- Chick lit
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La chick lit est un genre littéraire récent. Le terme est utilisé depuis 1996 pour désigner un roman écrit par les femmes, pour le marché féminin.
Sommaire
Définition
La chick lit se caractérise sur le plan thématique : elle raconte l'histoire d'une jeune citadine (d'origine ou fraichement arrivé en ville), âgée de 20 à 32 ans, souvent blanche, célibataire, branchée, et généralement issue de la classe moyenne. Elle est habituellement aux prises avec un travail harassant ou inintéressant dans le monde des médias (magazine de mode, maison d'édition, émission télévisée etc.) ou de la mode. Parfois elle monte sa propre affaire avec parfois du succès (voir un amour vintage d'isabel wolf) et parfois sans aucun succès (très chère sadie de sophie kinsella) À la recherche de l'homme de sa vie et souvent en désaccord avec sa famille (le plus souvent avec sa mère) ou minée par un besoin compulsif (celui d'acheter des vêtements, de maigrir, de prouver sa valeur ) visant à calmer ses anxiétés, l'héroïne est souvent obsédée par l'apparence et encore plus par la réussite. Les aventures sont toujours saupoudrées d'humour et de dérision, spécificités essentielles de la chick lit[1].
Le ton est très spécifique : désinvolte, désabusé, bourré d'humour (parfois humour noir).
Bien que des éléments romantiques soient souvent présents dans la la chick lit, ils ne sont généralement pas considérés comme faisant partie intégrante du genre, car les relations de l'héroïne avec sa famille, ses amis sont peut-être aussi importantes voir plus importante que ses relations avec les hommes.
Historique
Le terme a été introduit par Cris Mazza et Jeffrey DeShell avec ironie pour Chick Lit 2 : No Chick Vics (1996). Le genre a été défini comme une variante post-féministe ou comme une seconde vague de féminisme qui va au-delà de la femme comme victime. Cette fiction englobe les diverses expériences de femmes, y compris l'amour, la drague et l'égalité des sexes.
L'expression « Chick Lit » est analogue à l'expression « Chick Flick » qui désigne, aux États-Unis et dans les pays anglophones, un film destiné à un public féminin et jeune.
La création du genre a été stimulée par Sue Townsend, l'auteur de The Secret Diary of Adrian Mole, Aged 13 ¾, qui a inspiré Confessions of a Sociopathic Social Climber : The Katya Chronicles d'Adele Lang dans le milieu des années 90. Une autre forte influence précoce peut être perçu dans les livres de MC Beaton et d'Hamish MacBeth.
Le livre qui a véritablement lancé le mouvement est paru aux États-Unis en 1996 : il s'agit du livre de Candace Bushnell, Sex and the City, compilation de ses chroniques dans le New York Observer qui donnera naissance à la fameuse série télévisée.
En 1997, au Royaume-Uni, Helen Fielding confirme le mouvement avec le célèbre Journal de Bridget Jones. Paru en 2000 en France, il s'en vendra 500 000 exemplaires, quatre millions dans le monde. Adapté au cinéma, il n'a cessé de faire des petits, notamment Lauren Weisberger avec Le diable s'habille en Prada, en 2003, qui sera lui aussi adapté au grand écran.
Depuis 2006, la chick-lit a encore évolué : si les filles de Sex and the City cherchaient le grand amour, les nouvelles héroïnes ont tendance à être plus obnubilées par le pouvoir et l'argent. Les plus représentatifs de cette tendance sont Blonde Attitude de Plum Sykes (bestseller aux États-Unis) et Lipstick Jungle de Candace Bushnell. Les deux auteurs sont journalistes et les milieux qu'elles décrivent, riches, branchés et superficiels, sont ceux dans lesquels elles évoluent. Ces nouvelles héroïnes font penser à des néo Holly Golightly (l'héroïne de Breakfast at Tiffany's de Truman Capote).
Dans tous les cas, un élément est presque toujours présent : le Happy end. Car la chick-lit, petite sœur de la littérature sentimentale, se doit de préserver les contes de fées. C'est pourquoi les intrigues se déroulent souvent dans ces milieux « de rêve » : c'est le syndrome Lady Di. Il est rassurant pour les lectrices de constater que, malgré la richesse et la beauté, les problèmes de cœur sont ceux de toutes les femmes.
Les enjeux
L'enjeu politique : la visibilité des femmes
Les premiers salons, au XVIe siècle, sont tenus par des femmes. Ces contributions des femmes favorisent fortement les créations littéraires. À l'inverse, l'Académie française n'admettra des femmes qu'en 1980 (avec Marguerite Yourcenar), plus de trois siècles après sa création. Les inégalités entre les publications des hommes et celle des femmes est criante : la chick-lit constituerait finalement une stratégie pour que le travail des femmes soit reconnu.
L'enjeu économique
En 2004, Harlequin a vendu 130 millions d'exemplaires dans le monde, soit 10 % de moins qu'en 2002. Pourtant, le roman sentimental se porte très bien. Pour preuve : la marque vieillissante a lancé une nouvelle collection : Red Dress Ink, référencée dans toutes les librairies.
Les Bridget Jones d'aujourd'hui représentent une force économique importante. Leur pouvoir d'achat et leurs exigences culturelles sont plus élevés que ceux des lecteurs traditionnels de romans d'Harlequin. Les exigences artistiques n'existent pas dans les romans produits à la chaîne (présence exclusive dans les grandes surfaces, récits codés et convenus, destruction des invendus...). Et les auteurs de seconde zone de chick-lit ne font qu'appliquer les recettes. La chick-lit reflète une réalité socio-économique : les femmes sont indépendantes financièrement et ont connu des avancées professionnelles que les hommes n'ont pas toujours suivies.
L'enjeu social
La quête du grand amour et de l'homme idéal sont des éléments principaux du roman féminin. Et bien que la société d'aujourd'hui ne soit plus celle de Jane Austen, l'amour et le couple s'érigent toujours en modèles. Pour beaucoup, le succès de la chick-lit réside dans sa proximité avec le monde dans lequel nous vivons. Elle reste toutefois ambiguë : si les travers de la société sont bien présents (tension, travail stressant, pression sociale, société de consommation etc.), l'héroïne cherche rarement à se rebeller. Elle s'adapte mais ne cherche pas à améliorer le monde. Une explication ? La chick-lit peut être vue comme un produit de consommation superflu. Quel serait son intérêt de se dénoncer elle-même ?
Les liens avec la presse
Les auteurs de chick-lit sont souvent issues du milieu de la presse. Ces journalistes « tendance » traversent les frontières : australiennes (Tyle O'Connell), québécoises (Rafaële Germain) ou françaises (Alix Girod de l'Ain, Marie-Laurence de Rochefort). Le roman chick-lit fançais "Yes, you Cannes. Amour, paillettes et tapis rouge" décrit l'univers d'une Attachée de Presse dont l'intrigue se déroule dans le milieu féérique du festival de Cannes.
Cette reconversion s'opère avec plus ou moins de succès : être issue de la presse ne garantit pas la réussite. Candace Bushnell ou Helen Fielding sont les figures de proue de la diversification réussie grâce au roman-feuilleton.
Bridget Jones et Carrie Bradshaw (Sex and the City) sont des héroïnes de roman-feuilleton. Souvent considérés comme des romans populaires voire comme une sous-caste de la littérature, les romans-feuilletons ont souvent été critiqués, parfois avec virulence, notamment par Sainte-Beuve qui parlait de « littérature industrielle »[2]. Les questions posées dès l'apparition du roman-feuilleton demeurent et s'élargissent à la chick-lit.La chick-lit en France
Harlequin a réagi dès 2003 en lançant la collection Red Dress Ink. J'ai lu avec Comédie, Belfond avec Mille Comédies, Fleuve noir (Gossip Girl) ou Marabout (Girls in the city) ont eux aussi rapidement suivi. Les éditions Jean-Claude Lattès, sans avoir créé de collection spécifique, suivent également le phénomène en publiant les romans d'Isabel Wolff. Les éditeurs soutiennent ce genre vu son potentiel économique.
Aujourd'hui, les romans de chick-lit sont facilement reconnaissables, quelle que soit la collection, à leur couverture girly flashy.
Le format de ces livres est à mi-chemin entre le livre de poche et le Beau Livre : pratique à emporter et financièrement abordable, le livre reste malgré tout un objet de plaisir.
Alix Girod de l'Ain, journaliste au magazine Elle, signe De l'autre côté du lit en 2004 (adapté au cinéma en 2008 sous le même titre). Sainte-Futile sort en 2006. Les thèmes abordés sont récurrents : amour, mariage, sexe, vie de famille etc. Ces romans sont parfois perçus comme, au choix, superficiels ou hilarants.
Les auteurs français ne semblent pas s'adapter à l'écriture anglo-saxonne. Si certaines parviennent à faire rire comme "Yes, you Cannes" ou "Sainte Futile", beaucoup sont moins mordantes.En 2011, La Naufragée marseillaise est la première chick-lit ayant pour cadre la Provence.
Critiques
Selon les observateurs critiques, la chick-lit prétendrait être représentative de la vie des femmes, de leurs espoirs, de leurs peurs, leurs rêves ou leurs valeurs. Ce qui serait en fait souvent vrai pour une certaine classe sociale. Les histoires passent pour être stéréotypées et sans intérêts. La chick lit avilirait les femmes en profitant de leur naïveté pour gagner de l'argent. Les thèmes seraient peu innovants : recherche du mari idéal(bridget jones), passage de la trentaine (trente ans ou presque), relation avec les parents (les petits secrets d'emma), difficulté à se remettre d'une rupture, rivalité au travail etc. Sans renouvellement, le risque de saturation serait important.
En France, c'est Isabelle Alexis qui pêche par excès. Elle met en scène des héroïnes plutôt vulgaires qui ne rivalisent pas avec les héroïnes anglo-saxonnes qui parviennent, elles, à faire rire de leurs travers.
Les éditeurs, eux, ne croient pas à une saturation du genre pour le moment. De nombreux romans sont en prise avec la réalité, beaucoup croient d'ailleurs que c'est la clé du succès[3].
Scandale
En avril 2006, une étudiante de Harvard, Kaavya Viswanathan, 19 ans, a fait face à un scandale important : de nombreuses parties de son roman, Opal Mehta Got Kissed, Got Wild and Got a Life publié par Little, Brown and Co, s'étaient largement inspiré d'autres livres de chick-lit. Les passages plagiés étaient notamment extraits de Sloppy Firsts et Second Helpings, de Megan Mac Cafferty. D'autres passages ont été aussi copiés des travaux de Salman Rushdie et Meg Cabot.
Kaavya Viswanathan avait reçu une avance significative de 500 000 $ pour son premier livre, avec des projets pour un second. Ses éditeurs ont été si embarrassés que, le 4 mai 2006, ils ont rappelé tous les exemplaires invendus du livre pour les détruire. Le studio de production a laissé tomber son projet de film fondé sur le livre en arrêtant la pré-production[4].
Chapelles commerciales
Un renouvellement est en cours pour assurer son avenir. Toutefois, si le cadre de ces chapelles commerciales est large, le succès reste restreint. La ladki-lit est un roman populaire indien. Ainsi, Trust Me de Rajashree ou Piece of Cake de Swati Kaushal peuvent être considérés comme une variété régionale de chick-lit.
Certains critiques ont remarqué un équivalent masculin : la lad-lit (ou dick lit). Parmi ces représentants : Ben Elton, Mike Gayle, Nick Hornby ou Howard Paul. Une particularité importante tout de même : les femmes sont en avance : la lad-lit n'est qu'un calque. La mum-lit décrit les difficultés à concilier carrière et rôle de mère (The Secret Life of a Slumy Mummy de Fiona Neill), "je ne sais pas comment elle fait" d'alison pears, "jusqu'au yeux" de zoé barnes.
Quelques collections de chick lit
- La Naufragée marseillaise édité chez Bod
- Gossip Girl édité chez Fleuve noir
- It girl édité chez Fleuve noir
- La liste VIP édité chez Fleuve noir
- California Girls (collection)|California girls édité chez Fleuve noir
- Girls in the city édité chez Marabout
- Mille comédies édité chez Belfond
- Red dress ink édité chez éditions Harlequin
- Piment édité chez France loisirs
- Je sais & alors! édité chez Maxi Livres
- Lime et citron édité chez Éditions de Mortagne (Québec)
Quelques auteurs de chick lit
Angleterre, Irlande et États-Unis
- Candace Bushnell
- Helen Fielding
- Sophie Kinsella
- Meg Cabot
- Lauren Weisberger
- Cecily von Ziegesar
- Marian Keyes
- Sarah Mlynowski
- Jane Sigaloff
- Tyne O'Connell
- Adele Parks
- Allison Pearson
- Melissa Bank
- Plum Sykes
- Isabel Wolff
- Elizabeth Young
- Jennifer Weiner
- Sinéad Moriarty
- Stephanie Lehmann
- Valerie Frankel
- Jane Green
- Kathy Lette
- MaryJanice Davidson
- Jill Mansell
- Sarah Harvey
- Jill Smolinski "le prochain truc sur ma liste"
- Carrie Adams "la célibataire" et "seconde noces"
France
- Patricia Laurent
- Audrey Migneau
- Agnès Abécassis
- Nicole de Buron
- Sophie Loubière
- Géraldine Maillet
- Alix Girod De L'ain "de l'autre côté du lit" et "sainte futile"
- Margaux Motin
- Pénélope Bagieu
- Diglee
- Delphine Minoui
- Anne-Solange Tardy
- Caroline de Surany
- Marie-Laurence de Rochefort
- Isabelle Alexis "je n'irais pas chez le psy pour ce con"
- Layla Demay et Laure Watrin
- Virginie Ledret
- Arièle Butaux
- Sonia Muller
- Cécile Krug
- Agnès Marietta
- Sophie Talneau
- Tonie Behar
- Anne-Claire Duchossoy
Québec
- Amélie Dubois
- Anne Bonhomme
- Annie L’Italien
- Annie Quintin
- Audrey Parily
- Chloé Varin
- Christiane Morrow
- Danielle Goyette
- Evelyne Gauthier
- India Desjardins
- Isabelle Dubé
- Isabelle Laflèche
- Karine Glorieux
- Mélanie Leblanc
- Mélissa Perron
- Marie Potvin
- Nadia Lakhdari King
- Nathaly Dufour
- Rafaële Germain
Sources
- La chick lit ou les mémoires d'une jeune femme « dérangée ». Aspirant du FNRS - Université libre de Bruxelles. Dernier accès à l'url le 28 septembre 2011. Séverine Olivier,
- La querelle du roman-feuilleton. Littérature, presse et politique, un débat précurseur (1836-1848) », ellug, 1999. Consulté le 10 décembre 2008 Jacques Migozzi, Lise Dumasy, «
- (en) Emma Jones, « Inside the world of chick lit », BBC News, 21 juin 2008. Consulté le 10 décembre 2008
- Kaavya est une copieuse », Le Figaro, 15 octobre 2007. Consulté le 10 décembre 2008 Marine de Tilly, «
- Anne Berthod, Chick lit - Les poules ont des dents. L'Express. 27 juillet 2006. Dernier accès à l'url le 9 janvier 2009
- Delphine Peras, La « chick lit » : les dernières tendances. Lire. Mai 2006. Dernier accès à l'url le 9 janvier 2009
- Baptiste Liger, Alexandre Fillon, Delphine Peras, « Chick lit » : le meilleur. Lire. Mai 2006. Dernier accès à l'url le 9 janvier 2009
- Baptiste Liger, Delphine Peras, « Chick lit » : Pourquoi pas?. Lire. Mai 2006. Dernier accès à l'url le 9 janvier 2009
- Baptiste Liger, Delphine Peras, « Chick lit » : Le pire. Lire. Mai 2006. Dernier accès à l'url le 9 janvier 2009
- Séverine Olivier, La chick lit ou les mémoires d'une jeune femme « dérangée ». Aspirant du FNRS - Université libre de Bruxelles. Dernier accès à l'url le 4 mai 2010
- Chick Lit Books Dernier accès à l'url le 9 janvier 2009
- Les Inrockuptibles n°553, 4 juillet 2006.
- LSA n°1956, 8 juin 2006.
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