maurice André, Georges Barboteu, Jean Pierre Rampal, Pierre Pierlot, Jacques Lancelot et Paul Hongne) de faire connaître une façon de jouer, et de faire apprécier les sonorités purement françaises qui vont rapidement devenir admirées en Europe, aux États-Unis et au Japon.

Au milieu des années 1960, la firme accueillera dans son giron quelques chefs étrangers qui complèteront avec bonheur ce que les artistes Français avaient initiés, en particulier l'italien Claudio Scimone et le Suisse Michel Corboz. Les options artistiques de ces deux chefs s'intégreront facilement dans le « style Erato », permettant d'ailleurs à la firme de gagner en notoriété dans le domaine des musiques vocales avec Corboz, et italiennes avec Scimone.

L'enregistrement des Brandebourgeois pour le 20^e anniversaire de la firme en 1973 marque l'apogée de l'entreprise. Le chef Jean François Paillard s'est adjoint de toutes les vedettes Erato pour cet enregistrement : M André, P Pierlot, J Chambon, P Hongne, J P Rampal, A Marion, G Jarry, B Fonteny. La critique unanime a laissé peu de place aux autres versions : c'est encore à ce jour, la version la plus vendue dans l'histoire du disque^[1].

Après 1975, l'arrivée d'une nouvelle génération d'artistes de pointures moindres, et l'orientation dans la production d'opéras très coûteux avec Alain Lombard fragilisèrent la firme en terme financiers. L'atermoiement autour du mouvement baroqueux ne facilita pas non plus la lisibilité artistique de la firme qui vit ses ventes plafonnées.

Le déclin et la faillite

Fin 1980, Phillipe Loury prit sa retraite, et la nouvelle direction (D Toscan du Plantier puis F Sichler) réorienta l'ensemble de l'activité éditrice de la firme. Les vedettes (Maurice André, Jean Pierre Rampal et Jean François Paillard) furent amenées à signer avec d'autres labels, tandis que la direction prit le parti de parier sur le mouvement baroqueux et sur les grands opéras.

Cette politique ruina rapidement la maison : dès 1984, il fallu réduire la voilure, et limiter le nombre d'enregistrement à 45 par an. De plus, les contrats avec les nouveaux virtuoses étaient fréquemment rompus, et l'acheteur découragé se détourna progressivement vers d'autres labels. La direction, manifestement pas à la hauteur de la mission qui lui était confiée, dû laisser le géant Warner prendre en 1992 le contrôle capitalistique d'Erato.

Le mal était cependant fait. Les nouveaux enregistrements se raréfiaient, et les ventes enregistraient en Europe, une chute assez spectaculaire. En mai 2001, Warner dut se résoudre à fermer la maison Erato.

Erato aura produit 2560 enregistrements.

Le catalogue

Le catalogue Erato s'était, dès l'origine, construit sur la musique baroque, avec une spécialisation sur la musique française. Il n'est guère de pièces de compositeurs français des XVIII^e et XVIII^e siècles enregistrées aujourd'hui, qui ne fut pas un jour sur le catalogue Erato. J. S. Bach et Vivaldi furent d'autre part particulièrement servis, tant dans les œuvres concertantes et de musique de chambre que dans les œuvres vocales.

De nombreuses œuvres ont été gravées 3, 4 voire 5 fois. Citons :

• L'intégrale des œuvres pour orgue de J. S. Bach : 3 fois (M Cl Alain)
• Les Passions de J. S. Bach : 3 fois (F Werner, M Corboz, T Koopman)
• Les suites pour orchestre de J. S. Bach : 4 fois, 6 fois pour la 2^e (!) (J F Paillard 3 fois, et 5 fois pour la 2^e, J E Gardiner)
• les brandebourgeois de J. S. Bach : 4 fois (K Redel 2 fois, J F Paillard, T Koopman)
• L'intégrale des concertos pour orgue de Haendel : 3 fois (M Cl Alain/J F Paillard 2 fois, T Koopman)
• Les 4 saisons de Vivaldi : 5 fois (K Rudel, J F Paillard 2 fois, Cl Scimone 2 fois)
• L'adagio d'Albinoni : 5 fois (J F Paillard 3 fois, K Ristenpart, Cl Scimone)

Les talents qui offrirent leur services à Erato furent particulièrement nombreux, et une fidélité s'instaura avec quelques virtuoses ou chefs d'orchestre les plus en vue. Il est intéressant de noter que les trois musiciens qui ont le plus enregistrés chez Erato sont les trois premiers qui ont été embauchés par la firme en 1953/1954 : Jean François Paillard, Marie Claire Alain et Maurice André^[2].

Jean François Paillard enregistra 234 disques entre 1953 et 1984.

Marie Claire Alain enregistra 234 disques (également !) entre 1954 et 2000.

Maurice André enregistra 168 disques entre 1953 et 1982.

Les artistes ayant enregistré entre 100 et 150 albums (ou participé à) sont les suivants :

• J P Rampal
• P Pierlot
• Cl Scimone

Les artistes ayant enregistré entre 75 et 99 albums (ou participé à) sont les suivants :

• M Corboz
• R Veyron-Lacroix
• A Jordan
• T Koopman

Le disque Erato qui s'est le plus vendu est le disque Mozart (concerto pour flûte et harpe et concerto pour clarinette) par Jean Pierre Rampal, Lily Laskine, Jacques Lancelot et Jean François Paillard.

Le deuxième disque Erato qui s'est le plus vendu est le disque Pachelbel/Fasch (canon et concerto pour trompette) par Maurice André et Jean François Paillard.

Bibliographie

• Thierry Merle, Le Miracle Erato, éditions EME, 2004 (ISBN 2952141304)

Références

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