- Dépression saisonnière
-
Les troubles affectifs saisonniers (TAS), plus communément nommés la dépression saisonnière ou encore « SAD » de l’abréviation anglophone de seasonal affective disorder, se rapportent à une forme de dépression liée à un manque de luminosité naturelle. La dépression débute au changement de saison, lorsque les heures d’ensoleillements diminuent, le plus souvent l’automne et l’hiver, pour ne s’estomper que lorsque la saison est terminée.
Une variante de ce trouble peut apparaître au printemps[1]. Dans ce cas, le manque de luminosité n’est plus en cause. Le patient peut se sentir légèrement déprimé (anxiété, insomnie, manque d’appétit) en voyant son entourage profiter des beaux jours qui reviennent alors que lui a un sentiment de solitude rémanent.
Les troubles de l’humeur peuvent aller d’une simple déprime dans ce que l’on appelle le « blues hivernal » jusqu’à un véritable syndrome dépressif.
Sommaire
Mécanisme
Pour l’instant l’origine de ce syndrome saisonnier est inconnue. Il y a cependant plusieurs hypothèses, dont la diminution de la photopériode, la génétique, un dérèglement neurochimique, etc.[2],[3],[4]
Épidémiologie
Ce trouble atteint plus souvent les femmes et les plus jeunes[5]. Le ratio femme/homme tend à s’égaliser avec l’âge[5].
Description
Ces troubles ont été décrits et publiés pour la première fois par le Docteur Norman E. Rosenthal[6],[7].
Certains symptômes de la dépression saisonnière hivernale sont similaires à ceux de la dépression « standard ». Ainsi, la diminution d’énergie, la perte d’intérêt, l’isolement et le diminution de la libido peuvent apparaître. Cependant, des symptômes dits "atypiques" caractérisent cette maladie. On parle alors d’augmentation de l’appétit particulièrement pour les féculents et les sucres. L’hypersomnie est également très présente. Les épisodes dépressifs doivent être récurrents à chaque automne et ce, pour deux ans.
Traitement
La luminothérapie est un traitement scientifiquement reconnu et approuvé comme étant le traitement de choix pour traiter le Trouble Affectif Saisonnier (TAS)[8]. Concrètement, la luminothérapie consiste à s’exposer de façon quotidienne à une source artificielle de lumière supérieure à 2 000 lux afin d’agir efficacement. Les études contrôlées indiquent que les symptômes de TAS s’améliorent davantage avec une intensité lumineuse forte (≥ 2 000 lux) par rapport à une faible intensité (≤ 500 lux) ou comparativement à un placebo. Le standard cliniquement recommandé et reconnu est une exposition lumineuse à 10 000 lux, au niveau des yeux, d’une durée de 30 minutes à une distance d’environ 50 cm. Plusieurs méta-analyses récentes mentionnent également l’efficacité de cette thérapie pour traiter ce syndrome, dont une produite en 2005 qui suggère que la luminothérapie serait aussi efficace que les antidépresseurs généralement utilisés pour traiter le TAS. Aussi, certaines études ont également montré l’efficacité de ce traitement pour traiter d’autres troubles dont la dépression post-partum, le syndrome prémenstruel, la dépression majeure chez les personnes âgées et adultes, la boulimie, les troubles du sommeil, l’adaptation chez les travailleurs de nuit et le décalage horaire. Les effets secondaires de la luminothérapie sont rares et plutôt faibles, surtout comparativement à l’administration d’antidépresseurs, mais certaines personnes peuvent vivre des maux de tête, de l’insomnie, de la sécheresse oculaire, de l’agitation et parfois des nausées. Concernant les éventuels dommages oculaires résultant de l’utilisation de la luminothérapie, deux études ont effectué une évaluation ophtalmologique avant et après un traitement allant de deux semaines à six ans chez 50 patients atteints de TAS et utilisant ce traitement de façon quotidienne à 10 000 lux. Les résultats ne démontrent pas de changements oculaires après un traitement à court, moyen ou long terme. Cependant, certaines mises en garde portent sur l’utilisation des rayons ultraviolets dans les lampes de luminothérapie absorbés par la cornée et le cristallin de même que sur une grande quantité d’ondes courtes de couleur bleue générant un processus d’apoptose dans les cellules rétiniennes et de l’épithélium pigmentaire. Au niveau des contre-indication à l’utilisation de la luminothérapie, les spécialistes s’entendent pour éviter ce traitement chez les gens souffrant de rétinite pigmentaire, de glaucome, de cataracte ainsi que d’autres maladies pouvant affecter la rétine (par exemple, le diabète). Aussi, les gens prenant des médicaments aux effets photosensibles, dont le lithium, ne peuvent utiliser ce traitement par la lumière. Finalement, les personnes âgées ayant des risques de dégénération maculaire sont exclues du groupe de personnes pouvant bénéficier de la luminothérapie. Malgré tout, une évaluation ophtalmologique est fortement recommandée avant l’utilisation de ce traitement pour toutes les personnes désirant s’exposer de façon quotidienne à la lumière intense et il est possible que malgré la présence de certains facteurs de risque, il soit sans danger d’utiliser la luminothérapie, mais l’avis d’un professionnel est exigé. Chez les gens souffrant de TAS, l’utilisation de ce traitement naturel se fait généralement dès le début des symptômes (septembre/octobre) jusqu’au printemps. Certaines personnes peuvent également en ressentir le besoin à l’été lors de journées nuageuses ou consécutives de pluie. Il est également recommandé de faire le traitement le matin plutôt que le soir. Cependant, le moment de la journée demeure un sujet controversé puisque certaines études n’ont pas trouvé de différences entre ces deux moments d’utilisation, ou alors ont trouvé que la combinaison des deux moments d’exposition était supérieure à une simple exposition matinale. Une augmentation des effets bénéfiques a également été observée en combinant la luminothérapie à la thérapie cognitive-comportementale, à un antidépresseur ou encore à des exercices physiques et à la privation de sommeil. Aussi, il semblerait que les gens ayant des symptômes atypiques tels que la consommation accrue de féculents ou de sucre et l’hypersomnie auraient plus de chances de succès avec la luminothérapie. Jusqu’à présent, le mécanisme d’action derrière la luminothérapie n’est pas complètement compris, mais une récente étude menée par le Dr Marc Hébert du Centre de Recherche Université Laval Robert-Giffard à Québec suggère une première preuve biologique rétinienne de la luminothérapie après quatre semaines d’utilisation chez un groupe de patients atteints de TAS comparativement à un groupe contrôle. Ces résultats prometteurs apportent une lumière nouvelle sur les études à venir dans le domaine. (Source : Lavoie, MP. Du soleil plein la tête : Démystifier le trouble affectif saisonnier et ses traitements. Quebecor. 2009.)
Voir aussi
Notes et références
- (en)SPRING CAN BRING SHOWERS OF DEPRESSION.
- Lavoie, M-P. Du soleil plein la tête: Démystifier le trouble affectif saisonnier et ses traitements. Édition Quebecor. 2009.
- Gagné AM, Bouchard G, Tremblay P, Sasseville A, Hébert M, « Quand la saison devient dépression », dans Med Sci (Paris), vol. 26, no 1, janvier 2010, p. 79–82 [lien PMID, lien DOI].
- (en)The Diagnosis, Symptomatology, and Epidemiology of Seasonal Affective Disorder, Andres Magnusson, Timo Partonen.
- (en)Drug and Therapeutics Bulletin, Management of seasonal affective disorder, BMJ, 2010;340:c2135.
- Rosenthal NE, Sack DA, Gillin JC, Lewy AJ, Goodwin FK, Davenport Y, Mueller PS, Newsome DA, Wehr TA. et al., « Seasonal Affective Disorder: A Description of the Syndrome and Preliminary Findings with Light Therapy », dans Archives of General Psychiatry, vol. 41, no 1, 1984, p. 72–80 [lien PMID]
- ISBN 089793413X Marshall, Fiona. Cheevers, Peter (2003). "Positive options for Seasonal Affective Disorder", p.77. Hunter House, Alameda, Calif.
- (en)Golden RN, Gaynes BN, Ekstrom RD et als. The efficacy of light therapy in the treatment of mood disorders: a review and meta-analysis of the evidence, Am J Psychiatry, 2005;162:656-62.
Lavoie, MP. Du soleil plein la tête : Démystifier le trouble affectif saisonnier et ses traitements. Quebecor 2009. www.dusoleilpleinlatete.com
Wikimedia Foundation. 2010.