Descente de canyon

Descente de canyon

Canyonisme

Les Oscuros du Bitet Inférieur (Pyrénées-Atlantiques)

Le canyonisme est une activité de nature apparentée à la spéléologie, à la randonnée pédestre, à l'escalade et à l'alpinisme d'une part, et aux sports d'eaux vives d'autre part. Elle consiste à progresser dans le lit de cours d'eau dont le débit va de faible (parfois nul pour les "canyons secs") à important, dans des portions où ceux-ci cheminent dans des gorges ou des ravins étroits, avec des cascades de hauteurs variées (max 350 m en France métropolitaine).

On utilise aussi le terme anglais canyoning, mais les fédérations sportives qui gèrent cette activité préfèrent les termes à consonance française comme canyonisme ou descente de canyon.

Le plus souvent, la progression suit le lit du ruisseau. Elle s'effectue principalement à pied, mais également à la nage ou en utilisant les techniques de progression sur corde couramment utilisées en spéléologie, en particulier la descente en rappel.

Les parcours ne présentant aucune difficulté ni vis-à-vis de l'eau vive ni vis-à-vis de la verticalité sont dénommés randonnées aquatiques. En revanche, la progression par fort débit nécessite une bonne maîtrise de la nage en eau vive, et la progression dans les ravins barrés de nombreuses cascades nécessite de bonnes connaissances dans les manœuvres de cordes. Le canyonisme est donc une discipline spécifique qui nécessite une bonne expérience et diverses connaissances pour être pratiquée en toute sécurité.

Le canyonisme ludique, consistant en une succession de sauts et de toboggans, tel qu'il apparaît dans de nombreux reportages, ne représente qu'une partie de l'activité. Cette pratique peut prendre un aspect commercial lorsque des professionnels (moniteurs d'escalade, de spéléologie ou guides de haute-montagne en règle générale) encadrent des pratiquants occasionnels dans des canyons présentant diverses caractéristiques : course de longueur moyenne à courte, accès facile, peu de marche dans le canyon, cadre esthétique. Des pratiquants réguliers et autonomes cherchent au contraire des sites plus difficiles et/ou moins parcourus. Certains, enfin, recherchent particulièrement l'aspect sauvage, et pratiquent alors le wild-boaring, où la motivation principale est l'exploration et non la difficulté technique.

Descente en rappel : hors d'eau (à gauche) et sous cascade (à droite)

Sommaire

Attraits du canyonisme

Toboggan dans le Soussouéou (Pyrénées-Atlantiques)

Le relief et les conditions climatiques et géologiques locales et régionales déterminent une grande variété dans les parcours permettant la pratique du canyonisme. Les gorges entaillées en terrains calcaires présentent les parois les plus verticales, offrant aux pratiquants l'extraordinaire occasion de marcher ou de nager dans un couloir dont la largeur (ou plutôt l'étroitesse !) peut être inférieure à un mètre, pour une hauteur de plusieurs dizaines de mètres. Dans d'autres conditions, le passage des obstacles rencontrés amène à expérimenter divers aspects de l'activité qui font le bonheur des pratiquants. Certains ressauts rocheux sont passés en désescalade. Des cascades sont descendues en rappel, dans la gerbe d'eau en cas de très faible débit ou dans le brouillard qui l'entoure. Les amas de blocs dans lesquels les crues ont dégagé des passages donnent parfois l'impression de cheminer dans un labyrinthe dont l'écoulement de l'eau à l'étiage est le fil d'Ariane. Avec les précautions d'usage, certains ressauts et cascades peuvent donner lieu à des sauts spectaculaires dans des vasques d'eau souvent limpide, mais parfois aussi croupie. Enfin, certains passages constituent de véritables toboggans aquatiques naturels dans lesquels il est possible de se laisser emporter. Ces toboggans sont assez rares en milieu calcaire, qui reste souvent, sous l'érosion, rugueux et stratifié. On trouve les meilleurs toboggans dans les canyons granitiques (Corse, Pyrénées-Atlantiques et Pyrénées-Orientales, Savoie), basaltiques (Réunion), ou sur gneiss (Pyrénées-Orientales).

Groupe de canyonistes contemplant le creusement du canyon du Groin (Ain)

Equipement des pratiquants

L'équipement des pratiquants comprend l'équipement individuel et l'équipement collectif.

L'équipement individuel inclut au minimum une combinaison néoprène, un casque, des chaussures ne craignant pas l'eau, et un baudrier de canyonisme (ou un baudrier d'escalade avec une protection contre l'abrasion) équipé de deux longes et d'un descendeur.

L'équipement collectif est essentiellement constitué de cordes, de matériel de progression (mousquetons, dégaines, descendeurs supplémentaires), de matériel de sécurité et de secours (corde de secours, matériel de remontée sur corde, trousse à pharmacie, lampe, etc.). Il est partagé dans le groupe, et transporté dans des sacs perforés pour permettre l'évacuation rapide de l'eau. Le matériel devant rester à l'abri de l'eau est placé soit dans des sacs étanches (pour les objets mous : vêtements de rechange, sandwichs, etc.), soit dans des bidons étanches (pour les objets durs ou tranchants : téléphone portable, boîtes de conserve, etc.). Ces bidons étanches ont aussi pour fonction de faire flotter les sacs (s'il n'y en a pas assez, on les remplace par des bouteilles en plastique plus ou moins vides).

Les plus parcourus des sites de canyonisme comportant des passages en rappel sont souvent eux-mêmes équipés : des ancrages artificiels permanents sont mis en place pour pallier l'absence d'ancrage naturel adéquat. Ils doivent permettre de placer la corde de sorte que la descente puisse s'effectuer dans de bonnes conditions, tout en rendant possible le rappel de la corde depuis le bas, après la descente du dernier équipier.

Descente en rappel : cascade surplombante de 65 m (cascade de la queue de cheval, canyon du Grosdar, Saint-Claude, Jura)

Dangers du canyonisme

Si le canyonisme conjugue de nombreux attraits des activités dont il se rapproche, il en présente aussi les dangers, liés au vide, au terrain et à l'eau vive. Les accidents sont dus à plusieurs facteurs.

L'engagement, tout d'abord, car beaucoup de courses ne présentent pas ou peu de possibilités de quitter le parcours avant son terme (dans le cas contraire, on parle d'échappatoire) ou de le remonter en sens inverse. La montée des eaux et l'extraordinaire augmentation du débit occasionnées soudainement par un orage sur le bassin versant du cours d'eau, constituent alors le principal danger et sont la cause de la majorité des accidents mortels constatés. Il est donc vital de s'engager uniquement avec des conditions météorologiques adéquates.

Ensuite, la méconnaissance des dangers de l'eau vive est source de beaucoup d'accidents. Nombre de personnes se retrouvent en effet piégées par les mouvements d'eau au pied des obstacles (toboggans ou cascades) car elles n'ont pas su repérer le risque.

Autre facteur, l'inconscience des dangers liés au terrain. C'est ainsi qu'il ne faut jamais stationner en bas d'un rappel à cause du risque de chutes de pierres. Enfin, le caractère très ludique que le canyonisme présente dans les conditions optimales de pratique, peut avoir pour effet de réduire la prise en compte des risques objectifs, ou peut amener à cette activité des personnes insuffisamment conscientes des dangers encourus. Plonger dans une vasque, sauter ou glisser en togoggan sans vérifier au préalable l'absence d'obstacles dans la vasque et la profondeur de celle-ci, peuvent provoquer de graves accidents.

Impact écologique

Cette activité est souvent suspectée de dégrader les biotopes particuliers que constituent les cours d'eau. Certaines associations écologistes demandent l'arrêt de ces pratiques ou que certains cours d'eau soient sacrifiés pour la pratique de ce sport mais que d'autres en soient préservés. Considérant ces problèmes, la "commission canyon" de la Fédération Française de Spéléologie a fait réaliser en 1995, par le laboratoire de Biologie de la faculté des sciences d'Orsay, une étude d'impact de l'activité. Il s'est avéré que le principal problème pouvant être rencontré est le piétinement dans les zones à graviers et à sables, conduisant à une diminution du nombre d'individus par espèces au cours de la saison. L'impact sur les canyons très rocheux, comme le sont souvent les plus parcourus par les guides professionnels et leurs clients (Llech, Maglia, Blache, etc.) est donc réduit. Par ailleurs, quand on voit la violence des crues, naturelles ou non, ou des périodes de hautes eaux, qui ont un impact encore plus important sur la physionomie du cours d'eau, les modifications causées par cette activité sportive peuvent paraître dérisoires.

Le respect de règles simples par les pratiquants (s'il y a moins de 40 cm de fond, on ne peut pas nager, donc on marche sur le côté du cours d'eau) peut diminuer fortement l'impact sur les canyons très parcourus. À noter que dans les canyons très verticaux, où le pratiquant ne rencontre que du rocher et pas de gravier, l'impact écologique est par le fait nettement diminué, voire inexistant (là encore, les variations de débit représentent des impacts bien plus importants que le passage de pratiquants).

Bibliographie

  • (fr) Ouvrage collectif des Commissions Canyons de la FFS et de la FFME, Canyonisme : manuel technique, 2007
  • (fr) Pierre Minvielle, Grottes et canyons : les 100 plus belles courses et randonnées, Ed. Denoël, Paris, coll. "Les 100 plus belles courses", 1977
  • (fr) Francis de Richemond et Claude Chantemesse, A la découverte des canyons : guide technique et pratique, Ed. du Pélican, 1988 ISBN 2-903696-06-3
  • (fr) Patrick Chollot, Gorges et cascades : un plaisir pour les yeux, Auto-édition, Valdoie, 2007 ISBN 978-2-9530939-0-2
  • (fr) Caracal et les Sancho Panza, Le tour de l'Europe en canyon, les plus belles descentes, Auto-édition, Marseille, 2007 ISBN 2-9526024-1-7

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