Couvent des minimes

Couvent des minimes

Couvent des Minimes

Le couvent des Minimes est un couvent de la commune de Marignane.

Histoire

Les Minimes constituent un ordre mendiant institué par Saint François de Paule en 1452. Le couvent des Minimes a été autorisé par une bulle du pape Paul V en 1614. Il devait être un établissement voué aux principes de charité pour les pauvres et d’instruction pour les enfants du peuple. On retrouve différentes dates d’édifications d’un couvent des Minimes à Marignane. Il ne s’agit probablement pas véritablement de constructions ou édifices, mais d’édifications au sens d’entité sociale, équipe d’hommes faisant office. Ainsi trouve t-on les dates de 1635, 1655, date à laquelle le seigneur de Covet demanda à l’ordre de revenir sur la ville, 1668 avec une possession en immeuble au cœur de Marignane, dans la rue du Vieux Renard, face à la rue de la Pompe et enfin 1701 : Jean Baptiste Covet dans un codicille du 17 juillet 1658, charge la part d’Henri Covet de 8000 livres, affectées à la bâtisse d’un couvent que les Minimes veulent faire à Marignane sous le titre de « Sainte Marie Madeleine ». La construction qui en découle, date de 1695. Elle sera abandonnée car insalubre. La construction d’après sera précédée d’une action en justice entre les Minimes, qui auront gain de cause, et l’église qui voulait récupérer les sommes restante de la dernière construction, sous prétexte que les souhaits du seigneurs avaient été réalisés avec la construction précédente.

Le couvent sera donc reconstruit et inauguré le 9 septembre 1701. On lisait sur la plaque qui y avait été scellée :

« HVNC SANCTVARI HVIVSQVE CONVENTVS LAPIDEM FVNDAMENTALEM . ILLUSTRISSIMVS NOBILISSI MVSQVE JOSEPH DE COVET FVNDATOR MAGNIFVS VNÂ CLARISSIMA NOBILISSIMAQVE DNA CONIVGE SVA MARIA DE CRUSSOL POSVERE ANNO DNI.M.D.CC.I »

Réquisitionné par les consuls en 1720 (8 décembre), il servit à tenir en quarantaine les malades et moribonds de la Grande Peste (voir la peste de Marseille). Les Minimes furent alors hébergés à l’Hôpital, ce qui confirme l’existence d’un lieu d’accueil pour le service de l’hôpital . Rappelons les faits. Cette épidémie de 1720 a été la plus dévastatrice. C’est par la correspondance des consuls des villes de l’Etang de Berre que l’on a pu retracer la progression de la maladie. C’est ainsi que nous savons que la peste s’est installée en mai à Marseille, en juillet à Arles et Saint-Chamas et en août à Marignane et Vitrolles. Au début, plusieurs courriers sont rassurants sur Marignane dont celui du 16 août 1720 d’un consul de Marignane, M. Portal, qui écrit à son frère lui-même consul à Martigues :

« La maladie de Vitrolles mon très cher frère est évidemment : PESTE. Ils ont dit qu’ils ont vu sur les corps des personnes mortes les véritables signes de la peste. Ce mal a été apporté du dit lieu par le fournier qui apporta de Marseille le coton débarqué du vaisseau contagieux. Ce coton sera présenté au four mais tous ceux qui y ont touché ont péry en route… Tous les habitants du lieu sont partis à la campagne dans les tentes et cabanes. Il ne reste à Vitrolles que MM les consuls et M. le Vicaire qui a confessé tous les morts et les malades. Il y en a 15 et 5 morts. Il n’y a rien de plus pitoyable lors de la mort de ces gens, le père enterra l’enfant et l’autre enfant le père et la mère…voilà la situation de Vitrolles. Mais dans ce lieu la santé est bonne Dieu mercy. »

Le 17 ou 18 août, on comptait à Marignane 18 morts et 12 malades : « Ils ont bubons aux aines et aux aisselles. Tous les habitants ont fui. Il ne faut pas douter que la peste est dans les lieux… » Le marquis de Brancas envoya des arquebusiers pour garder les lieux et la communauté de Marignane « plus considérable et plus à portée que celle de Gignac qui refusa de payer la construction des baraques ». Cela n’empêcha pas pour autant le commerce. Un mandat du 22 juin 1722, rend compte d’une somme versée de 161 livres, 19 sols, à Joseph Simiot marchand de Marignane « pour prix de 63 cannes de toille per luy vendue…pour en faire de paillasse et de drap de lit pour faire coucher les soldats et officiers de la compagnie du Sr Delio logée en ce lieu de l’ordre de M. de Brancas… ». En effet, Monsieur de Brancas avait ordonné la mise en place de soldats, à charge des villes, pour faire respecter les cordons sanitaires.


Le 24 février 1752, mourait à Aix, Covet Joseph Marie, Chevalier de Malte, marquis de Marignane et des Iles d’Or,… (voir ce nom plus loin) qui était enterré le lendemain 25 février, dans l’église de ce couvent. Ce couvent était encore à la fin du XXe siècle, orné à l’intérieur de fresques et d’un bénitier dans son église. Son inventaire a été fait à la Révolution, le 14 mars 1791 Cet inventaire relève de la demande nationale du 3 janvier 1791 et peut être consulté à la Bibliothèque Nationale. Rappelons qu’avant la Révolution, un inventaire d’Etat des « effets, mobiliers et cloches » avait eu lieu en 1759. On trouva dans l’église : une cloche de deux quintaux, un tambour à la grande porte de l’entrée de l’église, un balustre de fer pour la communion, deux confessionnaux en mauvais état, une chaire à prêcher, un grand autel à la romaine avec son tableau représentant Madeleine, deux autres autels dont l’un représentant les âmes du Purgatoire et l’autre Saint-François de Paule et deux prie-Dieu en mauvais état ; dans le couvent lui-même de la vaisselle d’église, de l’argenterie, …. A cette époque, il ne restait plus qu’un seul Minime au couvent, le supérieur Révérend Père Pierre Bernard Pichot, né le 20 août 1752 et reçu profès le 28 août 1773. Il sera expulsé du couvent destiné à la vente des Biens Nationaux. Par lettre du 2 juillet 1791, les administrateurs composant le Directoire du District, réclament des instructions au sujet du sort de ces effets. En 1848, le cellier qui avait remplacé l’église était occupé par les républicains ralliés à Ledru-Rollin.

En 2001 l’édifice a été restauré. Les fresques de l’entrée (aujourd’hui sous faux plafonds) et en particulier celle des « quatre saisons » autour de la coupole du grand escalier ont été recouvertes d’une peinture blanche protectrice dans l’attente de restauration. La porte principale et la rampe d’accès à l’étage ont été enlevées et remplacées.

Les travaux pour la réalisation d’un coin de loisirs dans le jardin, ont permis de localiser la galerie d’amenée d’eau depuis Font-Marignane.

Le fondateur de l’ordre des Minimes, Saint François de Paule, renoue avec la tradition érémitique et ascétique, quitte les frères mineurs et fonde (1435) les Minimes dont la règle très sévère est adoptée en 1506. Les frères Minimes ajoutent au trois vœux conventuels de Chasteté, Obéissance et Pauvreté, celui de l’Humilité : c’est ce qu’on appelle « les quatre voeux de Saint François de Paule ».


D'après Marcel GERMAIN, "Marignane - Inventaire du patrimoine", Editions Prolégomènes, 2007

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