- Bobine Tesla
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La bobine Tesla ou transformateur de Tesla est une machine électrique fonctionnant sous courant alternatif à haute fréquence et permettant d'atteindre de très hautes tensions. Elle porte le nom de son inventeur Nikola Tesla. L'appareillage consiste en deux, voire trois circuits de bobinages couplés et accordés par résonance. Il n'y a pas de noyau métallique comme dans les transformateurs électriques classiques : c'est un transformateur à noyau d'air.
Les premières données écrites proviennent de Colorado Springs Notes[1] sorte de cahier technique journalier où Nikola Tesla a inscrit ses annotations, non pour un lecteur mais pour lui-même.
Des centaines d'amateurs curieux ont construit leur transformateur de Tesla[2], et des perfectionnements importants sont à l'origine de montages efficaces et de qualité[3]. Les matières plastiques, les résines époxydes, les condensateurs à haute tension fonctionnant en régime impulsionnel, l'utilisation de l'informatique pour l'optimisation des calculs, les forums de discussion sur l'Internet ont contribué à rendre populaire cet appareillage inventé il y a un siècle.
Sommaire
Composants du montage
- Une alimentation haute tension composée d'un transformateur classique élévateur de tension pouvant fournir plusieurs kilovolts, éventuellement un dispositif de sécurité : filtres pour protéger le secteur, fusibles, disjoncteur. Ces éléments ne sont pas représentés sur les schémas. La haute tension alternative obtenue est de l’ordre de 10 000 à 15 000 volts avec une fréquence industrielle (50 Hz en Europe, 60 Hz aux États-Unis).
- Un éclateur à étincelles interrompues (arc soufflé) ou rotatif, inséré dans le circuit de puissance, en série ou en parallèle avec l'alimentation et l'enroulement primaire.
- Un condensateur ou une chaîne de condensateurs, capable de résister à une tension supérieure à celle de l'alimentation.
- Une bobine primaire large, comptant peu de spires, de deux à quinze, et capable de résister à un courant élevé. Une sorte de pince crocodile, en avançant ou en reculant sur la spirale permet de fixer le câble fermant le circuit de haute tension au point exact de la syntonie.
- Une bobine secondaire haute, composée de spires jointives de fil de cuivre émaillé (de huit cent à mille), bobinées en une seule couche sur un support cylindrique isolant.
- Une pièce métallique servant d'électrode de décharge, au sommet du bobinage secondaire. Sa capacité doit être connue et adaptée au circuit. Sa forme importe beaucoup : il existe des modèles en forme de sphère, de cône, de pointe, de tore, … En raison de phénomènes électrostatiques associés, sa forme permet d'éviter des décharges par effet corona et sa taille doit être importante pour protéger l'enroulement sous jacent des décharges qui pourraient détruire l'isolation des spires. Une grande capacité de l'électrode terminale permet de réduire la valeur capacitive du condensateur du circuit primaire.
- Des variantes du circuit sont possibles.
- Les deux schémas sont électriquement identiques. Toutefois lorsque l'éclateur est en parallèle avec le secondaire du transformateur d'alimentation, il protège celui-ci des courants impulsionnels qui font retour du résonateur vers le circuit primaire.
- La bobine secondaire (résonateur) a un diamètre inférieur à celui de la bobine primaire. Les deux enroulements sont concentriques. Toutefois leur couplage est lâche, contrairement au couplage élevé des transformateurs classiques. Le coefficient de couplage entre les deux circuits traduit le pourcentage d'énergie transmis du primaire au secondaire.
- La bobine secondaire est reliée à une très bonne prise de terre à sa base et l'électrode de décharge est fixée à son sommet.
- Dans le premier circuit, l'alimentation doit être de type alternative, et de préférence sinusoïdale
- Dans la seconde image, le circuit doit fonctionner avec un courant continu, et une résistance ou une inductance devrait être branchée entre le condensateur et l'alimentation
Fonctionnement
Nikola Tesla a cherché à obtenir du transformateur à résonance une double élévation de tension en bénéficiant d'une part du rapport de transformation lié à l'inégalité du nombre de spires au primaire et au secondaire, et d'autre part du coefficient de surtension qui caractérise un circuit réglé à résonance[4].
Une fois mis sous tension, le système d'alimentation charge le condensateur. Lorsque la différence de potentiel aux bornes de celui-ci est suffisante, un arc électrique traverse l'éclateur et le condensateur se décharge dans la maille contenant la bobine primaire. C'est une décharge oscillante amortie intense et à haute fréquence: on obtient ainsi dans la bobine primaire un courant alternatif à haute fréquence et haute intensité.
Comme tout solénoïde parcouru par un courant, selon les lois de l'induction magnétique, la bobine primaire produit un champ électromagnétique dans le milieu qui l'entoure. Ce champ est lui aussi intense et varie à haute fréquence. L'importante variation de flux à travers la bobine secondaire va induire aux bornes de celle-ci une différence de potentiel proportionnelle au rapport des nombres de spires des bobines secondaire et primaire (voir le fonctionnement du transformateur monophasé).
L'étape la plus importante du réglage de l'appareil consiste à obtenir la résonance entre la fréquence du circuit primaire et celle du circuit secondaire. Ce réglage, obtenu en augmentant ou diminuant la longueur de la spirale du primaire, est délicat car les champs électromagnétiques engendrés par les deux bobines sont perceptibles à distance (par exemple bobiner les câbles d'alimentation peut avoir une influence sur le comportement du circuit).
Une fois la résonance atteinte, la tension induite aux bornes de la bobine secondaire est maximale (plusieurs milliers de volts voire plusieurs millions pour les grands modèles). Comme ces tensions sont supérieures à la rigidité diélectrique de l'air, des arcs électriques vont jaillir de l'électrode terminale dans toutes les directions.
En dehors de son intérêt théorique et pédagogique, cette invention ne connaît, aujourd'hui, qu'une application pratique : les effets spéciaux dans le monde du spectacle.
La résonance électrique
Ce qui suit doit être imaginé dans la bobine secondaire du transformateur de Tesla (ou dans l'Extra Coil d'un Magnifier).
Les oscillations de haute fréquence impliquées dans le transformateur de Tesla sont toujours de nature électrique et surviennent à l'intérieur des conducteurs (presque toujours en cuivre). La nature du conducteur est telle que chaque longueur donnée du fil de bobinage a une résonance électrique propre. Sa fréquence est donnée, approximativement, en divisant la vitesse de la lumière par la longueur du conducteur et est dépendante de deux propriétés intrinsèques que sont son inductance et sa capacitance. Théoriquement, lorsqu'un fil de bobinage résonne à sa fréquence naturelle, deux pics et trois nœuds de tension électrique se produisent sur la longueur du conducteur comme dans une onde sinusoïdale parfaite. De même trois pics et deux nœuds de courant sont aussi présents, mais avec un déphasage de 90 degrés. Lorsqu'un fil de cuivre isolé est enroulé en spires jointives, son inductance est modifiée par les champs magnétiques qui règnent autour du fil et interagissent entre eux. La conséquence est un ralentissement de la propagation de l'énergie électrique le long de l'enroulement de fil conducteur et une modification de la fréquence naturelle de résonance qui diffère selon que le câble est droit ou bobiné. Un gain d'inductance accompagne le passage d'un fil tendu linéaire à une forme enroulée plus courte compacte et ramassée.
Si nous induisons très rapidement une quantité d'énergie électrique dans un bobinage de spires jointives, placé horizontalement dans un espace idéal (sans risque d'interférences), il va résonner à sa fréquence naturelle de résonance (ressemblance approximative d'un coup bref donné sur une cloche). Des nœuds et des pics de tension vont apparaître le long du fil. Il va tendre à osciller à sa résonance naturelle en demi longueur d'onde, et chaque extrémité du bobinage sera le siège d'un pic de tension (V = Vmax) alors qu'un point nodal (V = 0) existera exactement en son milieu.
Si toutefois, la base du bobinage est mise à la terre, elle sera le siège forcé d'un point nodal et le bobinage oscillera en quart d'onde. Ces conséquences seront majorées si l'énergie est pulsée dans le bobinage à sa fréquence exacte de résonance. L'effet est appelé coefficient de surtension par résonance et le bobinage est un résonateur hélicoïdal. Une onde stationnaire apparaît sur le résonateur classique en quart d'onde qui possède un pic de courant à sa base (I = Imax) (ou point de mise à la terre) et un nœud de courant au sommet du bobinage (I = 0)[5]. De même, il existe un point nodal de tension à la base (mise à la terre) du bobinage et un pic de tension à son sommet.
Le transformateur Tesla à 3 bobines
Il y a plusieurs manières d'introduire de l'énergie électrique dans un résonateur hélicoïdal résonant en quart d'onde. On peut coupler l'énergie par induction. C'est ce qui se fait dans les transformateurs de Tesla classiques, avec un circuit primaire accordé sur la fréquence en quart d'onde du résonateur qui est dans ce cas, le bobinage secondaire. On peut aussi coupler directement l'énergie dans le résonateur en l'injectant directement à la base du bobinage. C'est le principe du magnifier (terme anglais qui peut se traduire par grossisseur selon la métaphore d'une loupe ou lentille optique grossissante). Deux enroulements vont fonctionner comme un transformateur à haute fréquence et élévateur de tension. Le troisième (Extra Coil en anglais) recevra l'énergie à sa base (par un tube de cuivre tendu entre le secondaire et lui) et l'électrode torique sera au sommet de l'Extra Coil. Cette dernière méthode est indiscutablement la meilleure pour faire fonctionner un transformateur Tesla. Nikola Tesla a abandonné toutes les expérimentations avec le dispositif à deux bobines avant même de venir s'installer à Colorado Springs.
Synergie et harmonie
La résonance, dans un transformateur de Tesla, est un simple phénomène physique, reproductible et scientifiquement explicable. Si cette résonance peut être aisément atteinte, un fonctionnement parfaitement synergique de tous les composants reste difficile. Un bon bricoleur (Tesla Coiler) peut obtenir des éclairs à haute fréquence aussi longs que la hauteur du bobinage secondaire. Les débutants arrivent rarement à la moitié de cette longueur. Les expérimentateurs chevronnés qui arrivent à bien connaître (sentir ?) leur montage, peuvent engendrer des éclairs qui sont plus longs que la hauteur du secondaire. L'art de la construction de ces installations implique des progrès en paliers, en serrant de mieux en mieux l'harmonie des composants et des conditions des expériences. On parle ici du facteur Q (pour Qualité) : de bons composants et de bons matériaux ne suffisent pas. Tous les aspects de la construction doivent être revisités et améliorés. Le transformateur élévateur de tension est-il assez puissant (il faut au moins 5 kW pour obtenir des arcs de deux à trois mètres de long)? L'électrode torique est-elle assez large pour retenir la tension à des valeurs suffisantes (mais pas trop, sinon cette décharge ne se produit pas)? Le couplage entre le primaire et le secondaire est-il correct ? Les deux enroulements sont concentriques, mais la position plus ou moins haute du secondaire sur le primaire est primordiale (couplage). Le ou les condensateurs du circuit de puissance sont-ils bien adaptés à l'alimentation haute tension ?
Version pilotée par semi-conducteur
Entre 1970 et 1980, des expérimentateurs amateurs ont essayé d'utiliser des semi-conducteurs pour remplacer l'éclateur à arc soufflé. À petite puissance, en utilisant le circuit THT des téléviseurs, ils ont pu alimenter, en régime non pulsé, des résonateurs de Tesla avec de modestes résultats. Les semi-conducteurs de puissance sont devenus moins chers et plus solides et la technologie à semi-conducteurs a pu progresser sans prétendre aux performances des systèmes électromécaniques. Les dispositifs n'alimentaient directement que la base du secondaire (résonateur). Vers 2002, un étudiant américain nommé Jimmy Hynes fait avancer le concept en réalisant un oscillateur qui alimente en régime pulsé le primaire d'un transformateur de Tesla. En 2004 Daniel McCauley porte le concept à maturité avec de nouvelles générations de DRSSTC (Double Resonant Solid Tesla Coil).
Équations essentielles
Formule de Wheeler pour l'inductance.
Dans la fiction
Les bobines Tesla sont parfois utilisées dans des œuvres de fiction, notamment dans divers jeux vidéo en tant qu'arme offensive ou défensive. Elles fonctionnent généralement par l'envoi d'arcs électriques sur les ennemis que le joueur doit combattre, électrocutant ou carbonisant la cible par ses décharges destructrices. Par exemple Command & Conquer : Alerte rouge, Tomb Raider: Legend, Return to Castle Wolfenstein, Fallout 3, TimeSplitters: Future Perfect ou encore World of Warcraft, contre le boss nommé Thaddius ainsi que dans Crimson Skies: High Road to Revenge, utilisé sur le zepellin TESLA comme arme de défense et d'attaque.
Dans le film "Ocean's Eleven", une bobine Tesla est dérobée dans un hôpital afin de provoquer une panne de courant dans la ville afin de réaliser un larcin dans les casinos.
Dans le jeu PS2 Les Sims : Permis de sortir, se trouve une bobine Tesla au milieu du labo.
On nous en parle dans la mini-série Mysteries Of The Universe, bandes-annonces de la saison 6 de LOST. Dans l'épisode 3, on nous dit que l'initiative Dharma aurait commandé des bobines Tesla.
Il est également fait référence à la bobine de Tesla dans le film Le Prestige où elle est utilisé comme une machine pour cloner les objets et les êtres vivants, ou encore dans L'Apprenti sorcier, où un étudiant-ingénieur construit une bobine tesla qui est d'ailleurs au cœur du film.
Notes et références
- (en) Nikola Tesla, Colorado Springs Notes—1899-1890 , A. Marincic, Nolit, 1978.
- (en) http://www.pupman.com/ Tesla coil Mailing List
- Construction du transformateur Tesla
- J. Cazenobe, Directeur de recherche au C.N.R.S, dans la postface de l'édition française de Margaret Cheney, Tesla, la passion d'inventer, Belin, 1987
- (en) Richard Hull, The Tesla Coil Builder's Guide to the Colorado Springs Notes of Nikola Tesla, octobre 1996.
Voir aussi
Articles connexes
- Émetteur à ondes amorties
- Éclateur
- Émetteur à arc
- Émetteur à étincelles
- Histoire des techniques d'émission radio
- Oscillations amorties
Liens externes
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