- Peinture à l'encaustique
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La peinture à l'encaustique est une technique de peinture qui utilise des couleurs délayées dans de la cire fondue. Cette pâte est employée à chaud. On en trouve une description dans Pline l'Ancien.
À l'origine, l'encaustique est un produit à base de cire et d'essence (le mot vient du grec egkaein Εγκαeιv : faire brûler, graver au feu).
Sommaire
Historique
La peinture à l'encaustique est un procédé qui semble avoir été mis au point par un peintre grec du IVe siècle av. J.‑C. du nom de Lysippe ; celui-ci appose sur ses tableaux le mot egkaen, c'est-à-dire « brûlé[1] » .
Pline l'attribue aussi au plus ancien peintre connu, à savoir Polygnote (490-426), et à ses contemporains Nicanor et Arcésilas, l'un et l'autre artistes de Paros[2].
Pline précise préalablement que :
- « On ne sait pas au juste qui inventa la peinture en cire et à l'encaustique » (XXXV, 41).
- « Quelques-uns en attribuent la découverte à Aristide » (XXXV, 36, 35), « et le perfectionnement à Praxitèle[2] ».
On a cité aussi Aristide de Thèbes (IVe siècle) ou Pausias (400-320) ; on parle de nombreux tableaux à l'encaustique réalisés par Pamphile d’Amphipolis sous le règne de Philippe II de Macédoine (360-336)[3].
Procédé
Le procédé, dit « peinture à l'encaustique », consistait à mettre des pains de cire de différentes couleurs sur des plaques métalliques chauffées ; puis d'étaler cette cire prélevée sur l'une de ces plaques avec un pinceau. Cela servait à la fois à la décoration, mais probablement aussi à la protection.
Certains historiens ont envisagé l'hypothèse que la peinture à l'encaustique aurait pu exister dans le monde mycénien ; mais on considère que c'est peu probable. Actuellement, on pense qu'il conviendrait de situer son invention entre le Ve siècle et le VIe siècle et son application en peinture au IVe siècle.
À l'époque byzantine, le procédé à l'encaustique servit surtout à réaliser des icônes religieuses. Pour obtenir des contrastes de couleurs, on mélangeait les pigments avec la cire. On le retrouve jusqu'au VIIIe siècle, date à laquelle on l'a remplacé par le procédé de la détrempe.
Usage actuel
Aujourd'hui, un peintre tel que Philippe Cognée utilise cette technique de la façon suivante : il dispose au pinceau une peinture à l'encaustique, faite de cire d'abeille et de pigments de couleur, sur la toile, puis recouvre ensuite celle-ci d'un film plastique sur lequel un fer à repasser chauffe la cire pour la liquéfier, étalant et déformant les formes. Cela a pour effet de créer un enfouissement trouble du sujet dans la matière. Le film plastique lorsqu'il est décollé produit à certains endroits des manques dus à l'arrachage de la couche picturale. L'image semble alors piégée sous une surface glacée.
Bibliographie
- Histoire naturelle, livre 35, traitant de la peinture et des couleurs, Pline l'ancien ; texte français : Paris, Dubochet, 1848-1850, édition d'Émile Littré
- Mémoire sur la peinture à l'encaustique et sur la peinture à la cire, par M. le comte de Caylus, et M. Majault, chez Pissot (Genève), 1755
Notes et références
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne], XXXV : « Lysippe a écrit sur une de ses peintures d'Égine : Eγκαev [Lysippe a brûlé] ; ce qu'il n'aurait certainement pas fait si l'encaustique n'eût été inventée. »
- Pline, XXXV, 36.
- « On rapporte aussi que Pamphile (XXXV, 36, 14), maître d'Apelle, non seulement peignit à l'encaustique, mais encore enseigna cet art à Pausias de Sicyone, le premier qui s'y soit rendu célèbre. Celui-ci était fils de Bryès, qui fut son premier maître. Il peignit au pinceau, à Thespies, des murs qu'on restaurait, et qui avaient jadis été peints par Polygnote. Par la comparaison, il fut trouvé de beaucoup inférieur ; mais il n'avait pas lutté avec le peintre ancien dans son genre à lui. Il imagina le premier de peindre les lambris. Avant lui on ne décorait pas de la sorte les appartements. Il peignit de petits tableaux, et surtout des enfants. Ses rivaux disaient que c'était parce que l'encaustique est un procédé d'une exécution lente : lui, voulant donner aussi à son art une réputation de célérité, peignit en un seul jour un tableau connu sous le nom d'héméresios [d'un jour] qui représente un enfant. Dans sa jeunesse, il fut amoureux de Glycère, sa compatriote, inventrice de couronnes de fleurs ; et, rivalisant de talent avec sa maîtresse, il amena l'encaustique à reproduire toute la variété des fleurs ; enfin il la peignit elle-même assise, avec une couronne. C'est un de ses tableaux les plus renommés ; il est appelé par les uns Stephaneplocos [tresseuse de couronnes], par les autres Sthephanopolis [vendeuse], parce que Glycère avait gagné sa vie à vendre des couronnes. Une copie de ce tableau [une copie se dit apographon] fut achetée 2 talents par L. Lucullus, à Athènes, pendant les Dionysiaques. »
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