- Pham Xuân Ân
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Pham Xuân Ân (né à Biên Hòa le 12 septembre 1927 - mort à Hô-Chi-Minh-Ville le 20 septembre 2006) était un journaliste vietnamien de Time Magazine, basé à Saïgon (Viêt Nam du sud) qui travaillait en fait comme espion, de 1952 à avril 1975, pour le Viêt Nam du nord[1]. Bilingue en français et anglais[1], il écrivait également pour Reuters et le New York Herald Tribune.
Jeunesse, études et journalisme
Né à Biên Hòa, au sud du Viêt Nam dans la province de Đồng Nai, il vécu dans sa jeunesse à Saïgon puis à Cần Thơ. Son père était ingénieur et son grand-père le directeur d'une école à Hué.
A 16 ans (en 1944), il devint un courrier pour le Viêt Minh, alors en lutte contre l'occupation japonaise[2]. Il infiltra ensuite l'armée du Sud Viêt Nam pour le compte du Viêt Minh, avant que celle-là ne l'envoie travailler avec la CIA, faisant d'Ân un agent double[2].
En 1956, il obtient une bourse pour aller au Fullerton College (en) en Californie, où il travailla comme stagiaire au Sacramento Bee [2]. Un an plus tard, il revint à Saïgon, travaillant pour l'Associated Press puis Reuters, avant d'être engagé par Time Magazine, où il resta de 1965 à la chute de Saïgon en avril 1975[2]. Ce fut le seul Vietnamien à être employé en tant que salarié à plein temps par un organe de presse important des Etats-Unis [2].
Activités
Ân avait ses entrées chez tout ce qui comptait à Saïgon, y compris l'ambassade des Etats-Unis et la CIA : il connaissait bien Edward Lansdale (en), qu'il considérait comme un « faiseur de rois »[1]. Il envoyait ses informations au Viêt Cong par courriers spéciaux, ne transportant lui-même aucun document - et ne portant jamais d'armes à feu, dont il ne savait pas se servir[1]. 27 des 45 personnes de son réseau chargées de l'appuyer furent capturées ou tuées[1]. Le général Giap avait l'habitude de dire, en recevant ses rapports: « nous sommes maintenant dans la salle d'opérations américaines »[1]. De fait, il transmit le programme confidentiel de la « guerre spéciale » américaine dès la sortie de sa première édition, datée du 15 novembre 1961, ainsi que les cinq éditions révisées entre 1961 et 1963[1]. Ce programme fut officiellement abandonné par le renversement de Ngô Dinh Diêm en novembre 1963[1].
En 1978, le Parti communiste vietnamien laisse filtrer qu'il a été décoré, un an après la victoire, de la médaille de « héros de l'Armée populaire du Viêt Nam »[1]. La nouvelle, qui fait seulement un entrefilet dans la presse française, pétrifie les Américains, qui se rendent compte que leurs stratégies étaient communiquées dès leur formation à Hô Chi Minh[1].
Général retraité[2], il est mort en 2006 d'une emphysème, à l'hôpital militaire d'Hô-Chi-Minh-Ville.
Références
- L'espion qui défia l'Amérique, Le Monde, 24 mars 2006 (à propos de Un Vietnamien bien tranquille, par Jean-Claude Pomonti, éditions des Equateurs, 2006)
- Pham Xuan An Dies at 79; Reporter Spied for Hanoi, New York Times, 22 septembre 2006 Dennis Hevesi,
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