Église gnostique de la Transfiguration

Église gnostique de la Transfiguration

L'Église gnostique de la Transfiguration est une Eglise ritualiste chrétienne, non-trinitaire, gnostique, qui a été fondée en 1999 par Dom Hilaire de Lérins.

Sommaire

Eglise non-trinitaire

L'Eglise gnostique de la Transfiguration est non-trinitaire : elle affirme l'existence d'un Dieu unique, Père universel, créateur de toutes choses, omnipotent, omniscient, empreint de toute bonté.

Elle affirme que Jésus, le Christ, est un homme, né de Marie et de Joseph ; qu'il a été élu parmi tous les hommes par Dieu, le Père universel, pour être son plus haut prophète. A cette fin, Jésus a été comblé de tous les charismes dès sa conception, et a pleinement exercé son kérygme dès son entrée symbolique dans le ministère par le baptême dans le Jourdain. Non égal à Dieu, mais plus proche créature de chair jamais crée par Dieu, Jésus a parfaitement manifesté son élection lors de la Transfiguration. Ce moment, qui est la manifestation concrète de la Théosis dont l'humanité peut être capable, est le moment clef de la proclamation de la Parole. Mort crucifié, enseveli, ressuscité par grâce de Dieu, Jésus est revenu parmi ses disciples qu'il a enseignés dans les années qui ont suivi et a finalement été élevé au Ciel où il règne, divin, mais non Dieu, et intercède pour toute la création auprès du Père universel. Il reviendra dans la Gloire au moment du Jugement et instaurera le Nouveau Royaume, ainsi que Jean l'a annoncé.

Le Saint-Esprit est le nom donné à la puissance créatrice de Dieu quand elle se manifeste dans le monde et à sa puissance d'inspiration quand Il se communique aux hommes au travers des prophètes et des saints.

Sur le fond, l'Eglise gnostique de la Transfiguration ne rend de culte qu'à Dieu, mais vénère Jésus, les saints et les anges comme des êtres d'exception qui participent à la divinité de manière plus immédiate que les hommes.

Eglise ritualiste

L'Eglise gnostique de la Transfiguration est ritualiste et développe depuis sa création une liturgie qui se veut la plus proche possible de celle des origines.

Basée sur une riche documentation critique des rites anciens - avant l'uniformisation carolingienne - la liturgie de l'Eglise de la Transfiguration est fondée sur trois sacrements : le baptême, l'eucharistie et l'ordre que seuls les évêques et les prêtres qui les assistent peuvent administrer. Les diacres, toute comme les prêtres et a fortiori les évêques, peuvent aussi administrer les sacramentaux comme le mariage, l'absolution, etc.

Eglise gnostique

Le corpus central de la doctrine de l'Eglise de la Transfiguration est d'essence gnostique et se fonde à la fois sur la tradition mais aussi sur les dernières recherches en la matière, notamment depuis la découverte et l'analyse des textes de Nag Hamadi.

L'Eglise reconnaît deux voies d'approche de Dieu : la voie des laïcs, fondée sur la lecture de la Bible et sur la prière, la fréquentation des sacrements et la participation à la liturgie ; et la voie des clercs fondée sur une lecture gnostique de ces mêmes ressources, lecture qui ouvre à une compréhension plus profonde des mystères de Dieu.

Les enseignements de l'Eglise se fondent sur les deux Testaments et sur une lecture profondément chrétienne de certaines œuvres gnostiques. Au titre de l'Ancien Testament, l'Eglise reconnaît les trois corpus de textes fondamentaux qui forment le coeur de la pensée hébraïque : Torah (ou Pentateuque), Nevi'im (ou Prophètes), et Ketouvim (ou Livres sapientaux) ; elle y ajoute les Livres deutérocanoniques reconnus par les traditions orthodoxes et catholiques. Au titre du Nouveau Testament, elle admet les quatre Evangiles synoptiques, les Actes des Apôtres, les Epîtres et le Livre de la Révélation auxquelles elle ajoute comme œuvres de foi, les Evangiles "apocryphes" selon Thomas, selon Pierre, selon Judas. Elle recommande aussi la lecture du Protévangile selon Jacques et de l'Evangile de l'enfance de Jésus selon Thomas.

D'une manière générale, l'Eglise, selon son caractère gnostique, estime que la Révélation a pu prendre un nombre infini de voies et que les textes dits "aprocryphes", à la condition d'avoir une certaine validité scripturaire historique, sont des documents qui peuvent aider le fidèle à approcher Dieu et à comprendre Ses mystères. Elle appelle néanmoins à la vigilance : l'étude de la Parole doit toujours être guidée et ne doit jamais conduire à l'absolutisme.

Quelques points de dogme fondamentaux

Jésus, le Christ

Les Ecritures enseignent que Jésus est né de Marie et de Joseph. Sa conception et sa naissance sont entourées de "prodiges" (on dirait "mystères" dans la pensée orthodoxe) qui marquent le caractère unique de cet homme, élu par Dieu le Père universel pour être son "fils", son "premier-né" en dignité au sein de l'humanité, au-dessus des prophètes et des saints.

La "filiation" divine de Jésus doit être comprise au sens métaphorique : il est celui que Dieu a choisi et exhaussé au-dessus de l'humanité pour assumer le rôle du Messie annoncé par les prophètes. Jésus lui-même n'a jamais prétendu être le "fils de Dieu" au sens que ce terme a pris au fil des siècles et des conciles. Il n'a même pas prétendu être divin et encore moins Dieu lui-même.

Transfiguration

La transfiguration est le moment où, selon les Ecritures, Jésus a pleinement révélé son élection. Elle marque aussi l'accomplissement de la mission du Christ dans ce monde : l'acceptation de sa nature divinisée et du sacrifice à accomplir à la suite d'Elie et de Moïse. Elle est enfin le symbole de la théosis dont l'humanité est capable à la condition de suivre l'exemple et l'enseignement du Sauveur.

Christ, Messie, Sauveur

Dans le langage chrétien, Jésus est appelé Christ et Messie, par analogie à l'onction qu'il a reçu de Dieu dès sa conception dans l'élection qui le démarque du reste de l'humanité. Ces deux termes, messie et christ, forment un doublon qui rappellent à la fois l'acte sacramentel de l'onction - le versement d'une huile consacrée ou chrême - mais aussi l'onction du baptême que le Christ a reçue des mains de Jean, symbole matériel de l'onction de l'Esprit.

Jésus est aussi appelé Sauveur en ce sens que son ministère, son enseignement et son exemple donnent à l'humanité les moyens de son salut. Homme par excellence, Jésus est le premier Sauvé et nous incite à mettre nos pas dans les siens pour nous-mêmes obtenir la grâce du salut.

Résurrection

La résurrection est le point central de la foi chrétienne. Miracle au-delà de tous les autres, y compris de la "résurrection de Lazare", la résurrection de Jésus est l'acte par lequel Dieu l'a définitivement instauré comme son fils, souverain roi et juge de l'humanité, au-dessus de la condition humaine qui est celle de la mort, c'est-à-dire de ce long sommeil de l'âme jusqu'au jour du Jugement.

La question de l'unicité de Dieu dans une tradition chrétienne globalement trinitaire

Points de vue sociétaux

Liberté de conscience

L'Eglise de la Transfiguration est une Eglise ouverte au dialogue entre les religions. Elle affirme que Dieu a parlé aux hommes de manière différente selon les temps, les cultures et les conditions historiques. Pour autant, elle fonde son espoir et sa foi sur la Parole telle qu'elle a été transmise depuis les premiers prophètes jusqu'à celui qui a réalisé l'annonce du Royaume de Dieu, Jésus, le Christ.

Le baptême comme acte libre et volontaire ; le refus du baptême des enfants

Pour l'Eglise de la Transfiguration, le baptême est le premier signe visible de l'appartenance volontaire et éclairée au christianisme comme religion révélée, et à la communauté des fidèles comme lieu de vie. A ce titre, il est peu signifiant de baptiser un enfant qui n'a ni volonté, ni désir, ni même assez d'intelligence et de connaissance pour appartenir à une communauté de foi.

En conséquence, le baptême ne peut être administré qu'à un fidèle qui fait activement et volontairement la démarche de le demander, non pas seulement pour "entrer" dans une "ekklesia" par convenance personnelle ou sociale, mais bien par engagement de témoigner de sa foi et d'orienter désormais pleinement sa vie selon les enseignements du Christ. Cet engagement peut avoir lieu dès l'âge de 15 ans, ou plus tard.

En ce sens, l'Eglise recommande que les enfants soient éduqués dans la foi chrétienne la plus ouverte, à la fois par leurs parents mais aussi par des "parrains" et "marraines" qui les guideront dans leur examen de conscience jusqu'au jour où ils prendront la décision de se joindre activement à la communauté des fidèles, s'ils le souhaitent. Cette éducation se fait par la lecture commentée de la Bible et dans l'explication des préceptes de vie qu'elle propose aux hommes. Elle se fait aussi par l'exemplarité du comportement des tuteurs et dans la participation aux liturgies - sans participation à l'eucharistie.

Afin de donner un premier charisme aux enfants, l'Eglise recommande qu'après la naissance, ces derniers soient présentés par leurs parents à la communauté des fidèles et qu'ils reçoivent une bénédiction. Cette même cérémonie - la présentation au Temple, à l'instar de celle de Notre Seigneur Jésus - est aussi le moment où des parrains et des marraines pourront être désignés par la famille et investis par la communauté pour aider ces enfants dans leur apprentissage de la foi.

Le respect de la différence des individus

Le mariage comme union chrétienne et agapè : pourquoi l'Eglise reconnaît tous les mariages

Une lecture classique du mariage dans les pays de tradition catholique - et dans une certaine mesure de tradition orthodoxe - veut voir dans le mariage un sacrement au sens plein. Cette vision se fonde à la fois sur l'autorité d'une interprétation de l'Epître de l'apôtre Paul aux Ephésiens et sur celle de la doctrine initiée par Augustin d'Hippone. Image du mariage entre le Christ et l'Eglise, le mariage entre l'époux et l'épouse est donc perçu comme un acte sacramentaire fort, unique et indissoluble. Tel fut du moins le sens qui fut donné à cette union, surtout après le quatrième concile du Latran (1215).

Cette position, remise en cause par un grand nombre d'Eglises issues de la Réforme protestante, pose en vérité de lourds problèmes doctrinaux. Elle semble surtout répondre à un ensemble de considérations plus politiques que réellement théologiques : le contrôle sur les unions des "puissants" revenait in fine à l'Eglise romaine qui pouvait de facto faire ou interdire les unions politiques consommées dans des mariages entre familles régnantes (cf. ce qu'il en fut pour Henry VIII).

Revenant à des considérations partagées par un grand nombre de Pères de l'Eglise, mais aussi par la plupart des penseurs de l'Humanisme comme Erasme, l'Eglise de la Transfiguration ne reconnaît pas le caractère de sacrement au mariage. Elle le conçoit comme un sacramental qui engage deux personnes qui échangent leur consentement devant la communauté des fidèles en faisant la promesse de vivre selon la foi que nous a léguée le Christ. Si la présence d'un prêtre est nécessaire pour rendre ce sacramental valide, cette union n'est cependant conditionnée que par la libre volonté des deux époux de s'unir.

En ce sens, le mariage n'étant en rien un sacrement, il ne possède pas la qualité d'indissolubilité : il cesse par le moyen du divorce. De la même manière, le remariage est permis tout comme l'union de deux personnes de même sexe. Les seules réserves qui peuvent être apportées à cette union sont celles qui sont fixées par l'existence d'un précédent mariage non-annulé, la parenté des époux, l'absence de consentement libre et éclairé (voire l'incapacité de signifier ce consentement), le trop jeune âge de l'un ou l'autre des conjoints. Dans tous ces cas, le mariage ne peut ni ne doit être célébré à peine de nullité.

Ouverture et oecuménisme

Structure de l'Eglise

Hiérarchie sacerdotale et sacrement de l'ordre

La place des laïcs : acteurs au quotidien de la foi dans le monde

Histoire de l'Eglise

Dom Hilaire

Issu d'une famille profondément chrétienne, et comme il le dit lui-même "oecuménique", en ce sens qu'elle s'inscrit dans une double tradition catholique et orthodoxe, Dom Hilaire, après des études de philosophie et de théologie entre Paris et Rome, a reçu le sacerdoce au sein de l'Eglise Catholique Romaine tout en approfondissant sa connaissance de la pensée des Pères orientaux. Prêtre pour le diocèse de Nice, il a, avec la permission de son évêque, poursuivi ses études en théologie à Chicago. C'est là, à la suite d'un séminaire interconfessionnel sur les grandes querelles de la christologie, qu'il relit les textes qui condamnent Arius à la lumière des philosophes néoplatoniciens. Cette étude, qu'il conduit avec intensité, le bouleverse. S'en étant ouvert à l'un de ses anciens maîtres de l'Université pontificale du Latran, il suit les conseils de ce dernier et se réfugie plusieurs semaines dans une abbaye où il approfondit à la fois sa réflexion et son questionnement sur sa foi, cherchant à retrouver la "coïncidence du coeur et du la raison" qu'il a toujours recherchée au sein de l'Eglise Romaine. Ce "chemin de Damas" sera pour lui fondamental.

Dom Hilaire fait part en avril 1992 à son évêque de sa volonté de prendre du recul sur sa position au sein de l'Eglise Catholique Romaine. Il n'est pas rendu à l'état laïc dans un premier temps : on lui conseille simplement de prendre plus de temps pour réfléchir. Après quelques nouveaux mois d'interrogation sur le sens qu'il veut donner à sa foi, Dom Hilaire confirme sa position qui le conduit à quitter à la fois par honnêteté l'Eglise Romaine, mais aussi et surtout par conviction profonde de la nature intimement non-trinitaire du christianisme.

Il prend alors la décision - après la réduction à l'état laïc qui le frappe et qu'il accepte parce qu'elle est logique selon les canons de l'Eglise Romaine - de vivre comme un simple chrétien. Il commence une nouvelle vie faite d'un travail qu'il aime - il passe les concours d'enseignement en France - et d'un approfondissement personnel constant de sa foi. Cette période est pour lui féconde et lui permet d'approfondir sa vision non-trinitaire de la foi chrétienne en se rapprochant des Eglises Unitariennes.

Pour autant, il sent que les charismes qu'il a reçus avec l'ordre ne sont pas éteints et en 1999. Il reproche par ailleurs aux Eglises Unitariennes leur "indifférence" en termes de liturgie et leur refus de considérer le prêtre comme médiateur entre Dieu et les fidèles en matière de sacrement. Il décide donc de fonder une Eglise qui sera "à mi-chemin", l'Eglise de la Transfigutation, qui sera selon ses voeux chrétienne, non-trinitaire, et gnostique.

L'Eglise comme une alternative

L'Eglise de la Transfiguration, par sa volonté de recentrer son œuvre sur ce qui est le coeur de la foi chrétienne, s'efforce de représenter, en un siècle où une certaine forme de déchristianisation affronte un durcissement des positions doctrinales des Eglises "classiques", une alternative pour le croyant en quête d'un espace où vivre une foi féconde et apaisée.

Une foi apaisée est une foi qui ne cherche pas à produire un modèle unique qui nie toute autre forme de pensée ni de pratique religieuse. Elle est au contraire un foi qui veut voir au delà des différences de cultes ce dénominateur commun de toutes les religions qui est l'espérance et la fidélité en Dieu. Ayant évacué par ailleurs toutes les scories historiques qui ont formaté le dogme - au risque trop souvent de trahir la parole du Sauveur et les Ecritures - elle se recentre sur ce qui doit être le premier commandement : aimer Dieu, le Père unique, dans toute Sa création.

Une foi féconde est une foi qui permet au fidèle de se développer et d'atteindre, autant que cela est possible, cette "théôsis" qui est le but de toute vie. Cette voie est exigeante, car elle implique que le croyant participe pleinement à son propre salut et fasse volontairement le choix de parfaire sa pensée et ses actes, de purifier son âme et de participer ici-bas déjà à l’avènement du Royaume qui est à venir.

Pour parvenir à réaliser ce projet, l'Eglise de la Transfiguration affirme toute l'importance du libre-arbitre de l'individu, mais aussi la nécessite pour le croyant d'étudier la Parole telle qu'elle a été révélée par les prophètes et par le Christ lui-même. Elle prône enfin la participation aux liturgies et aux sacrements pour le fidèle.

Lieux de cultes et interfaces internet

Articles connexes

Notes et références


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