- Conspiration des Pazzi
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Conjuration des Pazzi
La conjuration des Pazzi est un complot fomenté à Florence par la famille Pazzi contre les Médicis en 1478 et qui se solda par un échec, les assassins ayant été arrêtés et Laurent de Médicis ayant échappé à l'attentat.
Sommaire
Histoire
La maison de Pazzi est une ancienne famille noble de Florence, originaire du Valdarno, où elle possédait de grands fiefs, et qui fut rivale acharnée de celle des Médicis.
Issue d'une lignée prestigieuse (en 1099, Pazzino de Pazzi, se couvrit de gloire pendant la Ire Croisade[1], en étant le premier chevalier à entrer dans Jérusalem), la famille de Pazzi est au XVe siècle l'une des plus anciennes et importantes familles de Florence, et, à ce titre, représentatrice d'un ancien ordre où l'ancienne aristocratie exerçait son influence sur les républiques italiennes.
Les Médicis, installés en ville depuis peu, roturiers et de surcroît « nouveaux riches », dominent la vie politique de la cité. Une confrontation paraît presque inévitable et si Bianca de Médicis, fille de Pierre le Goutteux et sœur de Julien et de Laurent a épousé Guglielmo de Pazzi, les vieilles haines n'ont jamais vraiment disparu.
L'ascension des Médicis mettant, aux yeux de leurs ennemis, en péril les libertés de la République de Florence, les Pazzi prennent la tête du complot destiné à évincer les Médicis du cercle du pouvoir (et de les remplacer comme première famille de la ville).
Les Pazzi peuvent également compter sur l'appui du pape Sixte IV. Le souverain pontife, élu en 1471, est en effet confronté à la fermeté des Médicis au sujet des régions d'Imola et de Faenza, possessions florentines qu'il voudrait destiner à son neveu, Jérôme Riario, dont il favorise l'ascension sans retenue.
Un complot est alors ourdi dans le but d'éliminer Julien et Laurent de Médicis, décapitant ainsi la famille de ses principaux chefs.
Après une tentative avortée la veille, lors d'un banquet où Julien, indisposé, ne se rend pas, le 26 avril 1478, jour de Pâques, au moment de l'élévation, Julien de Médicis et son frère Laurent, agenouillés, sont attaqués par Francesco de Pazzi et ses complices : Julien succombe de 19 coups de couteau mais Laurent, réfugié dans la sacristie, en réchappe. Les participants au complot sont très vite démasqués et punis : l'archevêque de Pise, dont le passage avait servi de prétexte au complot, est immédiatement pendu. Jacopo, Renato et Francesco de Pazzi sont quant à eux vite retrouvés et exécutés. Guglielmo de Pazzi, époux de Bianca, est épargné mais condamné à un exil perpétuel.
Sixte IV réussit pourtant à entraîner ses alliés dans une guerre contre les Médicis et Florence, à laquelle il n'a toujours pas renoncé : la guerre des Pazzi, dans laquelle le pape, allié au roi de Naples, à Lucques, Urbino et Sienne, lutte contre Florence, durera encore quelques années.
Au final, l'échec de la conjuration des Pazzi marque un tournant dans l'histoire de la dynastie : elle renforce énormément la popularité de Laurent qui deviendra le Magnifique, et fait indiscutablement des Médicis les primes inter pares à Florence, les parant d'un prestige alors inégalé.
En 1494, la prédication du moine dominicain Jérôme Savonarole, eut pour conséquence le départ des Médicis de la ville et le retour de la famille Pazzi dans ses prérogatives et privilèges.
L'histoire de la conjuration des Pazzi a été écrite par Ange Politien[2] et a fourni à Alfieri le sujet d'une tragédie.
Au cinéma
Cette conjuration de la famille Pazzi est évoquée dans le film Hannibal de Ridley Scott dans lequel le cupide inspecteur de police Rinaldo Pazzi, descendant de cette illustre famille florentine, se fait chasseur de prime pour le compte du milliardaire Mason Verger prêt à verser 3 millions de dollars pour la capture du psychopathe Hannibal Lecter dont il a été l'une des victimes.
Bibliographie
- Lauro Martines, Le sang d'avril - Florence et le complot contre les Médicis, essai - Albin Michel - Histoire - Paris - 2006
Notes et références
- ↑ Voir la commémoration pascale du Scoppio del Carro
- ↑ Ange Politian descrit tout à la fin de ses œuvres latines l'histoire de la conjuration faicte contre Laurent et Julien de Médicis à Florence, par quelques-uns des principaux de la ville, ne pouvant supporter la prospérité des Médicis aprez la mort de Cosme. Les chefs estoient Jaques de Pazzi chevalier et l'archevesque de Florence avec autres, qui tuerent Julien et faillirent Laurent, lequel vescut en grande estime depuis, et maintint les affaires d'Italie en un merveilleux contrepoids, comme François Guichardin le marque au commencement de son histoire. Combien que Jaques de Pazzi soit représenté par Politian et autres, homme sans religion, dissolu, adonné au jeu, tenant peu de compte de ses affaires : néanmoins il fit un trait la veille de l'execution de son dessein, qui fGt notable, soit qu'il presageast sa mort prochaine (car il fut pendu et estranglé quatre jours après), soit qu'une force plus puissante qu'humaine poussast sa conscience à ce devoir. Ainsi donc le Samedi, precedant ce Dimanche que Julien fut tué dans l'Église, Pazzi paya tout ce qu'il devoit à plusieurs particuliers, jusques à la dernière maille, et d'une sollicitude extraordinaire fit retirer de la douane, et rencdre aux uns et autres les marchandises y gardees sous son nom, sans réserve de pièce quelconque : comme aussi tout ce qu'il avoit en son palais autre que du sien fut renvoyé et rendu ce mesme jour aux propriétaires. Tout cela fut executé sans bruit, d'esprit rassis en apaience, et part d'aucun : de sorte qu'avant nuit close ce personnage se vid nettement desgagé de la main des hommes. C estoit se deesfaire du moindre lien : tant y a qu'un tel acte flestrit infinis hommes venus depuis, lesquels ni durant leur vie, ni proches de la mort, n'ont tenu compte de leurs devoirs envers les autres. Brutus, au sixiesme livre de son Histoire de Florence
Sources
« Conjuration des Pazzi », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)
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