- Emmanuelle (film)
-
Emmanuelle
Données clés Réalisation Just Jaeckin Scénario Jean-Louis Richard
d'après le roman de
Emmanuelle ArsanActeurs principaux Sylvia Kristel
Alain Cuny
Marika GreenSociétés de production Trinacra Films
Orphée ProductionsPays d’origine France Genre Érotique Sortie 1974 Durée 105 minutes Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Emmanuelle est un film érotique français réalisé par Just Jaeckin sur le scénario de Jean-Louis Richard d'après le roman éponyme d'Emmanuelle Arsan, mettant en scène Sylvia Kristel dans le rôle-titre, Alain Cuny et Marika Green. Distribué par Parafrance Films, ce film est sorti le 26 juin 1974 en France. Il a donné lieu à une série de films et de téléfilms mettant en scène le même personnage.
Ce fut l'un des plus gros succès du cinéma français, attirant dans les salles françaises près de neuf millions de spectateurs et plus de cinquante millions dans le monde. Le succès fut tel qu'une salle le programma à Paris pendant dix ans, proposant en été un sous-titrage en anglais pour les touristes[1]. Ce succès initia durablement une série de films et téléfilms.
Sommaire
Synopsis
Emmanuelle, une jeune femme aisée, rejoint son mari, un diplomate en poste à Bangkok. Le trajet en avion l'ennuie et la belle oisive s'offre à deux passagers sans attendre l'atterrissage. L'ennui persistant, Emmanuelle use sans ménagement de la totale liberté qu'entend lui laisser son mari, soucieux d'amener sa femme à plus d'abandon. Elle fait la rencontre de deux jeunes femmes, Marie-Ange et Bee, qui l'initient aux jeux de l'amour. Emmanuelle découvre donc le goût des très jeunes filles en fleur, puis les séductions du sadisme bien tempéré avec Bee, avant de confier à l'inénarrable Mario, professeur d'érotisme réputé en Thaïlande, le soin de lui faire parcourir toute la gamme des plaisirs. « Il faudrait mettre le couple hors la loi » se répète en conclusion Emmanuelle.
Fiche technique
- Titre : Emmanuelle
- Réalisation : Just Jaeckin
- Assistant réalisateur : Philippe Leriche
- Scénario : Jean-Louis Richard d'après le roman éponyme d'Emmanuelle Arsan
- Production : Yves Rousset-Rouard
- Sociétés de production : Trinacra Films, Orphée Productions
- Distribution : Parafrance Films
- Costumes : Georges Bril et Sylvia Panigel
- Musique : Pierre Bachelet, Francis Lai, King Crimson
- Photographie : Richard Suzuki
- Cadreur : Robert Fraisse
- Montage : Claudine Bouché
- Budget : ?
- Format : Couleur (Eastmancolor) - 1.66:1 • 35mm - Mono
- Genre : Érotique
- Durée : 105 minutes
- Langue : française
- Pays : France
- Sortie : 26 juin 1974
Distribution
- Sylvia Kristel : Emmanuelle
- Alain Cuny : Mario
- Marika Green : Bee
- Daniel Sarky : Jean
- Jeanne Colletin: Ariane
- Jackie Chan : Chang le voyeur[réf. nécessaire]
- Christine Boisson : Marie-Ange
Production
Le projet
L'époque était à la libération des mœurs, mais le film érotique cherchait encore sa place entre une production de plus en plus hard et un cinéma traditionnel qui jouait avec la séduction.
Le producteur Yves Rousset-Rouard acquit les droits d'un roman à succès d'Emmanuelle Arsan, Emmanuelle, et en proposa l'adaptation à un jeune photographe de charme, Just Jaeckin. Celui-ci n'avait qu'une expérience de la photographie et de la publicité. Le casting réunit une jeune actrice inconnue (et pour cause puisqu'il s'agit d'un modèle néerlandais dont c'est le deuxième film : Sylvia Kristel) et un acteur de renom (Alain Cuny qui connut son heure de gloire avec Les Visiteurs du soir de Marcel Carné).
Casting
Alain Cuny accepta d'endosser le rôle de Mario à condition que son nom ne soit pas au générique. Le succès du film parvenu, il se révolta à propos de son nom n'étant pas assez visible sur l'affiche[2].
Musique
La bande originale est due au chanteur Pierre Bachelet. Une des mélodies utilisées dans le film s'avéra cependant un plagiat de Larks' Tongues in Aspic du groupe britannique King Crimson. Le guitariste du groupe, Robert Fripp, poursuivit les producteurs d'Emmanuelle en justice l'année suivant sa sortie et obtint gain de cause.
Le lancement
Le film et la censure
Emmanuelle, entouré d'un parfum de scandale, provoqua un vaste débat en France sur la censure des œuvres érotiques. Le film aurait dû, selon la première commission de censure en avril 1974, subir de nombreuses coupes. Cependant, la mort la même année du président de la République française, Georges Pompidou, changea la donne. Un nouveau secrétaire d'État à la Culture, Michel Guy, fut nommé en remplacement de Maurice Druon. Alors que ce dernier était pour la répression, allant jusqu'à l'interdiction et la censure, le nouveau ministre est lui plus modéré et affirmera : « Tous les films doivent pouvoir sortir sans distinction. Je ne me reconnais pas le droit d'interdire à des spectateurs adultes la possibilité de voir les films qu'ils désirent. En 1975, les gens choisissent ce qu'ils veulent voir et je dois les laisser libres ». Suivant la promesse du candidat Valéry Giscard d'Estaing d'abolir la censure, il décide alors de ne plus systématiquement suivre la commission, permettant ainsi au film de sortir en salles au prix de quelques coupes, mineures selon le producteur. Il sera simplement interdit aux moins de 16 ans.
La même aventure arrivera à sa suite, Emmanuelle 2.
Le succès du film
Le film sort le 1er juin 1974 dans une combinaison importante (pour l'époque) de 18 salles, soit une capacité de 8 000 fauteuils sur la première semaine (à peu près l'équivalent de L'Arnaque ou du Retour du grand blond qui sortent la même année).
Après une première journée à 15 100 spectateurs à Paris-périphérie, le film réalisa la deuxième meilleure semaine de l'année avec 126 530 entrées. La baisse des semaines suivantes fut minime (105 671, 110 199 et 104 501 entrées). Au bout de huit semaines, le score était de 745 000 spectateurs Paris-périphérie.
À partir de fin 1975, la loi instituant le classement X va relancer le succès de la production des films érotiques de luxe. En effet, privée de l'accès aux films X marqués d'infamie, une partie du public se retourne vers le film de charme. Emmanuelle devient le symbole du cinéma érotique acceptable.
Précurseur, le film de Just Jaeckin devint l'objet d'un culte à travers le monde. Aux États-Unis, Emmanuelle fut classé X, puis ressortit dans une version expurgée la même année. En 1978, c'était le plus gros succès d'un film francophone sur le sol américain. Le Japon fut également conquis ($ 16 000 000 de recette).
En France, le succès se transforma en triomphe historique. Au bout de quatre ans, le score était de 2 500 000 d'entrées à Paris et de 7 350 000 sur la France. Emmanuelle fut projeté pendant 553 semaines sur les Champs-Élysées (UGC Triomphe) ; les cars de Japonais s'y succédaient et les mineurs Français y accouraient dès qu'ils atteignaient leur majorité. Finalement, le film fut retiré en 1985 en ayant attiré 8 894 000 spectateurs en France. Le score sur Paris intra-muros est éloquent : 2 788 000 spectateurs alors que la population parisienne tourne autour de 2 000 000.
Des suites furent tournées avec toujours Sylvia Kristel en femme qui se libère (d'autres films essayèrent également de surfer sur la vague). Le succès était toujours là, du moins jusqu'au 4e épisode (en 1984) qui marque la dernière apparition de l'actrice hollandaise dans le rôle qui la rendit célèbre :
- Emmanuelle 2 (557 000 spectateurs sur Paris-périphérie)
- Good-bye, Emmanuelle (341 000 spectateurs)
- Emmanuelle 4 (378 000 spectateurs).
Sylvia Kristel s'essaya au cinéma traditionnel (comme Alice ou la dernière fugue de Claude Chabrol en 1976) puis disparut. Elle revint dans les années 1990 en guest-star dans une série TV qui évoquait à nouveau les aventures érotiques de l'héroïne d'Emmanuelle Arsan.
Quant à Just Jaeckin, il connut encore le succès dans la même ligne avec Histoire d'O ou Madame Claude. Il ne résista pas à la disparition du genre et abandonna le cinéma après l'échec de Gwendoline en 1984.
Depuis la carrière d'Emmanuelle appartient à la télévision qui le diffuse régulièrement en deuxième partie de soirée.
Version longue
La version française à succès n'était cependant pas complète. La longue scène d'amour entre Emmanuelle et Bee avait été coupée. Elle est aujourd'hui généralement rétablie à la télévision.
Autour du film
- Just Jaeckin se vit confier l'année suivante l'adaptation d'un autre roman érotique célèbre, Histoire d'O, et se spécialisa sur le créneau des films érotiques « haut de gamme », retrouvant Sylvia Kristel en 1981 pour une adaptation de L'Amant de Lady Chatterley.
- Les fauteuils asiatiques en rotin à dossier plus ou moins larges vus dans le film, ont donné lieu à une gamme de produits commercialisés sous le nom de "fauteuil Emmanuelle". Si la première affiche du film représentait une pomme, les suivantes montrent Emmanuelle dans "le" célèbre fauteuil en rotin, en fait des fauteuils du même type mais différents.
Notes et références
- François Jouffa, Tony Crawley, L'âge d'or du cinéma érotique et pornographique: 1973-1976, Ramsay, 2003, page 26
- (en) Secrets de tournage sur AlloCiné. Consulté le 23 novembre 2010
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
Catégories :- Film français
- Film érotique
- Film sorti en 1974
- Film dont l'action se déroule en Thaïlande
Wikimedia Foundation. 2010.