Bouphonie

Bouphonie

Bouphonies

Les Bouphonies (Βουφόνια) étaient une cérémonie de la grèce antique. Elles étaient connues à lépoque dAristophane (Ve siècle av. J.-C.) et se déroulaient encore à celle de Pausanias (IIe siècle. Les Bouphonies étaient une partie des fêtes dipoliennes athéniennes et se tenaient le 14 du mois de scirophorion (été).

La principale source dinformation sur les Bouphonies est un ouvrage du philosophe grec du IVe siècle av. J.-C.) Théophraste. Cet ouvrage est perdu mais nous en connaissons de nombreux extraits grâce à Porphyre.
Dans la version de Théophraste/Porphyre, il est parfois difficile de différencier entre ce qui pourrait être la forme primitive du rite et les usages en vigueur à lépoque de Théophraste. Les informations apportées par Pausanias divergent en certains points de celles de Th./P., ce qui pourrait indiquer une évolution du rite au fil des siècles.

Le Mythe

Pausanias[1] nous dit quà lépoque dÉrechthée, un bœuf fut tué sur lautel de Zeus Polieus ; le meurtrier partit en exil en abandonnant sa hache sur place, la-dite hache fut mise en accusation puis acquittée au cours dun procès. Les Bouphonies reproduisirent ce procès par la suite.

Quant à Porphyre, son texte comporte deux versions pour lorigine du rite. Selon lune[2], lors dune fête dipolienne un bœuf mangea une sorte de gâteau sacré. Diomos, un prêtre de Zeus, aidé dautres personnes présentes, tua puis égorgea le bœuf.
Selon lautre version[3], le premier bœuf fut tué, non pas par un prêtre mais par un individu de rang inférieur du nom de Sopatros. Celui-ci avait préparé des offrandes pour loffrir aux dieux quun bœuf laboureur dévora et piétina en revenant des champs. En colère, Sopatros saisit une hache que lon était en train daiguiser et frappa lanimal. Le bœuf mort et enterré, Sopatros prit conscience de son acte et se considérant comme impie sexila. Par la suite une sécheresse frappa lAttique et un oracle déclara que Sopatros mettrait un terme à cette situation, quil fallait remettre sur pied le mort après lavoir tué et mangé et que le meurtrier devait être puni. Sopatros demanda alors à être admis citoyen et se proposa pour tuer le bœuf lors du sacrifice quorganisait la cité, à condition que les autres citoyens y participent.
Le sacrifice se déroula comme suit : des jeunes filles étaient dabord désignées et apportaient de leau pour affûter une hache et un couteau puis quelquun donna la hache à celui qui frappa le bœuf et quun autre égorgea (pour le vider de son sang). Le bœuf mort était ensuite préparé et consommé par tout le monde lors dun banquet. On « reconstituait » ensuite lanimal avec sa peau et de la paille, le bœuf « ressuscité » était alors mis sous le joug pour le « remettre » au travail. Un procès fut ensuite organisé tous les protagonistes furent accusés à tour de rôle et se dédouanèrent en désignant un plus coupable queux ; les porteuses deau accusèrent laiguiseur qui accusa celui qui se saisit de la hache et ainsi de suite jusquà ce que légorgeur dénonça le couteau qui lui avait servi. Le couteau, sans réponse, endossa la responsabilité du crime et fut jeté à la mer.

Le Rituel

Selon Théophraste/Porphyre, depuis cette époque le sacrifice du bœuf des fêtes dipoliennes se déroulaient en rappelant cet évènement[4]. Des gâteaux étaient déposés sur lautel de Zeus et lon faisait tourner des bœufs autour. Quand un des bœufs sapprochait de lautel et dévorait les offrandes, il était immédiatement abattu et égorgé et enfin dépecé pour être mangé lors dun banquet. Trois familles sacerdotales étaient chargées des différentes étapes du rite : les boutypoï (βουτύποι/les frappeurs de bœufs) qui descendraient de Sopatros ; les centriades (κεντριάδαι/les meneurs de bœufs) qui descendraient de celui qui a conduit les bœufs autour de lautel ; les daitroï (δαιτρους/les convives) qui descendraient de celui qui a égorgé le bœuf.

Le rite selon Pausanias (ou à son époque) apparaît plus modeste et semble mettre laccent sur la « faute » ce qui ne semble pas le cas chez Théophraste/Porphyre. Le bœuf sacrifié était préalablement choisi et on le faisait manger de lorge et du blé déposés sur lautel. Le bœuf était exécuté par un prêtre (le bouphonos/βουφόνος) qui devait sexiler et sa hache était jugée au Prytanée.

On a voulu voir dans le rite des Bouphonies lexpression dun sentiment de culpabilité des grecs par rapport aux sacrifices danimaux lors de leurs rites ; la traduction dune répulsion grandissante face à un acte barbare considéré comme archaïque et/ou le « gaspillage » de forces vives nécessaires aux travaux des champs[5].

Notes

  1. I,28,10
  2. De abstinentia, II,10,2
  3. De abstinentia, II,29-30, la source ici de Porphyre est Théophraste mais ce dernier a probablement utilisé une source plus ancienne
  4. qui aurait été le premier sacrifice dun bovin
  5. cf. une loi attique rapportée par Elien (V,14)

Sources


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