- Ad hominem
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Argumentum ad hominem
L'argument ad hominem ou argumentum ad hominem est une locution latine qui désigne le fait de confondre un adversaire en lui opposant ses propres paroles ou ses propres actes[1]. Il sert fréquemment à discréditer des arguments sans les discuter en raison de la personne qui les présente.
Typiquement un argument ad hominem est construit comme suit :
- A affirme la proposition B.
- Opposer que A n'est pas crédible (pour des raisons liées à ses paroles, à ses actes) quand il dit B.
- Donc la proposition B est fausse.
C'est une technique de rhétorique.
Sommaire
Sous-type
Ad personam
Les attaques personnelles consistent assez souvent à insulter son adversaire, mais il peut aussi s'agir d'évoquer des faits gênants pour le locuteur non liés aux arguments. Évidemment cela est fallacieux car la personnalité de l'auteur n'influe pas sur la validité et la logique des arguments.
- « Jacques a tort quand il prétend que Dieu n'existe pas car c'est un fieffé gredin. »
En revanche, l'exposé de motifs inconscients par lesquels un interlocuteur pourrait se refuser à admettre une thèse, par exemple en raison d'intérêts personnels ou familiaux contraires, ne constitue pas un sophisme ad personam. Il porte en effet sur une explication de perception et non sur la démonstration du fond de la chose alléguée.
Circumstantiæ
Les arguments ad hominem circumstantiæ sont ceux consistant à mettre en avant des faits relatifs au passé ou aux convictions d'une personne pour discréditer son point de vue. Il consiste souvent à affirmer que la personnalité du locuteur biaise l'argument :
- « Jacques a tort quand il prétend que Dieu n'existe pas car c'est un ancien prisonnier. »
Tout argument ad hominem n'est pas toujours une attaque personnelle comme le montrent les exemples suivants :
- « Jean prétend que l'on peut tuer sous le coup de la colère, mais ce n'est pas possible : il ne perd jamais son sang-froid. »
- « Le président a annoncé qu'il était important que le président de la République ne puisse être poursuivi dans l'exercice de ses fonctions, car il est lui même potentiellement inculpable. Il faut donc modifier la loi pour pouvoir poursuivre le président. »
Qu'on soutienne ou non la proposition de ce dernier exemple, il faut bien voir qu'ici, elle part d'un argument ad hominem, donc d'un sophisme. Voir aussi Post hoc, ergo propter hoc.
Tu quoque
Tu quoque signifie « toi aussi ». Il s'agit de jeter l'opprobre sur la personne en raison de choses qu'elle a faites ou dites par le passé, en révélant une incohérence de ses actes ou propositions antérieures avec les arguments qu'elle défend :
- « Comment Voltaire peut-il prétendre parler de l'égalité des Hommes alors qu'il avait investi dans le commerce des esclaves ? »
N.B. : Voltaire n'était pas impliqué dans l'esclavage. Cependant, il défendit Jean Calas, qui négociait entre autres des esclaves.
- « Comment peut-on lire ce que Jean-Jacques Rousseau peut écrire sur l'éducation des enfants alors qu'il a abandonné les siens ? »
N.B. : Cet argument a été énoncé par un pamphlet de Voltaire, auquel Rousseau répondit par son ouvrage les Confessions.
Utilisation prudente de l'argument ad hominem
L'argument ad hominem tel qu'il a été défini n'est un sophisme que s'il sert à démontrer la fausseté de la proposition présentée. Il est un outil utilisé quotidiennement à bon escient s'il sert à juger de la crédibilité de cette proposition. Il est bien sûr difficile de distinguer ces deux utilisations.
Supposons qu'un juge ait devant lui deux témoins.
- Le premier (ayant fait l'objet d'une condamnation par le passé) affirme A.
- Le second (sans casier judiciaire) affirme B, incompatible avec A.
En l'absence de preuves irréfutables dans un sens ou dans l'autre (ce qui est le cas le plus fréquent), lequel croira-t-il ? Probablement le second. Est-ce suffisant pour condamner ou relâcher l'accusé ?
Références
- ↑ L'encyclopédie Larousse du XXe siècle, 1928, donne : « L'argument ad hominem consiste à opposer à l'adversaire sa propre conduite ou ses propres paroles. »
Voir aussi
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