- Diérèse
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Une diérèse est la séparation d'une syllabe en deux par vocalisation d'une spirante : ainsi, par diérèse le mot lion (normalement monosyllabe [ljɔ̃]) peut être lu [ljɔ̃] ou bien [li'ɔ̃] (par vocalisation de [j] en [i]), mais le plus souvent un élément spirant demeure : [lijɔ̃]. Dans certaines parties de la francophonie (en Belgique, par exemple), ce phénomène est commun. Le français standard ignore ce passage de [j] à [ij], sauf dans quelques mots comme hier, prononcé aussi bien [jɛr] que [ijɛr] selon le contexte. Le passage à [ij] est en revanche la norme après un groupe Consonne + [r] ou [l], ainsi, plions se lit [plijɔ̃] et prions [prijɔ̃].
Évolution phonétique de la séquence « -ier »
Cependant jusqu'au seizième siècle le suffixe -ier était monosyllabique même en pareil cas ; Ronsard dans son Ode contre les bûcherons de la forêt de Gastine s'écrie encore :
- Sacrilège meurtrier, si l'on pend un voleur
Pour piller un butin de bien peu de valeur…
et La Fontaine n'hésite pas à écrire un siècle plus tard :
- Mais beaux et bons sangliers, daims et cerfs bons et beaux
L'Académie, d'ailleurs, dans ses Sentiments sur le Cid fait ce reproche à Corneille :
- Ce mot de meurtrier qu'il répète souvent le faisant de trois syllabes n'est que de deux
et c'est peut-être la raison pour laquelle dans Andromaque Racine n'emploie pas une seule fois le mot que le sujet appellerait, semble-t-il, de lui-même : il fallait ne choquer ni les pédants ni les oreilles. On ne le rencontre qu'à la fin de son œuvre où une des filles du chœur ose dire dans Athalie :
- Les glaives meurtriers, les lances homicides.
Encore un siècle, au contraire, et c'est Voltaire qui, en commentant Corneille, censure la condamnation de l'Académie :
- « Meurtrier, sanglier, etc sont de trois syllabes : ce serait faire une contraction très vicieuse et prononcer sangler, meurtrer que de réduire ces trois syllabes très distinctes à deux. »
La diérèse dans la métrique classique française
En métrique, la diérèse, qui dépendait dans la poésie classique de critères (en principe) étymologiques (elle était donc obligatoire pour certains mots et impossible dans d'autres) permet de gagner une syllabe dans le vers. La diérèse étymologique était considérée comme obligatoire lorsque l'étymon comporte une consonne entre les deux voyelles accolées. Exemple : la diérèse li-er était obligatoire car l'étymon ligare comporte un « g » entre l'« i » et l'« e ». Toutefois, un mot comme « sanglier », bien qu'issu du latin singularis, était considéré comme ne formant que deux syllabes (cf. supra.)
Aujourd'hui, l'application ou non de la diérèse ressortit plus à la licence poétique qu'à l'étymologie.
L'inverse d'une diérèse est la synérèse ou synizèse (bien que ces deux termes ne renvoient pas exactement à la même notion).
Autre définition : Dans certains mots, deux (sons) voyelles se suivent : lion, nation, suer. La prononciation « normale » ne sépare pas les deux sons, autrement dit on les prononce comme une seule syllabe. Mais dans un vers, il peut arriver qu'on sépare ces deux sons. On appelle donc diérèse la séparation en deux syllabes de deux voyelles en contact.
Le meilleur exemple de diérèse est sans doute le mot « violon » que l'on peut prononcer soit vi-o-lon (3 syllabes) soit vio-lon (2 syllabes).
Voir aussi
Catégories :- Phonétique suprasegmentale
- Versification
- Sacrilège meurtrier, si l'on pend un voleur
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