- Charles II d'Orléans (1522 - 1545)
-
Charles II d'Orléans
Charles II d'Orléans (* 22 janvier 1522 à Saint-Germain-en-Laye, † 9 septembre 1545 à l'abbaye de Forêt-Moutier, près d’Abbeville) est le sixième enfant et le troisième fils du roi de France François Ier et de son épouse Claude de France, duchesse de Bretagne. Il est le petit-fils par sa mère de Louis XII.
Sommaire
Enfance
Dès sa naissance, il reçoit le titre de duc d’Angoulême.
En 1524, sa mère meurt alors qu’il n’est âgé que de deux ans.
En 1525, lors de la bataille de Pavie, son père est fait prisonnier. Charles Quint profite de l’occasion pour contraindre le roi de France à signer l'infâmant traité de Madrid le 14 janvier 1526 aux conditions très lourdes (notamment l’abandon de la Bourgogne). En outre, ses 2 fils aînés doivent partir comme otages chez l’empereur comme moyen de pression afin que le roi applique bien le traité, une fois libéré des geôles espagnoles. Charles, duc d'Angoulême, troisième et dernier fils du roi peut rester en France [1].
Il ne revoit ses frères qu’en 1530 à l’occasion du remariage de François 1er avec la sœur de Charles Quint, scellant la réconciliation (temporaire) des deux monarques suite à la Paix des Dames.
A la mort de son frère aîné François en 1536, Charles se voit offrir l’apanage d’Orléans et il sera connu dorénavant sous le nom de Charles II d'Orléans
Il a comme page le futur poète Pierre de Ronsard.
Portrait du duc d’Orléans
Il est réputé comme le plus beau des 3 fils de François 1er malgré une variole qui l’a privé d’un œil [2]. En grandissant, il devient nettement plus populaire que le Dauphin au sein de la cour, qui apprécie son caractère gai, galant, plaisantin, extravagant, semblable à celui de son père dont il était d'ailleurs le fils favori. Certains le décrivent toutefois comme frivole voire efféminé tel Clément Marot[3].
François 1er accorde à Charles sa préférence au détriment du dauphin avec lequel il ne s'entend pas du tout. Le roi et une majorité de la cour reproche en effet à Henri son côté taciturne, boudeur, rancunier, mélancolique, hypocondriaque. Il est fort probable que ce caractère difficile tire son origine du traumatisme qu’ont été pour Henri ses 3 années de captivité en Espagne.
La rupture entre le roi et le dauphin éclate à la disgrâce du connétable de Montmorency en 1541 auquel le dauphin était très attaché [4]. La cour se trouve alors divisée en deux partis :
- le parti du dauphin avec sa maîtresse Diane de Poitiers
- le parti du roi avec la duchesse d’Étampes opposant le duc d’Orléans à Henri ce qui brouille définitivement les deux frères.
Perpignan
En 1542, au début de la Neuvième guerre d’Italie, François 1er décide d'ouvrir les hostilités simultanément sur deux fronts, au nord et au sud. Au nord, le cadet de ses fils, le duc Charles d'Orléans conduit les troupes vers le Luxembourg avec l'aide du duc Claude de Guise et son fils, François d'Aumale [5]. Au sud, le dauphin Henri doit reconquérir le Roussillon et Perpignan aux mains des Impériaux. En l'absence de son mentor Anne de Montmorency, le dauphin commandera seul une armée pour la première fois.
Le 23 août 1542, le dauphin lance l'assaut de Perpignan mais essuie un échec [5]. Il se résout alors à tenir le siège autour de la ville qui résiste tant est si bien que François 1er est obligé de donner l'ordre à son fils aîné de battre en retraite en septembre.
Enchaînant les succès sur le front du nord, Charles réussit à prendre successivement Ivoy, Arlon et Luxembourg[5]. Abandonnant cependant le duché de Luxembourg, Charles d'Orléans rejoint son frère sous prétexte de lui apporter son aide et des pièces d'artillerie supplémentaires. Vu l’inimitié (réciproque) du duc d’Orléans envers le dauphin, personne n’est dupe que la réelle intention de Charles était plutôt de ne pas laisser toute la gloire rejaillir uniquement sur son aîné en cas de victoire à Perpignan. Mais le temps d'arriver au sud, le siège de la ville est déjà perdu tandis que les Impériaux arrivent à reprendre le Luxembourg deux jours plus tard[5].
Charles d'Orléans reçoit le courroux de son père pour avoir abandonné sa conquête et le dauphin se voit retiré son commandement militaire à cause du fiasco de Perpignan[5]. Le roi réalise à quel point l’animosité entre ses deux fils peut se révéler désastreuse pour le royaume.
Projet du mariage de Charles
Signé le 18 septembre 1544, le traité de Crépy en Laonnois conclue la neuvième guerre d'Italie sans aucun vainqueur. Les deux souverains sont en effet ruinés par des années de guerre et doivent renoncer à poursuivre le conflit, faute de subsides suffisants pour payer leurs armées respectives. Charles Quint doit restituer la Bourgogne tout comme François 1er doit, de son côté rendre l'Artois et la Flandre [6]. En outre, le roi de France doit renoncer à ses prétentions sur le Milanais et sur Naples mais il compense par l'occupation de la Savoie et du Piémont[6].
Pour renforcer cette paix fragile, le mariage de Charles avec une Habsbourg est donc prévue. L'Empereur doit décider laquelle épousera le duc d'Orléans entre
- sa fille Marie d'Autriche dotée de la Franche Comté
- sa nièce Anne d'Autriche fille de son frère Ferdinand, dotée du duché de Milan
En contre-partie, François 1er doit apanager le jeune marié des duchés d'Orléans, de Bourbonnais, de Châtellerault et d'Angoulême tout en évacuant le Piémont et la Savoie[6].
Mais aucun des deux partis ne vont appliquer ces clauses, retardant délibérement leur exécution. L'Empereur, parce qu'il hésite toujours à choisir qui, de sa fille ou de sa nièce, épousera Charles d'Orléans. Le Valois parce qu'il n'est guère pressé de rendre la Savoie et le Piémont[6].
Le dauphin Henri proteste vigoureusement aussi contre ce traité (bien qu’il finit par signer) : Charles pourrait devenir un danger réel pour l'unité du royaume de France par l’immensité de ses territoires.
Charles Quint choisit finalement de sacrifier le Milanais et le mariage de Charles avec Anne d'Autriche (1528-1590) est fixé le 18 septembre 1545 [7]. Mais à la surprise générale, Charles décède brutalement le 9 septembre rendant caduc le traité de Crépy.
Mort de Charles
Le duc d’Orléans et le dauphin semblaient s’être réconciliés pendant cette période. Pour preuve, les deux frères font route ensemble pendant l’automne 1545 vers Boulogne-sur-Mer alors assiégée par les Anglais. Les circonstances de la mort du duc d’Orléans sont décrites dans une lettre écrite d'Amiens par le nonce du pape le 18 septembre 1545 adressée aux présidents du concile de Trente [8]. Le duc d'Orléans serait arrivé le 4 septembre au camp du roi entre Abbeville et Montreuil alors que la peste ravage la région. Son appartement ne lui plaisant pas, il va dans une maison où huit personnes venaient de mourir de cette maladie. Mis en garde contre le péril, il déclare « jamais fils de France n'est mort de la peste. » et se couche sur leurs lits en riant. Il ne tarde pas à éprouver de la fièvre, s’alite et reçoit la confession. Le 9 septembre, malgré une amélioration de son état, il fait une rechute et réclame la viatique. On doit empêcher physiquement à 3 reprises le dauphin de se rendre au chevet de son frère par crainte de la contagion. Toutefois, Charles a droit à la visite de son vieux père, François 1er auquel il confie ces derniers mots : « Ah ! mon seigneur, je me meurs, mais puisque je vois votre majesté, je meurs content » juste avant d’expirer. François 1er s’évanouit alors de douleur puis, reprenant ses esprits, ordonne l’évacuation des lieux contaminés.
Charles meurt sans descendance. Sa mort soudaine ne soulève pas autant de rumeurs que celle du dauphin François en 1536 (une épidémie sévissait effectivement dans la Picardie à ce moment).
Inhumation
La mort de Charles est le dernier gros chagrin de François 1er, miné par la syphilis qui décédera à son tour un an et demi plus tard le 30 mars 1547.
Le 24 mai 1547, les corps de François Ier, de Charles et du dauphin François mort en 1536 seront inhumés à la basilique Saint-Denis sur demande d’Henri II.
Titres
En 1522, il est titré duc d’Angoulême[9].
En 1536, il est fait duc d’Orléans.
En 1540, il devient duc de Châtellerault, comte de Clermont-en-Beauvaisis et de La Marche, Pair de France, gouverneur de la province de Champagne et de Brie.
En 1544, il est fait brièvement duc de Bourbon sous le nom de Charles IV de Bourbon.
Notes et références
- ↑ Charles devait néanmoins être remis à Charles Quint une fois les otages libérés pour être élevé à la cour impériale toujours selon le traité de Madrid
- ↑ [Seward, Desmond (1973). Prince of the Renaissance: The Golden Life of Francois I. New York: Macmillan Publishing Co, 228.]
- ↑ Nature étant eu esuioy de forger/Uu fille ou fils , fournit finalement/Charles si beau, si beau pour abréger/Qu'estre fait fille il cuida proprement :/Mais s'il avoit à son commandement/Quelque fillette , autant comme ly belle./Il i auroit à craindre grandement/Que trouvé feustplus mâie que femelle.
- ↑ Anne deMontmorency sera rappelé par Henri sitôt celui-ci devenu roi
- ↑ a , b , c , d et e Les Valois
- ↑ a , b , c et d Les Valois
- ↑ "Henri II, fils de François 1er" de Georges Bordonove
- ↑ Histoire de France De A.E. Genoude, de Genoude
- ↑ en 1531 selon d'autres sources
Précédé par Charles II d'Orléans Suivi par François Ier de France duc d'Orléans 1540-1545 (apanage) Louis III d'Orléans Louise de Savoie duc d'Angoulême 1540-1545 Henri III de France - Portail de la Renaissance
Catégories : Dynastie des Valois | Naissance en 1522 | Naissance à Saint-Germain-en-Laye | Décès en 1545
Wikimedia Foundation. 2010.