Église Saint-Pierre de Trédaniel

Église Saint-Pierre de Trédaniel
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Église Saint-Pierre
Présentation
Propriétaire Commune
Protection  Inscrit MH (1925)
Géographie
Pays Drapeau de France France
Région Bretagne
Département Côtes-d'Armor
Localité Trédaniel
Coordonnées 48° 21′ 29″ N 2° 37′ 08″ W / 48.358006, -2.6189248° 21′ 29″ Nord
       2° 37′ 08″ Ouest
/ 48.358006, -2.61892
  

Géolocalisation sur la carte : France

(Voir situation sur carte : France)
Église Saint-Pierre

L'église Saint-Pierre est une église catholique située à Trédaniel, en France[1].

Sommaire

Localisation

L'église est située dans le département français des Côtes-d'Armor, sur la commune de Trédaniel.

Historique

EGLISE ST PIERRE DE TREDANIEL - l’ensemble ecclésial :

Les églises sont encore trop souvent étudiées dans les limites des bâtiments qui les représentent. Elles ne sont pourtant que l’une des composantes d’un ensemble cultuel, composante essentielle certes mais indissociable des autres éléments. L’ensemble cultuel dépasse le cadre d’un édifice et représente au contraire une véritable zone sacrée, image du « monde céleste », en ce bas monde. L’ignorer, c’est perdre toute la symbolique mystique qui présidait à son existence ; c’est également se priver de la compréhension de sa formation et son évolution. Ainsi, l’église paroissiale de Trédaniel est au cœur d’un ensemble ecclésial, relativement bien conservé aujourd’hui. En étudiant ses différentes composantes, nous accéderons à la compréhension d’une partie de cette symbolique mystique. Il est bien difficile, faute d’archives, de connaître et de comprendre avec précision et certitude les conditions de la formation et de l’évolution de cet ensemble ecclésial. Là encore, la découverte, s’ils existent encore, des registres du Conseil de Fabrique nous permettrait probablement de combler cette lacune. Les seuls documents iconographiques le concernant et dont nous ayons connaissance sont modernes. Il est pourtant inconcevable que les grands travaux effectués pendant l’Ancien Régime, comme la construction du collatéral en 1719, n’aient pas laissé de plans et dessins. Il faut donc attendre 1809 et la réalisation du premier cadastre de la commune pour qu’un plan, fort imprécis en raison de l’échelle, présente l’ensemble ecclésial. Le cadastre de 1842 est plus parlant mais reste trop superficiel. Concernant l’église en elle-même, les plans réalisés pour la construction du nouveau clocher, entre 1855 et 1859, ne représentent jamais le bâtiment existant ; nous devons nous contenter des plans dressés en… 1994. Les archives et les documents iconographiques anciens ne sont pas les seuls à nous faire défaut : les descriptions anciennes sont extrêmement rares et parcimonieuses ; l’abbé Duhamel n’a même pas pris la peine, dans la rédaction de son registre de paroisse, de décrire l’ensemble ecclésial tel qu’il se présentait lorsqu’il officiait à Trédaniel, c'est-à-dire entre 1837 et 1843. En confrontant la documentation rassemblée, l’étude stylistique et l’archéologie, et en observant les analogies existantes avec d’autres ensembles cultuels de la région, nous allons essayer de retracer l’histoire de l’ensemble ecclésial de Trédaniel.

L’espace ecclésial : le puits, le cimetière, l’if, l’ossuaire et le calvaire :

L’environnement de l’église marque déjà l’espace de l’au-delà ; à ce titre, il fait l’objet d’une véritable théâtralisation. L’espace situé au Nord de l’église, sur lequel se trouve le puits, ne procède guère de cette organisation. La primauté revient à l’espace situé au Sud de l’église, comprenant le cimetière, où vont se concentrer les signes ostentatoires. Le puits dépendant du presbytère est situé au Nord de l’église. La présence d’un puits à quelques mètres de l’édifice pourrait indiquer l’ancienneté du lieu de culte. Il est en effet à associer à l’if qui se trouve au bord de l’ancien cimetière, ainsi qu’à la croix, association très répandue dans les sites cultuels en Bretagne dès le haut Moyen-Age, comme à proximité à « Saint-Maudez » en Trébry ; mais il faut se garder d’accorder trop d’importance aux compositions ultérieures. Le puits revêt un caractère sacré dans toutes les traditions : il réalise une synthèse de trois ordres cosmiques : ciel, terre, enfers ; de trois éléments : l’eau, la terre et l’air ; il est une voie vitale de communication. Il est aussi un microcosme, ou « synthèse cosmique : il fait communiquer avec le séjour des morts ; l’écho caverneux qui en remonte, les reflets fugitifs de l’eau remuée, épaississent le mystère plus qu’ils ne l’éclairent » . Le puits est le symbole de l’abondance et la source de la vie ; c’est également celui du secret, de la connaissance et de la vérité dissimulées. Touchant l’église au Sud, le cimetière est le lieu de l’au-delà. Le « champ des morts » est le passage obligé pour le fidèle qui, en empruntant le porche monumental, gagne l’église, la « Maison de Dieu ». Dans l’église, le fidèle sera encore en présence de la Mort avec les inhumations qui se font sous le dallage. Ainsi, à travers le trajet cimetière-porche-église, un apprentissage mystique est imposé au chrétien. Cette symbolique disparaîtra progressivement avec la fin des inhumations dans l’église (seconde moitié du XVIIIe siècle), la construction d’une nouvelle tour (1855-1859) permettant au fidèle d’accéder à l’église sans emprunter le cimetière et le porche, et enfin la suppression du cimetière (fin XXe siècle). Le cimetière est un lieu surélevé ou clos afin d’être interdit aux divagations des animaux ; les chiens et les porcs errants peuvent y faire des dégâts considérables ! Faut-il préciser que nous sommes loin, alors, des cimetières si méticuleusement ordonnés et entretenus d’aujourd’hui ? Dans le « champ des morts », l’herbe folle ne cède que par endroits la place à des tombes matérialisées tout au plus par une simple dalle de pierre. L’interdiction d’inhumer dans les églises, admise progressivement au XVIIIe siècle, provoque l’extension du cimetière. L’enclos est réalisé en 1767. Les murs sont déjà très dégradés au tout début du XIXe siècle ; dans un procès-verbal des travaux à réaliser à l’église et au presbytère, du 21 décembre 1810, Pierre Corbel signale que les murs du cimetière sont « hors d’état de servir » mais les travaux tardent à être réalisés. Le 26 janvier 1814, Jean Salmon, de Trédaniel, obtient aux enchères l’adjudication des travaux pour 450 francs. L’enclos comprend deux entrées : l’accès principal est pourvu en 1769 d’une porte en fer, que l’on fait précéder vers 1840 d’une barrière en bois ; l’accès secondaire, situé du côté du manoir de Bien-Assis, sera supprimé par la suite. Au XIXe siècle, on trouve dans le cimetière de Trédaniel la tombe en marbre de Marseille de M. de Rochefort, dernier représentant des Méheust du Bas-Bourg, mort en 1835. Les emplacements sont répartis en trois classes, selon le type et la durée de la sépulture. Un plan du cimetière de Trédaniel, réalisé en 1861 pour une demande de concession perpétuelle de la famille Féburier, montre qu’une allée sablée entourant les tombes permet aux paroissiens de circuler lors de la procession du dimanche ; entre cette allée et le mur d’enceinte, une petite bande de terre accueille les enfants mort-nés . Le cimetière est agrandi en 1883 vers la tour de l’église, « lieu où il n’y a jamais eu d’inhumations ». En 1937, le portail en bois du cimetière, « vétuste depuis plusieurs années », est remplacé par un portail en métal. En 1939, des canalisations sont réalisées dans le cimetière pour recevoir les eaux de la toiture de l’église. Comme tous les cimetières paroissiaux, le cimetière de Trédaniel est désaffecté à la fin du XXe siècle ; un nouveau cimetière, plus important, a été aménagé à une centaine de mètres au Sud-Est.

Le calvaire est l’élément le plus remarquable de l’enclos : la croix, à l’origine beaucoup plus grande, daterait de 1615 si on convient que la date de « mil quinze » que l’abbé Duhamel pensait pouvoir y lire, incohérente avec le type de la croix, est due à une erreur de lecture d’un 6 érodé ; la datation est en fait incertaine, les croix de ce type (appelées croix à panneau, croix à bannière ou croix-tableau) étant attribuées aux XVe et XVIe siècles . La tradition chrétienne impose l’existence d’une croix hosannière au milieu du « champ des morts ». Celle-ci présente un soubassement maçonné, de surface plane et de plan carré ; un socle en deux parties, élargi à la base ; un fût, lui aussi en deux parties, de section circulaire, présentant deux tores à la base et trois au sommet ; une pierre plate, sommée d’une pointe triangulaire, dont l’une des faces présente un Christ en croix, exécuté en relief, l’autre une image de la Vierge à l’enfant. Sur l’un des côtés du haut, on lit le mot LOIS, en référence peut-être au nom du roi de France. Comme tout signe religieux ostentatoire, le calvaire est supprimé à la Révolution mais, contrairement à beaucoup d’autres, n’est pas mutilé. Il gît alors un demi-siècle dans l’un des coins du cimetière. Il faut attendre 1855 pour qu’il soit restauré à l’occasion de la dernière translation des reliques (7 novembre). Il figure alors dans l’angle Sud, tel qu’on peut le voir sur le plan du cimetière en 1861 et tel qu’on le voit aujourd’hui. Le cimetière de Trédaniel est l’un des rares à la posséder encore. Le type même de la croix reste assez rare ; une croix de ce type est aujourd’hui encore visible sur la route de Moncontour à Plémy, nommée « croix de la belle place », mais, contrairement à celle de Trédaniel, elle n’est pas associée à un cimetière et a perdu son fût. Sa rareté et sa qualité valent au calvaire de Trédaniel d’être inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques le 7 décembre 1925 et de bénéficier d’une restauration en 1944. Traditionnellement, les calvaires comportent un socle formant souvent deux ou trois marches, un « autel » parallélépipédique et une colonne surmontée d’un crucifix. Cette disposition traduit une symbolique : on observe un passage de la forme carrée (nombre 4, qui symbolise la Terre, le monde matériel) à la forme en cercle (le Ciel, la perfection, au Centre du Monde) en passant par l’intermédiaire qui est l’octogone. La colonne représente l’« Axe du Monde » ou Axis Mundi, qui passe par le Centre du Monde symbolisé par le crucifix. Ces notions de Centre et d’Axe du Monde sont à la base de tout symbolisme chez les bâtisseurs et artistes. L’Axe du Monde est le « moteur » divin, celui par qui le monde fut créé ou manifesté. Il est de nature divine car placé avec une dimension supplémentaire (la verticalité par rapport à l’horizontalité, domaine des rampants).

L’if est dans le monde celtique un arbre funéraire et l’Irlande l’utilise quelquefois comme support de l’écriture ogamique. Mais il est surtout dans la tradition insulaire « le plus ancien des arbres » : ayant la particularité d’être vert en permanence, l’if aurait été, chez les Celtes, symbole d’immortalité ; aussi, c’est par déformation que tous les ifs sont dits « millénaires ». Au Moyen-Age, le bois d’if est utilisé pour sa dureté dans la fabrication d’armes (arcs, arbalètes, etc.), ce qui lui confère un symbolisme militaire. Néanmoins la propriété essentielle qui semble avoir été retenue à la base du symbole de l’arbre est la toxicité de ses fruits. César cite dans sa « Guerre des Gaules » (milieu du Ier siècle av. J.C.) l’exemple de deux rois gaulois qui, vaincus, se donnent la mort avec de l’if. Le thème du poison est associé à celui des serpents que certains prétendent voir dans les formes torturées du bois de l’if (Cf. « Saint-Maudez » en Trébry). L’if est donc symbole d’immortalité et de danger à la fois. En 1937, « l’if du cimetière, par ses branches, cause des dommages sur le monument aux morts de la guerre, ainsi que sur les pierres tombales, croix et autres objets funéraires installés sur les tombes du cimetière par l’humidité qu’il entretient presque continuellement sur ses divers objets. L’if, haut d’une vingtaine de mètres, mesure, sur le fût, environ quatre mètres de circonférence au ras du sol, et les branches s’étendent autour du tronc sur un rayon de dix mètres environ » ; aussi la Commune confie-t-elle son émondage à M. Tirel, « à ses risques et périls » .

À de rares occasions, lorsque le cimetière est menacé de surpeuplement, les fosses sont rouvertes et les ossements que l’on en extrait sont disposés dans un abri particulier, l’ossuaire, appelé communément « le reliquaire » ; les crânes sont mis en évidence, parfois disposés sur une étagère ou dans des « boîtes à chefs », le reste des ossements étant entassés sur le sol. Les ossuaires se multiplient entre le XVIe et le XVIIe siècle. La théâtralisation de la partie Sud de l’espace ecclésial est la principale explication du développement architectural du « reliquaire ». On voit, souvent traités dans le goût flamboyant, à la fois des édicules séparés de l’église et des reliquaires dits d’attache. Dans ce second cas, un porche peut jouer ce rôle, mais c’est plus souvent une partie de l’édifice qui y est réservée. Même si, au début, les ossuaires ne sont que de simples abris des restes mortuaires, conçus dans l’ensemble ecclésial, la mise en valeur par un décor va en modifier l’idée même en accordant un rôle prépondérant à la force visuelle. Souvent, une seule face présente un fenestrage de pierre par lequel les ossements des ancêtres restent visibles. Les représentations de la Mort sont nombreuses, accompagnées parfois d’inscriptions porteuses d’avertissements sinistres, invitant à méditer devant la mort. Les destructions dont les ossuaires ont fait l’objet, de manière presque systématique, depuis le XIXe siècle, ont rendu les ossuaires très méconnus hormis dans la partie occidentale de la Bretagne où ils ont été mieux conservés et peut-être aussi réalisés avec davantage de soins . En attendant une qu’une étude locale soit réalisée, voyons ce qui a pu exister dans la région de Moncontour et, en l’occurrence, à Trédaniel. À Moncontour, l’église Notre-Dame et Saint-Mathurin (dont le cimetière se situe au Sud évidemment) présente un reliquaire d’attache, « fait de neuf au bas de l’église » en 1641, aujourd’hui disparu . À partir du début du XVIIe siècle, on n’édifie plus de reliquaires d’attache mais presque exclusivement des édifices distincts de l’église ; ainsi à Plémy, comme le montrent les cadastres du XIXe siècle, le reliquaire est distinct de l’église. Un ossuaire est édifié dans le cimetière de Trédaniel, près de l’entrée . Nous n’en possédons aucune représentation ; seuls les cadastres indiquent un petit édifice rectangulaire d’environ 2 m sur 3 m D’autres sources nous apprennent qu’il possède des colonnes en granit. Les ossements qu’il contient sont inhumés dans le cimetière en 1788. En 1840, le recteur de Trédaniel le juge encore « passablement sûr et décent » . La dernière translation des reliques est réalisée en 1855 : la destruction de l’ossuaire, lors de la construction d’une tour à l’église, est aussi due au fait qu’à cette époque où le goût est à la nouveauté, il constitue la référence à une pratique révolue dont on préfère faire disparaître les derniers témoignages.

2. Architecture et mobilier.

L’église est le lieu d’assemblée des chrétiens (église vient du grec ekklesia, assemblée) ; à ce titre, l’église est un lieu d’échange, de réunion, lieu de spiritualité et de vie donc. L’église est aussi un lieu d’enseignement, d’apprentissage du catholicisme. Comme dans le passage du cimetière à l’église, il existe un rôle pédagogique évident dans la progression du croyant à travers son cheminement dans la nef, le transept (lorsqu’il existe) et le chœur : de l’entrée (monde terrestre), on passe au monde des hommes, puis à celui du Sacré, et enfin au Divin . C’est surtout une zone de contact avec le divin : hors de l’Église, point de salut. Mais à côté des aspects symboliques, des conceptions philosophiques et théologiques relativement ignorées par le commun des mortels, l’église joue principalement un rôle pratique : l’église paroissiale, placée sous la direction d’un curé, est le siège de la paroisse : on y entend la parole de Dieu, on y prie, on y reçoit un enseignement ; c’est là que se tient le Général de paroisse, au cours duquel les membres du Conseil de Fabrique se réunissent pour administrer la paroisse. L’église représente ainsi le siège de la paroisse ; il est symptomatique que les maisons, le bourg lorsqu’il existe, s’organisent autour d’elle. On ne sait à partir de quelle époque l’église paroissiale de Trédaniel est dédiée à saint Pierre. Cette dédicace n’est peut-être pas primitive ; nous connaissons bien des exemples d’églises dont la dédicace évolue, telle celle de Moncontour . Le choix de saint Pierre possède une signification précise. Jésus, après avoir choisi les douze apôtres, avait établit une hiérarchie ; leur nommant un chef, il avait dit à Simon : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux ». C’est sur ce texte que se fonde la primauté de Pierre et de l’Église de Rome tout entière. Simon avait ainsi reçu le surnom de Kephas (pierre en araméen) pour signifier qu’il devait devenir le premier chef de l’Église. Pourtant, lors de la Passion, il avait juré par trois fois n’avoir pas reconnu son maître de peur d’être arrêté à son tour. La dédicace à saint Pierre rappelle donc que l’église romaine reconnaît la suprématie du pape, évêque de Rome, son successeur. Mais il est difficile de savoir à quelle date la paroisse prend cette dédicace ; au moment de la fondation de la paroisse, sans doute, mais, faute d’archives, il est impossible de l’affirmer.

Comme nous l’avons déjà évoqué, les archives manquent pour connaître avec précision l’évolution architecturale de l’édifice. Les registres du Conseil de Fabrique nous font cruellement défaut ; il nous faut nous contenter des quelques cahiers des trésoriers de la Fabrique (dont les plus anciens ne datent que de la fin du XVIIe siècle), des rares informations contenues dans le Registre de Paroisse (rédigé vers 1840 à partir de documents anciens). Aussi, la confrontation entre ces données et celles que fournit l’étude architecturale nous permet de dresser un canevas encore incomplet de l’histoire de l’édifice. L’église de Trédaniel présente une particularité qui régit l’ensemble de la construction. Le sol sur lequel elle est édifiée présente une forte inclinaison du Sud-Ouest au Nord-Est. Le niveau du sol décroît en effet d’environ 0,12 m par mètre d’Ouest en Est et d’autant du Sud au Nord. Ce dénivelé impose une surélévation du sol du chœur de 1,20 m par rapport au sol extérieur au chevet, ce qui facilite d’autant l’aménagement des fosses d’inhumation et renforce, vu du Sud, l’impression d’« église basse ». L’église date en partie du XIVe ou XVe siècle. Les sept travées irrégulières visibles actuellement retracent son évolution : son plan primitif ne comprend qu’une simple nef qui constitue, avec le chevet et son remplage, qui pourrait dater du début du XIVe siècle, ainsi que les deux travées adjacentes, les plus anciens vestiges de l’édifice. Le chevet est plat ; il est réalisé en « maçonnaille » et possède une légère assise. Ce chevet plat rend le chœur peu autonome d’un point de vue architectural ; cet inconvénient provoquera le succès des chevets à pans et à pignons multiples à partir de la fin du XVe siècle. Dans ce lieu éminent figurent les signes, les armoiries des prééminences seigneuriales, en l’occurrence celles des Gouycquet de Bienassis jusqu’au XVIIIe siècle. Le fenestrage de la maîtresse-vitre est en réalité bien modeste en comparaison de celle qui constitue le principal joyau de l’église de la paroisse Notre-Dame, de Moncontour. Le chevet, le chœur et la sacristie relèvent du décimateur, c'est-à-dire du recteur ; tout le reste de l’édifice relève de la paroisse, c'est-à-dire de la Fabrique. En fait, il est évident que cette distinction n’est pas aussi exclusive qu’elle paraît ; les intérêts des deux partis sont intimement liés.

L’édifice est profondément remanié au cours de la première moitié du XVIe siècle. Faute d’archives, ces travaux et les conditions dans lesquelles ils furent exécutés nous sont mal connus, de même que la datation ; les motifs architecturaux indiquent toutefois une réalisation du milieu du XVIe siècle. Bien qu’il soit difficile de discerner précisément les modifications apportées, il apparaît que la façade Sud est entièrement reprise : la sacristie et le porche sont édifiés, ainsi que la paroi qui les relie. Il est probable que l’édifice ait dès lors été prolongé vers l’Ouest, comme semble l’indiquer les arcades occidentales de la nef. L’église possède un « clocher » sur le pignon Ouest : c’est une construction sur laquelle nous sommes très peu renseignés puisqu’il sera détruit au milieu du XIXe siècle et les archives ne nous le décrivent pas ; d’ailleurs peut-être appelle-t-on « clocher » le pignon sur lequel les cloches sont montées. Aussi il est impossible de préciser s’il existait dans l’édifice primitif mais son existence ne faisant aucun doute au XVIIe siècle, nous pouvons supposer que les travaux du XVIe siècle aient vu son édification. Quoi qu'il en soit, les dimensions de l’église sont désormais de 7 m de largeur sur environ 23 mètres de longueur . La sacristie est un local annexe d’une église où l’on garde les objets sacrés, les ornements sacerdotaux et tout ce qui sert au culte et à l’entretien de l’église ; elle abrite accessoirement les réunions du Conseil de Fabrique. L’église de Trédaniel n’en possède pas avant le XVIe siècle : le mobilier lié au culte est probablement conservé dans l’une des armoires que renferme l’église, alors que le Conseil de Fabrique se réunit simplement dans l’église ou même dehors lorsque le temps le permet. L’érection d’une sacristie à Trédaniel procède davantage d’un rôle ostentatoire que fonctionnel ; elle fait donc l’objet d’une attention particulière. La sacristie forme un appendice à l’église ; située dans l’angle Sud-Est de l’église, elle contribue, par la qualité de son exécution et l’originalité de son plan, au rôle ostentatoire de la façade Sud. Son plan octogonal est unique dans la région de Moncontour. En fait, si ce plan s’inscrit dans une figure à huit faces égales, les deux faces formant le lien avec le chœur sont remplacées par une seule, brisant l’angle du chœur et comprenant l’unique accès à l’intérieur de la sacristie. L’originalité du plan se retrouve évidemment dans la charpente brisée. Le porche ne joue pas seulement un rôle d’intermédiaire entre l’extérieur, le champ des morts, et l’intérieur de l’église. Dans certains cas, il peut servir à rendre la justice, faute d’auditoire ; servir de « reliquaire » ; ou bien d’abri pour les membres du Conseil de Fabrique. À Trédaniel, l’existence d’un ossuaire et d’une sacristie exclu les deux dernières fonctions ; quant aux plaids, rien ne permet de dire qu’ils aient pu être tenus à cet endroit. Le porche est traditionnellement placé au Sud, mais, à Trédaniel tout particulièrement, ce choix provient de la primauté de cette façade sur les autres. Il vient d’ailleurs s’ajouter à la porte principale de l’église qui présente un décor typiquement XVIe siècle. Ce porche présente des dimensions monumentales : le gable maçonné, formant la face extérieure, possède 6 m de largeur à la base et atteint près de 6,50 m de hauteur. Les angles présentent des acrotères figurant des animaux stylisés dans lesquels on reconnaît des lions. Le toit est supporté sur les côtés par quatre colonnes de granit ornées de chapiteaux « corinthiens »  ; il comporte en outre une large poutre aux ornements zoomorphes, des « engoulants », c’est-à-dire des têtes de crocodiles situées aux extrémités et orientées vers le centre de la poutre, peinte de couleurs vives. La façade présente un accès de 2,7 m de large, haut de 3,75 m, en arc légèrement brisé . Le porche est aussi légèrement excentré par rapport à la porte d’accès à l’église. Il est en effet surélevé de 80 cm et légèrement décalé vers la gauche par rapport à cette porte. Les porches sont généralement, en Bretagne orientale et centrale, l’œuvre de charpentiers tant le bois domine dans les matériaux utilisés ; les derniers exemples encore visibles de nos jours de l’église Saint-Martin de Lamballe (daté de 1519) et de celle de Trégenestre, le montrent clairement. Le porche de l’église de Trédaniel se rapproche davantage du type appartenant à la Bretagne occidentale, de dimensions beaucoup plus importantes et utilisant davantage de maçonnerie. Il est très proche de celui de l’église de Lanrivain ; il présente aussi des parentés de stylistique évidentes avec le pignon de la chapelle de saint Nicolas, en Gausson . La porte de l’église, à laquelle on accède par le porche, présente un arc en anse de panier, comme la petite porte secondaire visible sur la même façade. Elle présente 2 m de largeur pour 2,7 m de hauteur. Elle est surmontée d’un arc en accolade de style géométrique décoré de feuilles de chênes et dont les larmiers sont constitués par deux griffons. Cet arc est très proche de celui que l’on peut aujourd’hui encore observer sur la façade du château de La Touche-Brondineuf, en Plouguenast, dont la date de la construction n’a pas été clairement établie (les propositions s’étendent de 1490 à 1560) . D’ailleurs la famille de Kermené, à qui l’on doit la reconstruction du manoir de Plouguenast, est présente à Trédaniel puisque La Ville-Amauri appartient en 1530 à Guillaume de Kermené. Cette parenté pourrait préciser la date présumée de la campagne de travaux réalisée à Trédaniel ; elle illustre en outre de manière très intéressante la polyvalence des ateliers ainsi que les rapports entre art religieux et art civil, pas aussi distincts l’un de l’autre qu’on le croit parfois. Le lion, présent dans le porche et la décoration de la porte de l’église, est un motif très répandu sur les édifices civils et religieux du XVIe siècle en particulier. Cette présence importante révèle une symbolique forte. Puissant, souverain, symbole solaire et lumineux à l’extrême, le lion roi des animaux est chargé des qualités et des défauts inhérents à son rang. S’il est l’incarnation même du Pouvoir, de la Sagesse, de la Justice, en revanche, l’excès de son orgueil et de son assurance en font le symbole du Père, du Maître, du Souverain, ébloui par sa propre lumière, et qui devient tyran, en se croyant protecteur. Entre ces deux pôles oscillent ses nombreuses acceptions symboliques. Symbole de justice, il est à ce titre garant du pouvoir, matériel ou spirituel. Aussi sert-il de monture ou de trône à de nombreuses divinités, de même qu’il orne aussi bien le trône de Salomon que celui des rois de France ou des évêques médiévaux. Il est symbole de renouveau, de renaissance et des tombeaux chrétiens sont ornés de lions ; « A lui seul, le lion est un symbole de résurrection » . Porche et porte symbolisent le lieu de passage entre deux états, entre deux mondes, entre le connu et l’inconnu, la lumière et les ténèbres, le trésor et le dénuement. La porte ouvre sur un mystère. Mais elle a une valeur dynamique, psychologique ; car non seulement elle indique un passage mais elle invite à le franchir. Elle invite au passage du domaine profane au domaine sacré.

Dans l’état qu’elle acquiert dès le XVIe siècle, l’église de Trédaniel correspond parfaitement à la description de l’église basse faite par André Mussat ; à lire l’universitaire, on croirait même qu’il décrit l’église de Trédaniel tant les traits sont proches. Mussat voit dans ce type d’église « un agrégat de formes » . À un espace intérieur simplifié répond à l’extérieur un jeu de volumes complexes, contrastés, organisés à partir de la façade Sud. « De siècle en siècle se sont constituées les silhouettes complexes de toutes les façades méridionales. (…) Le monument a changé d’orientation et il est fait pour être vu du Sud ». De cet agrégat de formes participe surtout la sacristie, flanquant l’église au Sud-Est et constituant un important motif que la forme choisie pour le plan met par sa singularité même en évidence visuelle. « La façade principale de l’église est donc dans ce système aspectée au Sud, ce qui permet la liaison avec les autres éléments d’architecture qui se trouvent dans cet horizon : le « reliquaire », la croix ou le calvaire, la sacristie » . « L’église, mieux l’ensemble ecclésial est considéré comme un chantier toujours ouvert, une œuvre jamais achevée, peut-être non achevable puisque vivante. La reprise, le remaniement, l’agrandissement, le renouvellement du décor, la construction de nouveaux éléments annexes, sont autant de preuves de cette vie perpétuelle. (…) Aussi le désir d’un nouveau développement liturgique, la création d’un autel trouvent facilement la possibilité de s’exprimer par simple addition » . Vu du Sud, l’église apparaît comme une cellule architecturale sur laquelle se sont greffés des éléments disparates ; les constructeurs n’avaient guère de velléités d’organisation, de cohérence d’ensemble. On ne retient pratiquement d’elle que ses « éléments variants », ceux qui ne font pas partie intégrante du squelette structural de l’église ; ce squelette, bien que cellule de base de l’édifice, n’est plus qu’une sorte de lien entre des éléments de prestige quasi autonomes. La réalisation de ce programme architectural au XVIe siècle, quelque peu ambitieux pour une paroisse aussi modeste que Trédaniel, résulte-t-il seulement de l’orgueil de la Fabrique et d’une famille dominante, ou faut-il y voir une réponse rapide aux prescriptions du Concile de Trente (1545-1563), un effet de la Contre-Réforme ? La réponse réside dans la solution des problèmes de chronologie et, sans doute, dans ces archives qui nous font tant défaut. Il manque par ailleurs une étude sur les églises des paroisses de la région de Moncontour, qui nous permettrait de faire des comparaisons.

Les comptes des trésoriers de la Fabrique, conservés malgré quelques lacunes depuis 1677, nous renseignent sur l’état de l’église et les travaux réalisés à partir de cette date . A l’intérieur de l’église, une chapelle et un autel Saint-Fiacre, mentionnés en 1690. Un début d’aile est bâtit, au Nord du chœur, en 1719. Il est surnommé, pour des raisons inconnues, « l’aile des cocus » ; sans doute faut-il voir dans ce sobriquet une raillerie à l’égard de ceux qui prenaient place à cet endroit de l’église… Ce petit collatéral, édifié au Nord du chœur, mesure probablement 13 m de longueur sur près de 4 m de large, augmentant d’autant la largeur de l’église à ce niveau. Cette édification est peut-être une initiative privée, pouvant notamment venir de M. de Catuelan qui s’impose alors dans la paroisse, ou du Conseil de Fabrique lui-même ; les legs de la Marquise de Fournel, décédée cette année-là, y sont peut-être pour quelque chose. Le chœur et la nef sont des lieux d’inhumations. Leur sol, primitivement réalisé en terre battue, est pourvu en 1743 d’un dallage qu’il faut régulièrement défaire par endroits pour permettre l’enfouissement d’un corps ; les enfeus des nobles consistent en de simples dalles de pierre armoriées, telles celles du Plessix-au-Noir encore visibles de nos jours et les travaux de 1994-1995 ont mis à jour nombre de ces « fosses ». Malgré la promulgation en 1759 et 1783 de plusieurs arrêts du Parlement de Rennes, les inhumations à l’intérieur des lieux de culte, aggravant la propagation des maladies et des épidémies, se perpétuent jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Dès lors, les nobles se font inhumer dans le cimetière mais, pour conserver la hiérarchisation post-mortem, au plus près possible du porche, réservé aux prêtres. La sacristie est déjà blanchie au XVIIe siècle ; elle doit l’être à nouveau en 1691. Le clocher nécessite des réparations à la même époque ; ainsi l’escalier pour monter au clocher doit être raccommodé en 1690, alors que la cloche doit être descendue et refondue (elle sera raccommodée en 1762). La toiture du clocher est restaurée en 1770. L’église est lambrissée en 1722, lambris restauré en 1741 (une journée de menuisier pour raccommoder les lambris), 1757 et 1773 ; elle est blanchie en 1729, 1730, 1734, et 1768. Elle contient des armoires, un coffre à ornements, ainsi que le coffre de la fabrique dit « coffre des archives », quelques confessionnaux (l’un d’eux est réparé en 1761), un ou plusieurs troncs (violés en 1751), un bénitier (remplacé en 1755). Un balustre sépare le chœur de la nef ; il est refait à neuf, en utilisant du plomb, entre 1742 et 1744 (on fait pour cela reculer le banc de M. de Catuélan). De nombreuses statues sont disposées dans l’église, notamment celle de saint Fiacre qui fait l’objet de pratiques rituelles. Ces figures sont rafraîchies en 1707. Un tabernacle, qui avait été réalisé pour la chapelle de Notre-Dame de la Fontaine de Saint-Brieuc, est offert à l’église par M. de Catuélan en 1750 ; en 1756 on emploie pour ses colonnes 24 livres en planches, limandes et bois. L’église reçoit un retable en 1756, réalisé par le beau-frère du grand vicaire Manoir. Le retable et le tabernacle sont disposés sur l’autel même, que l’on abandonne ; l’ensemble étant alors surélevé, on coupe la poutre la plus proche de l’autel. Les ornements de l’église sont raccommodés en 1757. L’importance des dons en nature, « beurre, lin, chanvre, fils et filaces et autres denrées » contraint la Fabrique à fournir chaque année un certain nombre de « potiü potiaux à beure », deux douzaines en 1680, disposés sur l’autel, ainsi qu’à la chapelle de Notre-Dame du Haut. Les portes et les fermetures de l’église sont réparées en 1748. La couverture « en pierres vertes » est « raccommodée » à de multiples reprises, en 1714, 1721, 1722, 1728, 1729, 1730 (pour faire réparer la chute de la couverture de l’église), 1735 et 1736, 1738, 1740 et 1741, 1744, 1749 et 1750, 1753 à 1759, 1762, 1768 à 1770, 1773, 1775 à 1778 (travaux réalisés de 1768 à 1777 par Mathurin Ruellan et son frère Julien), 1788 (par Pierre Le Branchu). Sachant que les archives de certaines années manquent, nous en concluons qu’il faut constamment entretenir et réparer la toiture. En 1743 l’église est pavée en pierre et le chœur en tuiles. Elle ne possède bien entendu ni chaises ni bancs, hormis ceux des seigneurs du Plessis au Noir, de La Ville Meno, de Gouycquet de Bien-Assis, de Meheust du Bas-Bourg, de Chapelen du Vauloren ; tous les autres se servent de chaises ou de sellettes dont la location profite à la fabrique. Le pavage est entièrement restauré en 1787 (par Jacques Salmon, son fils, et un dénommé Girault), et réparé du 28 au 31 décembre 1788 (par les Salmon). En 1784, l’aile du chœur est transformée en bas-côté en la prolongeant jusqu’au bout de l’église ; c’est peut-être à cette occasion que l’on juge opportun de condamner la porte encore visible dans le pignon. La construction d’un bas-côté, tout au long de la nef, nécessite la destruction de la longère Nord, que l’on remplace par une série d’arcades. L’église passe ainsi sur toute sa longueur à 11 m de large. L’agrandissement de l’église répond à un accroissement démographique ; il indique aussi l’enrichissement des fabriques et la transformation du clergé. La chapelle Saint-Fiacre, la « cotale du dehors » et la sacristie sont blanchies par Vincent Ruellan en 1788. Au cours de la Révolution, le mobilier, comme celui des autres chapelles, est saisit en 1792 et l’église profanée à l’occasion d’une « décade ». C’est probablement à cette époque que la statue de sainte Madeleine, provenant de la chapelle de La Magdeleine alors désaffectée, est apportée dans l’église où elle figure aujourd’hui encore, dans une niche en pierre . L’église apparaît en très mauvais état au début du XIXe siècle. Le 27 germinal an XI (17 avril 1803), le Conseil Municipal faisant état des travaux à effectuer à l’église et au presbytère signale qu’à l’église la couverture, en particulier celle du clocher, est en partie délabrée, que le lambris est cassé à plusieurs endroits, qu’il faut reblanchir l’intérieur de toute son étendue, et que l’autel, hors d’état de servir, a besoin d’être rafraîchi ; les travaux sont estimés 200 francs. En 1803, un dénommé P. Boulbin peint le tabernacle, le retable, la chaire, la croix et l’autel. En 1807, on envisage toujours de faire réaliser des travaux à l’église et au cimetière. Les « chaises et escabeaux » sont remplacés en 1828 et 1829 par cinquante neuf bancs de dimensions différentes, affermés 1,50 francs la place. Le porche, tombant en ruines au début du XIXe siècle, est reconstruit en 1836. On remplace alors les colonnes qui soutenaient le toit par deux murs pleins ; le public y est ainsi mieux abrité. En 1842, on refait les enduits de l’église et le lambris du plafond, pour un coût de 300 francs. On achève de boiser la sacristie dont on refait également les enduits et le plafond. Des poutres du chœur sont coupées . En 1843, on fait la quête pour construire les fonds baptismaux.

Les travaux dont l’église va faire l’objet au milieu du XIXe siècle vont considérablement modifier, au-delà de la structure elle-même de l’édifice, les rapports entre le fidèle et l’ensemble ecclésial, rapports régis par les règles évoquées auparavant. La documentation que j’ai eu la chance de pouvoir rassembler sur la construction du clocher va nous permettre de connaître et de mieux comprendre la façon dont l’ensemble ecclésial a été modifié à cette époque. Le projet de construction d’un nouveau clocher à l’église date de 1837. En 1837 en effet, le conseil de fabrique sollicite l’aide de la commune pour reconstruire le clocher, mais le Maire d’alors, Joseph Valo, de conviction républicaine, s’oppose formellement à ce que la Commune participe à des grands travaux sans utilité concrète, d’autres travaux étant alors prioritaires, ceux des routes notamment. En fait l’église est déconsidérée d’un point de vue architectural et artistique. En répondant au questionnaire adressé par le Préfet aux Maires des Communes en 1845 et portant sur l’état des églises et presbytères, Joseph Valo fait savoir que l’église est mal entretenue et n’offre aucun intérêt artistique, qu’elle suffit à la population et que la Commune n’envisage aucune dépense à son égard . Pourtant la Fabrique tient à cette construction et fait dresser des devis et des plans ; Pierre Gicquel, membre de la Fabrique, en est l’un des plus fervents promoteurs. Les archives de Trédaniel conservent un dessin représentant en coupe une charpente de clocher ; le dessin est signé « Ange Tregouët, Gausson, 1846 ». Il s’agit probablement d’un dessin du clocher réalisé pour l’église de Gausson par le menuisier moncontourais ; et c’est sans doute ce dessin qui est présenté par les fabriciens de Trédaniel et approuvé par le préfet le 12 janvier 1849 . Il montre que l’on adopte dores et déjà le parti haut : on prévoit pour le clocher une hauteur de 15,50 mètres environ, sans la croix sommitale de 2 mètres, ce qui porterait l’ensemble (tour et clocher) à plus de trente mètres de hauteur ! Le premier niveau du clocher, c'est-à-dire de la base de la charpente reposant au sommet de la tour maçonnée au départ de la flèche, atteint 8,50 mètres. La flèche, particulièrement élancée, atteint quant à elle 6,50 mètres. Elle repose sur une base carrée large de 1,75 m et haute de 0,75 m mais ne possède, au-dessus de celle-ci, déjà plus que 50 cm de largeur ! Elle est surmontée d’une croix de 2 m de hauteur. Le premier niveau se compose de deux modules semblables mais de proportions différentes. Le module le plus important a un peu plus de 3 m de largeur pour près de 5 m de hauteur ; il supporte le second, large de 3,50 m, haut de 3,50. Tous deux sont basés sur un plan carré, identique à celui de la tour. Ils présentent chacun une claire-voie à mi-hauteur, composée de deux ouvertures par côté. Ils sont augmentés à la base par des structures charpentées, dont le profil est en quart de cercle, ainsi que le départ de la flèche. Ces renforts contribuent à la solidité de l’ensemble ainsi qu’à son esthétique. La structure est donc classique : c’est celle des campaniles à cul-de-lampe renversés, très répandus dans la région. Ce clocher est donc visible à Gausson jusqu’au début du XXe siècle mais il repose sur une tour ancienne (XVIIIe siècle), très proche d’ailleurs de celle de Plémy ; à Trédaniel, tout reste à construire. L’évincement des maires de gauche par l’Empereur en 1852 permet à Pierre Gicquel d’accéder à la charge de Maire. L’arrivée à la tête de la commune de cet ultra-clérical va favoriser l’aboutissement du projet de construction d’un nouveau clocher. Exagérant probablement quelque peu l’état de vétusté du vieux clocher, la Fabrique soumet le 7 janvier 1855 un projet de reconstruction à la Commune. Le 5 février suivant, au terme d’« une assez vive discussion », « considérant que d’après le dire de plusieurs ouvriers de l’art, il y a danger pour la sûreté Publique de le laisser plus longtemps dans cet état », le Conseil Municipal décide de consacrer l’argent de la vente de ses Communs à la reconstruction du clocher . Une lettre du Préfet, datée du 16 février prescrit au Conseil Municipal de se réunir afin de lui soumettre le plan et le devis pour la reconstruction de la Tour ; « Le conseil, après un long examen sur la forme du plan et sur le montant de son devis, s’est reconnu peu instruit en architecture, se rapporte parfaitement à la commission chargée des examens et approuve en entier le plan ci-joint se montant à la somme de 6.660 francs 30 centimes ». Le Conseil Municipal regrette beaucoup de n’avoir pas cette somme à sa disposition. Le 10 juin 1855, Pierre Gicquel, Maire, donne lecture en séance de conseil d’une lettre de M. le Préfet qui prescrit la présente réunion afin de lui soumettre le plan et le devis pour la reconstruction de la tour de l’église. Le Conseil Municipal commence par voter la somme de 1.058 francs, puis demande au Préfet l’autorisation d’organiser une souscription (qui rapportera 2.100 francs). La Commune s’engage de plus à fournir le bois, la chaux et la pierre nécessaires à la construction, et à faire réaliser les charrois nécessaires à l’approvisionnement des autres matériaux . Les plans et devis sont confiés à un architecte que l’absence de mentions ne nous a pas permis d’identifier ; peut-être s’agit-il à nouveau d’Ange Tregouët. Quoi qu'il en soit, l’architecte ne retient pas le dessin de la charpente réalisé en 1846 : le plan carré, déjà imposé pour la tour et conservé dans le clocher, rendrait l’ensemble monotone. Les dimensions et l’organisation en trois niveaux, réalisés à Gausson, sont trop ambitieuses pour Trédaniel. L’examen des plans est confié à l’architecte départemental Alphonse Guépin, qui réalise alors la reconstruction de l’église de Trébry. Celui-ci les commente dans un rapport du 25 juin 1855 : « Le projet de clocher pour l’église de Trédaniel, sur une feuille contenant plus, coupes et élévations à l’échelle de 0m01 par mètre, se compose d’une portion en maçonnerie d’environ 12 m de hauteur, surmontée d’une autre portion en charpente de 14m20. La hauteur totale avec la croix est de 28 m Les maçonneries me paraissent mieux étudiées que la charpente. Le talon renversé de la partie inférieure, au lieu d’être formé par des chevrons de 0m10 d’équarrissage, serait plus solidement établi formé des étais. La même observation peut être faite à la base de la flèche. Rien n’indique comment seront fixés les chevrons contournés à distance. De plus, il me semble indispensable d’établir au moins deux enrayures pour fixer les chevrons qui autrement ne seraient pas solides. Le devis est bien établi, les prix sont un peu faibles, surtout ceux de la maçonnerie et de la charpente » . On se contente de reprendre le dessin du clocher de Trébry, dont Guépin assure le suivi de l’édification avec l’ensemble de l’église (sauf la tour du clocher, construite en 1818). L’ancien clocher de l’église de Trédaniel était déjà situé à un niveau bien plus élevé que celui de la nef ; mais l’accès devant nécessairement se faire par l’Ouest, on ne prévoit pas de supprimer ce dénivelé (nous allons comprendre pourquoi), atteignant 1,20 mètre. La tour sera basée sur un plan carré de 7,20 m et atteindra 12 m de hauteur ; elle sera encadrée à la base de deux petits bas-côtés ; elle aura une largeur totale de 9,20 m à la base. Elle sera réalisée dans le prolongement de l’église, c'est-à-dire de la nef et de son unique collatéral et, par conséquent, sera excentrée par rapport à la nef. Ce détail est presque invisible au visiteur ; à l’Ouest, la tour le dissimule ; au Nord et au Sud il est difficilement décelable ; à l’Est, un dénivelé important interdit la vision du faîtage de la nef. Les petits bas-côtés qui entoureront la tour de part et d’autre jusqu’à une hauteur de 7,50 m concourent à l’élégance de l’ensemble et donnent à l’église une symétrie apparente vue de l’Ouest. Chacun disposera d’une mince ouverture en façade, et d’une autre donnant à l’intérieur de l’édifice. L’un d’eux renfermera une pièce ; l’autre contiendra l’escalier permettant l’accès à la chambre située à l’étage de la tour. La tour est donc destinée à jouer le rôle de clocher et de porche monumental à la fois. La porte aura 2 m de large pour 4 m de hauteur et possédera un arc plein cintre. Au-dessus d’elle, un oculus gigantesque (1,50 m de diamètre) éclairera la chambre de l’étage. Le beffroi enfin, au sommet de la tour, est destiné à loger les cloches et présente à cet effet 2 ouvertures identiques, larges de 0,70 m et hautes de 1,90 m, en plein cintre également. De la base au sommet, le module carré de la tour possède à chaque angle deux contreforts décoratifs. L’ensemble (tour+clocher+croix) atteindra une hauteur de 26,20 mètres. C’est donc une tour particulièrement austère que l’on dessine. Le clocher sera lui aussi placé sous le signe de la simplicité. La charpente aura une base octogonale, rompant ainsi la monotonie de l’ensemble. Le clocher ne présente plus, par rapport au dessin de 1846, qu’un seul module à claire-voie haut d’un peu plus de 5 m et large de 3 m, sur lequel reposera directement la flèche, haute de 8,70 m Il mesure 14,20 mètres de hauteur au lieu des 15 mètres prévus en 1846. Le projet de clocher de Trédaniel est donc identique à celui de Trébry, hormis les bases du clocher et de la flèches, droites à Trébry, arrondies à Trédaniel. Le projet prévoit la reconstruction de l’église. La vieille église est en effet, à cette époque, jugée peu esthétique et inappropriée au culte ; la plupart des églises de la région sont reconstruites au cours du XIXe siècle : parmi les églises des paroisses voisines, citons celle de Quessoy, reconstruite de 1837 à 1840, celle de Trébry (tour du clocher construite en 1818) de 1853 à 1859, celle de Plémy en 1857 (clocher 1922), celle de Hénon en 1876 et à nouveau, suite à un incendie, en 1877 et celle de Bréhand de 1887 à 1890. Aux édifices anciens succèdent de vastes églises dessinées par les architectes départementaux (Le Guérannic, Guépin, etc.) sur des plans qui synthétisent les styles roman, gothique, flamboyant et classique, dessinant des églises sans véritable intérêt architectural... Le clocher surtout fait l’objet de nouvelles attentions. Le clocher n’est pas seulement la tour des horloges ; il est surtout le point de ralliement de la communauté, une expression du sentiment religieux, une preuve de vie paroissiale. L’absence de grand clocher, de « grande tour » sur laquelle on puisse ajouter une flèche, est pour cette raison la cause de la destruction au XIXe siècle de bien des églises de Haute-Bretagne. À cette époque, à laquelle il s’efforce de reconquérir et de consacrer une place prééminente dans la société rurale bretonne, le clergé fait du clocher ce qu’il avait été dans l’orgueil des communautés enrichies des XVIe et XVIIe siècles. Cette vague de constructions nouvelles montre en effet la volonté de la part de l’Église de conserver sa place et son influence dans la société face à la concurrence nouvelle des municipalités. La concurrence entre les ordres laïcs et religieux, représentés par le Maire d’un côté et le Curé de l’autre, n’est pourtant pas évidente à Trédaniel où le maire Pierre Gicquel, « ultra-clérical », favorise au contraire le clergé dans ses desseins. Mais dans cet élan de construction, les paroissiens de Trédaniel, représentés par leurs curés et conseillers municipaux, souhaitent eux aussi obtenir la construction d’une nouvelle église. Ainsi, à travers le projet de construction de la tour du clocher, on se prépare à détruire l’église pour en construire une nouvelle. La largeur de l’église, nef et collatéral compris, atteint alors 11 mètres à l’extérieur, dépassant donc de 1,80 mètres celle du clocher. Or on prévoit, comme le montre l’avant-projet de l’architecte, de placer l’église dans le prolongement de la tour du clocher. Les destructions concerneront l’ensemble de l’édifice, sacristie et porche compris. Les nouvelles longères Nord et Sud seront édifiées un peu en retrait vers l’intérieur par rapport au précédentes, c'est-à-dire dans le prolongement de la tour, et atteindront 5,80 m de hauteur. Le nouvel édifice sera donc centré par rapport à la tour et la toiture sera surélevée de 3,50 m par rapport à l’ancienne, conférant une parfaite homogénéité à la nouvelle église. La comparaison entre la coupe prévue et celle existante le démontre clairement. Aussi, le projet initial prévoit, une fois ces travaux réalisés, de faire communiquer la chambre de la tour avec la nef par une importante baie de 2 m de largeur pour 2,95 m de hauteur, voûtée en anse de panier. Enfin, on est contraint, en attendant cette reconstruction, de conserver temporairement la différence de niveau des sols de la tour et de la nef. Il est possible que Guépin prévoie, pour l’église de Trédaniel, de s’inspirer de la construction qu’il dirige alors à Trébry, du moins dans une certaine mesure puisque le plan diffère notamment dans l’emplacement du clocher. Le 15 mars 1856, il est procédé au presbytère de Trédaniel à l’adjudication des travaux de construction de la tour devant Maître Guérin-Villeaubreuil, notaire à Moncontour. Elle se fait au profit d’Ange Tregouët, de Moncontour, moyennant 4.509 francs 85 centimes . Le procès-verbal de la bénédiction de la première pierre de la tour de l’église est rapporté dans le Registre de Paroisse : « L’an 1856, le quatre Mai, à quatre heures de l’après-midi, comme il a été annoncé le premier Mai jour de l’Ascension au prône de la Grand’messe ; les habitans de Trédaniel et beaucoup de fidèles des paroisses voisines se sont réunis pour assister à la bénédiction de la première pierre de la tour de l’église paroissiale de Trédaniel. La cérémonie a commencé par le chant des vêpres, après quoi on est sorti processionnellement pour se rendre au lieu de la construction. Après que le peuple a été rangé autour de la première pierre, M. l’abbé L’Hôtellier a fait une allocution où il a exposé d’une manière sentie le besoin qu’on avait d’une tour et le désir qu’on en témoignait depuis nombre d’années, ensuite, il a parlé du dévouement et de la charité des pieux habitants de Trédaniel pour cette entreprise. Il a fini en disant un mot du zèle infatigable de Monsieur le Maire qui n’a rien négligé pour faire réussir cette œuvre. Après l’instruction Monsieur le Recteur a procédé à la bénédiction de la première pierre et ensuite chacun s’est empressé selon l’usage de venir frapper sur la première pierre et d’y déposer son offrande. Cela terminé, la procession s’est rendue à l’église pour assister à la bénédiction du Très Saint Sacrement. Prière a été adressée à l’assistance de venir signer le procès-verbal, qui a été rédigé à cet effet et les membres du clergé, de la fabrique, du conseil municipal, plusieurs personnes notables de la paroisse et des environs, ainsi que plusieurs autorités des communes voisines ont déposé leur signature. Comme la commune n’avait aucune ressource pour faire cette construction, le conseil municipal, d’après une autorisation supérieure, a ouvert une souscription qui a produit en comprenant les matériaux environ cinq mille francs, ce qui marque le dévouement de cette commune et le désir qu’elle avait d’embelir son temple. Cette somme n’étant pas encore suffisante, on a recouru à un emprunt qui, réuni aux faibles fonds de la commune, a produit le montant du devis, ce qui forme à peu près huit mille francs, y compris les dits matériaux. Signé : Fairier, recteur ; L’Hotellier, vicaire ; Le Maire de Trédaniel, Pierre Gicquel ; Jacques Le Colomnier, adjoint ; J. Morin, Maire de Hénon ; Mathurin Cauret ; François Gicquel ; Jacques Salmon ; Henri Berthelot ; Pierre Chauvel ; Yves Amice ; Le Chantre ; Jacques Lanoë ; Pierre Corbel ; Ernest Veillet ; Mathurin Boishardy ; Pierre Robert ; Mathurin Amice ; Jean Corbel ; François Pécheu ; Joseph Le Colomnier ; Olivier Rio ; René Chauvel ; François Golibot ; Jean Rio ; Mathurin Lefèvre ; Jean Le Masson ; Marie Presse ; François Le Collonnier ; Joseph Robert ; François Le Rat ; Jean-Marie Delalande ; Jean Mahé ; Jean Le Collonnier ; Jean Corbel ; François Mahé ; Jacques Corbel ; Jacques Clément ; Pierre Pécheu ; Marie Clément ; Thérèse Veillet ; Marie-Rose Urvoi ; Suzanne Rault ; Jeanne-Marie Le Collonnier ; Marie Leguen ; Marie-Louise Valo ; Marie Mahé ; Pierre Rio ; Ange Tregouet ; Jean-François Leclerc » . Dès le début des travaux, au printemps 1856, des frais supplémentaires doivent être pris en compte, certains éléments n’étant pas inclus dans le premier devis, comme l’escalier, et augmentent la facture de 2.316 francs. Le devis se portant à 8.891 francs , la commune a conscience de s’engager dans une construction qui absorbera « d’ici longtemps » ses ressources, et sollicite dès le mois d’août l’aide du Ministère de l’Intérieur et des Cultes en rédigeant une « Pétition adressée à son Excellence le Ministre des Cultes relativement à la construction d’une église paroissiale », dans laquelle les conseillers précisent que les sacrifices déjà consentis par la population « pèsent considérablement sur une petite commune située au sommet des montagnes du Mené »  ! La tour est pratiquement achevée en 1857 ; la réception des travaux a lieu en présence de Guépin le 13 mars 1858 . Elle est en tous points réalisée en conformité avec les dessins préparatoires, hormis les deux ouvertures des bas-côtés de la tour, donnant sur la nef, qui ne sont pas réalisés. Mais la nef, séparée de plusieurs mètres de la tour, est ouverte sur son pignon Sud et les intempéries nuisent à l’intérieur et au mobilier de l’église. Faute de construction immédiate d’une nouvelle église, il faut se résoudre, en 1859, à réaliser la jonction avec l’église, au moins temporairement. En mars 1859, des prestations sont réalisées par les paroissiens pour creuser le sol entre la tour et la nef, jusqu’au niveau de cette dernière ; les nombreux charrois réalisés à cette occasion montrent donc que le niveau primitif du sol à cet endroit était celui de la tour. Le raccord de la tour avec l’ancien édifice se fait avec l’ajout d’une travée sans arcade mais avec architrave ; huit degrés sont alors nécessaires pour compenser l’énorme différence de niveau entre les deux parties. La nef se trouve ainsi prolongée d’environ 4 mètres vers l’Ouest. Les nombreuses modifications effectuées depuis plusieurs siècles ont conféré à l’église un plan qui ne s’inscrit pas dans un rectangle parfait. Les longères (côtés Nord et Sud) sont parallèles sur la partie Ouest de l’édifice, porche inclus ; en revanche, dans la partie Est, la longère Sud s’éloigne de la longère opposée à raison d’environ 0,25 m par mètre. Le mur du chevet non plus n’est pas parfaitement perpendiculaire au reste de l’édifice : il s’éloigne, dans la direction de la sacristie, d’environ 0,26 m par mètre du mur opposé correspondant, il est vrai, à la nouvelle tour. Les dimensions de l’église sont désormais : largeur Est : 11,35 m ; largeur Ouest : 11 m ; longueur Nord (sans la tour) : 28,5 m ; longueur totale (du chevet au clocher) : 33,50 m. La tour étant achevée, le Conseil municipal, réunit en séance extraordinaire, se préoccupe de l’acquisition d’une cloche. Il considère que la cloche est nécessaire vu que celle qui existe ne pèse pas 100 kilos et ne peut être entendue de tous les points de la commune. Il vote « tout ce qu’il peut à cet effet » et prie les fabriciens de faire une souscription pour aider la commune. Le 1er août 1860, grande réunion à laquelle sont convoqués le Conseil municipal, le Conseil de fabrique et une vingtaine de notables de la commune en vue de décider du poids des cloches. Le Conseil municipal et le Conseil de fabrique ayant fait connaître les ressources dont ils disposent, considérant le poids du kilogramme de métal, on estime que le poids des deux cloches ne pourrait dépasser 900 kilos. Mais un des membres présent à la réunion fait très justement remarquer que les parrains et marraines n’ont pas encore fait connaître leur générosité, et quant à lui, il pense que leur offrande pourrait bien atteindre 1.000 francs. Tenant compte de cette remarque, on décide d’acheter deux cloches pesant ensemble 1.200 kilos. Si la dépense n’est pas couverte, nouvelle quête ; « chacun promet de se montrer généreux » . La bénédiction des cloches a lieu avant la fin de l’année. Sur l’une, on peut lire : « L’an 1860, j’ai été bénite par Monseigneur Guillaume Elisée Martial, évêque de Saint-Brieuc et de Tréguier, et nommée Emélie Louise Charlotte par Monsieur Charles Féburier, Inspecteur général des Ponts-et-Chaussées - Officier de la Légion d’Honneur - et par Madame Louise Boessel, née Hovius, en présence de : Monsieur Yves Fairier, recteur ; Monsieur Aimé Gaborel, vicaire ; Monsieur Pierre Gicquel, Maire ; Monsieur Le Colonnier, Adjoint ; Messieurs Jacques Salmon, Yves Amice, Jonathas Coroller, Pierre Corbel, fabriciens ». Sur la seconde, on peut lire : « L’an 1860, j’ai été bénite par Monseigneur Guillaume Elisée Martial, évêque de Saint-Brieuc et de Tréguier, nommée Anne Angélique Dieudonné par Monsieur Pierre Guillaume Charles François Gicquel et Jean-Marie Moy-des-Portes, et Madame Marie-Anne Vve Moy-des-Portes, Vve Lavergne, née Guillard - Mademoiselle Angélique Marie Hélène Gicquel - en présence de : Monsieur Yves Fairier, recteur ; Monsieur Aimé Gaborel, vicaire ; Monsieur Pierre Gicquel, Maire ; Monsieur Jacques Le Colonnier, Adjoint ; Messieurs Jacques Salmon, Yves Amice, Jonathas Coroller, Pierre Corbel, fabriciens » . Une déconvenue attend les paroissiens de Trédaniel : le clocher dessiné par Guépin, pourtant moins complexe que l’avant projet de 1846, est encore trop ambitieux. Sans doute les finances font elles défaut et le projet doit être revu à la baisse ; Trédaniel ne dispose pas des même moyens que Trébry qui fait édifier une église de très grandes dimensions. On réalise un clocher moins élevé (il mesure à peine 8 m de hauteur contre les 14,20 mètres initialement prévus). Son dessin aussi est modifié : le plan octogonal sur base carrée (imposée par la tour) est conservé mais les supports latéraux ne sont plus arrondis en quart de cercle mais allongés. L’ensemble a moins de grâce que le projet, mais au moins l’église possède un nouveau clocher. Le dessin du clocher de Trédaniel sera d’ailleurs réutilisé pour celui de l’église de Mérillac, en 1863. La Commune et la paroisse espèrent encore obtenir la reconstruction de l’église. Le Conseil Municipal fait savoir en 1871 qu’il « aurait en vue la reconstruction de l’église si basse et si délabrée » . Mais le manque de fonds ne permet pas d’en lancer la construction... « heureusement » laissera plus tard échapper l’abbé Desguetz dans le registre de paroisse ! Le projet de construction nouvelle n’ayant été mené à bien que pour le clocher, l’église de Trédaniel conserve les incohérences architecturales qui en résultent : asymétrie de plan et de volume ; baie aveugle de l’étage de la tour ; chaînages bruts des angles Est des deux bas-côtés de la tour du clocher ; différence importante des niveaux de la tour et de la nef. On se contente de tenter de dissimuler ces défauts visibles surtout du côté Ouest, qui prime désormais, en édifiant deux murs autour de la tour, réalisés sur un plan en quart de cercle, embrassant la vue. Il faudra attendre le début du XXe siècle pour que l’on prenne conscience de l’intérêt architectural de la vieille église ; ainsi, la façade Sud de l’église est-elle inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques le 7 décembre 1925. Néanmoins, la construction de la tour du clocher bouleverse l’organisation de l’ensemble ecclésial et, surtout, l’une de ses principales symboliques : il n’est plus nécessaire d’emprunter le « champ des morts » pour pénétrer dans la « maison de Dieu ». Ces changements traduisent une évolution importante dans les rapports avec la mort au XIXe siècle. Aucune construction nouvelle n’étant désormais envisageable, il faut se contenter d’entretenir l’édifice. En 1866, déjà, le clocher avait nécessité des réparations. En 1875, l’autel est retouché « avec goût » par M. Le Moine, peintre de Saint-Brieuc, et Lemauviel, zinguier à Moncontour, exécute la même année des « réparations au clocher de l’église de Trédaniel pour opposer l’eau pluviale d’y tomber intérieurement » pour une somme de 96 francs 60 centimes. C’est à cette époque que le Conseil Municipal de la commune, faute de « maison commune », se réunit dans la « chambre » de la tour de l’église, généralement le dimanche après les vêpres, vers 15 heures. L’église est restaurée « autant qu’elle le supportait » en 1880. Le lambris est à nouveau restauré et repeint en 1889, ainsi que le maître-autel l’année suivante. En 1892, on érige un nouveau chemin de croix avec des tableaux peints sur toile pour un coût de 360 francs. On effectue des restaurations au porche en 1895 et aux piliers de l’église en 1896. Le clocher doit être à nouveau réparé en 1911. La toiture de l’église est entièrement refaite en 1926. Le maire d’alors, Eugène Salmon, et son Conseil municipal émettent en 1930 un projet de réparation du clocher. L’état du clocher est d’ailleurs l’une des causes de son abandon par le Conseil Municipal en faveur d’une mairie neuve, restant néanmoins à quelques mètres seulement de l’église. Le projet de restauration du clocher est repris en 1932 par le Conseil municipal mais celle-ci se fait attendre puisque elle est encore sollicitée en 1963. En 1930, la Commune prévoit de poser des gouttières au côté Nord de l’église, à la demande de l’abbé Masson qui veut récupérer les eaux de pluie pour alimenter le presbytère en eau, l’eau du puits étant mauvaise, et de réparer la toiture du clocher et le paratonnerre . La rigueur et les intempéries de l’hiver 1931-1932 ayant causé quelques dommages aux édifices, le Ministère de l’Intérieur alloue en juin 1932 10.000 francs à la Commune pour réparer les bâtiments communaux et les chemins endommagés  ; fort de cette aide, le Conseil Municipal pense que, « d’après l’avis d’hommes compétents, une réparation partielle serait inutile puisqu’il faudrait refaire quelques années plus tard » ; il décide alors de faire procéder à une réfection complète . Des peintures sont faites à l’église en 1932 ; dès 1934, elles sont en partie détériorées, du côté Sud, par suite de l’humidité du mur. Pour y remédier la municipalité fait enlever les vieilles croix et pierres de taille abandonnées qui se trouvaient le long de l’église et mettre une gouttière à la toiture. Après cela on a pu s’occuper de réparer, pour le mieux, ce qu’il y avait de défectueux à l’intérieur ; une boiserie dans le chœur a remplacé la planche pourrie qui allait de la sacristie à la chaire ; les peintures détériorées ont été refaites et à l’extérieur la municipalité a fait refaire les joints de la tour. Pour ces travaux, la peinture a été confiée à Rault, de St-Brieuc, la menuiserie à Le Breton, de Trédaniel. En 1937, le Conseil Municipal estime que des réparations doivent être effectuées sur la tour : les pierres de taille ont besoin d’être rejointoyées et la peinture de la porte a besoin d’être refaite. Les travaux de rejointoiement sont confiés à l’entreprise Charles Berthelot, de Moncontour, ainsi que la construction du mur de soutènement du terrain du parc des Religieuses. En 1944, on restaure la voûte du porche en même temps que le calvaire. En septembre 1945, le recteur adresse au Conseil Municipal une demande de réparations sur l’église concernant la réparation de la couverture du porche et le plâtrage de la voûte au niveau de l’entrée de la tour. Plusieurs travaux sont effectués en 1948 : le portail de l’église est restauré ; les cloches sont mises sur roulement à billes ; en novembre, une porte neuve est placée sous la tour de l’église, et le plafond de la tour restauré. Sous le ministère de l’abbé Desguetz, la chaire est abaissée et débarrassée de son abat-voix ; un vitrail situé derrière le chœur est restauré et un panneau est ouvert pour le mettre en valeur ; le porche est restauré (décapage, joints, poutres, vieilles statues) ; un vieux Christ en bois, acheté à Trébry, est fixé à un pilier de la nef ; la statue de Ste Madeleine est mise en valeur. Le décapage des murs et des piliers du côté Nord de l’église, entrepris en 1955 par l’abbé Desguetz, sera achevé en 1963. La commune achète des bancs en août 1958. Les anciens bancs sont progressivement remplacés de 1960 à 1963 par « plusieurs bancs neufs, clairs et robustes » qui « garnissent (...) toute la nef. Leur ensemble met en relief, de façon presque inattendue, la beauté de l’église, et spécialement la richesse architecturale des piliers » . En 1964 le Conseil Municipal accepte de devis de réparation des cloches mais rejette celui de leur électrification. Il accepte l’année suivante le devis de réparation et d’électrification des cloches, montant à 4.445 francs, la paroisse ayant promis de participer à hauteur de 1.500 francs. En octobre 1965, le devis présenté par les établissements Bodet se monte à 6.200 : il est accepté par le Conseil Municipal. Des réparations et transformations sont réalisées en 1970. La couverture est restaurée au début de l’année 1980 par Étienne Trouchard, couvreur à Moncontour. La toiture du clocher est restaurée en 1985. Le plancher du chœur est réparé en 1986 par Eugène Ollivier, menuisier à Trédaniel. Le clocher, déjà fortement dégradé, est gravement endommagé par la tempête du 15 octobre 1987. En 1989, les établissements Macé, de Plaine-Haute, réparent le paratonnerre, la croix et le coq du clocher. Mais le clocher est désormais dans un état de délabrement avancé ; sa descente est inéluctable. Ainsi en décembre 1992 le clocher, pesant environ 10 tonnes, est déposé à l’aide d’une grue, de manière spectaculaire, par les entreprises Turmel de Plémy et Langlais de Lamballe. On peut assister, pendant les mois qui suivent, au spectacle peu banal du clocher reposant au pied de sa tour. La commune décide de profiter de cette occasion pour engager une restauration complète de l’église. La restauration est réalisée de 1994 à 1995. Les plans sont dressés par Jean-Yves Mangard, architecte à Kermaria-Sulard. La maçonnerie est confiée à l’entreprise Robert Mercier (de Trédaniel), l’électricité à Jean Amice (Trédaniel), les travaux de couverture et de zinguerie à Jean-Paul Riou (Le Foeil), la menuiserie aux entreprises Renault et Moullec (Lamballe) et les peintures à Daniel Le Ray (Plessala). Les murs sont décapés et rejointoyés, la toiture refaite à neuf, les portes refaites à l’identique, le plafond de la nef est lambrissé, et les châssis des fenêtres refaits. Pour le clocher, une embase neuve est réalisée alors que la charpente de la flèche est conservée. La restauration de l’église nécessite près d’1,5 million de francs de travaux. Le nouveau clocher est mis en place en mars 1995, sous le regard de la foule, toujours à l’aide d’une grue. La fin des travaux et la réouverture de l’église en avril 1995 sont rapportées par la presse : « Cette opération n’a pu être menée à bien que grâce à une parfaite collaboration entre la municipalité et la paroisse » insiste Armand Le Mounier, maire. En effet, les bénévoles ont pris une part importante à la remise en état de cet édifice. Le déménagement et le réaménagement ont été réalisés par eux, ainsi que la remise à niveau du dallage. Une fois réalisée l’« harmonisation » des vitraux, vingt et un bancs sont placés dans la nef latérale le 22 janvier 1996 par M. Houssard, d’Avranches.

L’église de Trédaniel, disons le, était jusqu’alors méconnue ; tout juste lui reconnaissait-on un certain « cachet » avec son cimetière, son clocher et sa façade Sud, mais la place qui lui était accordée dans les travaux d’histoire locale, les études architecturales et les dépliants touristiques (très révélateurs) était restreinte… sinon inexistante. Or cette étude, en améliorant autant que possible notre connaissance de la formation et de l’évolution de ce domaine particulier qu’est (ou plutôt était) l’ensemble ecclésial, en a montré tout l’intérêt. L’église de La Malhoure, par exemple, présente de nombreux traits de parenté avec celle de Trédaniel mais, si elle possède elle-aussi une tour du XIXe siècle, elle a conservé son cimetière et, à travers lui, son pouvoir mystique. Les ensembles ecclésiaux constituent un témoignage essentiel des préceptes religieux, des pratiques rituelles et funéraires, des conceptions théologiques et philosophiques, des multiples faces du mysticisme qui formèrent ou du moins marquèrent notre civilisation. Ils résultent de leur évolution et de leur confrontation au cours des siècles derniers. Nos ensembles ecclésiaux, aujourd’hui si transformés et malheureusement si dénaturés par des interventions souvent récentes, ne constituent-ils pas des témoins précieux de notre histoire ? Et cette dénaturation récente ne témoigne-t-elle pas non plus de l’aliénation de notre propre culture ?

3. Les vitraux.

Le développement du vitrail à partir du XIIIe siècle est dû à la volonté de remplacer les murs par de véritables « baies de lumière » par lesquelles la lumière divine pénètre l’édifice, et en rendant la voûte véritablement céleste, volonté autorisée par les énormes progrès techniques réalisés par les architectes et les bâtisseurs. Les scènes ont aussi une vocation pédagogique et honorifique. Le vitrail peut être le support d’affirmations théologiques (notamment dans les arbres de Jessé). Le développement de l’art du vitrail dépend également du mécénat ; le vitrail attire tout particulièrement car il permet aux donateurs d’avoir l’immense privilège d’être représentés dans les scènes, souvent aux côtés de leurs saints patrons. Les cathédrales fournissent des modèles dont s’inspirent, à très modeste échelle, les édifices paroissiaux. Mais l’église de Trédaniel ne possède que des fenêtres de dimensions modestes, même après les travaux du XVIe siècle. La maîtresse-vitre mesure certes 2,90 m de hauteur sur 1,25 m de largeur mais les autres sont toutes de dimensions inférieures, insuffisantes pour que l’art du vitrail puisse s’y épanouir : la vitre de la cotale édifiée au début du XVIIIe siècle mesure 2,00 m de hauteur sur 1,25 m de largeur ; les trois fenêtres du côté Nord, édifié à la fin du XVIIIe siècle, ne mesurent que 1,20 m de hauteur sur 0,75 m de largeur ; si l’on considère enfin d’Est en Ouest les quatre fenêtres actuellement visibles sur la façade Sud, remaniée au XVIe siècle, la fenêtre éclairant le chœur possède 1,70 m de hauteur sur 1,30 m de largeur, celle qui se situe entre les deux portes possède 2,10 m de hauteur sur 1,60 m de largeur (mais son ancienneté est douteuse, une reprise étant visible dans la maçonnerie), la suivante possède 1,80 m de hauteur pour 1,40 m de largeur, alors que la dernière ne date que de 1859-1860. Il est donc compréhensible que les mécènes potentiels ne se soient guère intéressés aux vitres de l’église de Trédaniel. Les donateurs ne manquaient pourtant pas à Trédaniel. Certaines familles nobles présentes dans la paroisse ont en effet contribué à la réalisation des vitraux de l’église Notre-Dame et Saint-Mathurin, de Moncontour : Claude de La Ville-Blanche, seigneur du Plessis-au-Noir, fils de Jean de La Ville-Blanche et de Catherine de Châtillon, a acquis l’immense privilège d’être représenté sur la maîtresse-vitre (il figure agenouillé, en bas à gauche) ; sur le vitrail de Saint-Jean, la robe de la donatrice porte un écartelé dont le 3e est d’azur à trois têtes de lévriers coupées d’argent, qui est Milon des Salles. Ainsi, les vitraux de l’église de Moncontour montrent que les plus riches seigneurs de la région ont exercé un mécénat important du XVe au XVIIIe siècle. Il serait difficilement concevable que ceux qui étaient liés à Trédaniel n’en aient pas fait de même dans leur église paroissiale, notamment les Gouicquet puis les Catuellan, dans des proportions plus modestes qu’à Moncontour évidemment ; certains fenestrages de l’église de Trédaniel, la maîtresse-vitre notamment, devaient présenter un vitrail intéressant. Quoi qu'il en soit, aucun vitrail ancien ne subsiste ni ne nous est connu pour cette église. D’après les cahiers des trésoriers de la Fabrique, les vitres de l’église sont régulièrement raccommodées ; ce qui reste des archives évoque l’exécution de travaux en 1690, 1693, 1706, 1718, 1726, 1735, 1740, 1753, 1755, 1756 et 1776 . Les vitraux du bas-côté (Nord) sont restaurés en 1932. La maîtresse-vitre est restaurée en 1955 ; par la suite, l’aménagement de l’autel la rendra invisible du chœur. L’église ne comporte plus aujourd’hui que des vitraux modernes. Le plus ancien ne date que de 1919. Les autres ont été réalisés au cours de l’hiver 1995-1996 par M. Budet de l’A.V.D.O. de Saint-Brandan. Nous pouvons donc voir : Du côté Nord : • Le premier vitrail évoque la guerre 1914-1918, à laquelle Trédaniel a payé un lourd tribut comme en témoigne la liste des morts visible sur la plaque commémorative. Il a été réalisé grâce aux dons de la paroisse par l’atelier Ch. Champigneule, de Paris. • Les deux suivants sont très modestes. Ils évoquent trois symboles familiers dans l’église : la croix du Christ, le cierge qui symbolise la lumière et la foi chrétienne, et l’eau du baptême. • Le quatrième représente le baptême de Jésus par Jean-Baptiste. Jésus se rend sur les bords du Jourdain pour y être baptisé. Au moment où Jésus sort de l’eau, on entendit une voix : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour », et l’on vit l’Esprit Saint descendre sur lui comme une colombe. Du côté Sud : • Le premier vitrail est dédié à saint Pierre, patron de la paroisse. Le médaillon présente la tête inversée de saint Pierre sur fond de croix : Pierre fut en effet crucifié la tête en bas. Le reste du vitrail contient de nombreux symboles : • Les poissons : Pierre était pêcheur de son métier. • Les clés : « Je te donnerai les clés du royaume des cieux ». • La tiare : la coiffure des papes. Pierre fut le premier pape. • La lance : de sa lance, il coupa l’oreille du soldat. • le coq : « Avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois ». Symbolise le reniement et le repentir de saint Pierre. • Le second évoque la conversion de Saint-Paul. D’après la Bible, alors que Saul se rendait à Damas pour y persécuter les chrétiens, il fut jeté à bas de cheval, devînt aveugle, et entendit : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » – « Mais qui es-tu, toi qui me parles ? » – « Je suis Jésus que tu persécutes ». Et de persécuteur des chrétiens, Saul devenu Paul devînt l’apôtre des païens. • Le troisième vitrail évoque les Quatre Evangélistes. Les quatre évangélistes sont représentés ici par des figures symboliques faisant allusion à l’Apocalypse de saint Jean où les quatre vivants entourent le trône de Dieu (Christ tétramorphe) : Matthieu est représenté par un ange ou homme ailé, Marc par un lion ailé, Luc par un taureau ailé et Jean par un aigle. • Le quatrième vitrail évoque des insignes du duché de Bretagne telles qu’elles devinrent au lendemain des guerres d’Indépendance opposant la Bretagne à la France (1487-1492) après lesquelles le duché fut lié à la France par les mariages de la jeune duchesse Anne aux rois de France Charles VIII puis Louis XII, « union » officialisée en 1532. Ces symboles sont l’Hermine, symbole héraldique provenant de Dreux, introduit en Bretagne par Pierre de Dreux (début XIIIe siècle) et répandu par les ducs du XIVe siècle, Jean III (1312-1341) Jean IV (1364-1399), issus de la même maison ; la Fleur de Lys, emblème de la royauté française ; et la Cordelière d’Anne de Bretagne, rappelant peut-être le navire de ce nom construit sur ordre de la duchesse, financé par 53 villes bretonnes dont Moncontour, le « fer de lance » de la marine bretonne qui devait malheureusement couler dès le 10 août 1512 dans un combat naval livré contre les anglais au large de Brest.

L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques en 1925[1].

Annexes

Liens internes

Références

Bertrand L'Hotellier, Trédaniel, histoire et patrimoine, éd. SPCM, 2000 ; (ISBN 978-2-9503750-2-5)

  1. a et b Église Saint-Pierre et croix, sur la base Mérimée, ministère de la Culture

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Église Saint-Pierre de Trédaniel de Wikipédia en français (auteurs)

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