- Thierry Colombié
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Thierry Colombié est un écrivain français, docteur es sciences économiques (EHESS), chercheur associé au CNRS.
Sommaire
Biographie
Spécialiste du trafic de drogues (cartels colombiens) et du grand banditisme français, il a publié articles, romans et documents sur le « milieu » français (sujet de thèse : Grand banditisme et trafic de drogues : analyse stratégique des entreprises criminelles en France).
Depuis le début des années 2000, date de la découverte de l'ampleur du « grand banditisme » français, Thierry Colombié s'interroge sur l'absence de pôle de recherche (anthropologie, droit, économie, sociologie...), sur le crime organisé français (et sur le crime organisé international implanté sur le territoire français - DOM et TOM compris), et sur le monopole de la parole des hommes politiques sur le sujet de l'économie souterraine, en particulier le trafic de drogues dans les quartiers dits « sensibles » : la France est le seul pays européen et membre du G7 qui ne possède pas un outil de réflexion sur son propre crime organisé ; il n'existe aucun professeur d'université français, aucun enseignant-chercheur, aucun chercheur spécialisé dans l'étude du « grand banditisme », un concept très prude derrière lequel se cache un vaste système de type mafieux « à la française ».
« Depuis la fin du dix-neuvième siècle, la diversification et la professionnalisation de plusieurs secteurs criminels et criminalisés, tels les vols à main armée, l’extorsion et le détournement de fonds, la prostitution, le jeu clandestin ou le trafic de drogues (cocaïne, haschich, héroïne, drogues de synthèse) ont modifié les enjeux tant des acteurs du Milieu (individus, groupes) que des politiques publiques et interventionnistes des Etats. Cette évolution, selon les témoins du Milieu, semble pourtant avoir été marquée par le trafic d’héroïne « marseillaise » du temps de la French Connection, une période qui court sur plus d’un demi-siècle (1935-1985). Les pratiques comportementales des trafiquants d’héroïne français, leurs relations avec leurs homologues des diverses mafias italiennes, ou leur influence sur la formation d’organisations criminelles contemporaines n’a jamais fait l’objet d’une recherche spécifique. En Italie, des sociologues italiens ont démontré que le trafic d’héroïne fut l’un des facteurs de transformation de la Mafia sicilienne. Aux Etats-Unis comme au Canada, et plus largement dans les pays Anglo-saxons, la criminalité organisée liée au trafic de drogues fait toujours l’objet d’une attention particulière de pôles de recherche (universités, fondations, etc.). Pourquoi les pouvoirs publics français ont-ils attendu le début des années 1970 pour se donner les moyens matériels de combattre le segment essentiel du trafic, c’est-à-dire la phase d’élaboration de la « Blanche » ? Pour quelles raisons les principaux acteurs de la répression (douane, justice, police) ont été dans l’incapacité de définir les types d’organisation de cette criminalité alors que de nombreux rapports nord-américains mettaient en exergue la responsabilité des « financiers » français et le rôle déterminant des laboratoires installés principalement dans la région marseillaise ? Une analyse criminelle de leurs formes organisationnelles n’aurait-elle pas permis de mieux comprendre le fonctionnement des groupes de trafiquants et de cerner par exemple leurs points faibles et leurs dysfonctionnements ? Pourtant, et c’est là l’un des nombreux paradoxes de l’exploration de la French Connection, les principaux trafiquants étaient défavorablement connus des services de police. Identifiés comme des acteurs manifestes de trafics locaux et internationaux (prostitution, tabac ou opium), certains d’entre eux étaient aussi des opérateurs de l’économie légale (jeux, immobilier, tourisme) et/ou de la vie politique. »
— Extrait du rapport : Stratégies des organisations criminelles françaises et trafic d'héroïne (1935-1985) : le témoignage des acteurs du Milieu - 2005, non diffusé à ce jour.
Ouvrages
Romans
- La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre, éditions du Rouergue (2010). La première enquête de David Belasco, un inspecteur de la police européenne. Le premier polar qui met en scène des Anglais qui vivent dans le Sud-Ouest de la France.
- Le Secret d'Arcadia (2007) et L’Affaire Coobra (2008), Paris, éditions Fayard (co-écrits avec Isabelle Prévost-Desprez, présidente de la la 15e chambre du tribunal de grande instance de Nanterre). Inspirés des grandes « affaires » des vingt dernières années et de l’expérience des auteurs, les deux livres démontent les techniques des coteries trafiquantes dont le but est d’échapper à la répression et de briser la vie de ceux qui s’opposeraient à leurs quêtes de pouvoir et d’honorabilité.
- Le Belge, tomes 1 et 2, Paris, éditions Stock (2002-2003). Les deux livres retracent le parcours de Francis le Belge, décrit comme le « dernier parrain marseillais », et revisitent l’histoire du grand banditisme français depuis la Seconde Guerre mondiale. Ces deux œuvres de fiction, dans la lignée du travail littéraire de James Ellroy, offrent une fresque inédite d’un Milieu français méconnu.
Documents
- Beaux Voyous, Paris, éditions Fayard (2007). L’histoire de la French Sicilian Connection basée sur la confession inédite de plusieurs trafiquants de drogue français et italiens. Un épisode important de l’histoire du Milieu français ayant entraîné l’assassinat du Juge Michel en 1981.
- Technomades, Paris, éditions Stock (2001). Carnet de route d’un reportage réalisé pour le magazine GEO fin 1999. Illustré d’un cahier de photographies de Wilfrid Estève et accompagné d’un CD musical de Sound Conspiracy, c'est l’un des rares livres décrivant le quotidien et le mode de vie des nomades de la techno. Un ouvrage référence.
- Drogue et Techno. Les trafiquants de rave, Paris, éditions Stock (2000, avec Michel Schiray et Nacer Lalam). Un état des lieux du trafic de stupéfiants et de la consommations de drogues, notamment d’ecstasy, dans les soirées techno free et officielles.
Liens externes
Catégories :- Écrivain français du XXIe siècle
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