- Entrées des ouvrages de la ligne Maginot
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Entrées des ouvrages de la ligne Maginot
Bien qu'il n'y ait pas de schéma-type d'organisation, les ouvrages de la ligne Maginot sont tous constitués de trois éléments : l'entrée, les dessous et les blocs de combat.
Cette conception de l'organisation des fortifications avait été validée par la commission d'Études des Frontières puis maintenue par la Commission d'Organisation des Régions Fortifiées (CORF). Elle tenait essentiellement compte de l'expérience acquise pendant les combats de Verdun, en 1916, qui avaient montré que les forts avaient joué un rôle non négligeable dans la défense de la place de Verdun, bien qu'ils aient été privés de leur artillerie par le Maréchal Joffre dès 1914
Le fort moderne ne devait plus être conçu comme un ouvrage monolithique, abritant tous les organes offensifs et défensifs, mais, au contraire, une structure éclatée en blocs dispersés, ceci afin d'éviter, notamment, que l'artillerie ennemie puisse concentrer ses tirs sur une faible superficie. De plus, l'entrée de l'ouvrage ne devait pas être situé sur l'ouvrage lui-même mais placée le plus loin possible, afin de protéger la chaine logistique d'approvisionnement du fort.
Cette conception de l'entrée amena à la création de trois types d'entrée, chacune d'entre elles étant adaptée à l'importance de l'ouvrage, au relief, mais aussi au budget disponible : l'Entrée Hommes, l'Entrée Munitions et l'Entrée Mixte. De plus, et pour tenir compte de la morphologie du terrain, chaque type d'entrée se déclinait en trois formes : l'entrée de plein pied, l'entrée en plan incliné et l'entrée en puits.
En général, les ouvrages situés dans le Nord-Est ont été dotés d'une entrée hommes et d'une entrée munitions alors que ceux du Sud-Est n'avaient qu'une entrée mixte, en raison de la faible place disponible en montagne, d'où son appellation d'« Entrée Alpes ».
Les deux blocs d'entrée devaient être décalés en hauteur et en plan afin de ne pas se trouver dans le même rectangle de dispersion des coups d'artillerie. Enfin, en raison de leur implantation défilée en arrière de la ligne de résistance, ils n'intervenaient pas dans la défense des autres ouvrages.Sommaire
Entrées hommes
L'entrée Hommes est réservée au passage des personnels chargés de la défense et de la maintenance des ouvrages d'artillerie ou des troupes d'intervalles pour ce qui concerne les ouvrages d'infanterie.
Le plan type de l'entrée Hommes a été élaboré dès 1930, comme celui d'ailleurs de l'entrée Munitions, dans une « notice relative à l'organisation défensive des galeries souterraines des ouvrages ».[1] L'entrée Hommes est en général situé le plus haut possible afin de la soustraire aux effets des gaz qui pourraient stagner dans un point bas ; elle est donc le plus souvent reliée aux galeries souterraines par un puits ou un plan incliné. En plus de sa fonction d'entrée, l'entrée Hommes reçoit aussi les conduits d'évacuation des gaz et de l'air vicié qui débouchent dans des cheminées intégrées dans le mur de façade ; la prise d'air est également située dans le couloir d'accès et se trouve donc placée sous la protection des créneaux intérieurs. Le bloc Entrée est assez petit et il a un seul niveau.La porte d'entrée, placée derrière le fossé diamant, est protégée par une grille métallique et une passerelle qui enjambe le fossé. Elle débouche dans un couloir en chicane, protégé par un ou deux créneaux FM, qui conduit à une porte blindée et étanche donnant sur le sas. Ce sas est fermé de l'autre côté par une porte étanche mais non blindée. La ou les chambres de tir de défense rapprochée débouchent derrière le sas ou se trouve également le puits d'accès aux dessous.
Entrées munitions
L'entrée Munitions est un gros bloc à deux niveaux destiné au ravitaillement de l'ouvrage en munitions, vivres et matériels divers.Toutes les entrées Munitions ne sont pas identiques mais elles ont cependant quelques points en commun.
L'accès au bloc se fait depuis l'extérieur par un grand portail fermé par une grille et, dans certains cas, une barrière anti-char car il n'y a pas de fossé diamant devant ; ce portail est suffisamment grand pour permettre l'entrée de camions dans les cas où le ravitaillement n'est pas assuré par le réseau de fortification de même écartement de 60cm que celui de l'intérieur de l'ouvrage.
Le portail d'entrée est protégé de chaque côté par deux chambres de tir JM, FM et canon anti-char qui communiquent entre eux par les dessous où se trouve également le logement du personnel, le bloc lui même étant surmonté par une ou deux cloches GFM et parfois par une cloche lance-grenades.Le hall intérieur est suffisamment grand pour permettre, le cas échéant, le stationnement côte à côte de deux camions et des wagons de l'ouvrage. Il est protégé par un fossé couvert par un pont qui s'efface d'un côté, des blockhaus de défense intérieur et de une à trois portes blindées successives placées au niveau des coudes de la galerie, dans les cas de raccordement de plein pied. Outre ce cas e raccordement de plein pied, le hall d'entrée peut être raccordé au reste de l'ouvrage par une galerie en pan incliné ou un puits.
Entrées mixtes
Il convient tout d'abord de préciser que l'« Entrée Mixte » dispose de deux portes, l'une pour les hommes et l'autre pour les munitions, et non pas d'une seule porte commune aux hommes et aux munitions.
Tous les ouvrages du Sud-Est sont dotés d'entrées mixtes, ou entrées Alpes, à l'exception de l'ouvrage du Lavoir situé près de Modane (Savoie) qui a deux entrées.
En revanche, tous les ouvrages du Nord-Est possèdent deux entrées, sauf, en raison des problèmes budgétaires, ceux du Billig, du Michelsberg, dans les anciens fronts, et ceux de Veslones (Secteur fortifié de Montmédy) et du Chesnois (Ardennes), les deux seuls construits dans le cadre du programme dit des « Nouveaux Fronts »[2].Cependant, si dans les ouvrages « Nouveaux Fronts » la construction a pu être standardisée, tel n'a pas été le cas dans les Alpes. En effet, en raison des contraintes inhérent au relief et (ou) aux difficultés d'accès, chaque entrée a posé des problèmes particuliers et a donc entrainé des solutions différentes souvent très originales.
Ainsi, dans certains ouvrages construits sur des falaises (Castillon, Saint-Agnès, etc.) le bloc d'entrée est creusé dans le rocher contre lequel a été monté un mur en béton d'où seule émerge la caponnière de défense des accès. A Roche-la-Croix, l'entrée se réduit à un blockhaus faisant saillie de la paroi et servant de caponnière pour tout l'ouvrage.[3] A l'ouvrage de Cap-Martin, l'entrée est traitée en puits avec monte-charge, le bloc étant d'autre part doté d'un mortier de 81mm frontale vers la plage de Menton, face à la frontière italienne.[4] Enfin, à Rimplas les deux portes sont creusées dans le mur d'escarpe et il faut emprunter un petit pont pour y accéder.Finalement, le seul point commun entre ces ouvrages est qu'ils n'ont qu'un seul bloc entrée avec deux portes, un fossé diamant et des créneaux FM en caponnière.[5]
Porte hommes
La « porte hommes » est protégée par une petite porte blindée, une passerelle permettant de franchir le fossé diamant.
La porte débouche sur un couloir en baïonnette plus ou moins élaboré formant sas de sécurité, protégé par une grille, un créneau FM et une porte blindée qui permet d'accéder à la galerie principale. Elle est placée près du poste de garde de l'ouvrage mais avec lequel elle ne communique pas directement.Portail munitions
Le « portail munitions » est suffisamment large pour permettre l'entrée de deux petits camions ; c'est en fait un pont-levis qui se rabat sur le fossé diamant et qui reste fermé en temps normal.
Le hall d'entrée permet le stationnement des camions qui débarquent leur cargaison sur un quai aménagé sur un côté. Le hall est protégé par un créneau de tir intérieur et une porte blindée l'isole des galeries. Dans certains cas, une grille ferme un passage qui permet d'accéder dans le sas de la porte hommes, ceci afin d'éviter d'ouvrir le portail blindé intérieur communiquant avec les galeries.Portail téléphérique
Dans certains cas, l'ouvrage possède un portail permettant l'entrée d'un téléphérique dans l'ouvrage. Plusieurs raisons ont motivé la mise en place d'un téléphérique et le relief particulier de chaque site a conduit à une solution différente dans chaque cas.
Une ligne téléphérique a été installée lorsque la route d'accès au bloc était sous les vues ennemies. Tel est la situation de la route du Pas du Roc (Savoie) et de celle de Rimplas (Alpes-Maritimes).
A Rimplas, la gare supérieure du téléphérique est située a côté d'un portail « hybride »[6] Le câble pénètre à l'intérieur de l'ouvrage et la recette du téléphérique est traité de la même façon qu'une entrée munitions classique sur le plan de la défense (porte-blindée sur la galerie menant à l'ouvrage et créneaux). L'ouverture elle même est simplement protégée par une grille qui laisse passer les câbles et qui s'ouvre pour laisser entrer la benne. Elle bénéficie toutefois de la protection des créneaux en caponnière de l'ouvrage. Enfin, toujours à Rimplas, le terre-plein conservé entre les entrées et le précipice étant très étroit, il a fallu le creuser pour laisser passer les câbles du téléphérique d'où la nécessite de construire un pont au dessus pour accéder à l'entrée hommes.
La solution du téléphérique a également été adoptée au Mont-Agel car la route d'accès est longue et sinueuse et que l'importance de l'ouvrage nécessitait un débit important.
A noter enfin qu'à Roche-la-Croix (Alpes de Haute-Provence) le téléphérique n'entre pas dans l'ouvrage.Galerie des entrées
Entrée Hommes en puits (Ouvrage de Schoenenbourg).
Entrée neige d'un petit ouvrage des Alpes (Petit-ouvrage du col de la Moutière).
Entrée téléphérique (Ouvrage de Rimplas).
Issue de secours (Ouvrage de Rimplas).
Entrée mixte + entrée téléphérique (Ouvrage de Rimplas).
Sources
- Philippe Truttmann, La ligne Maginot ou la Muraille de France, Gérard Klopp éditeur, 1985.
- Jean-Yves Mary, La ligne Maginot, ce qu’elle était, ce qu’il en reste, SERCAP, 1985.
Notes et références
- ↑ Philippe Truttmann, La ligne Maginot ou la Muraille de France, Gérard Klopp éditeur, 1985, p; 303. La plupart des gros ouvrages d'artillerie du Nord-Est ont une entré Hommes conforme à ce schéma mais certains ont vu leur entrée Hommes ajournée. En revanche, les ouvrages d'infanterie qui devaient théoriquement avoir eux aussi une entrée Hommes du même modèle ont du se contenter d'une casemate aménagée en entrée.
- ↑ Les « Nouveaux Fronts » correspondent aux secteurs du Nord-Est qui ont pu être fortifiés grâce aux crédits débloqués par la seconde loi-programme de juillet 1934. Les ouvrages des « Nouveaux Fronts » bénéficièrent d'améliorations grâce à l'expérience acquise sur les « Anciens Fronts ».
- ↑ Philippe Truttmann, La ligne Maginot ou la Muraille de France, o.p. cit., p. 314.
- ↑ Philippe Truttmann, La ligne Maginot ou la Muraille de France, o.p. cit., p. 316.
- ↑ Ils reçoivent aussi les bouches d'aération et la prise d'air de l'ouvrage.
- ↑ Il n'y a qu'une porte d'entrée, plus large qu'une porte d'entrée hommes et plus étroite qu'une entrée munitions.
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