- Conference de la Turnhalle
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Conférence de la Turnhalle
La conférence constitutionnelle de la Turnhalle (septembre 1975 à octobre 1977) était une négociation interne entre les forces politiques du Sud-Ouest Africain. Pilotée par l'Afrique du Sud, la conférence a été déclarée nulle et non avenue par l'assemblée générale des Nations unies qui exigeait le retrait de l'administration sud-africaine et la mise sous tutelle onusienne du territoire du Sud-Ouest Africain avant d'engager tout processus de décolonisation.
Contexte
En 1968, l'assemblée générale des Nations unies mettait fin au mandat de l'Afrique du Sud sur le Sud-Ouest Africain. En 1971, la Cour internationale de justice reconnaissait dans un avis l'illégalité de la présence sud-africaine en Namibie (nouveau nom du territoire sud-ouest africain).
La conférence
Elle s'ouvre le 1er septembre 1975 à Windhoek dans l'ancien gymnase impérial et concerne tous les partis politiques qui refusent de recourir à la violence.
Le parti national du Sud-Ouest, le parti fédéral et le parti nationaliste représentent alors la communauté blanche du Sud-Ouest Africain. Les noirs sont représentés par plusieurs petits partis politiques dont les plus hostiles à la coopération se regroupent au sein de la "Convention nationale namibienne".
La SWAPO, représentant unique des peuples de Namibie (selon une résolution de l'ONU), choisit de boycotter la conférence et de poursuivre sa guérilla contre les troupes sud-africaine.
Le 14 août 1976, Dirk Mudge, du parti national du Sud-Ouest, appelle les blancs à rejoindre les noirs sur le chemin de l'indépendance. Le 16 août suivant, les délégués se mettent d'accord sur un gouvernement intérimaire chargé de transformer le territoire en état indépendant sur le modèle d'une fédération. Cependant, le 20 décembre 1976, dans sa résolution n°385, l'assemblée générale de Nations-unies refuse de reconnaitre l'évolution interne de la Namibie et apporte son « soutien à la lutte armée » menée « sous la conduite de la SWAPO ».
Le 18 mars 1977, le principe d'un gouvernement à trois niveaux est adopté : un pouvoir central, des autorités locales à base ethnique, des autorités municipales. L'assemblée nationale serait élue au suffrage indirect par l'intermédiaire d'assemblée locale. Le nom du futur État fait l'objet d'un compromis : Sud-Ouest Africain/Namibie, du moins pour la période intérimaire.
Certains partis ne sont pas satisfaits du compromis et se regroupent dans le Front national de Namibie (NNF).
De leur côté, les blancs se prononcent en mai 1977 par référendum à plus de 60% pour les propositions de la Turnhalle et avalisent le principe d'indépendance.
En août 1977, la gestion de l'enclave de Walvis Bay (rattachée depuis 1923 aux autorités du Sud-Ouest Africain) est transférée à la province du Cap et ainsi soustraite au processus d'indépendance.
Le sort des terres est évoqué lors de la conférence mais les délégués se séparèrent sur un constat d'échec à ce sujet. Chez les blancs également les divisions s'étalent. En septembre 1977, Mudge entre en conflit avec la direction du parti national du Sud-ouest, présidé par A H du Plessis, qui souhaite conserver des lois d'apartheid. Mis en minorité de justesse, Mudge et 80 de ses partisans quittent le parti en octobre et créaient le parti républicain.
Dès le 6 novembre suivant, Mudge conclut une alliance avec 10 autres mouvements ethniques qui avaient participé à la conférence, dont la NUDO de Clemens Kapuuo. L'Alliance démocratique de la Turnhalle (DTA) est née. La présidence est confiée à Kapuuo.
Le 27 mars 1978, le président de la DTA, Clemens Kapuuo, est assassiné par des inconnus. La SWAPO est accusée.
La conférence débouche sur des élections qui sont remportées par la DTA (82% des voix) et la mise en place d'un conseil des ministres.
À partir d'octobre 1977 et jusqu'en août 1979, la quasi-totalité des lois d'apartheid sont abrogées.
Héritage de la conférence
Lors des négociations finales entre l'ONU et l'Afrique du Sud à la fin des années 80, le principe de lier l'indépendance de la Namibie au retrait des forces cubaines d'Angola est adopté. La présence sud-africaine en Namibie est également reconnue puisque c'est à elle de piloter toute l'administration lors de la période transitoire d'avril 1989 à mars 1990. Par contre, les autorités centrales du Sud-Ouest Africain (assemblée et conseil des ministres) sont dissoutes dès mars 1989. Toute l'évolution institutionnelle de la Turnhalle est alors ignorée considérée comme non avenue.
L'abolition de l'apartheid, le premier vote selon le principe « un homme une voix », la formation d'une administration locale et la celle de la DTA, premier parti d'opposition de 1989 à 2004, sont les principaux héritages de la conférence de la Turnhalle.
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