- Cartahu
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Le cartahu est le nom d'un filin utilisé sur les navires pour manœuvrer des charges lourdes. Il fait partie du gréement des mâts de charge et supporte directement la charge, une de ses extrémités est fixée au tambour d'un treuil hydraulique ou électrique et s'enroule sur ce dernier. L'autre extrémité est reliée à un croc ou à un trèfle si deux cartahus travaillent ensemble.
Le cartahu est également par similarité le nom donné au filin qui servait à la relève des phares avant leur automatisation. Celui-ci était lancé par les gardiens de phare au bateau de relève, et une fois arrimé, il permettait l'installation d'un va-et-vient. Ensuite, le gardien « montant », équipé d'une ceinture de sauvetage, s'asseyait à califourchon sur un gros ballon suspendu au va-et-vient, qui était alors « viré » à l'aide d'un treuil manipulé par les deux gardiens présents sur le phare. L'opération était la même pour les vivres et le matériel, ainsi bien sûr que pour le gardien « descendant ».
L'atterrissage des hommes sur le débarcadère du phare ou, pire encore, sur le pont de la vedette des Phares et balises pouvait être très acrobatique. Dès que la mer était un peu agitée, le gardien chevauchant le « ballon » devait parfois être attrapé comme on pouvait, par un pied, une jambe ou encore par son gilet de sauvetage…
Cette manœuvre nécessitait donc une grande agilité, et était périlleuse. Son succès dépendait très largement du pilote de la vedette de ravitaillement. L'un des maîtres en la matière était Henri Le Gall, patron de la mythique Velléda. Par gros temps, l'utilisation du cartahu était impossible et il fallait donc renoncer à la relève.
La technique du cartahu était utilisée dans la plupart des phares en mer (les « Enfers »). On a pu la voir mise en scène au cinéma dans le film L'Équipier (2004), du réalisateur Philippe Lioret, qui a pour cadre principal le phare de la Jument. Elle est évoquée aussi à plusieurs reprises par Jean-Pierre Abraham dans son récit Armen, comme dans ce passage où l'écrivain gardien de phare remonte à Ar Men :
« Henri réduit la vitesse, fait son furtif signe de croix, j'endosse le gilet de sauvetage, je cours rejoindre les matelots à l'avant. Des cris rauques ponctuent la manœuvre, enthousiastes ou moqueurs selon que le gardien, là-haut, a bien ou mal lancé la touline qui permettra d'établir le va-et-vient. On s'embrasse, je ris, je reçois de lourdes claques dans le dos, « Salut Jonas ! Amuse-toi bien dans ton château ! », je suis tout neuf, content et inquiet comme un écolier à la rentrée des classes. Ordinairement c'est amusant. » (Armen, Le Tout sur le Tout, 1988, p. 35-36).
Voir aussi
Sources
- Description du ravitaillement et de la relève à l'île de Sein sur le site enezsun
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