- Style sulpicien
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Le style sulpicien ou style saint-sulpicien est une expression inventée en 1897 par Léon Bloy pour qualifier les « bondieuseries » telles que les statuettes de saints, au style quelque peu naïf et sans grand génie.
L'expression s'explique par le fait que le quartier Saint-Sulpice à Paris abritait traditionnellement de nombreux magasins de livres, d'images et d'objets religieux. On peut, aujourd'hui, apercevoir quelques boutiques encore existantes et proposant les articles d'un style en voie d'extinction (cf. La Procure).
L'origine de l'expression
La fameuse expression style saint-sulpicien (qui signifie “art religieux un peu naïf, sans génie” ne vient pas de l’église Saint-Sulpice à Paris en elle-même, mais des nombreuses échoppes (il en reste quelques-unes) qui vendaient des objets religieux autour de cette église.
Léon Bloy a écrit : « Raphaël (...) a tenu à faire planer ses trois personnages lumineux, obéissant à une peinturière tradition d'extase (...). L'ancêtre fameux de notre bondieuserie sulpicienne (...) n'a pas compris qu'il était absolument indispensable que les Pieds de Jésus touchassent le sol pour que sa transfiguration fût terrestre (...) »[1].
Description du style sulpicien
Ce style est apparu au XVIe siècle dans le cadre de la Contre-réforme après le Concile de Trente, qui décida entre autres l'abandon des jubés. Ce style se caractérise par l'abondance de statues conventionnelles, mièvres et d'un goût douteux. L'expression a pris une tournure nettemment péjorative, on parle de « bondieuseries » ou de « bondieusailles », de l'aspect racoleur de ces statues qui plaisaient aux fidèles, qui étaient destinées à les émouvoir. Ce style très décrié par la plupart des intellectuels correspond toutefois à un art populaire très répandu en France et dans une bonne partie de l'Europe occidentale du XVIe siècle au XXe siècle, les styles néo (néogothique, néoroman, néobyzantin, etc...) du XIXe siècle sont parfois considérés comme des variantes du style sulpicien.
L'expression style sulpicien est donc très ambigue car elle englobe dans une même appellation des styles, des périodes et des auteurs très différents regroupés dans cette même dénomination péjorative qui privilégie la copie, la reproduction en grandes séries, à l'économie d'œuvres à la sensiblerie souvent exacerbée. Les innombrables statues de la Vierge de Lourdes, de sainte Thérèse de Lisieux ou de saint Antoine de Padoue qui ornent la plupart des églises en sont de bons exemples. Cet art est probablement trop décrié car c'est un authentique art populaire, apprécié des fidèles.
Élie Faure a écrit en 1927 : « La foule se tournant vers les images sulpiciennes, Courbet quitte les dieux pour une belle fille endormie dans les foins »[2]. Morgan Sportès écrit en 1984 : « (...) Elle avait accroché au beau milieu du mur de son salon un chromo au cadre doré rutilant (bondieusaille de style sulpicien) représentant avec une naïveté si caricaturale qu'elle en était surréaliste (...) »[3].
Les images pieuses, type images d'Épinal, distribuées par les colporteurs étaient aussi de style sulpicien. De nombreuses crèches de Noël sont également de style sulpicien.
Les vitraux peuvent aussi être de style sulpicien comme certains vitraux de l'église Saint-Médard à Tremblay-en-France par exemple[4].
Notes et références
- Léon Bloy, La femme pauvre, I, XIII.
- Élie Faure, L'Esprit des formes, 1927, rééd. livre de poche, [ISBN 2253014613]
- Morgan Sportès, La dérive des continents, éditions du Seuil, 1984
- http://www.histoire-tremblay.org/60+les-vitraux-de-style-sulpicien.html
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