- Théorème porte-manteau
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Sommaire
Rappel
Soit X une variable aléatoire et soit
une suite de variables aléatoires, toutes à valeurs dans le même espace métrique (E,d).
Définition — On dit que la suite
converge en loi vers X si, pour toute fonction
continue bornée sur E,
La convergence en loi est souvent notée en ajoutant la lettre
au-dessus de la flèche de convergence:
Énoncé
Théorème porte-manteau[1] — Les cinq assertions suivantes sont équivalentes :
1. Xn converge en loi vers X ;
2. pour toute fonction
bornée et uniformément continue sur E,
3. pour tout fermé F de E,
4. pour tout ouvert O de E,
5. pour tout borélien A de E tel que
Ici,
désigne la frontière, ou le bord de A.
Conséquence
D'un point de vue pratique, les propriétés 2 à 5 sont rarement utilisées pour démontrer la convergence en loi, mais la propriété 5 est certainement une conséquence importante de la convergence en loi. D'une part, la propriété 5 préfigure le théorème de l'application continue ; par ailleurs la propriété 5 possède un cas particulier d'usage fréquent, dans le cas où S est la droite réelle :
Proposition — Si Xn converge en loi vers X, alors, dès que la fonction de répartition F de X est continue en x, on a :
où Fn désigne la fonction de répartition de Xn .
DémonstrationPar définition d'une fonction de répartition, la propriété
s'écrit sous la forme :
pour peu qu'on choisisse
Par ailleurs
Donc,
qui est nul si et seulement si F est continue à gauche en x, i.e. si et seulement si F est continue en x (en effet, une fonction de répartition est partout continue à droite).
Cette proposition est en fait une équivalence, et sert souvent, dans le cas des variables aléatoires réelles, de définition de la convergence en loi.
Démonstration du Théorème porte-manteau
1 entraîne 2Si
est vrai pour toute fonction
bornée et continue sur E, alors cela est vrai également pour toute fonction
bornée et uniformément continue sur E.
2 entraîne 3Pour un fermé F de E, on pose
La suite
est une suite décroissante de fermés de E, et
donc :
Ainsi, pour tout
0,\ " border="0"> on peut trouver k tel que :
Représentation graphique de l'application ƒ.où ƒ est défini par la figure ci-contre. Les fonctions ƒ et
sont 1-lipschitziennes, donc
est uniformément continue, et
Par ailleurs,
Donc
Finalement
cela pour tout
0.\qquad\ " border="0"> (CQFD)
Historique
D'après Billingsley[2] ou Kallenberg[3], le théorème porte-manteau est dû à Alexandrov[4]. Dans la deuxième édition de Convergence of Probability Measures, Billingsley attribue le théorème à Jean-Pierre Portmanteau, de l'université de Felletin, dans un papier que Jean-Pierre Portmanteau aurait publié en 1915 dans Annals of the University of Felletin, sous le titre farfelu « Espoir pour l'ensemble vide ». Il s'agit d'un canular : il n'y a pas de mathématicien portant le nom de Jean-Pierre Portmanteau, et il n'y a jamais eu d'université à Felletin.
À voir
Notes
- Patrick Billingsley, Convergence of Probability Measures, Wiley, août 1999, 2e éd., 296 p. (ISBN 978-0-471-19745-4), p. 16.
- Patrick Billingsley, Convergence of Probability Measures, Wiley, 1968, 1re éd., 263 p., p. 16.
- Olav Kallenberg, Foundations of Modern Probability [détail des éditions], Théorème 4.25, page 75.
- Additive set functions in abstract spaces, A.D. Aleksandrov - Mat. Sb., 8, 307-348, 1940, 9, 563-628, 1941, 13, 169-238, 1943.
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