Chatouiller

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Chatouille

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Le rire est l'une des conséquences courantes des chatouilles

Les chatouilles correspondent à l'action d'exciter l'épiderme de quelqu'un dans le but de le ou la faire rire.

Sommaire

Étymologie

En ancien français, « chatouiller » se disait catiller ou catouiller et, bien que l'origine soit incertaine, plusieurs hypothèses ont été avancés. Graziadio Ascoli postule que « chatouiller » et ses équivalents dans les autres langues romanes proviennent, via les termes dérivés catrulus, catriculus, catuculus, catruccius du latin catus, chat[1]. Chatouiller pourrait également être rapproché du latin catullire, être en chaleur, qui aurait évolué en catulliare et aurait eu le sense de « faire éprouver »[2]. L'hypothèse la plus probable reste celle d'une origine onomatopéique car la succession de consonnes k-t-l se retrouve dans plusieurs langues européennes[3].

Physiologie

Pourquoi rions-nous quand on nous chatouille ? Pourquoi ne rions-nous pas quand nous nous chatouillons nous-mêmes ?
Ces questions ont intrigué des scientifiques depuis la nuit des temps, depuis Socrate (l'un des premiers théoriciens de la chatouille), en passant par Platon et Darwin.

D'après des expériences réalisées par l'Université de San Diego, les chatouilles déclencheraient un réflexe. Socrate y avait d'ailleurs noté un mélange de plaisir et de douleur. À ce jour, deux types de chatouilles ont été identifiés :

  • celles provoquées par un passage léger sur la peau et provoquant l'envie de frotter la zone lorsque la stimulation a cessé ;
  • celles provoquées par des pressions répétées et plus fortes sur des zones particulièrement sensibles du corps, spécifique à chacun (côtes, pieds, ventre, etc.), et provoquant un effet de rire.

Certaines personnes éprouvent une sensation agréable tandis que d'autres éprouvent le désir absolu de faire cesser toute stimulation à cause de l'impression de démangeaison provoquée par les attouchements. D'ailleurs, une trop longue stimulation (plusieurs dizaines de minutes) peut provoquer l'énervement pour la personne qui les subit (parfois allant jusqu'à des sanglots de rage).

Contrairement au deuxième type de chatouilles, les premières sont ressenties par les animaux. En effet, lorsqu'une mouche s'approche des oreilles d'un cheval, celui-ci les bouge.
Les autres ne sont ressenties que par les Hommes, les rats, et les primates. Dans le cas de ces derniers, aucun son n'est perçu car leur système vocal est inexistant, mais ils émettent des sons de respiration correspond au rire humain. Quant aux rats, les sons émis lorsqu'ils rient sont situés dans la gamme des ultrasons, donc également non perceptibles par nos oreilles.

Les chatouilles sur la plante des pieds peuvent être un véritable supplice pour les personnes qui y sont sensibles. Une étude montrerait que seulement 10% des garçons seraient chatouilleux à cette partie contre 90% des filles. Cette pratique est très utilisée dans les dessins animés lorsque des personnages veulent faire parler d'autres personnages.

À quoi sont dues les chatouilles, et pourquoi nous font-elles rire ?

Les chatouilles sont dues à une réponse sensorielle envoyée au cerveau et provoquée par un contact avec la peau. Les corpuscules de Meisner, placés sous l'épiderme (le toucher sensible) sont excités ; pour des chatouilles appuyées ou lourdes, les corpuscules de Pacini peuvent être stimulés.

Une première étude faite en 1997, à l'Université de Californie, montra que le rire lors de chatouilles était un réflexe et non pas un acte social.
En effet, des patients ayant les yeux bandés ont été chatouillés soit par un homme soit par un robot, en étant préalablement informés de l'origine de chacune des stimulations. En réalité l'ensemble des chatouilles ont été réalisées par un assistant caché sous la table. Pourtant, malgré cela, ils ne purent, dans tous les cas, résister aux stimulations.

Se chatouiller soi-même

Depuis au moins Aristote, il est établi que dans la plupart des cas, lorsqu'une personne se chatouille elle-même, celle-ci ne ressent pas les mêmes sensations que si la chatouille est administrée par une tierce personne[4]. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer ce phénomène : la prédictibilité de la simulation, la présence d'une rétroaction de la part du bras effectuant la chatouille, la présence d'une décharge corollaire due au mouvement du bras effectuant la chatouille ou l'absence de contexte social ou sexuel[5]. Diverses expériences ont été réalisées afin d'expliquer ce phénomène.

Au laboratoire de psychologie de l'université de Cambridge, des expériences réalisées en 1971 avec une machine permettant de se chatouiller de façon automatique ont montré de façon expérimentale que lorsqu'une personne se chatouille elle-même, la sensation est beaucoup moins importante que lorsque la chatouille est administrée par une tierce personne[6].

Une autre étude utilisant un robot fut réalisée à l’Institut de neurologie de Londres. Dans le premier cas, lorsqu'un robot contrôlé de l’extérieur stimule les patients, la sensation de chatouillement est normalement perçue. Dans la seconde expérience, les sujets disposaient d’un bouton de commande du robot chatouilleur, ce qui au final ne produisait aucune réaction. Dans la troisième expérience, les sujets commandaient le robot dont les stimulations étaient décalées de quelques fractions de secondes. À partir d’un délai d’un cinquième de seconde, les sujets répondaient à la stimulation. Ces expériences montrent qu'une zone du cervelet est active et qu'une anticipation des conséquences en avertissant le cerveau permet de ne pas tenir compte des stimulations à venir. La troisième expérience montre que l'avertissement du cervelet vers le cerveau est limité dans le temps et qu'après un certain délai, le cerveau réagit à nouveau à la stimulation. Cela nous montre également que le cerveau est capable de filtrer les messages sensoriels provoqués par nos propres actions, afin de rester réceptif aux messages venant de l'extérieur[7].

Chatouilles et sexualité

Article détaillé : Knismolagnie.

D'après Paul Hubert Benamou, le chatouillement des pieds provoque essentiellement une « réaction de sexualité » : il cite notamment les cas de la reine d'Égypte Hatchepsout, qui se faisait chatouiller par des eunuques, et des tsarines qui employaient à plein temps des eunuques pour leur chatouiller les pieds. Certaines personnes se disent « fétichistes des chatouilles » bien que cette pratique n'ait pas les caractéristiques d'un fétichisme sexuel.

Torture par les chatouilles

Article détaillé : Chatouille (torture).

Les chatouilles ne peuvent être ressenties que dans une situation où la personne a une relative confiance en l'autre. En effet les sensations ne passant pas par le système nociceptif (de la douleur) le cerveau peut donc "choisir" l'impact d'une sensation. L'état mental est primordial dans la perception des chatouilles. Lors d'une séance de torture, on n'a pas confiance en son bourreau, dans la mesure où l'on craint pour sa vie. Il est donc impossible de torturer sérieusement quelqu'un en le chatouillant[8].

Chatouilles et santé

Le rire fait secréter par le corps humain des substances anti-douleurs, euphorisantes, contre l'inflammation, et contre l'anxiété. De plus, chatouiller un enfant lui apprendra à plus tard être touché. Le tout à condition que le "supplice" ne dure pas trop longtemps...

Bibliographie

Références

  1. Définition de « chatouiller », Littré (1863-1877).
  2. (Auguste Scheler 1862, p. 58)
  3. Définition de « chatouiller », Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  4. Harris CR, Christenfeld N, Can a machine tickle?, Psychon Bull Rev. 1999 Sep;6(3):504-10.
  5. Claxton, G. (1975). Why can’t we tickle ourselves?. Percept. Mot. Skills 41, 335-338
  6. L. Weiskrantz, J. Elliott & C. Darlington, Preliminary Observations on Tickling Oneself, Nature 230, 598 - 599 (30 April 1971)
  7. Paul M. Bays, Daniel M. Wolpert and J. Randall Flanagan, Perception of the Consequences of Self-Action Is Temporally Tuned and Event Driven, Current Biology, Vol 15, 1125-1128, 21 June 2005
  8. P. H. Benamou, Erotic and sadomasochistic foot and shoe, Médecine et Chirurgie du Pied, Volume 22, Number 2 / juin 2006
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