Cathédrale de Nevers

Cathédrale de Nevers

Cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte de Nevers

Cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte
Vue générale de l'édifice
Vue générale de l'édifice

Latitude
Longitude
46° 59′ 14″ Nord
       3° 09′ 26″ Est
/ 46.987222, 3.157222
 
Pays France France
Région Bourgogne
Département Nièvre
Ville Nevers
Culte Catholique romain
Type Cathédrale
Rattaché à Diocèse de Nevers (siège)
Début de la construction Xe siècle
Fin des travaux XVIe siècle
Style(s) dominant(s) Roman (chœur)
Gothique (nef)
Classé(e) Monument historique (1862][1]

La Cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte de Nevers est une cathédrale catholique romaine française dédiée à saint Cyr (Cyricus), martyr à l'âge de trois ans, en 304, et à mère sainte Julitte (Julitta). Elle est aussi un monument national français, situé dans la ville de Nevers. C'est le siège de l'évêque de Nevers.

La cathédrale a la particularité de présenter deux chœurs opposés, résultant d'une reconstruction incomplète de la cathédrale romane à l'époque gothique.

La cathédrale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte de Nevers fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1862[2].

Sommaire

Histoire

Une implantation ancienne

La butte de Nevers a été très tôt un site religieux. Les vestiges d'un temple gallo-romain dédié à Janus ont été découvert vers 1904, lors de fouilles archéologiques au pied de l'édifice. Le diocèse est établi à Nevers au VIe siècle avec la construction d'un premier édifice dédié aux Saints Gervais et Protais. L'édifice a été occidenté (chœur à l'ouest). Cette disposition particulière peut s'expliquer de par la nécessité primordiale de s'implanter sur le site païen, sans pour autant tourner le dos à la ville. Or à cette période, l'emprise de la ville reste limitée et l'orientation de l'édifice aurait mis l'entrée à l'opposé du centre politique, coté des remparts. À la fin du VIIIe siècle, l'édifice est en très mauvais état. L'épisode du Songe de Charlemagne va permettre de lui redonner une nouvelle vie.

Un songe pour une cathédrale

La légende raconte que Charlemagne aurait rêvé être poursuivi en forêt par un sanglier furieux et qu'en implorant l'aide céleste, un enfant à demi-nu aurait promis de le sauver s'il lui donnait un vêtement. Le monarque acceptant, l'enfant s'en serait allé, à califourchon sur le sanglier. À son réveil, Charlemagne aurait convoqué ses conseillers et leur aurait raconté ce rêve. Parmi eux, saint Jérôme, évêque de Nevers, expliqua au roi que l'enfant qu'il avait vu était saint Cyr, que la cathédrale de Nevers lui était désormais dédiée et que le vêtement qu'il lui demandait était de l'argent pour reconstruire le vénérable édifice. Charlemagne, touché, versa argent et biens au diocèse de Nevers. L'édifice fut reconstruit. Cet épisode est relaté dans la cathédrale sur le dernier chapiteau de la nef, coté sud, et sur le pignon du chevêt roman, reconstruit par l'architecte Ruprich-Robert à la fin du XIXe siècle.

Vicissitudes romanes et gothiques

La cathédrale de St Jérome fut l'objet de nombreux remaniements et reconstructions au gré des effondrements et des incendies. Au début du XIIIe siècle, le groupe cathédral se présente sous la forme d'un narthex à deux travées voûtées, donnant au nord sur un baptistère polylobé, dont la fondation remonterai au VIe siècle et au sud sur la chapelle épiscopale Saint Jean construite en bel appareil de pierre. L'église cathédrale se compose d'une nef probablement charpentée, d'un transept de même et d'un chœur composé d'une crypte semi-enterrée et d'une tribune haute, disposition héritée des édifices de la renaissance carolingienne (ex : l'abbaye de Saint-Riquier, dans la Somme). Deux tours flanquent les façades orientales du transept, au nord et au sud.

Après l'incendie de 1224, la cathédrale est reconstruite dans le style "nouveau" gothique. La cité de Nevers s'est développée, son enceinte s'est agrandie et l'édifice peut désormais être envisagé orienté (chœur vers l'est). La construction nouvelle présente une élévation à trois étages : grandes arcades, triforium aveugle et baies hautes. Une des spécificités de cette architecture réside dans la présence de statuettes adossées aux colonnettes des baies hautes et du triforium représentant les neversois de l'époque dans la diversité de leur condition (gentilshommes, paysans, ecclésiastiques...) Le chœur et le transept roman, moins atteints par l'incendie ont été conservés. Durant les travaux de reconstruction, ils présentaient l'avantage certain de pouvoir poursuivre l'exercice du culte. Une fois les travaux terminées, il aura certainement manqué une volonté ferme ou des crédits conséquents pour édifier une façade appropriée. La présence d'un transept gothique à l'est n'est pas réellement prouvée. L'édifice actuel comporte de nombreux vestiges notamment sculptés au nord et au sud, mais rien ne permet d'affirmer que ce transept ait été complètement terminé avant la reconstruction du chœur gothique au XIVe siècle. En effet, un nouveau chœur est édifié dans le style gothique rayonnant. Les remplages des baies sont plus élaborés, et le triforium désormais ajouré inonde l'édifice de lumière. Si l'on regarde en plan la cathédrale, on remarque que le chœur gothique ne respecte pas l'axe général de l'édifice. Cette particularité a fait l'objet de plusieurs hypothèses tant d'ordre mystique qu'architecturales ou géologiques sans qu'une explication claire ne se distingue.

Au XVe siècle, des chapelles rayonnantes sont édifiées dans le chœur gothique. Deux bas reliefs sculptés ont fait la renommée de la cathédrale avant la seconde guerre mondiale : le retable de la Vierge et celui de Saint Jean-Baptiste, tous deux dans deux chapelles contigu au nord. Le premier daté de 1444 relate les scènes de la Dormition, de l'Assomption et du Couronnement de la Vierge en trois registres superposés, le second illustre la vie du Saint dans un très riche décor de paysages et de saynètes sculptées en haut relief. Ces deux retables, édifiées au-dessus d'autels et tous deux encadrés de feuillages sculptés ont été dégradés à la Révolution et démontés suite au bombardement de 1944. Les fragments du retable de la Vierge sont présentés depuis 2000 dans le musée lapidaire aménagé au 1er étage de la tour. Le second, dont les éléments sont répertoriés et conservés dans une chapelle du chœur, devrait être reposé dans les prochaines années. De nouvelles chapelles sont également ajoutées le long de la nef au XVIe siècle, comme la belle chapelle des Fontenay datée de 1550. Le mobilier s'enrichit d'un orgue (disparu hormis quelques fragments de buffet, d'un beau jacquemart à automates et d'un décor de chœur : stalles et maitre autel en pierre et albâtre réalisé vers 1580 par un artiste flamand : Jean de Borset. À cette même période a également repris le chantier de reconstruction de la tour Sud. Partiellement rhabillée de pierre de taille en partie basse au XIVe siècle, elle est relancée sous l'épiscopat de Jean Bohier et terminée en 1528 sous celui de Jean d'Albret. La tour Nord, rabaissée et simplement couverte d'un pan de tuile canal se fond aujourd'hui dans la silhouette de l'édifice. Elle renferme toutefois un des plus vieux escaliers de la cathédrale en "vis de Saint Gilles" (par référence à Saint Gilles du Gard). Une chapelle couverte d'une voûte lambrissée avec des entraits à engoulants est édifiée dans l'angle Sud-Ouest du chœur roman. Cette chapelle, utilisée par le chapitre et contigu aux bâtiments épiscopaux servira au XIXe siècle de salle de catéchisme avant d'être démolie au début du XXe siècle dans cette mode hygiéniste qui prescrira le percement de l'actuelle rue de l'Abbé Boutillier.

Le XVIIe siècle ne semble pas avoir marqué le bâtiment de modification notable. De nombreux vestiges de clôture en ferronnerie et des éléments sculptés de tombeaux datent néanmoins de cette période.

Derniers fastes avant la Révolution

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, l'évêque Jean-Antoine Tinseau lance une importante campagne de restauration : l'édifice couvert en tuile plate de bourgogne est recouvert en noble ardoise. la charpente est sans doute également refaite à cette époque. Un campanile en arcature de plomb et bulbe d'ardoise, orné de feuillages et de rayons en plomb doré est rajouté sur le toit de la nef, raccordé au jacquemart du chœur. Un nouveau dallage est mis en place dans le chœur alliant carreaux en calcaire blanc et bouchons en calcaire noir. Un très bel ensemble de boiseries de chœur est réalisé par le sculpteur Dijonnais Marlet et le menuisier Bochard en 1770. Enfin une belle grille de chœur due au serrurier neversois Claude Denis est posée à la même période. Pour ce faire, le jubé est démoli. Une série de pierre polychrome d'une remarquable qualité et datée du XIVe siècle proviendrait de la balustrade du jubé détruit. Les largesses de l'évêque, qui en plus de ces travaux rénove la chapelle d'axe (dont la grille de chœur clos désormais une propriété privée rue des Chauvelles, à Nevers) et reconstruit le palais épiscopal dans le goût Louis XV, encourage les membres du chapitre à l'imiter, notamment une des chapelles du chœur est redécorée par le chanoine Gaspard Leblanc, dont la grille et le tableau de l'adoration des mages sont les vestiges.

Le XIXe siècle ou l'apprentissage de la Restauration

La révolution a pillé la cathédrale. Les tombeaux qui encombraient jusque là la nef ont été démolis, les portails et certaines statues ont été livrés à la destruction iconographique ou exilés dans des communes voisines (comme la statue en pierre de Saint Christophe, qui avait donné son nom au portail Nord de la cathédrale et qui bien que désormais conservée dans l'église de Marzy, à laissé en place son socle sculpté orné d'onde claire et de poissons sautillants, faisant aujourd'hui échos à la coquille de la statue en place de St Jacques. Les Saints monumentaux de la tour ont eu plus de chance. Les décennies suivantes ont été le champ de travaux importants et parfois discutables : démolition d'une partie du mur de chœur, tentatives de restitution des couvertures en terrasse des bas cotés par l'architecte Robelin, rendues désastreuses par l'emploi du ciment eu lieu du plomb trop cher aux yeux de la Commission, débadigeonnage des murs et des voûtes faisant disparaitre en même temps que les badigeons de propreté récents la majorité des décors peints et la polychromie d'origine dont seuls les plus robustes et de trop rares exemples et fantômes subsistent, démantèlement du mobilier du chœur (une partie des stalles a été envoyée à Montauban suite à un projet de reconstruction d'un ensemble de stalle néo-gothique qui faute de crédit, ne verra jamais le jour). l'antique autel de Jean de Borset est démoli et remplacé par le ciborium de Jean Gautherin, grand dais de pierre richement sculpté de style gothique, après le vœu émis par les neversois si la ville était protégée de l'invasion allemande lors de la guerre de 1870. La grille de Claude Denis après avoir été déposé et stockée pendant 40 ans est installée à l'entrée du palais épiscopal vers 1860 par l'évêque Forcade. Au cours de ce siècle on rapatrie à la cathédrale des objets et ornements provenant d'autres édifices de Nevers détruits, notamment le beau groupe sculpté de la Mise au tombeau, datant de la fin du XVe siècle, et dont la très riche polychromie a été refaite au XIXe siècle. Ce groupe est présenté depuis 1830 dans la crypte du chœur roman. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la petite chapelle flanquée sur le coté nord du transept roman est redécorée de décors au pochoir et de peintures murales illustrant la nouvelle dédicace à l'Immaculée Conception. Cette décoration sera ensuite complétée par deux vitraux représentant la « prise du voile de Bernadette Soubirous » et « les apparitions à la grotte de Massabiele », en référence à la seconde partie de la vie que la sainte passa au couvent des sœurs de la Charité, à Nevers, dans lequel une chasse expose depuis 1935 son corps miraculeusement conservé. Les vitraux endommagés en 1944 ont été refait à l'identique dans les années 1980.

le XXe siècle ou le retour des bâtisseurs de cathédrales

Les premiers feux du XXe siècle ont été consacrés à la suite des travaux de restauration : réfection complète des balustrades des chéneaux (avec parfois une modification sensible des décors en place), remplacement des pinacles et reprise des arcs boutants. Ces interventions sont aisées à lire sur les façades de l'édifice de par l'emploi de la pierre de Garchy, plus dure, trop dure, et finalement plus blanche que la pierre de Nevers initiale. La rue de l'Abbé Boutillier est percée en 1904, au sud de la cathédrale, détruisant l'ancien réfectoire et la salle capitulaire médiévale, la moitié d'un édifice du XVIIIe siècle et la chapelle du XVIe siècle côté du chevet roman. Une cour anglaise est creusée au pied du chœur roman afin de percer de larges baies à même d'éclairer la crypte. C'est lors de cette fouille que les vestiges du temple de Janus sont exhumés. Une base de colonne est toujours visible, sous une plaque, dans la cour anglaise. Le chœur gothique est enrichi d'une somptueuse mosaïque de marbre réalisée par la maison Favret à Nevers et illustrant sur un schéma rayonnant autour du cyborium de Gautherin les douze signes du zodiaque. La couverture du campanile est refaite vers 1910, en supprimant hélas une partie des ornements en plomb (rayons de soleil). Le jacquemart est restauré en 1913 par la maison Henry-Lepaute et remonté sur une gaine en chêne neuve en remplacement de la travée mur de chœur sur laquelle il reposait, détruite au milieu du XIXe siècle dans le cadre du projet de renouvellement des stalles. Le dallage en pierre est remplacé dans presque tout l'édifice. Dans la nuit du 15 au 16 juillet 1944, des bombes alliées frappent accidentellement le centre ancien de Nevers au lieu des dépôts ferroviaires initialement visés. Deux bombes tombent sur le chœur gothique. Les vitraux sont soufflés, les voûtes du chœur s'effondrent, le mobilier en dessous réduit en poussière. Le sous-sol est remué : une quinzaine de sépulture d'évêques sont ainsi profanées. Les stalles sont violemment touchées et l'orgue de Cavaillé-Coll, dont le buffet sculpté était terminé depuis à peine 15 ans est détruit. Les travaux de reconstruction se déroulent de 1946 à 1966 pour le gros œuvre. L'édifice a été reconstruit à l'identique. Des fouilles archéologiques menées dans le chœur ont permis de mettre au jour les vestiges du baptistère pré-roman, de la chapelle épiscopale Saint Jean, du narthex et du portail d'entrée de la cathédrale romane, où se distingue encore les premières dalles de pierre qui n'ont plus été foulées depuis près de 800 ans. La restauration du mobilier et la création des nouveaux vitraux s'est étalée jusqu'à nos jours.

Manifeste de l'art vitré contemporain ou intervention abusive ?

Le programme vitré contemporain qui recouvre pratiquement tout l'édifice ne peut pas laisser indifférent. Les opinions à son sujet sont très diverses. Il convient toutefois d'apporter quelques précisions : Avant le bombardement de 1944, la cathédrale présente un ensemble vitré assez disparate et contrasté : le chevet roman est garni de vitraux du XIXe siècle dans le goût néo-cistercien et la petite rose centrale reprend le thème des signes du zodiaque autour du monogramme du Christ. La crypte est pourvue de vitraux losangés vert. La haute nef est vitrée de verrerie géométrique en bâtons rompus dans des teintes vert bouteille et marronnasse. Les chapelles comportent des verres losangés au sud dans des tonalités similaires et quelques vestiges de vitraux du XVIe siècle ornent ici et là des chapelles au nord. Le chœur gothique comporte en partie haute un réseau de quadrilobes présentant des saynètes colorées dans le goût du XIVe siècle. Enfin, les fenêtres des chapelles sont ornées de larges frises géométriques enchâssant en partie haute le monogramme de saint Cyr et sainte Julitte. Autant dire que ce catalogue de vitraux, résultant de campagnes successives et aléatoires, ne présentait globalement que peu d'intérêt d'un point de vue historique ou artistique. Lors de la reconstruction, la question des vitraux s'est posée dès le début des années 1960. Il était inconcevable de restituer les vitraux disparus hormis ceux illustrant le vie de Sainte Bernadette, isolées dans leur petite chapelle et pour laquelle une dévotion reste très marquée. Un programme faussement consensuel par le biais d'un ensemble de verreries géométriques ou de copie de style aurait été réducteur ou historiquement faux. La création contemporaine s'est donc imposée d'elle-même.

Après plusieurs projets, la trame finalement retenue a consisté à répartir l'édifice entre plusieurs artistes contemporains reconnus. Le but recherché était de créer une émulation artistique entre les différents plasticiens. Cette démarche a été quelque peu handicapée par la durée du chantier, un peu plus de trente ans, et la démission de Marcus Lupertz initialement prévu pour les baies des chapelles du chœur gothique et remplacé au pied levé par l'artiste déjà en charge du transept roman : Jean-Michel Alberola.

Voir aussi

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Notes et références

Liens externes

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