- Désherbage (bibliothèque)
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Pour les articles homonymes, voir Désherbage.
Dans une bibliothèque, le désherbage (ou élagage, révision des collections, évaluation critique, désélection, etc.) est l'opération qui consiste à éliminer et à renouveler des collections.
Sommaire
Objectifs de l'opération
Elle est destinée à mettre en valeur les collections disponibles et à offrir des ressources constamment actualisées.
Problème de longue date, le désherbage s'avère être la solution incontournable pour les bibliothèques de lecture publique, confrontées à des problèmes de réorganisation, d'encombrement ou d'impossibilité d'extension.
La littérature disponible (voir ci-dessous) insiste sur le fait que cette opération doit être planifiée et réalisée sur la base de critères et en observant certaines méthodes.
Selon Françoise Tirel, le désherbage est un terme générique pour :
- la restauration des documents ;
- la relégation ;
- l'élimination.
Historique
La notion de désherbage est un décalque de l'américain "weeding". Les bibliothécaires américains ont en effet mis en pratique le désherbage de leurs collections et théorisé l'opération bien avant leurs collègues français. Le premier manuel de désherbage a été publié en 1940 aux États-Unis[1].
En France, le thème a émergé officiellement en 1975, lorsque la Direction des bibliothèques de lecture publique a commandé à Noë Richter une recherche sur l'élimination des documents, thème repris par l'ABF lors de son colloque annuel en 1978. Les bibliothécaires de la Bibliothèque publique d'information, ouverte en 1977, ont joué un rôle clef dans la réflexion sur le désherbage. Pionnière du libre accès, et ne possédant pas de réserve, la BPI devait nécessairement éliminer certains documents pour pouvoir faire de la place pour les nouvelles acquisitions[2].
Dans les années 1980 et 1990, la pratique du désherbage s'est généralisée dans toutes les bibliothèques n'ayant pas de mission de conservation. La réflexion sur le sujet a également progressé, avec la publication de plusieurs ouvrages et d'articles dans les revues professionnelles (voir bibliographie).
L’élagage en Communauté française de Belgique
La législation, et plus précisément le dernier arrêté relatif à l'organisation du Service de la Lecture publique du 14 mars 1995, prévoit l'élagage en bibliothèque. Mais hormis l'obligation d’élaguer ou de retirer annuellement 5 % de l’ensemble des collections, pour faire place au même pourcentage de nouveautés, on n'y trouve aucune précision significative ni sur la méthode, ni sur le devenir des livres écartés. Vu sous cet angle, l'élagage apparaît exclusivement comme le facteur négatif du travail bibliothéconomique.
Or cette part de travail est fondamentale, essentielle non seulement pour conserver aux collections de toute bibliothèque, un attrait constant, une meilleure mise en valeur des documents en accès direct, mais aussi pour garantir la conservation d'ouvrages moins récents dans des conditions adéquates.
Il est clair que chaque bibliothécaire peut se trouver désarmé face à ses rayonnages ne sachant pas trop bien comment procéder. De plus, si chacun a parfaitement conscience de la nécessité de préserver les documents écrits, de multiples questions viennent à l'esprit : que conserver ? Où entreposer les livres élagués ? Comment prévoir leur consultation (en effet, nous sommes dans le domaine des bibliothèques publiques, dont le rôle principal est le prêt des livres) ? Quel document réorienter et où les réorienter ?
Déjà en octobre 1988, à Namur, l'Association professionnelle des Bibliothécaires et Documentalistes avait organisé une première journée de réflexion sur le sujet. Le Centre de Lecture publique de la Communauté française avait relancé en 1992 une tentative sans résultat concret.
Ensuite, l'expérience, un peu forcée par les circonstances, acquise dans le réseau urbain liégeois des bibliothèques a conduit certains bibliothécaires de la Province de Liège à se rencontrer pour échanger leurs réflexions sur l'élagage. Une commission est née, regroupant des agents du C.L.P.C.F. et des responsables de bibliothèques centrale, principales et locales. Au terme d'une série de réunions très constructives, la méthode décrite dans cette brochure est née.
Celle-ci a ensuite été soumise aux bibliothécaires de la Province de Liège lors d'une journée d'information et de formation pratique. Grâce à leurs remarques, mais aussi par l'analyse d'exemples concrets, les travaux ont été poursuivis par la Commission d’élagage du Réseau central de Liège. Ces confrontations ont permise de perfectionner la méthode, d'affiner les textes et le vocabulaire employés.
Fort de cette méthode et des nombreuses formations sur l’élagage organisées par le C.L.P.C.F., un groupe de travail, émanant en partie de cette Commission d’élagage, a été chargé de poursuivre la réflexion et d’étudier, de manière concrète, les possibilités de création d’une institution qui recueillerait les documents retirés des bibliothèques publiques de la Communauté française. Après des enquêtes et des analyses auprès des institutions nationales et internationales sensibilisées à la problématique, un rapport, intitulé « Comment les bibliothécaires du 3e millénaire vont-ils assumer ‘l’héritage papier’ qui leur a été confié ? », a été rédigé en 2000. Cette étude a reçu l’avis favorable du Conseil Supérieur des bibliothèques publique et a conduit en 2004 à la mise en place de la Réserve centrale du Réseau public de lecture de la Communauté française
Quelques critères et méthodes
On utilise fréquemment les critères d'usage et d'âge du document, mais ceux-ci peuvent parfois se révéler de mauvais choix.
Il convient alors de travailler de manière plus méthodique :
- Méthode DC (désherbage des collections)
- Méthode IOUPI
- Cadre législatif
- Recherche de substituts
Plusieurs de ces méthodes sont décrites dans les liens ci-dessous.
Notes
- Weeding the Library, Division of adult education and library extension, State educational department, University of the state of New York
- Désherber en bibliothèque : manuel pratique de révision des collections, Cercle de la Librairie, 1996, p 14-15 et p 36-37 Françoise Gaudet et Claudine Lieber,
La Réserve centrale du Réseau public de Lecture de la Communauté française de Belgique
Une nécessité
Du fait, notamment, de la communautarisation de la culture, la Lecture publique n'avait pas d'institution centrale chargée de constituer et d'entretenir le patrimoine écrit. Ainsi, les bibliothèques publiques, destinées pourtant par décret à l'éducation permanente, ne pouvaient pas ignorer qu'en réalité et par défaut la responsabilité de conservation de ce patrimoine leur incombait. Cet état de fait a contribué au gel de la gestion des magasins des bibliothèques : ignorant de ce que chacun s'engage à conserver, chaque site a gardé maints ouvrages qui auraient été retirés, si ce n'était la crainte de provoquer leur hypothétique disparition. A présent, ce problème est résolu grâce à la mise sur pied depuis septembre 2004 du dépôt central appelé Réserve centrale du Réseau public de Lecture de la Communauté française. Cet outil transversal au Réseau public de Lecture dépend du Service de la Lecture publique. Il se veut un outil de centralisation pour les ouvrages retirés des collections des bibliothèques. À la fois réservoir et lieu de réorientation, il donne aux bibliothécaires la garantie qu’un document élagué des collections de la bibliothèque pourra soit être récupéré au sein du Réseau de la Lecture publique via notamment le prêt interbibliothèques, soit bénéficiera d’une seconde vie au sein notamment de fonds spécialisé. La Réserve centrale possède également une Réserve précieuse pour les ouvrages qui possèdent une valeur patrimoniale.
Son fonctionnement
La Réserve centrale reçoit des ouvrages en échange d’un accord du pouvoir organisateur et en assume l'entière propriété. Elle les trie, les gère et leur applique un mode d'accès au public au mieux de leurs caractéristiques :
- Deux exemplaires sont gardés en vue de constituer un réservoir dans lequel les bibliothèques publiques peuvent venir puiser via le prêt interbibliothèque. La consultation sur place est également possible pour ces ouvrages.
- Les livres rares ou précieux d’auteurs et d’éditeurs belges et paru avant 1945 sont rangés séparément et sont consultables sur place.
- Les ouvrages déjà présents dans nos collections en deux exemplaires ou d'édition courante comme les poches, sont réorientés vers des fonds spécialisés intéressés, vers des institutions telles que les prisons, vers les pays en voie de développement pour des projets d’éducation permanente.
De cette manière, la Réserve centrale donne une seconde vie à 68 % des ouvrages qu’elle reçoit.
Des avantages
Du point de vue des pouvoirs organisateurs locaux, les avantages de la Réserve centrale sont importants : d'abord, les bibliothèques reconnues sont tenues d'élaguer et ce travail bibliothéconomique aussi nécessaire que les autres tâches du métier, ne peut plus être reporté. Ensuite, aux yeux des citoyens, les bibliothèques locales remises en état revalorisent leurs collections en identifiant mieux le patrimoine public qu'elles conservent. En outre, vu l'accroissement requis des collections, les pouvoirs organisateurs ne peuvent multiplier indéfiniment les locaux de stockage, qu'il vaut mieux rentabiliser qualitativement par un tri intelligent de leur contenu.
Du point de vue des bibliothécaires, les appréhensions que suscite encore le retrait, quand il est erronément et dramatiquement assimilé à l'autodafé, n'ont plus cours dès lors que les ouvrages, quittant la bibliothèque, restent en Lecture publique. Le dépôt central écarte le risque de la suppression irréparable. Les mises au pilon ne se justifient plus que par l'usure extrême des livres qui ont bien fait leur office auprès du public et ne présentent pas de valeur patrimoniale. En outre, le transfert des ouvrages mis au retrait vers la Réserve centrale n’est pas une obligation pour les bibliothécaires. Ceux-ci peuvent toujours, en accord avec leur pouvoir organisateur, vendre ou réorienter les livres par eux-mêmes. La Réserve centrale permet cependant au bibliothécaire de gagner du temps et d’obtenir des garanties sur les réorientations qui sont faites.
Du point de vue des organismes bénéficiant des dons, toute institution qui reçoit des livres de la Réserve centrale signe une convention demandant que les ouvrages puissent être récupérés via le prêt interbibliothèques. En outre, une évaluation de l’utilisation des documents est demandée aux institutions qui ont bénéficié de don. En contrepartie de ses obligations, celles-ci peuvent choisir les livres qu’elles veulent recevoir et ces livres sont nettoyés.
Bibliographie
- Référence : Désherber en bibliothèque : manuel pratique de révision des collections, par Françoise Gaudet et Claudine Lieber, Cercle de la Librairie, 1996 (compte rendu critique).
- Élagage et retraits en bibliothèque publique pour une meilleure gestion des collections de la bibliothèque, par Service de la lecture publique-Réserve centrale, Ministère de la Communauté française, 2008, compte rendu paru dans la revue belge Lectures n°154, p. 53, ISSN 0251-7388 et commandable par internet.
- Le désherbage, intervention de Françoise Tinel en juin 1999 (retranscription en format PDF - autre retranscription comportant un tableau et des informations complémentaires).
- Politique d'acquisition en CDI - Désherbage, Académie de Nancy-Metz (pages d'information), comportant les volets suivants :
- Bibliographie sélective
- Programmer une opération de désherbage
- Désherber les monographies
- Le « désherbage » en matière d'archives et de bibliothèque : colloque du 30 mars 2000 (compte rendu paru dans la revue belge Lectures n°113, ISSN 0251-7388).
Liens externes
- (en) L'entrée Weeding sur LISWiki, le wiki des sciences de l'information et des bibliothèques.
- Compte-rendu de la journée d'étude du 10 février 2006 consacrée au désherbage en bibliothèque .
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