- Cénée
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Dans la mythologie grecque, Cénée (en grec ancien Καινεύς / Kaineús, en latin Caenus) est un héros lapithe réputé invincible. Il était né de sexe féminin, son premier nom étant Cénis (Καινις / Kainis)[1].
Sommaire
Mythe
La première partie de sa légende est connue dès le Catalogue des femmes : Cénis, fille du roi lapithe Élatos, est violée dans sa jeunesse par Poséidon, qui en échange lui accorde un vœu. Cénis fait alors le souhait de devenir un homme invulnérable. La motivation de ce souhait reste mal assurée : le Catalogue ne s'étend pas sur le sujet et l'explication d'Acousilaos est obscure (Cénis aurait été transformée en homme « parce qu'il ne lui est pas permis d'avoir d'enfants ») ; une raison plus logique est fournie par la réponse à Poséidon qu'Ovide met dans la bouche de Cénis (XII, 201-203) :
« Mon affront, répond-elle, me fait former cet unique vœu, de ne pouvoir plus désormais en souffrir de pareils. Que je ne sois plus femme, et tu m'auras tout accordé.
(Traduction G.T. Villenave, Paris, 1806) »Ovide compte ensuite Cénée parmi les chasseurs de Calydon (VIII, 305), tout comme Hygin (CLXIII), qui ajoute aussi son nom à la liste des Argonautes (XIV[2]). Mais ces traditions sont vraisemblablement tardives et Cénée ne joue d'ailleurs aucun rôle dans ces événements. D'ailleurs Cénée aura plusieurs enfants qui sont aussi comptés parmi les Argonautes : Coronos, Phocos et Priasos (cf. Hygin XIV).
Les mythes archaïques le concernant tournent essentiellement autour de son combat contre les centaures. Une majorité de récits, à la suite de l'Iliade, situent l'affrontement dans le cadre du banquet de Pirithoos. Cependant certains éléments donnent à penser que les deux épisodes ont pu être distincts à la base : ainsi chez Acousilaos, Cénée est l'homme le plus puissant de son époque et le roi des Lapithes, titre habituellement échu à Pirithoos[3] ; toujours chez cet auteur, il aurait courroucé les dieux pour un motif mal défini[4] et Zeus aurait envoyé contre lui les centaures ; enfin un relief en bronze d'Olympie (Olympie BE 11a) le dépeint seul face à deux centaures anthropomorphes, alors que les fresques représentant la centauromachie montrent habituellement toujours des combats en groupe[5].
Quoi qu'il en soit, sa fin inhabituelle est décrite de la même manière par toutes les sources[6] : ne pouvant en venir à bout en combat singulier, les centaures l'assaillent avec des troncs d'arbres (parfois des rochers) pour l'écraser ou l'enfoncer dans le sol[7].
Chez Ovide (XII, 527-530), Cénée est enseveli sous les arbres et connaît une nouvelle métamorphose en un oiseau « revêtu d'un plumage fauve » ; mais il peut s'agir là d'une invention du poète, comme la mention dans l’Énéide d'un Cénée redevenu femme dans les Enfers.
Sources
- Acousilaos (2F22 FGrH).
- Antoninus Liberalis, Métamorphoses [détail des éditions] (XVII).
- Apollodore, Épitome [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 22).
- Catalogue des femmes [détail des éditions] (fr. 87 MW).
- Pseudo-Hésiode, Bouclier d'Héraclès [détail des éditions] [lire en ligne] (v. 179).
- Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 263-264).
- Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne] (XIV ; CLXXIII ; CCXLII).
- Ovide, Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne] (VIII, 305 ; XII, 146-209 et 459-535).
- Palaiphatos, Histoires incroyables [détail des éditions] [lire en ligne] (X).
- Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] (V, 10, 8).
- Stace, Achilléide [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 264).
- Virgile, Énéide [détail des éditions] [lire en ligne] (VI, 448).
Notes
- Acousilaos donne comme variante Céné (Καινη / Kainê).
- Apollodore et cité d'ailleurs un peu plus loin dans le même passage d'Hygin. Il y a là une confusion possible avec Cénée fils de Coronos, un autre Argonaute mentionné par
- Hésiode permet de lever partiellement cette objection, puisque Cénée y est aussi présenté comme le roi des Lapithes mais que l'affrontement a bien lieu lors des noces de Pirithoos. Le Bouclier d'
- scholies tardives (scholie A de l'Iliade, I, 264 et scholie d'Apollonios de Rhodes, I, 57) précisent que c'est pour avoir honoré ou fait honorer sa lance comme un dieu. Des
- vase François ou les frises de l'Héphaïsteion, du Temple d'Apollon à Bassae et de Sounion. Pausanias, qui rapporte la présence de Cénée sur le fronton d'Olympie, commet une erreur d'interprétation selon Timothy Gantz (op. cit., p. 497). Voir par exemple le
- Hygin, qui cite Cénée dans une liste de suicidés, sans plus de précisions (CCXLII). Exception faite d'
- Ainsi sur le vase François, Cénée est représenté enfoui à mi-corps.
Bibliographie
- Timothy Gantz, Mythes de la Grèce archaïque, Belin, 2004 [détail de l’édition], p. 499-500.
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