- Clair De Femme
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Clair de femme
Pour les articles homonymes, voir Clair de femme (homonymie).Clair de femme est un roman de Romain Gary publié en 1977 et porté au cinéma par Costa Gavras en 1979.
Histoire
Michel vient de perdre Yannick. Sa femme est morte d’un cancer. Lui est commandant de bord. Sortant d’un taxi il bouscule une belle femme mûre dont la vie pourrait ressembler à la sienne. Lydia Kowalski a perdu sa fille dans un accident de voiture que conduisait son mari, qui n’est plus qu’un survivant relevant de la psychiatrie. Roman d’une seule nuit où Michel et Lydia vont se connaître puis se séparer avant un nouveau rendez-vous probable…
Critiques
On lit ce court roman d’une traite tellement est dense l’écriture très Garyenne, période « grande maturité ». L’atmosphère de nuit, cinématographique (Voir Costa-Gavras, Montand et Schneider) donne un roman serré, compact et « sans bavure ». Quant au contenu, on retient surtout deux personnages annexes « hauts en couleur » Señor Galba, montreur de chiens au Cabaret Clapsy’s et Sonia, belle mère de Lydia. Du premier on retient le terrible et ironique ballet du chimpanzé noir dansant avec un caniche rose, géniale et dérisoire métaphore du couple humain qui prend ses ébats au voisinage de la mort. De la seconde on n’oublie pas une somptueuse réception chez des Juifs russes expatriés où se respire une certaine décomposition sociale dans sa nostalgie des cours impériales. Donc cette rencontre se déroule sur un double fond que mêle la mort et la fête. Fantastique pas de deux où les deux naufragés de l’existence qui se sont rencontrés par hasard tentent l’impossible, ce qu’entreprend en tout cas Michel. Ils sont tous les deux en quête d'oubli, et Lydia et Michel font ce qu'ils peuvent pour surmonter la douleur d'une perte, imminente pour l'un, récente pour l'autre. La fin donne le ton de ce que dit le roman. Michel, après avoir récupéré son sac chez Galba (mort avant ses chiens !) revient en taxi chez Lydia. Mais c’est elle qui a fui : elle est déjà à l’aéroport. Au téléphone ce qu’ils se disent éclaire à nouveau tout le livre. Yannick, qu’il a aimée, ne doit pas être oubliée et la meilleure façon d’élever sa mort est de remplacer celle-ci par l’amour, le plus bel hommage à ce qui a été vécu et que la mort ne doit pas salir ni terrasser. C’est ce qu’il propose à Lydia, qui ne se sent pas de taille encore (« il faut que je vive aussi, moi, je ne veux pas entrer en religion ») parce que pour Michel, son vide de femme est trop grand (« c’est trop grand pour moi. »). Ils se quittent ainsi, sûrs de se revoir un jour. Il dit : « Lydia, pars tranquillement, aussi loin que tu peux… n’aie pas peur, ce ne sera rien. Je t’attendrai à l’arrivée ». Le coeur est pris par cette intensité qui n’a pas besoin de davantage de texte pour dire son propos. On se demande seulement si Lydia va réellement partir « au loin » longtemps ou si son voyage ne sera pas qu’un aller et retour à Roissy, tellement l’appel de Michel contient de force et d’évidence. Mais Gary a encore l’élégance de laisser le lecteur y penser.
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