Documents sur ecorce de bouleau

Documents sur ecorce de bouleau

Documents sur écorce de bouleau

Lettre de Jisnomir à Mikoula, XIe-XIIe siècle

Les Documents sur écorce de bouleau, en russe: берестяные грамоты, berestianye gramoty, sont des textes médiévaux russes, pour la plupart retrouvés à Novgorod mais qui sont également attestés dans certaines autres villes de la Russie comme Pskov, Smolensk et autres.

Sommaire

Découverte

Les documents sur écorce de bouleau sont une source relativement nouvelle (inconnue avant 1951), riche (on compte aujourd'hui 969 textes de Novgorod et à peu près 100 des autres villes russes médiévales) et avec des traits spécifiques qui la rendent difficile à étudier.

Le premier document fut trouvé, le 26 juillet 1951, par l'expédition archéologique de Novgorod sous la direction d’Artemi Artsikhovski. Des expéditions qui travaillent à Novgorod pendant une cinquantaine d'années et changent de sites de fouilles (raskopy) ont trouvé encore 968 documents. Les documents analogues furent trouvés à Staraïa Roussa et à Torjok (villes cadettes de la République de Novgorod), à Pskov, à Tver, à Smolensk, à Riazan et à Moscou ; en Biélorussie, à Vitebsk et à Mstislavl, et en Ukraine, à Zvenigorod (Volhynie). Mais ni leur quantité ni leur qualité ne peuvent être comparées à l'énorme corpus des documents de Novgorod. Des couches potentiellement riches de restes de culture matérielle n’ont été explorés qu’à 1 % ; et donc la science aura certainement à sa disposition des milliers encore des documents en écorce de bouleau. Les textes des documents en écorce de bouleau, ses copies, ses traductions et les commentaires sont publiés dans une série de l'édition académique, Novgorodskie gramoty na bereste iz raskopok … godov [Les documents sur écorce de bouleau de Novgorod, des fouilles des années… ], une série dirigée par Artsikhovski lui-même, et après sa mort, par Valentin Ianine, historien et archéologue, et Andrei Zalizniak, un éminent linguiste russe.

Caractéristiques

Les documents étaient gravés sur la superficie intérieure de l'écorce, avec un instrument en métal ou en os, qui s'appelait pisalo. Ces instruments sont aussi trouvés en abondance. Il y a seulement trois documents écrits avec de l'encre (dont un rarissime document moscovite retrouvé en 2007). Quand le papier devient meilleur marché, au XVe siècle, les écorces cessent d'être utilisés : les couches archéologiques où les documents sont trouvés datent de l'intervalle entre le XIe et le XVe siècle. Une autre explication de ce fait est que les matières organiques ne se sont pas conservées dans les couches plus anciennes.

La plupart des documents trouvés ne sont associés à aucune archive ; les écorces sont le plus souvent jetées sur le pavé ou par terre. Les Novgorodiens marchaient sur les documents : dans le Questionnaire de Kirik (Cyricus) le Novgorodien, qui date du XIIe siècle, il y a un passage qui concerne sans doute les écorces: « Y a-t-il un péché, si quelqu'un jette un écriture (gramota) coupée par terre et marche dessus, et on en sait les mots ? » ; le parchemin était extrêmement cher et on ne pouvait pas le traiter de la sorte, le papier n'était pas encore connu. Kirik écrit que les documents étaient jetés « coupés », ce qui signifiait que le texte était coupé de sorte qu'on ne comprenne pas l'idée de texte, n'en sache pas l'auteur, etc. Et en effet une partie très vaste de textes appartient à un groupe des « documents coupés dans le but de destruction », ou nous ne comptons que la formule d'adresse (elle était arrachée le plus souvent, comme parfois de nos jours), ou au contraire, elle nous manque et quelques lignes du texte aussi.

En-dehors de cela, la plupart des textes ont des lacunes techniques qui sont dues au temps. Les deux faits rendent l'interprétation d'un texte souvent très difficile.

Il existe cependant une quantité assez importante de documents sans aucune lacune qui se sont parfaitement conservés. Dans quelques villes provinciales, comme Staraia Roussa ou Torjok, le pourcentage des textes intacts est plus élevé qu'à Novgorod-la-Grande. C'est probablement dû au fait que peu de personnes savaient lire et il n'était donc pas nécessaire de détruire les lettres.

Thématique

Les documents appartiennent à différentes catégories quant à leur thématique. La plupart d'entre eux sont des lettres privées qui contiennent une formule d'adresse («de X à Y», «un salut de X à Y» etc.; des formules différentes ont une valeur chronologique); on compte bien des listes de débiteurs, des documents officiels, des notes pour soi-même et même des ouvrages littéraires. Les lettres privées sont presque toujours lapidaires ; les auteurs ne nous disent rien de ce que le destinataire sache déjà; en revanche on compte parmi ces lettres des chefs-d'œuvre de l’art épistolaire.

Dates

On date les documents d'après les témoignages stratigraphiques ; les couches de sol à Novgorod sont assez bien datées en utilisant les données dendrographiques que donnent les anneaux du bois qui appartiennent aux vieux pavés. Après l'accumulation d'une assez grande quantité de documents, on peut les dater également d'après les indices hors-stratigraphiques, y compris la paléographie, les formules du langage et d’étiquette, l’identification des protagonistes avec les personnages qui sont mentionnés dans les chroniques.

Langue

Les documents sont presque tous rédigés en vieux novgorodien. C'est un dialecte slave qui est très proche du vieux russe standard, de Kiev, mais a plusieurs traits spécifiques qui concernent la phonétique, la grammaire et le lexique. De plus, une moitié des documents est écrite en utilisant un système d’orthographe où les lettres o et ъ, е et ь, sont utilisées comme variantes de la même lettre. Les premiers interprétateurs des documents ne le savaient pas encore, et pour cette raison ils proposaient des versions de traduction qui aujourd'hui sont rejetées.

Un type de source unique

Valentin Ianine a consacré à Novgorod médiéval un livre qui s’appelle Otcherki kompleksnogo istotchnikovedenia ‘Précis d’étude coordonnée des sources’. Il dit, dans ce livre : « Une étude valable de tout problème historique ne devrait pas s’appuyer à un seul groupe de sources limitées spécifiquement (chroniques, actes, restes archéologiques, documents, monnaie, inscriptions), mais à l’ensemble totale des sources ou à leur combinaison représentative » . Ianine critique le feu académicien Dimitri Likhatchev qui, à l’époque, préconisait une nouvelle discipline historique, qui s’appellerait béréstologie (de l’ancien beresto ‘document en écorce de bouleau’) et la comparait à la papyrologie : « Les documents en écorce de bouleau, tout en restant des sources écrites, ne cessent pas d’être des monuments archéologiques. Comme un objet d’archéologie, ils nous offrent tous les avantages dont les papyrus sont privés. Les documents en écorce de bouleau sont trouvés au milieu de plusieurs objets archéologiques dans les couches exactement figées, dans le cadre des complexes qui sont attribués aux propriétaires et bâtiments concrets. C’est pourquoi ils peuvent être classés par les complexes, correspondant à l’appartenance à une famille qui a laissé, en-dehors des documents, plusieurs objets d’usage courant. » . En effet, les documents en écorce de bouleau sont une source particulière, qui a toujours un lieu précis de découverte et peut être liée avec des autres.

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