- Odorologie
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L’odorologie ou science des odeurs, est une technique criminologique d'identification judicaire. La technique repose sur l'analyse des odeurs par des chiens afin de confondre les criminels.
Sommaire
Histoire
L'odorat des chiens est depuis longtemps utilisé par la police (repérage de drogue, d’explosifs, d’armes) ou les services de sauvetage (corps ensevelis sous les avalanches). Une étude menée par des médecins français en 2010 a montré qu'on pouvait entraîner des races de chiens à distinguer l’urine d'hommes sains et d’hommes atteints d’un cancer de la prostate[1].
L'odorologie canine, en tant que technique criminalistique, s'est développée en Hongrie dans les années 1970 puis dans les pays d'Europe de l'Est pendant la guerre froide. Connue des pays d'Europe de l'Ouest depuis le début des années 1980, des équipes de maîtres-chiens ont été se former en Roumanie et en Hongrie depuis leur intégration européenne. Elle est testée par la police française depuis 2001, validée par Interpol en 2002 et opérationnelle depuis 2003 mais elle reste réservée uniquement aux crimes jusqu'à présent. Excepté en Hongrie, cette technique empirique, utilisée en 2009 par une vingtaine de pays[2], n'est pas considérée comme une preuve judiciaire.
La France a traité 307 dossiers d'odorologie depuis 2003 (année qui a permis de confondre un violeur d'une fillette), avec 117 identifications positives (taux d'identification de 38%, supérieur aux autres techniques)[3]. Cette méthode est utilisée par la police scientifique hors procédure judiciaire en complément d'autres techniques d'identifications.
Protocole
La technique consiste à piéger, grâce à des pinces stériles et des bandelettes de textile spécial fabriqué en Hongrie, les « signatures olfactives » (appelées aussi « empreintes olfactives » ou « traces odorantes ») laissées par un criminel sur une scène de crime (au-delà de 4 jours, ce prélèvement devient inopérant, les odeurs étant extrêmement volatiles). Ces bandes sont enveloppées de papier d'aluminium (technique du « transfert d'odeur ») pour « fixer » l'odeur pendant une heure puis mises sous scellé dans des bocaux stériles[4] qui sont placés dans une odorothèque. Ces bandes sont ainsi analysées, hors de la scène du crime, par des chiens spécialement sélectionnés pendant 12 à 18 mois pour leur aptitude à l'effort et goût du jeu[3]. Leur odorat, particulièrement développé (leur zone cervicale de détection, correspondant à vingt millions de cellules olfactives, occupe 10 % de leur cerveau contre 0,1 % pour l'homme), permet de discriminer[5] des odeurs-leurre placées lors du « tapissage olfactif » (alignement dans une pièce de nombreux bocaux reniflés et changés de place).
Notes et références
- J-N Cornu et coll, The use of canines for prostate cancer detection: towards a non-invasive alternative screening tool, étude présentée au Congrès de l'American Urological Association, 29 mai-3 juin 2010
- Gilles Dupont » sur Le Journal de saône-et-Loire, 30 août 2008. Consulté le 24 octobre 2010 Gilles Dupont, «
- Pour la police scientifique, l'odorologie au service de l'enquête sur le Point, 29 septembre 2010. Consulté le 24 octobre 2010
- Les odeurs peuvent s'y conserver une dizaine d'années.
- Même de vrais jumeaux ont une odeur différente dans 50% des cas.
Bibliographie
- Thierry Colombié, La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre, éditions du Rouergue, 2010.
Voir aussi
Articles connexes
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