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Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire
Le Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire (aussi abrégé CVUH) est une association fondée en France en 2005. Créé à l'initiative de trois historiens, Gérard Noiriel (qui en est le président), Michèle Riot-Sarcey et Nicolas Offenstadt, le CVUH a pour objet une réflexion visant à clarifier les rapports entre histoire et mémoire. Son manifeste a été adopté le 17 juin 2005 dans un contexte marqué par les débats autour de la loi du 23 février 2005 à propos du colonialisme.
Sommaire
Fondation et objectif
Selon les initiateurs de ce comité (pensé à la manière du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes de l’entre deux guerres), les historiens ont aussi leur rôle de citoyens à assumer. Il ne s’agit pas pour les historiens de s’arroger un droit exclusif sur le passé mais de comprendre les logiques et légitimités des questionnements des groupes mémoriels, et de l'articulation de l'histoire au politique[1].
Se pensant donc comme un « intellectuel collectif »[citation nécessaire], le comité ne dénie pas la légitimité en soi aux « lois mémorielles » qui peuvent apparaître comme des déclarations d’une société sur elle-même, et qui, en ce sens, s’inscrivent dans la logique du fonctionnement démocratique. Que l'État, à travers sa représentation légitime, se prononce sur la mémoire collective n’a donc rien de choquant pour le CVUH puisque l’intention peut aussi se lire comme une définition éthique du « vivre ensemble ». Seule la loi du 23 février 2005, dont l'article 4 appelle les enseignants à transmettre le rôle positif de la présence française outre-mer, par sa propension à donner une version orientée de l’histoire - et surtout à contraindre les enseignants à la relayer - est déclarée « antidémocratique » par le comité.
En revanche, le CVUH dénonce explicitement la spectacularisation et l’instrumentalisation de l’histoire, ainsi que sa confiscation à des fins partisanes par des groupes entrepreneurs de mémoire. Rappelant que le métier d’historien consiste à analyser les enjeux du passé selon les méthodes propres à la discipline, et à donner en partage le fruit de ces analyses, les initiateurs du manifeste appellent à l’action collective, notamment en œuvrant à décloisonner les mondes universitaires et scolaires afin de travailler à la pénétration des avancées de la recherche universitaire dans les contenus des programmes scolaires. L'adhésion à l'association est d'ailleurs ouverte non seulement aux historiens mais aussi aux enseignants ou même à toute personne dont le travail a un lien avec l'histoire[2].
Parmi les signataires du manifeste, un tiers s’avère être des enseignants du secondaire, preuve, s’il en est besoin, de la prise de conscience collective de l’enjeu scolaire que constituent également ces lois mémorielles.
Prises de position
Sur son site, le CVUH présente des dossiers de réflexion sur différents usages publics de l'histoire, et prend position dans l'actualité, comme en critiquant en mai 2007 l'utilisation par le nouveau président Nicolas Sarkozy de la dernière lettre de Guy Môquet[3] et en février 2008 le projet présidentiel sur la mémoire de la Shoah à l'école[4].
Liens externes
- Site de l'association
- Manifeste du Comité de Vigilance face aux usages publics de l’histoire, adopté le 17 juin 2005
Notes et références
- ↑ Manifeste du CVUH consultable sur le site de l'association (page mise en ligne le 6 février 2007)
- ↑ D'après les statuts de l'association cités lors de l'assemblée générale 2009.
- ↑ Des usages étatiques de la lettre de Guy Môquet, article de Laurence De Cock-Pierrepont publié sur le site de l'association
- ↑ Les bataillons scolaires de la mémoire (suite)
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