- Comparution immédiate
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La comparution immédiate est une procédure qui permet de faire juger rapidement quelqu'un à la suite de la garde à vue[1].
Sommaire
En France
Prévue par les articles 393 et suivants du Code de procédure pénale, la comparution immédiate correspond à l'ancienne procédure dite de "flagrant délit".
Elle nécessite la réunion de trois conditions :
- les preuves réunies doivent paraître au parquet suffisantes pour que le prévenu soit déféré au tribunal ;
- la peine d'emprisonnement encourue doit être au moins égale à deux ans et, en cas de délit flagrant, supérieure à six mois ;
- il faut enfin qu'il ne s'agisse pas d'un mineur, ni d'un délit de presse, ni d'un délit politique, ni d'une infraction dont la procédure de poursuite est prévue par une loi spéciale.
Quand ces trois conditions sont réunies, le prévenu comparaît sur-le-champ devant le tribunal ou au maximum après trois jours de détention lorsque le tribunal ne peut pas se réunir le jour même, sinon il sera remis en liberté d'office. Toutefois, l'avocat ou le prévenu peuvent demander un supplément d'information et donc un délai supplémentaire s'il estime que l'affaire n'est pas en état d'être jugée. Le tribunal peut également ordonner d'office un supplément d'information. Par ailleurs, s'il estime que le dossier est trop complexe pour être jugé selon la procédure de comparution immédiate, le tribunal peut renvoyer le dossier au parquet. Dans ce cas, le Procureur de la République est conduit à saisir un juge d'instruction ( article 397-2 du Code de procédure pénale).
Surtout, le prévenu ne peut être jugé le jour même que s'il y consent. Ce consentement ne peut être recueilli qu'en présence de son avocat. En l'absence de consentement, le renvoi à une date ultérieure est accordé de droit (article 397 du code de procédure pénale). Dans ce cas, un débat à lieu le cas échéant en vue de le placer ou non sous contrôle judiciaire, voire en détention provisoire, dans l'attente de l'audience de renvoi.
Depuis la loi du 5 mars 2007, les mineurs de plus de treize ans peuvent faire l'objet d'une procédure spécifique de présentation immédiate devant le juge des enfants. Seuls peuvent être poursuivis selon ce mode les jeunes déjà connus de la juridiction pour mineurs. Ils sont alors jugés par le tribunal pour enfants dans un délai de 10 jours à un mois, sauf renonciation expresse du mineur en accord avec son avocat et ses parents.
Une étude faite par « Le Conseil lyonnais pour le respect des droits » composé d'élus et d'une quarantaine d'associations qui a délégué ses observateurs aux audiences de comparution immédiate du tribunal de Lyon a calculée que la durée moyenne était de 31 minutes par personne. La peine moyenne prononcée, quand il s'agit d'emprisonnement ferme, est de 6 mois. Les catégories socio-professionnelles 30.6 % sont salariés, 68.7 % avec des ressources faibles, voire sans ressources du tout. Le résultat porte sur 565 affaires jugées en 2008. En un an, les sans rien sont passés de 25.8 % à 31 % et 76 % des moins de 20 ans sont précaires[2],[3].
En Belgique
La comparution immédiate est née d'une loi du 29 mars 2000.
Conditions
Elle est applicable devant les tribunaux correctionnels :
- aux délinquants qui encourent une peine de prison dont la durée est comprise entre un et dix ans,
- à condition que l'infraction soit flagrante ou que les charges réunies dans le mois suivant la réalisation de l'infraction apparaissent suffisantes pour que l'affaire soit soumise à un juge.
Comme la procédure s'applique à toutes les infractions punissables de un à dix ans d'emprisonnement correctionnel, elle peut également être mise en œuvre lorsqu'un crime a été correctionnalisé.
Comme la comparution immédiate se fonde sur une privation de liberté, sa mise en œuvre requiert les conditions (nécessité pour la sécurité publique, risque de collusion avec des tiers, risque de fuite, etc.) justifiant un placement en détention provisoire.
Procédure
Le procureur demande au juge des libertés et de la détention le placement en détention provisoire en vue de la comparution immédiate.
- Le juge des libertés et de la détention doit entendre l'intéressé avant de le placer en détention provisoire. Sa décision ne peut faire l'objet d'aucun recours.
- si le juge des libertés et de la détention refuse le placement en détention provisoire, la procédure de comparution immédiate prend fin.
La personne est placée en détention provisoire en attendant le prononcé du jugement, la durée de la détention ne pouvant toutefois pas excéder sept jours.
- Lorsque le procureur a obtenu le titre particulier de détention en vue de la comparution immédiate, il notifie à l'intéressé les charges retenues et lui indique la date qui a été retenue pour le jugement.
- la durée maximale de validité du titre de détention oblige le tribunal à examiner rapidement l'affaire.
Le tribunal statue « séance tenante » ou dans les cinq jours après la mise en délibéré.
- Il peut aussi reporter sa décision à une audience ultérieure, mais qui ne peut pas avoir lieu plus de quinze jours après l'audience initiale. La durée maximale du titre de détention rend un tel report peu probable.
- Le tribunal peut également renvoyer le dossier au procureur s'il estime l'affaire trop complexe. La procédure se déroule alors selon le droit commun.
Notes et références
- Jurispedia Comparution immédiate
- Le Canard Enchaîné, 31 minutes et au trou, Dominique Simonnot, 25 novembre 2009.
- Le rapport.
Bibliographie
- Angèle Christin, Comparutions immédiates. Enquête sur une pratique judiciaire, La Découverte, Coll. « Texte à l'appui », Paris, 2008.
Wikimedia Foundation. 2010.