- Dhu Nuwas
-
Yūsuf Dhū Nuwas[1] (aussi appelé Yūsuf Asar Dhū Nuwas, Dhu Nowas ou Dhu Nu'as) est le dernier souverain juif du royaume yéménite d'Himyar.
Certaines sources le présentent comme le successeur de Rabia ibn Mudhar. Son accession au trône semble avoir été usurpée pour l’archéologue Alessandro de Maigret[2]. Pour bon nombre de médiévistes, qui se basent sur Jean d'Éphèse, Dhu Nuwas, qui s’était converti au judaïsme, annonça son intention de persécuter les chrétiens vivant dans son royaume en représailles pour ses coreligionnaires persécutés dans les territoires chrétiens; une lettre de Simon, évêque de Beth Arsham en 524, raconte les persécutions perpétrées par Dhu Nuwas (appelé Dimnon) à Najran (actuellement en Arabie saoudite) proche de la frontière avec le Yémen. Cette persécution est décrite et condamnée dans le Coran[3].
Selon les sources de l’époque, Dhu Nuwas, après son arrivée sur le trône himyarite, entre 518 et 523, attaqua la garnison aksoumite basée à Zafar, capturant et brûlant leur églises. Il se dirigea alors vers Najran, place forte chrétienne et aksoumite. Après avoir accepté la capitulation des chrétiens de la cité, il ordonna le massacre des habitants qui n’auraient pas abjuré la chrétienté. L’estimation du nombre de victimes, appelées dès lors, Martyrs de Najran[4], s’élève jusqu’à 20 000 victimes dans certaines sources[5]. La nouvelle du massacre se propagea rapidement dans les royaumes byzantins et arabes, et des rescapés de Najran parvinrent à rejoindre la cour de l’empereur byzantin Justinien, lui suppliant de venger les chrétiens martyrisés.
Le massacre de la garnison de Zafar provoqua aussi une réponse de Kaleb, roi d’Aksoum, racontée par Procope de Césarée. Kaleb constitua une flotte avec l'aide des byzantins et traversa la Mer Rouge jusqu'au Yémen, où il vainquit Dhu Nuwas entre 520 et 525.
La tradition rapporte que Dhu Nuwas se suicida en montant son cheval dans la mer. De Maigret mentionne qu’une inscription provenant d’Husn al-Ghurab semble indiquer que sa mort survint lors d’une bataille contre les armées de Kaleb[6].
Notes et références
- يوسف ذي نواس Dhū Nuwas, en arabe : yūsuf ḏī nuwās,
- Alessandro de Maigret, Arabia Felix, traduit par Rebecca Thompson (London: Stacey International, 2002), p. 251.
- Le Coran, « Les Signes célestes », LXXXV, 4-10 ; (ar) البروج
- أصحاب الأخدود, Compagnons du fossé, Le Coran, « Les Signes célestes », LXXXV, 4 ; (ar) البروج Martyrs de Najran appelés « les gens du fossé » par référence au Coran, en arabe : ʾaṣḥāb al-ūḫdūd,
- Tabari (trad. Herman Zotenberg), La Chronique, Histoire des prophètes et des rois, vol. I, Actes-Sud, coll. « Sindbad », 2001 (ISBN 978-2742-733170), « De Salomon à la chute des Sassanides », p. 263 Voir par exemple :
- de Maigret, Arabia Felix, p. 251.
Wikimedia Foundation. 2010.