Bägänna

Joueur de begena.

La begena ou beganna est un ancien instrument à cordes utilisé dans la musique éthiopienne. C'est une grande lyre qu'il ne faut pas confondre avec le krar ou la simsimiyya assez similaire.

Selon la tradition éthiopienne, le roi Ménélik I^er aurait ramené l'instrument d’Israël où David l'aurait utilisé pour apaiser les nerfs du roi Saül et le guérir de ses insomnies. Son origine actuelle reste trouble même si des manuscrits éthiopiens représentent l'instrument au début du XV^e siècle av. J.-C.

Facture

Elle a huit ou dix cordes, dont seules six sont pincées à la main gauche (1, 3, 4, 6, 8, 10), les autres servant d'appuis ou de reposoirs aux doigts. Entre chaque corde et son chevalet, il y a un buzzer, une petite pièce de cuir qui augmente la vibration sonore de celle-ci. Le cadre trapézoïdal en bois est muni d’une table d'harmonie en membrane animale.

Jeu

Position des mains.

Connue pour être l'instrument des nobles, des moines et des hautes classes, jouée par les peuples Amharas et Tigré, la begena était à l'origine utilisée comme accompagnement durant la méditation et la prière. Bien que fréquemment jouée à la maison, elle est parfois jouée lors de fêtes. Au moment du carême, la radio diffuse assez souvent des morceaux de begana. Si certains musiciens composent leurs propres textes, d'autres les tirent de la Bible, du Livre des Proverbes ou du Livre de Qine qui est un recueil de proverbes et de poèmes d'amour. Les sujets abordés touchent généralement la futilité de la vie, la mort inéluctable, les saints, les mœurs, la morale, la prière et les louanges à Dieu. Une chanson peut durer de quelques minutes à plusieurs heures en fonction du texte et de la ténacité du joueur. Bien que de nombreux textes soient de nature religieuse, la begena n'est pas utilisée au sein de l’Église éthiopienne orthodoxe même si elle apparaît parfois lors de procession religieuse en dehors de l'église.

En raison du rôle sacré de l'instrument dans la société, il est relativement difficile de trouver des gens qui jouent la begena. Toutefois, en 1972, l'école de musique de Yared d'Addis-Abeba a commencé son enseignement, et depuis que le nouveau régime a donné la priorité aux arts, la pratique de la begena continue à survivre.

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