Cotte de mailles

Cotte de mailles
Cotte de maille exposée au musée national du Moyen Âge (Paris, France).

Une cotte de mailles est un vêtement (cotte : chemise longue) constitué de mailles (maille ou macle : pièce rigide généralement métallique) reliées entre elles afin de former une protection individuelle corporelle[1]. Sa particularité vient du fait que les mailles sont reliées entre elles et non pas fixées à un vêtement servant de support (broigne), et qu’elle conserve un minimum de souplesse.

Sommaire

Techniques

La fabrication du fil de fer (histoire)

En Europe, les filières furent probablement inventées par les Celtes. Cependant, il semble qu’à l’époque le fil de fer ait été fabriqué par un passage unique dans une filière, et non par le passage par une série de filières de tailles décroissantes.

Après la chute de l’Empire romain d’Occident, l’Europe occidentale semble, faute d’utilisation, avoir partiellement oublié les filières.

À partir du XIIe siècle, le prix du fer baisse. Ainsi, la fabrication des fils de fer s’est extrêmement développée (généralisation du tréfilage, tréfilerie hydraulique) et s’est industrialisée. Les forgerons d’armes n’étaient donc plus tenu de fabriquer eux-mêmes leur fil.

Trois techniques sont connues :

  1. par martelage d’un lingot dans une matrice, la matrice étant une simple rainure dans une plaque métallique, servant à calibrer le fil plus qu’à le former.
  2. par découpage d’une plaque de fer.
  3. en forçant manuellement un lingot dans une filière (pièce mécanique).

En conséquence, la fabrication de la maille annulaire a connu une grande extension, et les camails étaient bien moins coûteux, et par conséquent, plus courants[2]. Les camails « broignes » continuèrent cependant d’exister et d’être utilisés. Ils étaient seulement beaucoup plus rares que ceux en cotte de mailles annulaires.

Tant dans l’Antiquité qu’au Moyen Âge, des fils de fer « plats » ont souvent été utilisés pour réaliser les mailles annulaires. Dans la mesure où de tels fils ont été observés après le XVIe siècle, il ne semble pas que cela soit dû, uniquement, au type de fabrication du fil (tôle découpée). Il semble que du fil rond obtenu à partir d’une filière ait été aplati pour obtenir du fil plat[3].

La cotte de mailles annulaire

Un article spécifique est dédié à ce type de protection appelée : Cotte de mailles annulaire.
Maille 6 en 1.

Le modèle le plus connu en Europe consiste en anneaux de fer, fermés par un rivet, une soudure, etc., et s’entrelaçant pour former une sorte de tissu.

La cotte de mailles plates

Jaseran, maille plate rectangulaire reliée par des mailles annulaires de type « Maille normande ».

Cependant de nombreux modèles comprennent d’autres types de mailles (macles). Ce peuvent être des mailles plates reliées entre elles par des mailles annulaires ou ovales Jaseran, ou fixées sur un tissu de mailles préexistantes. Elles peuvent aussi être liées entre elles (lacet, fil métallique) de manière suffisamment lâche pour que l’ensemble conserve une certaine souplesse.

De tels assemblages (uniquement de mailles plates) sont rares car leur rigidité en font en général du corselet plutôt que des cottes de mailles. Pour obtenir une souplesse suffisante, les rivets sont gais. C’est-à-dire que le rivetage se fait dans des trous ovales, et que les rivets maintiennent les plaques sans les serrer fortement (voire en laissant un espace entre les plaques). Chaque rivet se comporte comme une charnière plutôt que comme un rivet classique. La souplesse étant gagnée au détriment de la solidité.

Mailles plates.

Des mailles plates peuvent aussi être lacées entre elles pour obtenir une cotte de mailles. Mais comme pour le rivetage, un laçage suffisamment souple pour que l’on puisse parler de cotte de mailles était beaucoup moins solide qu’un laçage plus serré. Par contre un laçage plus serré donnait un corselet (rigide) plutôt qu’une cotte.

Les cottes de mailles uniquement réalisées en mailles plates sont en fait extrêmement rares.

Les mailles peuvent donc avoir n’importe quelle forme.

Elles peuvent être de n’importe quelle matière (fer, acier, cuivre, airains divers, corne, écaille de tortue, cuir laqué, etc.) à condition qu’elles soient rigides et suffisamment solides.

Les mailles peuvent être fixées entre elles par des ligatures (lacet de cuir ou textile, fil métallique), par des rivets ou de n’importe quelle autre manière.

Le terme de cotte de mailles reste valable tant que l’ensemble reste souple. Cependant, on appelle traditionnellement « armure » certains types de cottes de mailles telles que les cottes de mailles romaines (lorica hamata, lorica plumata, etc.). Dans le domaine de l’armement, le vocabulaire dépend souvent des traditions.

Origines

La première mention des cottes de maille est faite indirectement par Manéthon de Sebennytos Égyptien du IIIe siècle av. J.‑C. Toutefois les propos qu’on rapporte de lui manquent de fiabilité et sont sujets à caution. En effet un armement nouveau en avance sur son temps semble avoir été utilisé lors de l’invasion des Hyksôs en Égypte, autour de 1650 avant J.-C. : char, cotte de maille, sabre, arc composite, nouveau bouclier, alors probablement en bronze et donc pas très solide.


En Europe et au Proche-Orient, l’origine de la cotte de mailles semble gauloise, puis fut adoptée par les légions romaines, qui en ont été le principale vecteur de diffusion[2]. Cependant, il semble que ce type de défense ait aussi été découvert au moins une fois en Chine.

En Europe occidentale au Moyen Âge

« David rejette cette armure à laquelle il n’est pas accoutumé. » (détail du folio 28r de la Bible de Maciejowski, XIIIe siècle). L’image montre de manière réaliste comment ôter un haubert.

En Europe occidentale, la cotte de mailles est restée relativement simple. C’était en général une cotte de mailles annulaire, à anneaux ronds, de même taille, généralement rivée « à grain d’orge ». Elle était parfois renforcée de mailles plates lacées dessus, plus rarement incluses dans le « tissu » de mailles (dans ce cas elle était parfois nommée jaseran). Quasiment toujours réalisée en fer, elle était parfois aciérée (plus coûteux), mais pouvait être agrémentée d’anneaux en airain.

Les mailles plates en grandissant ont pris le nom de plates, elles ont été rivées de manière rigide les unes aux autres et sont devenues indépendantes de la cotte. Le résultat en a été l’armure de plates utilisée en Europe. Les précurseurs de l’armure de plates étaient cependant plus souvent des broignes que des cottes de mailles.

Les corselets rigides ont remplacé les cottes de mailles en Europe, non pas parce qu’ils étaient plus solides (cela n’est venu que par la suite), mais parce qu’ils étaient plus légers. En effet les cottes de mailles ont été considérablement renforcées par la suite (mailles multiples, plusieurs couches, anneaux les plus petits possible), Leur poids et leur prix ont alors augmenté de manière démesurée, à tel point que les chevaliers étaient hissés au-dessus du sol par une chèvre de levage. Leur souplesse a d’autre part été fortement réduite. Elles ont été abandonnées ou réduites à un rôle de défense auxiliaire sous le corselet (pour ceux qui portaient une armure complète).

Par la suite l’armure s’étant améliorée (méthode de construction, formes et plaques de renfort de plastron), elle fut souvent remplacée par des goussets de mailles annulaires sur le gambison[2] (des tissus de mailles de forme appropriée (gousset) étaient cousus sur le vêtement matelassé porté sous l’armure (afin d’amortir les coups, de permettre au corps une certaine liberté de mouvement sous le corselet et d’essayer de protéger le porteur d’armure de la chaleur du jour, du froid ou de la pluie). Dans ce cas les mailles ne protégeaient plus que les points faibles de l’armure. Cependant la cotte de mailles n’a jamais été abandonnée comme défense unique portée par le fantassin, et elle retrouva son rôle de défense annexe sous l’armure à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance (simplification des armures pour des troupes de plus en plus nombreuses).

Au Proche-orient, en Europe orientale, au Maghreb

Contrairement à l’Europe Occidentale, les cottes de mailles continuèrent à être utilisé après la chute de l’Empire romain. Dérivant des mailles annulaires d’origine, de nombreux types furent créés, tant en maille annulaire qu’en maille jaseran.

Autres régions

Asie 

De très nombreux types de cotte de mailles annulaire ou jaseran. Existence d’une forme « bâtarde » de cotte de maille/Broigne où les mailles étaient aussi cousues sur un vêtement. Au moins découvert une fois en Chine (indépendamment de l’Europe).

Afrique noire 

Connue et utilisée au moins sous la forme annulaire.

Utilisation contemporaine

Masque de protection des occupants des chars de combat lors de la Première Guerre mondiale.

Avec la généralisation de l’utilisation des armes à feu, la cotte de mailles a perdu de son intérêt en tant que protection militaire classique. De façon anecdotique, la maille refit son apparition dans l’équipement militaire des occupants des chars de combat britanniques lors de la Première Guerre mondiale. En effet, les masques de protection de ces derniers étaient constitués en partie de cuir et en partie de maille annulaire afin de les protéger contre les éclats de peinture et de métal éjectés des parois, suite aux impacts de projectiles à l’extérieur du char.

La plus grande utilisation de cotte de mailles est aujourd'hui faite par des professionnels qui l'utilisent pour se protéger. C’est le cas des bouchers mais plus fréquemment et de manière obligatoire des personnes qui travaillent dans les abattoirs qui portent des gants en cotte de mailles annulaires afin de se prémunir de coupures accidentelles[1]. Il existe également des tabliers spéciaux en cotte de mailles plates constituées d’anneaux et de petites plaques de métal qui servent à étendre la protection à d’autres parties du corps.

La cotte de mailles fait également partie de l’équipement de certains plongeurs qui nourrissent les requins (en anglais shark-feeding) afin de pouvoir approcher ces grands poissons. Cet équipement est surtout adapté pour les requins de petite taille : requin gris de récif ou requin bleu.

La cotte de mailles est également plébiscitée par les créateurs pour le design l’architecture, la décoration, la mode… fabrication de rideaux en cotte de mailles , de pare feux , de vêtements , de bijoux etc C'est un matériau homogène, de haute technicité, performant et détenteur d’un vrai patrimoine historique.

Il existe aussi un marché de fabrication de cottes de mailles soit pour les amateurs de reconstitution historique, les collectionneurs ou les amateurs de festival de type Jeu de rôle grandeur nature[1].

Pièces d'armements

Un camail.

Ces différentes pièces d’armement peuvent être fabriquées suivant les techniques de la cotte de mailles[2]. Certaines, comme les gants, peuvent être réalisées en mailles plates.

  • Le camail, pour protéger la tête et le cou et les épaules, fixé en bas de casque ou affectant la forme d’une capeline à capuche.
  • La cervelière, recouvrant la tête,
  • Les chausses de mailles, servant à la protection des jambes,
  • Les gants de maille ou gants d’arme, aussi appelés mitons,
  • Le haubert, sorte de longue chemise, servant à protéger le torse, le haut des cuisses et les bras.

La cotte de maille dans le cinéma

Pour le tournage de la série de films « Le seigneur des anneaux », de nombreuses cottes de mailles ont été fabriquées et utilisées. On en parle à plusieurs reprises dans les DVD bonus de ces films.

Bibliographie

Notes et références

  1. a, b et c (fr)L'armure de mailles sur an1000.over-blog.com. Consulté le 10 novembre 2010.
  2. a, b, c et d (fr)Bref historique de la cotte de mailles sur medieval.blogspirit.com. Consulté le 10 novembre 2010.
  3. Voir cet exemple de maille annulaire en fil plat (début du XVe siècle).

Voir aussi

  • Dans le Coran, sourate 21 verset 80, on apprend que Dieu a enseigné cette technique à l’Homme ; - Nous lui (David) apprîmes la fabrication des cottes de mailles afin qu’elles vous protègent contre vos violences mutuelles (la guerre). En êtes-vous donc reconnaissants ?

Articles connexes

Liens externes


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