- Endymion
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Dans la mythologie grecque, Endymion (en grec ancien Ἐνδυμίων / Endymíôn) est un roi d'Élide (ou un simple berger selon d'autres versions), amant de Séléné, déesse de la lune, ou d'Artémis, avec laquelle Séléné est souvent confondue à partir du Ve siècle av. J.‑C.
Sommaire
Mythe
Il est le fils d'Éthlios, premier souverain d'Élide, et de Calycé[1] ; d'autres versions en font un fils de Zeus. Il a trois fils : Étolos, Péon et Épéios. Il choisit son héritier parmi ces trois en les soumettant à une course à pied qu'Épéios remporte[2]. Il passe aussi pour le père de Narcisse.
Il est l'amant de Séléné (ou parfois Artémis), dont il a cinquante filles. Les cinquante mois lunaires entre chaque session des Jeux olympiques sont censés y faire allusion. La tombe d'Endymion se trouve à Olympie. Selon certaines traditions, Séléné obtient pour lui qu'il conserve sa beauté dans un sommeil éternel[3] dans une grotte du mont Latmos en Carie [4].
Selon une version minoritaire[5], Endymion est élevé par Zeus dans l'Olympe, où il s'éprend d'Héra. Furieux, le roi des dieux le jette dans les Enfers, ou encore le punit par un sommeil sans fin.
Postérité littéraire
Le mythe d'Endymion connaît une grande fortune littéraire grâce à sa richesse symbolique.
Il inspire à Michael Drayton son Endimion and Phoebe (1595). Dans le poème, Endymion est un jeune berger qui s'est voué à Phœbé. Celle-ci est également éprise de lui, et se présente comme une simple nymphe pour lui avouer ses sentiments. Endymion la repousse, arguant de son engagement au service d'Artémis. Après qu'elle est partie, il regrette de l'avoir éconduite et s'endort au clair de lune en soupirant. Phœbé le visite pendant son sommeil ; à son réveil, il lui fait part de ses sentiments. C'est au tour de Phœbé de l'éconduire. Finalement, elle lui avoue sa véritable identité et annonce son intention de l'élever dans l'Olympe.
Le motif du déguisement de Diane, par lequel la déesse essaie de détourner son protégé de son propre culte, est repris par Keats dans son Endymion (1818). Ici, la feinte est double : dans le premier livre, Diane visite Endymion dans ses rêves sous le nom de Cynthia. Le jeune homme en tombe amoureux et se lance dans une quête pour la retrouver. Dans le quatrième livre, elle revêt la forme d'une jeune Indienne et finit par vaincre les résistances du jeune homme, qui abandonne son vœu pour l'amour de la déesse. La déesse se manifeste finalement sous sa véritable identité, et pardonne à Endymion sa « trahison » pour faire de lui son consort immortel. Le poème a été interprété comme une allégorie néo-platonicienne, représentant la quête humaine de l'idéal.
Le poème de Keats a inspiré Dan Simmons pour l'un des personnages de ses Cantos d'Hypérion. Dans un univers futuriste, Raul Endymion y est un berger choisi pour accompagner Enée, entité divine, dans sa quête et devenir son amant.
Marguerite Yourcenar lui a consacré un des poèmes de son recueil Les charités d'Alcippe (qui puise abondamment dans la mythologie grecque).
Représentations artistiques
Représentations antiques
Chez les Romains, le mythe d'Artémis et Endymion se retrouve fréquemment sur des sarcophages de l'époque chrétienne et représente l'espoir d'une vie après la mort.[réf. nécessaire]
Représentations modernes
Le mythe d'Endymion constitue une source d'inspiration fréquente pour les peintres occidentaux. Parmi les représentations classiques, on peut citer celle de Cima da Conegliano (vers 1510, musée de Parme) ou Pier Francesco Mola (vers 1660, pinacothèque du Capitole à Rome). Carrache représente également la scène dans une fresque du palais Farnèse, à Rome, vers 1595-1600 : Phœbé embrasse le jeune homme endormi. Son interprétation du mythe sert de modèle à de nombreux artistes des XVIe et XVIIe siècles, comme le Domenichino au palais Giustiniani à Bassano di Sutri ou Franceschini au palais de la Podestà à Gênes. Au contraire, Poussin choisit en 1632 de représenter le jeune homme pleinement éveillé, à genoux devant la déesse.
La représentation « moderne » la plus connue est sans doute celle de Girodet, peinte en 1791 et conservée actuellement au musée du Louvre. Le pâtre est représenté endormi dans une posture lascive avec un modelé tout en courbe, sans musculature visible, ce qui était contraire à l'académisme de l'époque. Séléné n'est présente que sous la forme d'un éclairage blafard dont un rayon vient effleurer la bouche du sujet. Ce tableau marque une transition entre le style classique et le romantisme en gestation.
Notes
- Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 7, 5).
- Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] (V, 8, 1).
- Ovide, Amours [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 13, 43).
- Sappho dans un poème perdu évoqué par la scholie du vers IV, 57-58 des [[Argonautiques (Apollonios de Rhodes)|]] d'Apollonios de Rhodes. La précision de lieu est donnée pour la première fois par
- Hésiode dans un poème perdu. Scholie du vers IV, 57 des Argonautiques, qui attribue le récit à
Bibliographie
- (en) Judith Colton, “The Endymion Myth and Poussin's Detroit Painting”, dans Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, vol. 30 (1967), p. 426-431.
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