- Blanche Maynadier
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Blanche Maynadier (1923-2004) est un écrivain et femme de lettres française.
- Auteure de nombreux recueils de poèmes : Chants visuels, Messidor, A l'ombre d'un figuier, Fructidor, et d'une trilogie autobiographique L'Ecole des Champs, Le ciel de Paris, Le temps d'Ecrire.
- Membre de la Société des gens de lettres.
- Elle a reçu plus de soixante coupes, 200 médailles et ne comptait plus ses diplômes.
- Elle a publié 25 recueils de poésie, elle a écrit des nouvelles, et plus de soixante chansons mises en musique par 12 musiciens différents.
- Elle a obtenu en 1999, le grand prix Marie Noël du Terroir à Santenay, où elle fut intronisée "Grumeur d'honneur".
Commentaire
- « Rahon : La colombe s’est envolée
- Blanche Maynadier laisse dans son sillage poèmes et ouvrages réalistes, témoins de nos campagnes. Décédée à 80 ans, elle a été inhumée hier au Père-Lachaise.
- La poétesse rahonnaise, Blanche Maynadier, vient de s’éteindre à Paris, emportée par une maladie pulmonaire. Elle avait quatre-vingts ans. Native de Molay où son père, Georges Lavrut, érigea en 1936 la croix qui se dresse actuellement sur la route de Champdivers (il a aussi érigé la croix qui se dresse sur la route de Rahon), elle conte dans un détail simple et auréolé d’émotion sa jeunesse rurale entre son village natal et Rahon d’où était originaire sa mère, Maria Bourges.
- Avec la plume imagée d’une George Sand, elle écrit “L’Ecole des Champs”, ouvrage réaliste suivi par ses souvenirs de l’occupation dans “Sous le ciel de Paris”. Par-delà les autres œuvres autobiographiques sublimant, à l’exemple du “Poème à Laurent”, ses émois sentimentaux, Blanche Maynadier a cheminé sur la voie parallèle de la poésie, dans un registre classique, dont l’accessibilité lexicale reflète l’enthousiasme simple de la poétesse.
- Elle chanta ainsi Rahon où elle affectionnait son potager au bord de l’Orain : « Qu’il fait bon ! Qu’il fait beau ! Dans mon village au bord de l’eau ».
- Elle était devenue le chantre de son si cher pays natal. La nature jurassienne, les animaux, la foire de Longwy… et même “La locomotive de Chaussin” n’ont échappés à sa plume :
- « À deux pas de la gare
- Qui ne voit plus de train
- Elle vit sans histoire
- Sans sifflet et sans frein »
- Si proche de la nature, Blanche s’était muée poétiquement en “Colombe”. Elle a publié plusieurs recueils de poème savoureux pour enfants, des dessins et calligraphies. Nombre de ses œuvres poétiques ont été mises en musique et chantées, comme lors des soirées artistiques d’août à Chaussin, où elle salua les gaudes en vers.
- Sociétaire des Gens de Lettres, Commandeur des Arts et Lettres, notre petite dame jurassienne obtint cinquante coupes, et pas moins de cent trente médailles. Bien qu’affaiblie par la maladie qui la priva cette année de l’Exposition artistique de Chaussin où, véritable figure locale, son absence fut unanimement regrettée, Blanche Maynadier continuait de produire, inlassablement.
- En octobre 2004, sortait un recueil au titre prémonitoire : “Dernières Nouvelles de Blanche Maynadier”, et elle planifiait alors la parution d’un recueil de contes pour enfants : “L’Ecole des Bêtes”. Dans ses “Dernières Nouvelles” qu’elle dédicaçait de sa main voilà trois semaines « Blanche de Rahon », Blanche Maynadier conclut ainsi le premier récit : « Adieu à vous tous, mon cahier ne peut plus accepter que le mot fin ». Adieu Colombe »
- Blanche Maynadier, décédée le 18 novembre à Paris, vient d’être inhumée ce mercredi auprès des artistes au cimetière du Père-Lachaise. Ses amis jurassiens soutiennent du fond du cœur ses sœurs, ses enfants Monique et Martial avec Michèle, son petit-fils Damien et sa famille » (Daniel Hunzinger, La Voix du Jura du 25 novembre 2004),(Rv Bigueur,"L'Orage Culturel").
Quelques poèmes
Il neige sur les roses, Mon village, Sur un air de Polka, Les fleurs de vigne, Il faut cultiver son jardin
Il neige sur les roses- Il neige sur mon cœur, il neige sur les roses !
- Ce froid qui me pénètre a pourtant d’autres causes,
- Si j’étais près de toi je rirais des hivers,
- J’aurais l’âme légère et la tête à l’envers.
- J’oublierais dans tes bras j’en ai la certitude
- Ce qui fait aujourd’hui ma froide solitude.
- Tu serais mon soleil et tu me brûlerais
- Au feu de tes baisers je me réchaufferais.
- Tu pourrais m’apporter le bonheur et la vie
- En chassant de mon cœur cette mélancolie,
- Le glaçon que je suis redeviendrait vivant
- Je serais à nouveau la source et le torrent…
- Il neige sur mon cœur, il neige sur les roses,
- Il neige maintenant un peu sur toutes choses…
- Mes cheveux seront gris quand viendra le printemps
- Ce soir je pense à toi, je cherche mes vingt ans !
Mon village- Je peux courir le monde, rien ne vaut mon village
- je me lasse souvent des autres paysages.
- Rien ne peut retenir tout à fait mon regard
- Pas un visage ami sur tous les quais de gare.
- Je suis perdue partout, même dans les églises
- J'ai l'impression parfois de rester incomprise
- Comme si le soleil et les saints, que je vois
- N'étaient plus tout à fait mes amis d'autrefois...
- Quand j'arrive chez moi, je vois mon ancien toit
- Le toit de ma maison et puis le petit bois
- Le bois de mes amours, le bois de mes dix ans
- Où je voyais des loups lorsque j'étais enfant
- Je retrouve la place où l'on faisait le pain
- Le vieux clocher carré, l'école et son sapin.
- Là-bas dans le lointain je cherche la rivière
- Et salue au passage une humble croix de pierre.
- Ici je suis chez moi et tout m'est familier,
- Je connais tous les coins, tous les petits sentiers.
- A toutes les maisons, je peux donner un nom
- Et il n'y a que là qu'on connaît mon prénom.
- Au milieu du village est le vieux cimetière
- Où je peux rencontrer des ombres familières.
- A Paris l'on est seul, dans la joie dans le deuil,
- Ici l'on me sourit un peu à chaque seuil.
- Le village renaît à la saison nouvelle
- Et nous fait apprécier une vie naturelle.
- A Paris, les saisons ont bien peu d'importance
- Puisque par tous les temps sous la terre on avance.
- Et qu'il neige ou qu'il grêle ici on s'en balance
- Il y aura la paye et toujours les vacances...
- On ne vit que pour soi, et c'est triste parfois,
- Cette vie de Paris, je la fuis bien des fois.
- Je pense à mon village, à ses bois, à ses prés
- C'est un livre d'image où je reviens rêver.
Sur un air de Polka- Sur un air de polka nous danserons demain
- Sur un plancher de bois ou dans la grange à foin ;
- Comme on dansait naguère à la fête au village
- D’où n’étaient pas exclus les gens du troisième âge.
- Un seul accordéon, sans batteur, sans micro,
- Remplacerait très bien les spots et la sono.
- Pour chanter tous en chœur et réapprendre à rire
- Nous emploierons des mots sans avoir à traduire.
- Nous danserons joyeux sur un air de polka !
- À l’ombre ou au soleil sans frais ni tralala
- Comme au bal à papa, si je suis bon prophète
- Dans tout le voisinage on refera la fête.
- Il faut que cette danse ait sa place aujourd’hui.
- Dans les bals du faubourg aussi bien qu’à Neuilly.
- C’est une polonaise un refrain qui balance
- Et qui pendant longtemps a fait danser la France.
- Elle vaut la rumba, le jerk ou la techno,
- Laissons la valse à Vienne, la samba à Rio
- À Éva les tangos, les pasos à l’Espagne !
- Mais qu’un air de polka partout nous accompagne.
- Enlacés deux à deux, corps à corps bien serrés,
- Sur un rythme endiablé en va tournevirer,
- Cette danse demain fera le tour du monde.
- Puisque jeunes et vieux entreront dans la ronde.
Les fleurs de vigne- Je veux chanter les fleurs de vigne,
- Dont le charme reste discret.
- Chacune d’elles se résigne
- A s’épanouir en secret.
- C’est grâce à cette modestie
- Que nul ne pense à les cueillir.
- On les ignore en poésie
- Car on ne les voit pas fleurir !
- Elles dansent dans la lumière,
- Au souffle caressant du vent
- Et puis, retombent en poussière,
- Parfumant l’air discrètement.
- Si Dieu ne les fit pas jolies,
- Comme la rose et le lilas,
- C’est bien pour qu’elles fructifient
- Et que le vin ne manque pas.
Il faut cultiver son jardin- On dit que tout travail mérite son salaire.
- Mais que peut-il pousser quand on sème le vent,
- Qu’on vous traite de fou, tout en vous laissant braire…
- Qu’importe ! il faut semer, si c’est le bon moment…
- Un jour on voit germer des mots sur une ligne ;
- On les laisse fleurir et puis vient la moisson.
- On les porte au marché, mais la foule rechigne
- En disant c’est trop vers ou pas assez chanson.
- Jadis un sage a dit : « n’écoute pas les autres,
- Pour trouver le bonheur, cultive ton jardin !
- Riche tu deviendras dans ce monde de pauvres
- Qui fait fi de la rime et de l’alexandrin »…
- Si j’avais un jardin et de la bonne terre !
- Je laisserais les mots pour semer du bon grain !
- En cet auguste emploi je saurais me complaire ;
- L’on ne me verrait plus une plume à la main.
- Que demain l’on me donne un terrain, une bêche !
- Je planterai de tout du matin jusqu’au soir,
- Pour cueillir dans la joie une rose, une pêche,
- La récolte viendra si c’est mon bon vouloir.
- On a tous un jardin qui tourne dans la tête
- Pour venir en secret se distraire ou pleurer !
- On sème à tous les vents et loin des trouble-fête…
- Parfois l’on y récolte un rien qui fait rêver.
Voir aussi
Catégories :- Écrivain français du XXe siècle
- Poète français du XXe siècle
- Poétesse française
- Femme de lettres française
- Naissance en 1923
- Décès en 2004
- Personnalité enterrée au cimetière du Père-Lachaise (division 96)
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