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Boomerang
Pour les articles homonymes, voir Boomerang (homonymie).Un objet bipale, rigide et plat, coudé ou angulaire, doté de profils déterminés qui, lancé à la main d'une certaine façon, vole en tournoyant sur lui-même, décrit une trajectoire plus ou moins courbe et peut revenir à son lanceur, telle est la définition d'un boomerang. La portance développée par les pales en rotation détermine en partie les caractéristiques de sa trajectoire.
Sommaire
Origines
Le boomerang aurait servi à déterrer des racines alimentaires ou bien serait dérivé d'une arme de jet ancienne (d'appellation moderne « killing stick »), qui se présente comme un bâton à lancer dont la forme aérodynamique et la mise en rotation permettent d'accroître la portée (jusqu'à 150 mètres). Initialement taillé dans du bois ou de l'os, un killing stick de chasse ou de guerre (?) est conçu pour voler en ligne droite. L'énergie accumulée en rotation stabilise la trajectoire de l'objet. Il ne revient pas vers son lanceur, même s'il manque son but.
Une variante de ce projectile possède la propriété de revenir vers son lanceur s'il est lancé correctement ; cette qualité devait être pour les aborigènes australiens l'occasion d'exercices de jeu et d'adresse. Pour la même raison, on s'intéresse aujourd'hui à ce type d'objet volant, ce qui explique que le terme « boomerang » s'entende généralement pour un objet volant revenant vers son point de départ.
Le boomerang n'est pas spécifique à l'Australie : le plus ancien objet connu présenté comme un boomerang, vieux de 23 000 ans, a été retrouvé en 1985 lors de fouilles archéologiques à Oblazowa en Pologne; il s'agit d'un objet en ivoire. Le plus vieux boomerang en bois connu, daté de 11 000 ans, a été trouvé dans une tourbière à Wyrie Swamp en Australie. Des objets coudés en bois recouverts d'or pouvant être des boomerangs ont été retrouvés en Égypte dans la tombe du pharaon Toutânkhamon (1350 ans avant JC).
Appellation
Le terme boomerang (on prononce bou et ran-g)[1] de bumarin utilisé à l'origine par une peuplade Aborigène d'une région de la Nouvelle-Galles-du-Sud, a été repris pour désigner des armes de guerre ou de chasse analogues existant dans d'autres régions d'Australie et du monde (où des objets comparables sont connus depuis des millénaires). Il se dit d'un acte qui se retourne contre son auteur : il en va de telles paroles comme des gestes irréparables.
Caractéristiques
Un boomerang « classique » de sport possède deux pales, reliées par un coude plus ou moins arrondi, ouvertes d'un angle variable (entre 60 et 120 degrés). La corde de la pale est d'environ 50 mm, l'épaisseur du profil environ 5 à 8 mm (soit 10 à 16 % d'épaisseur relative). L'intrados du profil (le dessous pour une aile) est le plus souvent plat. L'envergure est de l'ordre de 40 à 50 cm, le poids varie entre 30 et 140 grammes, en moyenne 120 grammes. La fabrication industrielle est en bois lamellé ou en matière plastique.
Lancer le boomerang
Précautions
- Faire attention aux spectateurs qui doivent rester à distance suffisante ; un boomerang vole vite, il peut surprendre et blesser des personnes ne connaissant pas la trajectoire en courbe d'un boomerang,
- S'assurer d'un espace libre suffisamment grand pour ne pas perdre votre boomerang dans des arbres,
- Estimer la force du vent : ne pas le lancer si le vent est trop fort.
Technique
- Repérer la direction du vent et se placer face à celui-ci. Le lancer s'effectue sous un angle de 45° par rapport au vent.
- Tenir le boomerang de manière à ce que, bras à l'horizontale devant soi, il soit perpendiculaire au sol.
- Ramener le bras derrière la tête, puis lancer le boomerang en cherchant à ce qu'il ait une trajectoire parallèle au sol, tout en lui imprimant un mouvement de rotation sur lui-même.
- Analyser la trajectoire de retour :
- le boomerang revient directement dans les mains : bravo !
- si le boomerang tombe devant le lanceur, le relancer dans une direction qui forme un angle plus fermé avec la direction du vent.
- si le boomerang tombe derrière le lanceur, le relancer dans une direction qui forme un angle plus ouvert avec la direction du vent.
Le retour du boomerang
Un boomerang a une trajectoire courbe, il est construit et lancé de telle sorte qu'il revienne vers son point de départ.
Portance de pales
Les pales du boomerang produisent des forces aérodynamiques :
- la portance, perpendiculaire au plan de la pale ;
- la traînée, dirigée dans le plan de la pale et vers l'arrière, freine l'engin et ralentit sa rotation (mais n'intervient pas dans le retour).
Ces forces aérodynamiques dépendent de la vitesse de translation (par rapport à l'air) et de la vitesse de rotation.
Avec un lancement dans un plan strictement vertical, la portance se traduit par une force strictement latérale, dans un sens dépendant du profil de l'aile. Typiquement, un boomerang pour droitier lancé dans un plan vertical produit une portance vers la gauche. On va voir maintenant comment cette force va incurver la trajectoire vers la gauche.
Pale avançante et reculante
Comme le boomerang se déplace en rotation, la vitesse dans l'air est plus importante pour la pale supérieure (avançante) que pour la pale inférieure (reculante). La pale supérieure développe une plus grande portance aérodynamique que la pale inférieure.
Ce phénomène est connu, notamment à cause du problème de stabilité des hélicoptères qu'il a posé et qu'il a fallu résoudre : à cause de la différence de portance, le plan de rotation de pales s'incline sur le côté. Si le calage (l'incidence) des pales d'un hélicoptère en translation était fixe, il basculerait sur le côté.
La même chose se produit pour le boomerang : le plan de rotation s'incline autour de l'axe parallèle à la vitesse de l'engin ; si le plan de rotation est vertical, il tend à se coucher, et la portance, d'abord dirigée vers la gauche, bascule vers le bas.
Effet gyroscopique
Mais (et heureusement) les choses ne se passent pas comme cela à cause de la précession gyroscopique : grâce aux effets d'inertie dus à la rotation, le basculement sur le côté s'accompagne d'un mouvement dit de « précession », décalé de 90 degrés dans le sens de la rotation, ayant pour effet de faire tourner vers la gauche le plan de rotation. Ce qui réoriente la force de portance vers l'intérieur du virage. C'est grâce à cet effet que le boomerang suit une trajectoire courbe et revient vers le lanceur.
Trajectoire du boomerang
En résumé, pour un boomerang de droitier lancé verticalement :
- la rotation initiale est sur un axe horizontal, pale avançante en haut, pale reculante en bas,
- la portance est une force dirigée vers la « gauche » (par rapport à la trajectoire initiale),
- la portance étant asymétrique (plus forte en haut qu'en bas), elle produit une rotation de l'axe de rotation du boomerang : le haut s'incline vers la gauche, le bas s'incline vers la droite (pour anticiper cet effet, le lancement ne doit pas être strictement vertical)
- cette inclinaison provoque une précession : l'avant s'incline vers la gauche, l'arrière s'incline vers la droite
- ce qui déplace l'axe de la portance : elle ne s'exerce plus vers la « gauche », mais vers « l'intérieur » de la trajectoire, ce qui lui fait jouer le rôle d'une force de rappel et ramène le boomerang vers son lanceur.
La trajectoire n'est pas circulaire, parce que la force de rappel n'est pas fixe mais dépend de nombreux paramètres.
Le réglage du retour
Les paramètres qui influent sur le phénomène de retour sont :
- les caractéristiques physiques du boomerang :
- le poids (comme tout projectile),
- le moment d'inertie du boomerang (plus il est fort, plus la précession et donc l'effet de retour sont forts),
- le profil des pales (qui conditionne la portance),
- les paramètres de lancement :
- la vitesse initiale, qui influe également sur la portance (plus de vitesse = plus de portance)
- le plan de lancement (plus il est vertical, plus la courbure de la trajectoire se produit tôt)
- la vitesse de rotation (plus elle est forte, plus la différence de portance est grande, et plus le retour est marqué).
Il faut aussi tenir compte du vent.
Retour et rattrapage du boomerang
Un boomerang mal rattrapé peut blesser les mains du lanceur : il vaut mieux rattraper un boomerang avec les mains à l'horizontale, si besoin avec des gants.
Une image connue montre une pomme posée sur la tête du lanceur (Barnaby Ruhe, USA) au moment où elle est coupée en deux par le retour du boomerang. La pomme était prédécoupée, mais cela ne réduit en rien le mérite du lanceur qui réussit là un tour assez spectaculaire.Pratique sportive
La pratique sportive du boomerang fait l'objet de compétitions un peu partout dans le monde, comportant différents types d'épreuves. Suivant celles-ci, le classement s'établit en fonction de la longueur de la trajectoire, de sa précision, de sa durée, de la vitesse, ou de rattrapages imposés. Il existe une coupe du monde depuis 1988 à tous les deux dans un pays différent et une fédération internationale gère le règlement des épreuves ainsi que l'homologation des records.
Records de France
- Vitesse (sur 5 rattrapages) : 15,03 secondes - BISIAUX Grégory (Lyon 1991)
- Endurance (sur 5 minutes) : 80 rattrapages - CAZE Yves (Dijon 1998)
- Aussie round : 94 pts / 100 - RICHARD Charles (Lausanne 2003)
- Maximum de temps en l'air : 68,69 secondes - FROMENT Laurent (Besançon 2008)
- Précision : 95 pts /100 - CHAUVEAU Rémy (Sancoins 2006)
- Figures acrobatiques : 179 pts - GIGON Stéphane (Charleville M. 2001)
- Distance : 166 mètres - HERNANDEZ Antoine (Mühlacker 2001)
Fabrication
La fabrication d'un boomerang peut se faire à partir d'un plan[2]. Un patron de découpe, une planche de contre-plaqué dense, de préférence avec beaucoup de couches (qualité marine, essence acajou ou moabi, ou bien bouleau type aviation), des outils à bois et quelques heures de travail suffisent à obtenir un modèle pour débutant.
Plusieurs modèles
- Le modèle le plus courant est un coude d'un angle d'environ 107°, son centre de gravité est situé quelque part dans le vide entre les deux pale.
- Les modèles à plusieurs pales, trois ou quatre, vont moins loin. Ils sont ceux qui reviennent le plus facilement, le tripale particulièrement.
Profilé
On doit donner aux pales un profilé d'aile d'avion, arrondi selon un rayon sur le bord d'attaque et plutôt plat sur le bord de fuite. Attention il existe des boomerangs de droitier et de gaucher, les bords de fuite et d'attaque sont alors inversés. On peut faire le profilé à la lime et le finir au papier de verre, en essayant régulièrement son travail jusqu'à satisfaction.
Le boomerang dans la littérature
Le boomerang est évoqué plutôt rarement dans la littérature. Il y apparaît parfois comme une arme presque surnaturelle, capable de frapper et de revenir quand même, ce qui est physiquement impossible en cas de choc contre un corps de masse comparable ou supérieure à celle du boomerang :
- Dans la partie 2, chapitre XVI du roman les Enfants du capitaine Grant de Jules Verne paru en 1868, il est relaté un épisode d'une chasse au boomerang se déroulant en Australie ; l'arme revient à son envoyeur après avoir frappé une douzaine de cacatoès…
- Dans Tintin en Amérique (Hergé, 1932) un bandit neutralise un complice, afin de l'empêcher de parler à Tintin, par le jet d'un boomerang qui lui revient ensuite dans les mains.
Anecdotes
- Dans le film Mad Max 2 (1981), un des personnages utilise un boomerang aux bords tranchants. Lors d'un assaut sur le fortin défendu par Max un des sbires de la bande d'Humungus a les doigts tranchés en tentant d'attraper le boomerang en plein vol.
- Les boomerangs servent aussi d'instruments dans la musique aborigène, quand ils sont entrechoqués.
Notes et références
- ↑ « boomerang » est la transcription anglaise d'un mot ou d'une expression à une langue indigène de l'Australie (wo-mur-rang) dont la signification exacte n'est pas clairement établie ; les dictionnaires français font mention de l'usage des graphies : bommerang, bommereng, boumerang, boomarang, boomerang.
- ↑ article de la revue Pour la Science (n° 19 de mai 1979), Les boomerangs ! Comment les construire et les faire voler, par Jearl Walker.
Voir aussi
Liens externes
- France Boomerang Fédération regroupe la plupart des clubs français
- Boomerangs en bois
- Des vidéos de compétition
Bibliographie
- Boomerang - Histoire, Lancer, Fabrication, Competition, Porquet Jean-Luc & Pouillet Dominique, Éditions Hoebeke, 1986 - 137 pages - ISBN 2-905292-06-7 (ouvrage épuisé)
- Les armes du monde entier, De 5000 avant J.-C. à 2000 après J.-C., Éditions Albin Michel 1982
- Magie du boomerang, Jacques Thomas, 1985, ISBN 2-9500630-0-4
- L'Essentiel du boomerang, éd. Chiron, de Didier Bonin et Olivier Duffez
- Boomerang collection, Serge d'Ignazio, éditions du Pécari, ISBN 2-912848-35-0 (version française) - ISBN 2-912848-41-5 (version anglaise)
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